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EAN : 9782922868104
168 pages
Les Allusifs (10/09/2002)
3.82/5   51 notes
Résumé :
Le souffle de l'harmattan est l'histoire d'une fraternité choisie, non imposée par le sang – fraternité nouvelle façonnée par les migrations, le métissage et l'interprétation des cultures. Habéké Axoum, jeune Africain rescapé d'« une guerre d'hommes qui s'ajoutait à la sécheresse de Dieu », se retrouve au Canada après avoir vu mourir les siens, mais le bien-être de sa nouvelle vie matérielle ne peut lui faire oublier le passé. Malgré les apparences, Habéké erre dans... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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C'est bien écrit et le thème est accrocheur: l'amitié, la différence, l'appartenance, l'identité. Ça m'a semblé très québécois, non seulement à cause des thèmes mais aussi à cause de l'écriture, de la facilité que l'auteur a à jouer avec les mots, les homonymes, les expressions… Malgré tout ça je ne me suis pas laissé embarquer. Les personnages m'ont paru un peu désincarnés, tantôt infantiles voire irresponsables et tantôt ayant atteint une maturité désintéressée dont me semblent incapables les enfants. Les chapitres se succèdent, comme autant d'expériences de ces Bouvard et Pécuchet en culottes courtes. le roman se termine d'ailleurs abruptement (à l'instar de celui de Flaubert), comme si l'auteur n'avait su comment l'achever. En dépit des récompenses qui lui furent attribuées (prix Canada-Suisse et le prix de l'Académie des lettres du Québec), je ne ferai pas de place à ce roman dans mon panthéon personnel des incontournables.
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Je n'ai pas lu d'autre livre de cet auteur mais ce que je peux vous assurer c'est que ce n'est pas le dernier. Je n'ai jamais vraiment aimé lire mais cette histoire ma créer un appétit hors du commun à la lecture. Bien que je me disais, bon à la prochaine page je vais me coucher, un petit gargouillement insupportable me faisait continuer.

C'est l'histoire de deux jeunes enfants nommé Hugues Francoeur l'enfant ce disant mal aimé et Habéké Axoum l'Africain nu au grand ventre. Tous deux aiment la poésie et rêve de leur île loin de l'hypocrisie des adultes. Pendant la fin de semaine, ces deux petits garçon ne jouent pas avec des jouets mais plutôt ce prépare à leur éventuel long voyage sans retour. Cette histoire d'aventure un peu triste par moment, cache entre les lignes aussi une histoire d'amour forte non décrites mais clairement présente pour deux petits garçons.

Sylvain Trudel, réussi le parfait mélange d'une aventure, d'un drame et de l'amour. Son livre court mais parfaitement écrit sans de trop longs dialogues ou de moments non nécessaires réussi assurément à nous emporter dans son univers. Malgré un début moins accrocheur, l'auteur ce rattrape avec une belle histoire qui nous permet de vivre pleins d'émotions différentes. Sans parler que la dernière scène qui restera imprégner dans ma tête jusqu'à mes vieux jours.

Je vous dis cela, tout en espérant que vous allez vous accrochez en lisant ce chef d'oeuvre pour ne pas vous blesser en tombant sous son charme.
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Habéké est un jeune africain adopté par des québécois, mais toujours hanté par sa terre natale qu'il rêve de retrouver. Hugues est un jeune québécois qui vient d'apprendre par hasard qu'il a été adopté. Il en veut aux adultes qu'il trouve hypocrites. le souffle de l'Harmattan, c'est la rencontre de Habéké et Hugues qui débouchera sur une profonde amitié. Ensemble, ils rêvent de s'exiler et de réinventer le monde.

Ce qui m'a frappé dès le départ avec ce livre, c'est le style de Sylvain Trudel. Un style unique qui se démarque par ses jeux de mots, sa poésie, une écriture imagée qui coule sans fausse note. L'auteur a tout un talent pour écrire de si belle façon, on sent que son texte est travaillé et tout à fait maîtrisé. Il faut du talent aussi pour nous livrer à travers la voix de Hugues, un tel monde d'illusions et de naïveté, celui de l'enfance. J'ai été touchée par cette relation de fraternité entre deux jeunes tentant d'échapper au monde des adultes qui va toutefois les rattraper bien vite.
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Le narrateur, Hughes et Habéké sont copains. Un point commun les rapprochent : ils ont tous les deux été adoptés. Ensemble, ils vont se construire un monde à leur image. Un monde puisé dans les croyances africaines de Habéké et leurs croyances enfantines.
J'ai eu un peu de mal à embarquer dans l'histoire, je trouvais les phrases dérangeantes et étranges. Mais par la suite, malgré leur étrangeté, certaines phrases m'apparaissaient très belles. J'ai beaucoup aimé les métaphores, les jeux de mots et autres qui fleurissent dans la prose de l'auteur. J'ai eu du mal à situer leur âge. Les actes sont enfantins, irréfléchis mais font suite à de grandes réflexions.
Je lirai bien un autre roman de Sylvain Trudel !
(Ce roman est en partie autobiographique, non ?)
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Je n'ai pas lu d'autre livre de cet auteur mais ce que je peux vous assurer c'est que ce n'est pas le dernier. Je n'ai jamais vraiment aimé lire mais cette histoire ma créer un appétit hors du commun à la lecture. Bien que je me disais, bon à la prochaine page je vais me coucher, un petit gargouillement insupportable me faisait continuer.

C'est l'histoire de deux jeunes enfants nommé Hugues Francoeur l'enfant ce disant mal aimé et Habéké Axoum l'Africain nu au grand ventre. Tous deux aiment la poésie et rêve de leur île loin de l'hypocrisie des adultes. Pendant la fin de semaine, ces deux petits garçon ne jouent pas avec des jouets mais plutôt ce prépare à leur éventuel long voyage sans retour. Cette histoire d'aventure un peu triste par moment, cache entre les lignes aussi une histoire d'amour forte non décrites mais clairement présente pour deux petits garçons.

Sylvain Trudel, réussi le parfait mélange d'une aventure, d'un drame et de l'amour. Son livre court mais parfaitement écrit sans de trop longs dialogues ou de moments non nécessaires réussi assurément à nous emporter dans son univers. Malgré un début moins accrocheur, l'auteur ce rattrape avec une belle histoire qui nous permet de vivre pleins d'émotions différentes. Sans parler que la dernière scène qui restera imprégner dans ma tête jusqu'à mes vieux jours.

Je vous dis cela, tout en espérant que vous allez vous accrochez en lisant ce chef d'oeuvre pour ne pas vous blesser en tombant sous son charme.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Habéké Axoum, c'était le plus intelligent de tous, parce qu'avec ça il avait la naïveté et tout chez lui pouvait se faire. Il a toujours été un peu plus vieux que ses artères, à cause de la chienne de vie qui fait vieillir avant le temps, mais il avait gardé tous ses pouvoirs secrets. Comme moi je dois dire, et ça fait que j'ai des yeux pour voir. Par exemple, dans mon assiette, un brocoli c'est un orme, les patates pilées font un château et la sauce brune c'est l'eau boueuse des fossés. Et les haricots dans la sauce sont des cro­codiles qui font peur aux ennemis. Dans le château, il y a un radis qui règne sur le royaume, et une tour qui emprisonne une petite carotte marinée avec laquelle je suis en amour. Moi, je suis le Bien et la Jus­tice, et je veux tuer le radis parce qu'il a beaucoup d'écus et que les paysans crèvent de faim. Et c'est un impur et je le hais, et je le bombarde avec les petits pois et une cuillère-catapulte. Quand ça ne suffit pas, je saisis la poivrière et je la fais neiger sur le château. Ensuite de quoi, je fais tomber la fourchette-grille, je mange un crocodile en passant, puis je tue le radis qui éternue. Je grimpe alors dans la tour pour déli­vrer la carotte marinée que j'aime plus que tout au monde. Comme je ne suis pas un hypocrite, je dévore le château, les ormes, les crocodiles. Je ne veux rien laisser dans mon assiette, aucune ruine du vieux royaume, aucune trace des choses de ce monde, pour ne pas souffrir inutilement, mais c'est impossible de vraiment tuer la mémoire, et après le souper je re­plonge la carotte marinée dans son vinaigre parce que toute ma vie je voudrai la sauver.
Ma pauvre mère déteste me voir tripoter dans mon assiette, vu mon âge, et chaque fois j'essuie des volées de reproches parce qu'elle n'a pas les yeux assez perçants pour voir mon royaume. Il faut com­prendre que, quand on accumule les années dans sa tête, tout devient de plus en plus vrai, tellement vrai que bientôt l'invisible ne se voit plus et que les royau­mes s'effondrent. C'est alors qu'arrive l'adultère avec son hypocrisie. L'adultère, c'est l'ère adulte avec un passé d'enfant figé dans la roche. L'ère adulte an­nonce les glaciers et la fin des mammouths. C'est l'hi­ver et le froid qui engourdissent tous les pouvoirs et c'est là que commence le commencement de la fin. Autrement dit, c'est la vieillesse qui s'installe pour de bon dans le creux de nos os. Il y a eu un exemple un jour qui s'appelait le roi Midas et qui changeait en or tout ce qu'il touchait. Pourtant, malgré son vœu exaucé par un dieu, ce roi était malheureux à cause de l'ère adulte. C'est qu'il changeait aussi son pain en or, et jusqu'à son eau, qui devenait de l'eau d'or mais non potable, et Midas ne pouvait s'arrêter de tout transformer maladivement. Il s'accrochait au petit enfant qu'il avait été, mais tout devenait tellement vrai autour de lui, la faim et la soif devenaient si dou­loureuses que Midas ne savait plus exister avec ses pouvoirs. Il a fini par renoncer à tout l'or du monde parce qu'il préférait boire et manger, et vieillir pau­vrement comme tout le monde. Il s'est donc lavé les mains dans un fleuve légendaire, le Pactole, et son don l'a quitté pour se perdre dans les eaux, et au­jourd'hui le Pactole roule de l'or et c'est une expres­sion en souvenir de ce roi. Non, le roi Midas n'a pas su grandir avec ses pouvoirs et c'est bien triste pour lui, mais c'est pas comme Habéké Axoum qui, lui, a toujours été plus fort que les rois. Tout petit, Habéké est resté cinquante jours sans manger à cause de la famine, oui, cinquante jours, dix de plus que le roi des rois, j'ai nommé Jésus-Christ tenté par le diable dans le désert biblique, et Habéké n'est pas allé se plaindre pour autant. Moi, quand je voyais ces tragé­dies à la télé, je me demandais pourquoi il fallait envoyer de la nourriture en Afrique, vu que les Afri­cains avaient le ventre enflé comme un ballon. Je ne savais pas que la nourriture n'avait rien à voir avec les gros ventres. C'est Habéké qui m'a expliqué que, quand le ventre est vide, l'estomac ronge ce qu'il y a de disponible tout autour, parce qu'un estomac ça n'ar­rête jamais vu les sucs. Quand le ventre est vide, ce qu'il y a de disponible ce sont les muscles autour, et, quand les muscles sont digérés, ils ne sont plus là pour garder les organes à l'intérieur, et les organes veulent s'échapper comme de raison, et c'est ce phénomène-là qui fait les ventres enflés.
Si Habéké est parvenu jusqu'à moi dans la vie, c'est grâce à l'eau pure qu'il a inventée pour survivre. Dans ce temps-là dont je parle, Habéké était haut comme trois crêpes de blé noir, mais il savait déjà créer de l'eau de son cru quand le soleil calcinait l'Afrique et que les Africains s'éteignaient par mil­liers. Une armée de caméras filmait tout ça naturelle­ment parce que c'était un horrible spectacle.
Plus tard, Habéké me parlerait parfois de Tana, sa sœur, avec sa voix grave et tout étranglée.
«Tana était tellement fatiguée qu'à la fin elle n'avait même plus la force de fermer les yeux. Elle est restée comme ça, des heures sans cligner sous les mou­ches, puis on a dû les fermer pour elle, ses yeux. On a pleuré, mais sans larmes, parce que nos yeux à nous n'avaient plus assez d'eau pour en fabriquer.»
En ce lointain soir-là, Habéké s'est hissé au som­met d'une colline, car il connaissait cet insecte in­croyable qui s'expose au vent nocturne qui souffle de la mer à l'est. Le jour c'est pas la peine d'espérer parce que le vent vient du désert, mais le soir, le voici chargé d'humidité, comme une haleine parfumée, et, quand ce vent glisse sur la carapace chaude de l'in­secte, il y dépose une rosée. Au bout d'une heure ou deux, une précieuse gouttelette dévale la carapace jusqu'à la bouche, et l'insecte boit enfin. Habéké a survécu comme ça, en se couchant sur le ventre et en offrant sa tête aux vents miraculeux du soir. L'eau se condensait lentement dans ses cheveux frisés, jusqu'à former des ruisseaux minuscules qui coulaient sur ses joues pour arroser le lac desséché de sa bouche. Habéké a bien tenté d'expliquer l'insecte à sa famille, mais personne ne voulait croire ses enfantillages. Et voilà comment le manque de croyances les a tous fait mourir de soif. Mais la guerre non plus ne les a pas
aidés, faut dire, parce que oui il y avait une guerre d'hommes là-bas qui s'ajoutait à la sécheresse de Dieu, et la guerre n'a jamais aidé les petites gens du bas peuple, rien que les grands seigneurs des hautes couches. Et les explosions étaient si épouvantables sur les lignes de feu que même les anges gardiens avaient fui à tire-d'aile dans les nuages avec tous les oiseaux du pays pour abandonner les enfants dans la misère de chien. Heureusement qu'il y avait ici et là des gens courageux qui se désâmaient pour la multi­tude, et pas que des femmelettes comme les anges aux ailes de poules mouillées, mais des personnes idéalisées qui voulaient vraiment sauver le monde, et, des semaines plus tard, des coopératifs internatio­naux remplis d'intentions ont exporté Habéké outre­mer, avec des certificats tamponnés et des titres de propriété, et c'est ainsi qu'un ami est tombé du ciel dans le matériel, ici même, comme un cheveu sur la soupe, dans la paix et l'abondance.
À son arrivée dans notre pays riche où il fait si froid, Habéké n'avait que quelques maigres années derrière lui et on a pu le dénaturaliser pour son bien: on lui a enseigné le français, le hockey, la nage, la bicyclette, la politesse à table et le Ô Canada! et puis il a appris tous les mercredis à déposer des sous à la caisse populaire infantile dans le gymnase de son école très primaire, et il a découvert des dimanches sous zéro en motoneige, des maux de cœur de cabane à sucre, le mouton même pas noir du dernier char allégorique de la Saint-Jean-Baptiste, et naturelle­ment la télévision où des pareils à lui mouraient au téléjournal pour nous faire réfléchir un peu avant le western d'onze heures. Et Habéké a vu les épiphanies des crèches vivantes devant son église, il s'est fait crier des noms malpropres, a vomi des hot-dogs, de la tourtière et de la bûche de Noël, a régurgité du coca-cola par le nez et attrapé la picote, s'est étouffé avec le corps du Christ et quoi encore. Mais Habéké, bien roulé en boule au cœur de son pays intérieur, il a su résister à notre civilisation exagérée, parce que, malgré les envahissements et les déformations, il avait décidé d'être éternellement un Africain dans l'âme comme une roche est dure. Durant la vie en­tière sa pensée s'est faite en amharique comme il l'avait juré en secret à ses ancêtres bien-aimés. Per­sonne ne peut envahir la pensée parce que la pensée c'est l'exil et que chacun a l'exil qu'il désire. Habéké et moi, on s'était promis de visiter nos exils un beau jour. J'aimais Habéké. Il avait l'intelligence humaine.
En Afrique, il y a des zébus dans la savane, mais on confectionne des chaussures avec leur cuir. C'est affreux de penser que l'exil des zébus est lié à nos souliers. Habéké ça l'enrageait, parce qu'il était ani­miste.
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Les enfants, on est connus pour ça, on a des pouvoirs. Par exemple dans mon assiette, un brocoli c'est un orme, les patates pilées font un château et la sauce c'est l'eau des fossés, et les haricots dans la sauce sont les crocodiles qui font peur aux ennemis. Dans le château, il y a un radis qui règne sur le royaume, et une tour qui emprisonne une petite carotte marinée avec laquelle je suis en amour. Moi je suis juste et je veux tuer le radis parce qu'il a beaucoup d'écus et que les paysans ont faim. Alors, je le bombarde avec les petits pois et une cuillère-catapulte. Quand ça ne suffit pas, je prends la poivrière et je la fais neiger sur le château. Ensuite, je fais tomber la fourchette-grille, je mange un crocodile en passant, puis je tue le radis qui éternue. Je monte alors dans la tour pour délivrer la carotte marinée que j'aime plus que tout au monde. Comme je ne suis pas hypocrite, je bouffe le château, les ormes, les crocodiles. Je ne veux rien laisser dans mon assiette, aucune trace du vieux royaume, pour ne pas que les paysans souffrent. Ils ont déjà bien assez d'une mémoire. Après le souper, je replonge la carotte marinée dans son pot parce que j'aime bien la sauver à chaque repas. Ma mère elle a jamais aimé ça me voir jouer dans mon assiette, et un jour j'ai eu des reproches parce qu'elle n'avait pas les yeux assez perçants pour voir mon royaume. Il faut comprendre que quand on accumule les années tout devient de plus en plus vrai, tellement vrai que bientôt l'invisible n'a plus place et que les royaumes s'effondrent.
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Eux dans l'inconscience œuvraient à la perte de l'âme en voulant faire d'Habéké un enfant lessivé pareillement aux autres, un petit pâlot à peau sombre, un pur à peau sale, un premier communiant teinté, alors qu'Habéké était sans pareil et sans égal, même si les autres jeunes, à l'image des parents, ne voulaient pas tellement s'encombrer de lui, une telle chose. Oh, tout le monde osait sourire à perte de vue dans sa sournoiserie, comme toute ma famille, comme mes oncles et mes tantes qui riaient tout le temps pour des imbécillités dans leurs petits cercles étouffants des dimanches de mes désespoirs d'après la messe, mais qui, revenus dans leurs rues de dégoût, roulaient un oeil visqueux dans les rideaux du salon pour guetter les nègres apparus dans le voisinage, les wops, les pollocks et les tchinetoques qui faisaient baisser le prix des maisons du quartier autrefois si pur et si riche, mais aujourd'hui gangrené jusqu'à l'os. Est-ce qu'il faut dire «un noir se noie» ou «un nègre se nèye»? - Sais pas. - Il ne faut rien dire, mais le laisser se nèyer, ha ! ha ! Qu'est-ce que ça fait un Italien étendu sur la pelouse? - Sais pas. - Ça fait de l'engrais, ha ! ha ! Sais-tu pourquoi les Chinois sont jaunes? - Sais pas. - Parce qu'ils pissent contre le vent, ha ! ha ! ha ! Oh oui, ça s'en tapait le cul sur les chaises et ça riait comme des chiens dans mes dimanches de chien enragé, mais derrière ces murailles de fausses dents, derrière le grand mensonge d'émail des grandes gueules de chiens sales, se terrait l'obstination de tout purifier et de tout étouffer, et de nous désenvoûter du seul soleil que j'aime, mon soleil de vie, mon visage de tous les dieux fondus et enflammés, l'Ityopya qui ravageait d'amour la figure brûlée d'Habéké.
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Le lendemain, j'ai raconté la vie mouvementée d'Alexandre Soljenitsyne à Habéké qui n'en croyait pas ses yeux. Quand je lui ai fait part de mon idée d'écrire à cet homme pour le questionner sur les possibilités de vie en exil, Habéké a eu un regain d'espoir dans son être et ça lui a fait mal à la peau
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En Afrique, les problèmes sont à la fois aigus et graves, donc circonflexes à cause de la loi des grands nombres appliquée par les agents de conservation. La multiplication les a fait champions de démographie, mais, contre toute attente, l'Afrique est un quotient car elle est, d'après Habéké, le résultat des divisions entre les peuples.
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Vidéo de Sylvain Trudel
Grand entre­tien avec l'écrivaine Juliana Léveil­lé-Trudel, dont le plus récent roman, On a tout l'automne, explore la vie en com­mu­nauté dans le Nord, où le temps passe à un rythme sin­guli­er. C'est un retour très atten­du en lit­téra­ture pour adulte, après le suc­cès qu'elle a con­nu grâce à Nir­li­it à La Peu­plade en 2015 et celui de ses ouvrages pour la jeunesse aux édi­tions Crackboom.
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