Russie 1917 - Voilà trois ans que Geneviève, jeune gouvernante française, est au service de la famille Borissov, lui, riche industriel petersbourgeois, afin de s'occuper des deux enfants. Or, en ce début d'année des troubles éclatent en ville, des troubles de plus en plus importants, les vivres viennent à manquer, la révolte gronde, des fusillades éclatent et tout part à vau l'eau !
Un comité exécutif provisoire est chargé de canaliser la révolution et un Soviet des députés ouvriers de Pétrograd se forme.
Certains sont optimistes. "Un commencement d'organisation se dessine. La Douma et le Soviet ont la confiance du peuple. Ils ramèneront le calme dans les esprits et les soldats rentreront dans leurs casernes". Voeu pieux !
Car les événements se précipitent. le drapeau rouge pavoise, les emblèmes impériaux sont arrachés, des vitrines brisées et le 3 mars
Nicolas II abdique en faveur de son frère qui s'empresse de remettre le pouvoir aux mains de la nation. Trois siècles d'autocratie s'écroulent.
Lénine arrive pour exciter la foule "les gouvernements de brigands de France et d'Angleterre ...la sale guerre impérialiste ...le peuple tournera ses armes contre ses exploiteurs capitalistes ... le bourgeois, voilà l'ennemi ...." etc.
Ça, c'est la fin du commencement !
Alors arrive le commencement de la fin.
Prenant la mesure du désastre, la famille Borissov décide de fuir, laissant leur demeure à la garde de la gouvernante. Les gardes rouges envahissent les demeures, les saccagent, s'y installent, la famine et les maladies se propagent, assassinats et règlements de compte se multiplient, les bolcheviks prennent le pouvoir par la terreur alors qu'ils sont minoritaires !
Tout cela est vu au travers du regard effaré de Geneviève, qui, terrorisée n'a plus qu'une idée en tête : regagner la France.
Y-a-t-il dans la relation de l'épouvantable désastre que furent les événements de 1917 des bribes de souvenirs du petit Lev Tarassov, né en 1911, 6 ans seulement au moment où il a quitté la Russie avec ses parents ?
Sans doute et puis également ce que sa famille lui en a conté. On déplore seulement dans le cours de cette lecture, qui est à peine un roman, étant donné que le héros en est la Révolution elle-même, que tous les événements soient si rapidement évoqués, le talent d'
Henri Troyat étant tel que l'on aurait aimé qu'il s'attardât davantage sur toutes les péripéties de cette année qui a définitivement changé le visage et le coeur de la Russie.