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3,78

sur 531 notes
Que c'est bon de retrouver les contrées froides de Laponie si chères à Olivier Truc.
Encore une plongée abyssale dans l'univers des Sami, éleveurs de rennes et le monde impitoyable et dur de la toundra.
La région se transforme, le rouleau compresseur de l'exploitation de gaz et de pétrole et la course à l'argent font voler en éclats les valeurs traditionnelles des habitants.

On retrouve notre police des rennes en pleine forme. Les personnalités du duo de policiers sont exploitées plus en profondeur. Klemet est toujours aussi mélancolique, parfois bizarre, et tendu, on comprend sa lutte avec ses origines, son essence. Nina a aussi ses démons et un passé familial compliqué.

Une série de meurtres secoue la paisible région poussant la brigade à déployer leur savoir-faire pour résoudre cette enquête.

De son écriture fluide et soignée Olivier Truc compose un roman riche et puissant, se glissant parmi les personnages, les événements tragiques, ouvrant des portes et écoutant derrière le paravent.


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À Hammerfest, dans le grand Nord, c’est le printemps, les jours sont sans fin et la tension est à son comble.
La région est devenue une base d’accueil des activités d’exploration et de production du pétrole et du gaz en mer de Barents. Et que fait-on des habitudes ancestrales des éleveurs de rennes qui traversent ces territoires lors de la transhumance, à qui l’on supprime les terres de pâturages, les obligeant parfois à abandonner leur métier et leur mode de vie ?

Ce n’est donc pas une simple enquête, sur différents crimes apparemment liés à cette industrie pétrolière. Nina et Klemet, le binôme de la police des rennes, dont on fait la connaissance dans Le dernier Lapon, nous entraînent dans ce monde des hommes du vidda, fiers de leurs traditions et de leur métier.
Une minorité d’hommes qui ne peut plus se défendre face à ce nouveau monde qui envahit leur territoire. Le nomadisme a disparu avec l’arrivée des motoneiges, des quads et des hélicoptères, endettant les Samis, les obligeant à agrandir leurs troupeaux, alors qu’ils trouvent de moins en moins de pâturages. Certains résistent pourtant, car les solutions existent.

D’autres que ces éleveurs de rennes subissent les coups de ces multinationales pétrolières sans pitié : les plongeurs. L’argent a plus de valeur que les règles de sécurité préservant la santé de ces hommes.

Comme dans Le dernier Lapon, Olivier Truc nous fait voyager dans l’univers de ces hommes qui vivent en harmonie avec la nature. Ils sont façonnés par la nature, la comprennent, la respectent. Ils détiennent les secrets de la toundra. Contrairement à la majorité des hommes qui ne pensent qu’à la maîtriser, à lui pomper toutes ses réserves, ne pensant qu’au présent ; sans penser au lendemain.
Les Samis sont en minorité mais ne s’avouent pas vaincus :

« Les tambours ont été brûlés mais tu ne brûles pas un rocher sacré. »

Je remercie Babelio et les éditions Métailié pour ce livre reçu dans le cadre de la masse critique.
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Avec « le détroit du Loup », le journaliste-auteur Olivier Truc nous ramène dans l'univers des Lapons, dans le cercle polaire scandinave. Klemet Nango et Nina Nansen font toujours équipe dans la police des rennes, cette unité chargée de régler les différents entre les éleveurs de rennes de la région. Mais nous quittons les montagnes enneigées pour retrouver la côte et Hammerfest, une ville du nord de la Norvège. Là-bas, des prospecteurs pétroliers espèrent faire de gros gains avec les nappes sous-marines importantes et font miroiter aux habitants une prospérité… si seulement on pouvait construire un aéroport tout près. Et l'endroit idéal est ce paturage où se retrouvent chaque saison des milliers de rennes.

Au même moment, pendant qu'Erik Steggo essayait de faire traverser ses rennes les eaux froides d'un détroit difficile, quelques bêtes s'agitent et rebroussent chemin. Il faut éviter cette débandade et, malheureusement, le jeune éleveur lappon meurt noyé. Il y a quelque chose de louche là-dessous. C'est qu'il embêtait, cet éleveur. C'était un bon type, prometteur, qui voulait continuer le mode de vie ancestral de l'élevage alors que beaucoup regardent vers l'avenir et la modernité. Puis le maire d'Hammerfest tombe aussi. le mystère s'agrandit.

Klemet et Nina doivent aider la police régulière à résoudre ces énigmes. Comme dans le tome précédent, le lecteur a droit à davantage qu'une enquête policière. Il (re)découvre un univers peu connu, celui des Lapons et du nord de la Scandinavie. Je suis content d'en apprendre davantage sur le mode de vie de ses habitants, le dernier peuple autochtone d'Europe. Et de voir plus de femmes laponnes : la veuve Anneli Steggo, entre autres, offre un visage humain à toute cette bande de rudes éleveurs.

Ce que j'ai moins aimé, c'est toute l'histoire à propos de la famille de Nina. C'est bien qu'on en découvre un peu plus sur elle (alors que le premier tome donnait davantage la place à son coéquipier) mais est-il possible d'avoir un roman policier sans que tous les enquêteurs aient à jongler avec un démon intérieur, un squelette dans leur placard ? Ça complexifie inutilement l'intrigue, nous éloigne du principal. Ceci dit, au final, j'ai beaucoup aimé cette aventure. Encore plus que la précédente. L'exploitation des ressources pétrolière devient un enjeu de plus en plus important dans bien des endroits et « le détroit du Loup » arrive à bien faire valoir tous les aspects. Un travail magnifique !
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Un détour par la Laponie, peut-être la ville la plus septentrionale du monde, mais polluée par l'extraction du pétrole. Un polar arctique foisonnant, un pavé aux thèmes nombreux où on visite un coin méconnu du monde.

Comme dans « Le Dernier Lapon », on y trouve les dilemmes de l'identité des Samis, coincés entre les espoirs d'un avenir meilleur et la vie rude des pratiques ancestrales des nomades qui accompagne les migrations des rennes. Sous la juridiction mixte de la Norvège, de la Suède et de la Finlande, ces gens possèdent une culture, des traditions et une spiritualité qui leur sont propres, mais ne dédaignent pas d'utiliser les motoneiges pour se déplacer dans la toundra.

On y découvrira aussi l'exploitation du pétrole et du gaz, une entreprise difficile dans ce climat extrême. Une manne pour l'économie du pays, mais une industrie où la rentabilité prime les risques encourus par les travailleurs et la population environnante.

C'est également un climat social difficile avec une rivalité entre les différentes populations. Les plongeurs qui sont bien payés, mais prennent des risques insensés lorsqu'ils descendent à de grandes profondeurs pour les besoins des plates-formes de forage. Les pêcheurs et les éleveurs de rennes, qui occupaient le territoire avant tout le monde et qui acceptent mal de sacrifier leur culture et leur liberté. Il y a aussi ceux de la ville, qui font du commerce, qui profitent de l'argent du pétrole, mais se plaint de la pollution et ne veut pas que les rennes défèquent dans leurs rues.

On apprendra toutes sortes de choses sur le pays, les longues heures d'ensoleillement, la faune et la flore, mais une question reste pour moi à éclaircir. J'aimerais bien savoir quelles sortes d'insectes peuvent être « virevoltants autour des hommes » (p.7), en avril, alors que « la température atteignait à peine 3-4 degrés » ?

Un polar du bout du monde, une intrigue aux fils peut-être un brin trop enchevêtrés à mon goût, mais un dépaysement assuré.
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Avril marque le début de la transhumance pour les éleveurs de rennes lapons. Affaiblies par les mois d'hiver, les bêtes rejoignent les pâturages d'été sous l'oeil attentif des éleveurs. À Hammerfest, l'opération est rendue périlleuse par le détroit du loup que les rennes doivent traverser à la nage. Sur une barque, Érik surveille son troupeau quand les bêtes s'affolent. Voulant rétablir la situation, il est irrémédiablement entraîné au fond de l'eau. C'est son ami d'enfance, Nils Sormi, plongeur pour les compagnies pétrolières, qui remonte le corps du jeune éleveur récemment marié. La colère gronde chez les samis, certains accusent même la police des rennes de ne pas avoir fait son travail. Mais Klemet et Nina n'auraient pu éviter le drame. Et ils sont tout aussi impuissants quand le maire d'Hammerfest fait une chute mortelle près du détroit du loup. Ces accidents, et ceux qui vont suivre, sèment le doute dans l'esprit des deux policiers. Et si il y avait crime ?

Après la nuit polaire du Dernier lapon, c'est le soleil qui reprend ses droits dans ce deuxième opus des aventures de Klemet et Nina, les deux enquêteurs de la police des rennes. Plus de vingt heures d'ensoleillement par jour, cela peut perturber, surtout si comme Nina, on vient du Sud du pays. La jeune femme peine à trouver le sommeil et ses nerfs sont à fleur de peau. Pour les sa mis les problèmes sont ailleurs. Hammerfest est en pleine expansion, rognant de plus en plus sur les pâturages et les voies de transhumance. La ville jouit d'une situation privilégiée au bord de la mer de Barents riche en gisements de gaz et de pétrole. Les compagnies norvégiennes, suédoises et même texanes ne pensent qu'au profit sans souci de considérations humaines ou écologiques. C'est dans cet univers où l'argent est roi que vont enquêter Klemet et Nina. Avec l'aide de Nils, ils vont découvrir le monde des plongeurs que l'on envoie explorer les profondeurs sous-marines au péril de leur vie...
Une enquête riche et profondément humaine où la vie pèse si peu face au capital. Les samis n'en finissent pas de lutter pour leur survie, harcelés par les compagnies pétrolières, par les autorités locales et par les touristes. Ceux qui ont abandonné les traditions sont tiraillés entre leur réussite et un sentiment de trahison prégnant. C'est le cas de Nils le plongeur et aussi de Klemet, le policier. Mais c'est surtout Nina qui est mise à l'honneur cette fois. On en apprend plus sur sa famille et son enfance auprès d'une mère aussi pieuse qu'intransigeante.
Après la réussite de son Dernier lapon, on attendait Olivier TRUC au tournant et il relève le défi haut la main. Son Détroit du loup explore un peu plus la difficile résistance des samis, leur attachement aux traditions et leur respect de la nature. On ne peut s'empêcher de ressentir une certaine tristesse devant la disparition programmée d'un mode de vie ancestral...Une belle lecture qui va bien au delà du polar, à lire dans hésitation.
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Avec son premier roman, le dernier Lapon, Olivier Truc avait marqué les esprits, au point de rafler de nombreux prix littéraires.

Autant dire que cette deuxième aventure dans le Grand Nord était attendue avec impatience et curiosité.

Bien sûr (pour ceux qui ont lu le premier roman) la surprise est moins présente. Et pourtant, l'auteur nous happe à nouveau avec ce récit éblouissant au sens propre comme au figuré (les événements se situent durant les longues journées où le soleil ne se couche presque pas).

Ce que propose Olivier Truc est unique. Une vraie histoire en trois dimensions ; grands espaces et grandes profondeurs (puisque l'action se déroule également au fond de l'océan).

Une fois de plus avec le détroit du loup, on se demande si l'on doit réellement parler de polar. Oui assurément, et pourtant cette vision est tellement réductrice.

Car on est loin des stéréotypes du genre, tant dans la forme que dans le fond. L'auteur est journaliste, et (à l'image des qualités qui font un bon reporter) la rigueur et le sérieux de son histoire la rendent singulièrement crédible.

Les thèmes du premier récit sont à nouveau présents : tradition contre modernité, message environnemental, auxquels se rajoutent de véritables sujets économiques et sociétaux.

Mais Olivier Truc ne vient pas nous asséner des leçons, non. L'environnement de ce récit se prête magnifiquement à la réflexion tout en nous apportant son lot de plaisirs fictionnels.

Fait-il chaud durant votre lecture ? Vous sentirez cependant le froid s'insinuer dans vos entrailles. Lisez-vous ce roman au coeur d'une ville polluée et bruyante ? Vous succomberez pourtant à l'ivresse des profondeurs et de ces immenses contrées à perte de vue. Bref, une lecture parfois quasi-hypnotique.

Malgré un petit trou d'air en milieu de récit, ce roman cultive sa lenteur avec brio. Une belle et touchante lenteur qui imprime une véritable atmosphère au point qu'elle nous enveloppe telle une bulle. Ce livre est un véritable caisson sensoriel, qui nous plonge dans un monde si étonnant qu'on en perd vite nos repères.

Car se retrouver ainsi en pleine Laponie, avec ses rennes et son peuple sami, est comme de se voir projeté dans un autre espace-temps. On perd nos propres traces dans cette immensité (jusqu'à malheureusement les retrouver au travers des mêmes dérives industrielles et environnementales que l'on connaît ici aussi).

Concernant la construction de son intrigue, Olivier Truc fait fi de ce que l'on pourrait « enseigner » dans les cours d'écriture de polar et il a bien raison ! Pas de démarrage fracassant, pas de retournement de situation venu de nulle part. Il mène sa barque tranquillement et procède par étapes dans son périple, ce qui rend le voyage d'autant plus réaliste et immersif.

Et ce n'est pas son écriture qui va gâcher le périple. Elle est fouillée mais jamais m'as-tu-vu, détaillée mais jamais barbante. Il faut dire que les personnages prennent corps devant nos yeux et qu'il est difficile de ne pas se sentir pénétré par leurs auras si réalistes.

Au final, c'est une nouvelle exploration passionnante de ce Grand Nord, de ses coutumes et de l'évolution (inéluctable ?) de notre monde à travers une histoire forte, originale et bien menée.

Olivier Truc a su parfaitement se jouer de l'écueil du second roman. il est vraiment une plume singulière dans ce milieu du roman noir.
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De même que le détroit du loup des premières pages était trop large pour que les rennes le franchissent sans encombre, ce livre était trop long et trop compliqué pour que je l'apprécie totalement...

C'est l'intrigue qui pèche à mon sens, avec tant de crimes qu'on ne sait plus sur lesquels porte l'enquête de Nina et Klemet, des digressions dans tous les sens, histoires de famille, de rennes ou de pétrole, et des rebondissement cousus de fil aussi blanc que la neige sur le vidda !

Heureusement, la Laponie et les samis ont sauvé ma lecture ! Lire les horaires de lever et de coucher du soleil qui rythment les chapitres suffisait à me donner le sourire. Pareil pour les descriptions des balades en scooter des neiges ou en hélicoptère dans la toundra. Ou encore les allusions à toutes les traditions samies, celles des rochers sacrés, des joïks ou de la vie en itinérance derrière les troupeaux de rennes...

Car ce livre, tout comme son prédécesseur le dernier lapon, a l'immense mérite d'attirer notre attention, au-delà du folklore, sur le drame qui se joue dans le grand froid, celui d'une modernisation forcenée qui met en danger le mode de vie du peuple sami, la faune, la flore, les paysages, et même les individus qui pourraient se mettre en travers de son chemin, qu'il s'agisse de plongeurs, de magnats du pétrole ou de vieillards déglingués.

Ca, c'est glaçant... et pas seulement à cause du froid !

Challenge PAL, challenge Multi-Défis 15/15 et challenge Pavés 15/25
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Des années après le premier tome, j'étais ravie de retrouver Klemet et Nina, pour une histoire qui se passe dans une petite ville de Laponie, Hammerfest.

Après le décès d'un jeune éleveur suite à un accident, le maire de la ville est retrouvé mort, ainsi que plusieurs rennes.

C'était un véritable plaisir de retrouver notre police des rennes (oui, ça existe !) et d'en apprendre plus sur leurs histoires respectives.

Malheureusement, je n'ai pas été captivée par l'enquête menée dans ce livre. J'ai perdu le fil à plusieurs moments, et j'en garderais un souvenir moins bon et moins net que pour le dernier Lapon.

Cependant, je vais tout de même poursuivre ma lecture de cette série (qui contient trois tomes actuellement et, bien qu'ils soient indépendants, il y a des personnages récurrents) parce que l'écriture d'Olivier Truc me plaît beaucoup et que j'ai apprécié ce nouveau voyage en Laponie.
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L'année dernière, je faisais connaissance avec Olivier Truc , que je présentais à cette occasion comme un nouvel auteur de polar français avec qui il faudrait désormais compter.

Car ce journaliste français vivant à Stockholm et correspondant pour divers journaux des pays scandinaves, nous emmènait avec le Dernier Lapon, son premier polar publié, sur les traces des ski-doo de deux flics de la Police des rennes, là haut, tout en haut, à Kaütokeino, là où Norvège, Suède et Finlande s'enchevêtrent par dessus ce qui était la Laponie.

Nina et Klemet font partie de la police des Rennes. Ils sont chargés de veiller à ce qu'aucun incident ne vienne troubler l'ordre public. Les rennes ont en effet la fâcheuse manie de se balader où bon leur semble. Les policiers sont également amenés à gérer les conflits entre les éleveurs et la population urbaine.

Après ce Dernier Lapon qui mettait pour la première fois en scène avec une vraie réussite cette police des rennes dont j'ignorais l'existence , le Détroit du Loup, son second roman d'Olivier Truc, toujours paru chez Metaillié , confirme son aura de raconteur d'histoires et sa capacité à nous emmener sur des terrains peu usité par la littérature, policière ou traditionnelle.

Ce roman est donc avant tout extrêmement instructif puisqu'il nous amène dans une région que l'on connait que très peu. Les thèmes du premier récit sont à nouveau présents, notamment celui de l'éternel conflit entre la tradition contre et la modernité, sans oublier évidemment une lutte contre les menaces environnementales, qu'elles soient économiques, technologiques ou financières. Bref, même sil m'est arrivé de me perdre parfois parmi la mutltide de personnages différents, on peut dire qu'encore une fois, Olivier Truc sait nous faire réfléchir sur une population peu connue des occidentaux, tout en maitrisant parfaitement son intrigue policière.. L'apanage des grands auteurs de polars, n'est ce pas?
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Quelle furieuse idée peut pousser des hommes à habiter le Très Grand Nord. Des jours sans fins, ou un dépaysement lumineux, le goût du blanc ou le plaisir de vivre au contact des rennes capables de supporter des froids intenses et de traverser des détroits aux eaux tumultueuses pour aller chercher de nouveaux pâturages avant le prochain hiver ?
Ces hommes on les appelle les samis, plus connus dans le langage courant comme lapons, terme toutefois péjoratif.

Le récit d'Olivier Truc, est intéressant à plus d'un titre, car le Pôle Nord, en Norvège notamment, a connu ces dernières années des bouleversements considérables. Ça s'appelle le pétrole en mer de Barents. Ce pétrole il faut aller le chercher, profond. très profond.

A ces profondeurs on sait pas comment y aller !

Alors des kamikazes, des fous, pour des salaires de la peur vont y aller, au fond, par défi, par orgueil, ou par ce qu'ils sont Samis. Ils ont été, oh, juste un peu trompé sur les normes, car il n'y avait pas encore de normes à ces profondeurs ( durée de la plongée, paliers, dangers, décompression... )


Voilà une minorité, avec des traditions bien ancrées dans la toundra gelée et dans la glace vive, qui a pu se maintenir grâce à l'élevage des rennes depuis des siècles.
"Les tambours ont été brûlés mais tu ne brûles pas un rocher sacré".
Cette minorité, les samis connaît un drame identique dans les différents pays qui se partagent le pôle Nord, norvégiens, suédois, russes ou finlandais.


À cause de leurs traditions, de leur langue et de leur culture, ils sont devenus les empêcheurs de tourner en rond et les principaux opposants à l'exploitation des ressources gazières et pétrolières. En quelques mots on peut affirmer que les samis sont aujourd'hui utilisés ou persécutés par les populations du Grand Nord, comme bien des minorités.

C'est le contexte passionnant de ce thriller, où vont se mélanger coutumes, pouvoirs des sociétés pétrolières, guerre entre les promoteurs immobiliers et les éleveurs de rennes qui eux devraient conserver un droit d'usage sur les terres consacrées à nourrir les animaux.


L'administration navigue, en naviguant en eaux troubles, en essayant de sauvegarder la meilleure cohabitation possible, au prix de promesses intenables, de permis d'exploiter accordés en toute discrétion, afin que l'or noir arrose ces territoires gaufrés de blanc.

Le point de départ choisi par Olivier Tronc pour lancer son récit nous plonge dans les affres rencontrées par ces éleveurs aux énergies si farouches, nous initie à leur capacité de piloter des troupeaux entiers et leurs épiques transhumances, nous ouvre les yeux sur les courants marins aux températures proches de zéro.

Un renne tenace, endurant, reconnu par sa bravoure, est un jour choisi par la meute comme le chef du troupeau. C'est lui qui par son instinct se lancera le jour et à l'heure propice dans le Détroit du Loup. Tous le suivent comme les jeunes faons.
Ce jour là un événement inattendu survient le chef fait demi tour, puis le courant se retourne contre lui en un tourbillon entraînant dans la mort le troupeau, un jeune sami Erik Steggo va au devant et redresse la transhumance marine, mais pris dans un cordage il meurt de noyade.


C'est le début implacable des tensions qui éclateront au grand jour faisant d'autres victimes, et parmi elles des plongeurs professionnels. 
Ce décor parfois lunaire de glace, va révéler des hommes héroïques comme les malfrats près à tout. Des femmes surgiront de ce récit, dans la douleur, la veuve Anneli Steggo pour avoir perdu son compagnon dans cette traversée du détroit, et Nina de la brigade de police des rennes. Deux femmes exceptionnelles d'origine sami, prêtes à défier les compagnies pétrolières.

Il y a aussi ces plates formes et ces installations démesurées nécessaires à la production pétrolière, comme des plaies que les promoteurs immobiliers cherchent à s'approprier. Que reste t-il pour eux les samis des retombées dites économiques dans leur bien être au quotidien, souvent la honte et le désespoir d'avoir cru à ces balivernes de progrès.


Un livre étourdissant de clameurs et de désillusions. Des hommes broyés par la vie, un quelque chose qui s'enfonce dans l'oubli, une croyance, une foi dans la nature, une ville Hammerfest, pourrait aussi s'effacer, à la moindre étincelle venue d'un géant du pétrole, aux éphémères plates-formes.


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