Encore un roman court et prenant d'
Henri Troyat.
Se pose peut-être la question de l'amour filial, et accessoirement de l'adoption - mais pour moi elle n'est qu'un prétexte ou une suite logique dans cette histoire permettant d'arriver au dénouement- mais aussi celle du "souci de bien faire", y compris et surtout dans le domaine des sentiments -familiaux ou privés-, de bien faire sans empiéter sur "l'espace" et le monde de l'autre, sans lui ravir de son amour qu'il peut avoir pour une ou des personnes -en l'occurrence ses enfants- et que l'on voudrait à son tour -et sans le vouloir- à sa place, aimer.
A force de trop vouloir bien faire, même s'il est poussé par des sentiments nobles et sincères, Pierre, veuf depuis deux ans, sans enfant, s'attache à ceux de son jardinier, veuf à son tour depuis quelques mois.
Mais si Pierre est un riche dentiste, son jardinier lui, est un travailleur immigré, rustre et sans éducation. Et la seule chose que voit cet homme, qu'il voit et sent, sans être capable de la juger et de l'analyser à sa juste valeur, est que son employeur veut lui voler l'Amour de ses enfants, et qu'il possède pour cela, des appuis matériels que lui n'a pas.
Ces deux hommes sont dans leur logique d'Amour filial, et chacun ira au bout de cette dernière.
L'image du tilleul coupé entièrement dès le premier chapitre, planera tout au long de ce récit. Comme un signe prémonitoire.