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EAN : 9782080664303
284 pages
Flammarion (08/01/1992)
3.97/5   52 notes
Résumé :
Vingt-sept livres publiés en dix ans. Une vie de météore, brève, fulgurante, partagée entre la débauche, le sport et l'écriture. Où faut-il chercher le vrai Maupassant ?

Dans le petit fonctionnaire qui raille férocement ses collègues de bureau, écoute avec dévotion les conseils de son maître Flaubert et passe ses dimanches à canoter sur la Seine et à trousser les filles?

Dans l'auteur en vogue qui collectionne les gros tirages, organi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ce fut lors d'un salon du livre, qu'une exposante écrivaine me parla avec passion de Guy de Maupassant. Elle me transmit sa passion. Mais avant de lire les oeuvres de Guy de Maupassant, je voulus en connaître plus sur la vie de cet illustre écrivain, dont j'avais lu peu d'écrits dans ma jeunesse. Je découvris, alors, un homme tourmenté, passionné, avec ses propres idées, et qui vivait sa vie à travers les femmes et ses écrits.

Guy de Maupassant passionné de femmes, mais aussi de mer et de pêche, était un écrivain qui ne vivait que pas l'écriture. Il fut le novateur d'écrits courts, appelés nouvelles. Tous ses écrits sont inspirés de ses passions.
Henry René Guy de Maupassant est né au château de Miromesnil, le 5 Août 1850 à Tourville sur Arques en Seine Maritime. Sa mère était une passionnée de littérature, donc son meilleur ami était Flaubert. Celle-ci avait toujours rêvé de noblesse. Elle épousa Gustave Maupassant à condition que celui-ci recherchât dans sa famille, une parenté noble, afin d'avoir une particule à son nom d'épouse. Guy eut un frère, Hervé en 1856. Il n'eut jamais d'affinité avec celui-ci. Leur mère les éduqua dans un esprit de noblesse. Guy sera le fils qu'elle aima le plus. Les infidélités de son père créèrent de nombreuses disputes dans le couple et devant les enfants. Guy vit, très souvent, son père accompagné de nombreuses femmes. Plus tard, Guy écrira sous forme de nouvelles ces inlassables et violentes disputes entre sa mère et son père.
Ses parents se séparèrent. Disputes et séparation marquèrent le jeune Guy. Il était persuadé que tout mariage était voué à l'échec. Il plaignit sa mère et comprit son père : «  l'homme n'est pas fait pour vivre jour après jour et nuit après nuit avec la même femme », dira-t-il. Ce fut ainsi qu'il aima les femmes à sa manière. Il fut un amant irrassasiable, flamandes, filles de ferme, servantes, veuves, épouses insatisfaites, arabes, négresses, pensionnaires de bordel, bourgeoises mûres, femmes du monde. Celles-ci ne seront qu'un objet sexuel rien que pour le satisfaire.
Sa mère mit Guy dans les meilleures écoles , sur les conseils de son ami Flaubert. Guy aima la littérature dès son plus jeune âge, au grand bonheur de sa mère Plus tard, il écoutera beaucoup les gens, les paysans, et observera attentivement son environnement. Dès son plus jeune âge, il fut très attiré par la gente féminine. Il prit la religion en horreur, lorsque sa mère le mit dans une institution religieuse. Il écrivait des poésies en cachette. Sa première lectrice fut sa mère, qui fut émerveillée de ses écrits, et les envoya à Flaubert. Elle espérait qu'il serait écrivain. Guy ne cessera plus d'écrire. Il avait un appétit pour l'écriture brutale vulgaire et d'insulte contre l'ordre établi, ainsi que sur les femmes. Il se partagea, ainsi, entre l'amour de la chair, de la mer et de l'écriture. Ces trois passions ne le quitteront jamais, jusqu'à sa mort.
Guy de Maupassant ne pensait, peut-être, qu'aux femmes et à écrire, mais il avait un sens des affaires très strict. Il n'hésitait pas, non plus, à aider sa mère, sa belle-soeur et sa nièce lorsqu'elles manquaient d'argent. Il aida généreusement, aussi, son frère dans son entreprise. Il travailla dans des ministères assez longtemps, avec toujours cette peur au ventre de n'avoir jamais assez d'argent. Il n'en manquera jamais, grâce à son assiduité à écrire nouvelles sur nouvelles.
Il fut très fidèle en amitié avec ceux qui l'avaient aidé à devenir écrivain, comme son premier maître Louis Bouilhet et bien sûr son père spirituel, Flaubert. Il ne fut nullement rancunier envers ses concurrents écrivains qui le critiquaient. C'était un homme qui avait plus que jamais, soif
de paix, de succès, de plaisir et de perfection. Il passait, quand même, par des phases de mélancolie qui lui donnaient l'envie de se retrouver seul. Puis, très vite son manque d'amour glouton le reprenait. Il voulait les deux, écrire et vivre intensément, ce que lui reprochait souvent Flaubert.
A 27 ans, il commença à se plaindre de maux de tête, qui ne le lâcheront plus. Il refusa à croire qu'il était atteint de syphilis qu'il ne soignera, d'ailleurs, jamais. Il souffrit, et son mal atteignit son oeil droit. le mal avançant, il perdit ses cheveux et commença à avoir des défaillances physiques. Malgré ses souffrances, il continua à travailler et à publier ses écrits, comme ‘'Boule de suif'', qui fut un chef d'oeuvre dans le monde littéraire. En pleine gloire, il fut effondré, en apprenant la mort de son éternel ami, Flaubert. Il s'occupa personnellement des démarches et de l'inhumation. Il ne sut comment continuer à vivre sans son mentor.
le mal de Guy de Maupassant empira. Il était atteint de Syphilis du système nerveux à 80 %. Il endura ses terribles crises comme il pouvait. Il continua à écrire quand même, à publier, à voyager, à inonder les journaux de nouvelles. Il était inépuisable en écriture. Sa réputation grandissait. Il acheta un domaine, non loin d'Etretat, puis un nouveau yacht, qui symbolisa ses succès littéraires. Entre deux, fit des cures pour calmer son mal, et se fit soigner par plusieurs médecins. Ils eurent tous le même diagnostique.
Des bruits coururent qu'il avait trois enfants. Il ne les reconnaîtra pas et refusera toujours le mariage. Guy se considérait comme un animal reproduisant la race, mais il contribuera secrètement aux besoins matériels des enfants. Malgré ses nombreuses liaisons passagères, l'adultère était sans cesse présent à son esprit. Ce qui était un paradoxe pour cet homme.
Son frère fut atteint de méningites très sévères. Guy s'occupa de l'entreprise de celui-ci. Il dut le faire hospitaliser dans un hôpital d'aliéné à contre coeur. Son frère ne le reconnaissait plus. Ce fut horrible pour lui. Guy de Maupassant vivait dans la peur de devenir comme lui. Pendant ce temps, la maladie de Guy évoluait avec des hémorragies intestinales. Il souffrait horriblement. Son frère mourut dans une lamentable agonie. Sans que Guy de Maupassant s'en rendit compte, ses idées changèrent à la mort de son frère. Il parla de plus en plus de la mort, d'église, de curé, alors qu'il était si peu croyant. le traumatisme de la mort de son frère ne le lâchera plus. Il écrivit encore beaucoup, mais dans la souffrance, car sa main et ses doigts ne lui obéissaient plus. Il dictera ses articles et ses nouvelles à son valet, qui lui sera fidèle jusqu'à sa mort. Sa maladie le rendit agressif, et la souffrance se vit sur lui. Certains écrivains dirent qu'il était méconnaissable, que son corps paraissait fatigué.
Alors qu'il commençait son dernier roman, ‘'L'Angelus'', sans le savoir, il fut prit d'hallucinations, et n'était plus cohérent dans son langage. Il parla de se donner la mort. Quand ses crises d'hallucination devinrent trop nombreuses, les médecins durent l'hospitaliser en psychiatrie. Ce grand écrivain de génie si riche et fécond en littérature, sombrait dans la décrépitude. Son agonie fut horrible et longue. Il hurlait sa souffrance à tous. Il ne voulait qu'une chose que son frère et Flaubert viennent le chercher pour le libérer.
Quand sa mort fut annoncée, certains furent surpris, car ils le pensaient déjà mort. Lors de son inhumation, Zola fit une éloge émouvante: « Célèbre du jour au lendemain, il ne fut même pas discuté. le bonheur souriant, semblait l'avoir pris par la main pour le conduire aussi haut qu'il lui plairait de monter… S'il a été, dès la première heure, compris et aimé, c'était qu'il apportait l'âme française, les dons et les qualités qui ont fait le meilleur de la race. On le comprenait parce qu'il était la clarté, la simplicité et la force… Lui, grand Dieu ! Lui frappé de démence ! Tout ce bonheur, toute cette santé coulant d'un seul coup dans cette abomination… La seule consolation pour les survivants, c'est la certitude de la gloire inaltérable qui attend le disparu auprès des générations futures. Qu'il dorme donc son bon sommeil, si chèrement acheté, confiant dans la santé de l'oeuvre
qu'il laisse. Elle vivra et fera vivre. Nous qui l'avons connu, nous resterons le coeur plein de sa robuste et douloureuse image. Et dans la suite des temps, ceux qui ne le connaîtront que par ses oeuvres l'aimeront pour l'éternel chant d'amour qu'il a chanté à la vie ». Discours surprenant et touchant, quand on savait que Zola et d'autres l'avaient souvent beaucoup critiqué.

La vie de cet écrivain très talentueux, qui ne cessait jamais d'écrire en pensant que chaque nouvel écrit ou roman sera encore meilleur que le précédent, m'a particulièrement émue. Cet homme passionné par les femmes et son sens critique sur la manière de les qualifier fut l'écrivain le plus critiqué par ses confrères. Il souffrit toute sa vie de la douleur de chacun de ses organes, comme il l'écrira à sa mère. Son agonie solitaire fut longue et horrible.
Je conseille à tous de lire la biographie complète de cet auteur si talentueux, qui n'a connu que la souffrance toute sa vie.
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Henri Troyat est un des premiers auteurs à m'avoir fait aimer la lecture et je me souviens encore avec quel délice, adolescente, j'ai suivi les aventures d'Amélie et d'Elisabeth dans Les Semailles et les moissons ou comment j'ai découvert la culture soviétique à travers un de ses romans fleuves, la Lumière des justes. Des lectures plaisir qui m'ont emmenée vers les grands auteurs russes comme quoi Il n'y a pas de mauvaises lectures...
Dans son Maupassant, Troyat pourrait dire comme son personnage, "je suis un industriel des lettres" (p. 103). En effet, tout comme lui, Troyat s'illustre par une quantité impressionnante d'écrits dans lesquelles les biographies sont pléthores et se lisent comme des romans. La psychologie de ses personnages est tellement bien décortiquées qu'on a toujours l'impression de connaître les auteurs comme sa poche à la fin de la lecture. Même sensation ici avec Maupassant dont je connaissais bien les récits mais pas du tout la vie. C'est chose réparée maintenant et grâce à la documentation rigoureuse de Troyat, je pense être maintenant incollable sur cet excellent écrivain.
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J'ai aimé cette biographie, comme d'autres d'Henri Troyat. Plutôt qu'un commentaire personnel je vous laisse lire la quatrième de couverture, que je trouve brillante et comme un bon reflet de cet auteur mort à 43 ans des suites de la syphilis

« Vingt-sept livres publiés en dix ans. Une vie de météore, brève, fulgurante, partagée entre la débauche, le sport et l'écriture. Où faut-il chercher le vrai Maupassant ? Dans le petit fonctionnaire qui raille férocement ses collègues de bureau, écoute avec dévotion les conseils de son maître Flaubert et passe ses dimanches à canoter sur la Seine et à trousser les filles ? Dans l'auteur en vogue qui collectionne les gros tirages, organise des orgies burlesques, barre superbement son yacht sous le soleil de la Méditerranée et court des putains aux femmes du monde avec un égal appétit ? Dans l'artiste de génie, enfin, solitaire et secret, souffrant d'un mal incurable et qui lutte désespérément pour achever son oeuvre ?

Multiple et insaisissable, aussi fier de ses muscles saillants que de sa plume féconde, de sa rudesse terrienne que de ses succès de salon, de ses débordements sexuels que de son refus des honneurs, Maupassant réunit tous ces hommes en un seul, et les contradictions de sa nature donnent à ses écrits un accent à la fois cynique et tendre, poétique et violent qui assure leur pérennité à travers les générations et les modes. »
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La vie d'un grand auteur Français (Maupassant) décrite par un auteur tout aussi géant... Ca donne un superbe livre très intéressant et très agréable à lire. Je le recommande à tout ceux qui veulent en savoir plus sur la vie De Maupassant.
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Bio trop plate et clinique à mon goût.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Deux attirances pour cet adolescent tout juste évadé de l’école : la femme et l’eau. Il les associe dans un même vertige de volupté, de beauté et de traîtrise. Dès à présent, il se dit que sa vie sera partagée entre l’amour de la chair et l’amour de la mer.

Grossier dans la vie courante et raffiné devant la page blanche, cette définition de l’artiste convient à merveille au joyeux luron d’Etretat.

Devant l’écrivain fameux (Flaubert), à la taille de géant et au faciès de Viking, Guy hésite à tirer de sa poche les derniers poèmes qu’il a composés. Enfin il se décide. Flaubert lit, hoche la tête et déclare : « Je ne sais si vous aurez du talent. Ce que vous m’avez apporté prouve une certaine intelligence, mais n’oubliez point ceci, jeune homme, que le talent, suivant le mot de Buffon, n’est qu’une longue patience. Travaillez. » … « Si on a une originalité, il faut avant tout la dégager ; si on n’en a pas, il faut en acquérir une…. Il s’agit de regarder tout ce qu’on veut exprimer assez longtemps et avec assez d’attention pour en découvrir un aspect qui n’ait été vu et dit par personne. La moindre chose contient un peu d’inconnu. Trouvons-le. Pour décrire un feu qui flambe et un arbre dans une plaine, demeurons en face de ce feu et de cet arbre jusqu’à ce qu’ils ne ressemblent plus, pour nous, à aucun autre arbre et à aucun autre feu. C’est de cette façon qu’on devient original. »

Après quelques jours d’euphorie, le nouveau fonctionnaire prend conscience de la médiocrité asphyxiante où il baigne du matin au soir. Lui, l’homme de l’espace, du soleil, des flots déchaînés, le voici enfermé entre des murailles de cartons verts, parmi des compagnons misérables. Ne va-t-il pas finir par leur ressembler à force de gratter du papier, le dos rond, et de craindre les réprimandes d’un chef de bureau ? Il les observe sans indulgence et note leurs pauvres manies, leur poisseuse lâcheté, leurs intrigues sans envergure, leur servitude minable. Derrière la façade majestueuse du ministère, rue Royale, c’est tout un peuple de cloportes qui végète en attendant l’heure de la sortie. Ces ronds-de-cuir agglutinés, Guy devine déjà qu’ils lui serviront un jour de modèles.

Les notes de service du ministère attestent qu’il est un « jeune homme très intelligent et très capable, qui a reçu une excellente éducation et dont on est très satisfait ». Personne, rue Royale, ne se doute que, sous les dehors discrets et polis, se cache un rebelle ricanant. Par inadvertance, on a introduit le loup dans la bergerie. Il hait l’administration, la paperasse, les manches de lustrine. S’il consent à rédiger des rapports insipides, c’est uniquement parce qu’il a besoin d’argent.

Guy se désintéresse de son frère Hervé, qui est, à son avis, un fruit sec. Ses vrais plaisirs, le jeune romancier en vogue les cherche hors du cercle de ses proches.

La préoccupation constante de Guy de Maupassant est de ne pas être dupe…Il marche revolver au poing…. Les femmes le recherchent, elles l’adulent… Pourtant M. Guy de Maupassant n’aura pas de peines de cœur. Certaines émotions ne sont pas en son pouvoir : c’est un impuissant moral. Taine surnomme Guy « le taureau triste ».

Il fait la roue devant les grandes dames, qui le traitent avec condescendance, jure in petto de se venger d’elles dans un livre terrible. Il voudrait les mettre toutes dans son lit pour les humilier et, en même temps, il est ridiculement flatté quand l’une d’elles lui fait grâce d’un compliment. Habitué aux filles du peuple et aux putains, il éprouve parfois l’envie de choquer par quelque farce grossière ces parangons de la distinction. Ainsi la comtesse Potocka lui ayant fait porter, par plaisanterie, six poupées parfumées, il les lui renvoie, le ventre bourré de chiffons, suggérant qu’il les a engrossées en un temps record. Un billet de sa main accompagne le paquet : « Toutes en une seule nuit ». Puis il s’inquiète d’avoir passé la mesure. Mais il en faut plus pour troubler la pétulante comtesse.

Le sens de sa vie lui apparaît dans une illumination : jouir et écrire. Rien d’autre ne compte…. La vie est si courte qu’il faut se dépêcher de céder à tous les appétits qui sollicitent notre chair périssable. Crever, oui, mais après avoir épuisé la coupe des délectations.

Au vrai, tout ce qu’il a vu en Italie le renforce dans sa conception ironique et sombre de la condition humaine. Il n’a pas beaucoup lu, n’estime pas nécessaire de se cultiver davantage, veut être un écrivain d’instinct, non de réflexion, et se contente, pour la philosophie, des noires théories de Schopenhauer…. Pour Maupassant comme pour Schopenhauer, la femme est l’ennemie inévitable et indispensable. Il faut l’utiliser et la dominer. Surtout ne pas se laisser aller à la tendresse qui conduit infailliblement à la fidélité, donc à l’esclavage. Tout homme, dans ses rapports avec une maîtresse ou une épouse, doit choisir entre la muflerie qui le sauvera et la compréhension qui le perdra. Telle est bien l’opinion de Bel-Ami.

Dans la vie comme dans l’écriture, il est capable tour à tour de pitié et de violence, de délicatesse et de grossièreté.

Edmond de Goncourt le déteste pour sa réussite d’hommes à femmes et d’écrivain à gros tirage.

La créature idéale est, se dit-il, une invention d’impuissant. Nulle femme ne mérite qu’on se lie à elle pour la vie. Aussi, incapable de se fixer, ne trouve-t-il de satisfaction que dans le changement de partenaire. S’il prend un certain plaisir aux galanteries mondaines, c’est à condition de pouvoir ensuite forniquer avec de vraies garces.

Il voit dans le suicide la seule issue possible à la dégradation de l’individu.

La colère d’Edmond de Goncourt, partagée par un grand nombre d’esprits raffinés, illustre l’éternelle opposition des écrivains de recherche et des écrivains d’instinct. Les premiers s’efforcent de surprendre le public par l’inattendu des trouvailles stylistiques, les seconds par la profondeur humaine de leur propos. Les premiers veulent qu’on les reconnaisse dans chaque phrase de leur livre, les seconds n’ont d’autre ambition que de créer des personnages originaux et vivants. Les premiers souhaitent qu’en les lisant on pense constamment à eux, les seconds qu’on les oublie. Et Maupassant s’enorgueillit d’appartenir à cette dernière espèce. Il prétend écrire avec ses tripes, non avec son cerveau.

Mais il ne faut pas que l’écriture, qui le nourrit, lui interdise en même temps de vivre. Son rêve est toujours le même : conduire de front le travail et le plaisir.

Plus encore que dans sa jeunesse, le mélange de l’action et de la pensée, du sport et de l’écriture représente pour lui le comble du bonheur.

Car en même temps qu’il jouit à pleine peau de l’ondulation des vagues et de la caresse du vent, il éprouve la triste horreur de la condition humaine. Tout ce qui est beau, femme ou paysage, le fait penser à la mort. Mais à peine se sent-il aspiré par le néant qu’il réagit avec un désir bestial de fusion avec la nature.

De plus en plus, il se présente devant ses contemporains comme un révolté prudent, un négateur avide de bénéfices.
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Il jouit à pleine peau de l'ondulation des vagues et de la caresse du vent.
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Je suis un industriel des lettres. (p. 121)
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