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Andrée R. Picard (Traducteur)
EAN : 9782742746521
250 pages
Actes Sud (04/02/2004)
4.33/5   169 notes
Résumé :
Chef-d'oeuvre de la littérature antimilitariste, ce roman a pour héros un soldat américain de la guerre de 1914-1918 atrocement mutilé par une explosion. Devenu ce mort vivant dont l'âme s'agrippe à un corps qui n'est plus, il incarne, avec une puissance narrative stupéfiante, l'horreur vécue de toute guerre.
Publié au début de la Seconde Guerre mondiale, ce livre mythique était lu dans les meetings pacifistes pendant la guerre du Vïetnam. Encore et toujours ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Un livre poignant et émouvant!
En ouvrant Johnny s'en va-t-en guerre, je m'attendais à y trouver des scènes de guerre, des moments trouble de la grande guerre, beuh non, c'est bien plus frappant que ça, il ne s'agit que d'un personnage, mais dont l'histoire est troublante, et l'écriture est tout autant bouleversante. On vit les émotions de Joe, on pénètre ses souvenirs, ce qui lui reste de plus cher quand son corps, mutilé, ne peut plus obéir à son cerveau. Je ne dirais pas que j'ai savouré ce livre mais à chaque mot, à chaque phrase, quand bien même qu'il y ait eu beaucoup de reprises, à chaque page tournée, j'ai senti quelques titillations dans mon cerveau imaginant mon corps dans l'incapacité de m'obéir, ce que l'auteur réussit à vivre au lecteur! C'est une réussite, ce livre!
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Dalton Trumbo est une personne qui comptait dans l'Amérique des années 40 : c'est un homme apprécié des studios américains pour ses scénarios , il recevra d'ailleurs l'Oscar du meilleur scénario en 1941 et sous d'autre identité en 1954 et 1957 .
Oui mais , tare impardonnable , il est communiste . Etre communiste signifie-t-il qu'on est un ennemi de l'Amérique ? C'est ce que pense l'HUNAC ( commission des activités anti-américaines ) . De plus Trumbo fait la mauvaise tête : il refuse de répondre à la question " êtes-vous adhérent au parti communiste " .... ils sont dix dans son cas .... UN AN DE PRISON pour outrage au congrès et interdit de travail à Hollywood . Son talent étant indéniable , il réussit quand même à écrire pour le cinéma sous fausse identité . " Vacances romaines " , " Spartacus " et " Exodus " sont de lui .
L'Amérique grâce au maccarthysme se priva du talent de Chaplin , Orson Welles ou Bertold Brecht , ce qui n'est pas un honneur pour " la démocratie " qui donne des leçons à la planète entière .
Trumbo met lui même en scène son livre , en pleine guerre du Vietnam , et il est clair que la " morale " du propos est plus qu'antimilitariste , ce qui ne passe pas facilement chez les va-t-en guerre et patriotes acharnés .
Toute association d'idée avec la politique de Trump ( l'oncle Donald ) ou notre actuel état d'urgence relève de la pure médisance .
La question à se poser après lecture de ce livre : Comment sommes nous manipulés pour consentir à participer à une guerre alors qu'à chaque fin de conflit , il se dit :" plus jamais ça " . Aurions-nous perdu la mémoire ?
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Ce roman serait un livre-culte pour la "génération mai 68" ; un film tout aussi fameux, sinon davantage, en aurait été tiré. Sauf que je suis né bien après 68, et que mon inculture cinématographique est, hélas ! assez abyssale... Je ne savais donc rien de "Johnny s'en va-t-en guerre" avant d'en entamer la lecture, hormis qu'il s'agissait d'un roman antimilitariste mettant en scène un jeune Américain engagé dans la Grande Guerre. J'ai été surpris, et plutôt deux fois qu'une.

Première surprise, et première contrariété : les scènes de guerre sont quasi inexistantes. Espérant lire une sorte de "Red Badge of Courage" version 14-18 dans lequel le personnage principal ne deviendrait jamais un héros, j'en fus pour mes frais. Cloué à son lit d'hôpital, réduit à l'état d'homme-tronc, Joe Bonham se souvient : de ses parents, de ses copains, de ses amours, de ses petits boulots, mais pas du combat, ou si peu.

Deuxième surprise, et deuxième contrariété : le style d'écriture. Ce n'est pas tout à fait un style oral à la manière du "Voyage au bout de la nuit" même si on s'en approche parfois. le problème qui dans un premier temps me parut insurmontable tient à l'absence totale de virgules : chaque phrase semble prononcée dans un seul souffle, sans pause, sans accentuation, comme le ferait un comédien débitant son texte sans le comprendre. le résultat est très déstabilisant.

Avec ces deux contrariétés initiales, j'ai pu craindre le pire. Dans mon esprit, ce roman a débuté à deux étoiles : le fond est intéressant sans être passionnant, mais c'est illisible, jamais je n'irai au terme des 300 pages avec un style pareil. Il est passé à trois étoiles au bout d'une cinquantaine de pages : finalement on s'habitue à cette écriture si particulière, et ce pauvre gars commence à devenir attachant. Puis, une fois passée la moitié, après de passionnantes réflexions sur la liberté, la démocratie, la valeur de la vie, je savais que je tenais un très bon roman et que celui-ci me passionnerait jusqu'à la dernière ligne, méritant largement ses quatre étoiles.

Je ne sais pas si la lecture de "Johnny s'en va-t-en guerre" m'aura rendu plus sensible à l'absurdité de la guerre : je continuerai sans doute d'osciller entre horreur et fascination pour ce qui constitue, et ce depuis l'époque de l'homme des cavernes, l'une des grandes affaires humaines ; il n'est pas dit que le malheureux Joe Bonham aura fait remporter une victoire décisive à la partie de moi-même fondamentalement antimilitariste, au détriment de celle qui rêve aux exploits guerriers d'Alexandre et de Napoléon, aux hussards et aux chevaliers... En revanche ce qui est certain, c'est que ce roman m'aura offert un moment de lecture émotionnellement très fort, et je sais que je le relirai.
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En 1917, quand les Etats-Unis entrent en guerre, le jeune Joe Bonham, simple boulanger du Middle West, se retrouve embarqué dans le conflit, incité qu'il est par des va-t-en guerre qui lui racontent qu'il doit partir pour sauver la liberté et la démocratie. Malheureusement pour lui, il se retrouve atrocement mutilé par l'explosion d'un obus. Il doit être amputé des quatre membres. Il est complètement défiguré. Sourd, muet et aveugle, véritable mort vivant, il ne sait comment s'y prendre pour communiquer à nouveau avec ses semblables.
Plus conte philosophique et pamphlet virulent contre l'horreur de la guerre « Johnny s'en va en guerre » n'est en aucune façon un témoignage. Il fut écrit dans les années trente et parut en 1939. Il devint très vite un livre culte d'abord revendiqué par les isolationnistes de droite opposés à l'intervention américaine pendant la Seconde Guerre mondiale puis encensé par les pacifistes de gauche luttant contre la guerre du Viet-Nam. D'un style très parlé, quasi célinien, donnant l'impression d'un texte écrit au fil de la plume, plus hurlé qu'écrit, cet ouvrage mérite largement sa réputation de chef d'oeuvre de la littérature antimilitariste. Il laisse une très forte impression et réussit le tour de force d'arriver à faire partager tous les sentiments ressentis par cet homme réduit à l'état de légume à cause de la folie des hommes. On peut avoir quelque peine à entrer dans cette histoire qui part un peu dans tous les sens au début, mais très vite on se prend de pitié et de compassion et on ne peut plus lâcher plus ce bouquin atypique qui sonne comme un grand cri du coeur avec sa fin lyrique et pleine d'humanité. A lire absolument.
Lien : http://etpourquoidonc.fr/
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Comment se relever de la lecture de l'un des ouvrages les plus puissants que l'on ait jamais lu ?
En lisant la quatrième de couverture, je m'attendais à un roman antimilitariste, dénonçant donc les puissants et leurs envies de guerre à tout va, dénonçant les appels des jeunes gens n'ayant rien demandé. Et c'est ce que j'ai trouvé dans *Johnny s'en va en guerre*, mais c'est très loin d'être l'unique chose à en retirer.

Bien entendu la critique de la guerre perpétuelle, du "drafting" de la jeunesse qui n'a rien demandé pour aller se battre contre le dernier idéal à la mode et soi-disant en grand danger dans un endroit du globe (la liberté, la démocratie, *mettez ici le terme approprié*) est extrêmement puissante. On sent bien que l'auteur a vécu cette problématique de manière directe. Cette critique est puissante est puissante, mais surtout elle est encore tellement d'actualité dans notre monde actuel, tellement d'actualité qu'elle nous donne un pincement au coeur. L'homme ne tient jamais compte de ses erreurs.

Comme je le disais, l'exceptionnel portée antimilitariste de ce roman n'est pas son seul atout, loin de là. L'auteur aurait rapidement pu tomber dans un pamphlet sans grand intérêt pour étayer son propos, dans une sorte d'essai contre la guerre avec preuves et chiffres à l'appui. Rien de tout ça. Ici on suit la vie d'un unique soldat après la Première Guerre Mondiale. Sa vie après la guerre. Sa vie après avoir rencontré un obus qui le privera de ses jambes, ses bras, son nez, sa bouche, ses yeux et ses oreilles.
La première partie du livre intitulée *Les morts* passent donc un temps certain à relater l'horreur d'un soldat découvrant petit à petit les séquelles que la guerre auront laissé sur son corps. La perte de repères, l'enfermement, le mutisme, l'angoisse de vivre sa vie ainsi, la manque de notions aussi simple que le temps. Tout est un véritable coup de poing en pleine face. Cette partie est dure, très dure. Elle nous renvoie à nos craintes les plus primaires, les plus élémentaires et c'est en ça qu'elle s'imprime au fer rouge dans notre mémoire.
Donald Trumbo n'oublie pas malgré tout son travail de romancier. Et comme tout bon romancier, il peaufine son personnage. Un soldat mutilé, à la découverte de sa nouvelle vie de cauchemars, n'aurait probablement pas eu le même impact s'il n'avait pas passé un tiers de ce roman à nous le présenter, nous le présenter avant la tragédie. Ces périodes d'accalmie nous permettent de souffler, de nous remettre de toutes les horreurs qui s'enchainent, mais nous permettent de tisser des liens avec Joe, de nouer une véritable connexion avec lui comme rarement un ouvrage de 300 pages pourrait mettre en place. J'ai par exemple en mémoire ce chapitre où Joe part à la pêche avec son père. Tout se résume dans ce chapitre. Tout y est contenu. C'est le genre de chapitres, à priori, anecdotiques au regard de l'oeuvre entière, mais qui permet davantage au roman de s'envoler vers les cieux. Chapeau bas l'artiste.

La seconde partie de l'oeuvre intitulée *Les vivants* prend alors le contrepied de la précédente. Joe se bat alors pour survivre et se lance dans une opération commando, la véritable bataille de sa vie : celle de reprendre vie, de reprendre contact avec ses sens et avec l'humanité. C'est ainsi qu'il mettra au point une méthode pour compter le temps qui passe, ce qui lui redonnera du sens. Puis viendra le moment le plus important : celui de tenter de s'exprimer avec les autres, de se faire comprendre, de demander sa liberté. La force de cette partie est à l'image de sa soeur jumelle. Tellement puissante. Levant tellement d'enjeux que l'on veut voir Joe réussir. Plus que n'importe qui auparavant. On aspire de tout coeur à une issue favorable pour celui qui n'aura rien demandé à personne, pour celui qui se sera retrouvé mutilé contre son gré.

Et pour terminer, impossible de ne pas toucher un mot du style de Donald Trumbo. Encore une fois, quelle claque ! Quelle brutalité, quel génie, quel enchainement de phrases où la ponctuation manque, de phrases qui s'enchainent comme les tirs de balles d'une mitrailleuse, de phrases qui nous étouffent et nous collent à la peau, des phrases qui font mouche et nous laissent essoufflés et sur le carreau. Parfois perdu certes, mais rarement pris autant aux tripes. Ce style ne fonctionnerait probablement pas pour un autre roman, mais bon dieu qu'il est parfait pour celui-ci.

La conclusion sera simple, *Johnny s'en va en guerre* est de loin la meilleure oeuvre que j'ai lu depuis des années. Peut-être la meilleure oeuvre que j'ai jamais lu. Je ne saurais que trop la conseiller à quiconque aurait les nerfs un tant soit peu solide pour affronter sa brutalité.
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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Non monsieur quiconque est allé dans les tranchées en première ligne pour se battre par amour de la liberté était un foutu imbécile et le gars qui l'a envoyé là-bas était un menteur. La prochaine fois qu'on allait lui débiter tout ce charabia à propos de la liberté... que voulait-il dire par la prochaine fois ? Il n'y aurait pas pour lui de prochaine fois. Au diable cette histoire. S'il pouvait y avoir une prochaine fois et qu'on vienne lui dire allons nous battre pour la liberté il répondrait ma vie est plus importante pour moi monsieur. Je ne suis pas un imbécile et si je donne ma vie en échange de la liberté il faut que je sache d'avance ce qu'est la liberté et de quel idéal de liberté nous parlons et quel degré de liberté nous posséderons. Bien plus monsieur portez-vous autant d'intérêt à cette liberté que vous voudriez m'en voir ressentir ? Peut-être l'excès de liberté sera-t-il aussi néfaste que le manque de liberté et je vous trouve sacrément hâbleur de parler pour ne rien dire car mon opinion est déjà faite et je sais que j'aime la liberté dont je jouis ici la liberté de marcher et de voir et d'entendre et de parler et de manger et de coucher avec mon amie. Je pense que je préfère cette liberté à la perspective de me battre pour une quantité de choses que nous n'obtiendrons pas et finir par perdre complètement la liberté. De finir par trouver la mort et par pourrir sous terre avant que ma vie ait commencé pour de bon ou d'achever mes jours comme un quartier de bœuf.
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Si vous faîtes la guerre s'il faut pointer des canons et des fusils s'il faut tirer des balles s'il faut tuer des hommes ne comptez pas sur nous. (…) Ce sera vous – vous qui nous poussez à nous battre vous qui nous incitez à nous en prendre aux nôtres vous qui voulez voir le cordonnier tuer le cordonnier et le travailleur abattre le travailleur vous qui obligez un être humain heureux de vivre à tuer son semblable qui tient lui aussi à la vie. Souvenez-vous en bien vous qui méditez de faire la guerre. Souvenez-vous en. Rappelez-le vous vous les patriotes à tous crins vous les semeurs de haine les inventeurs de formules. Gravez-le-vous dans la mémoire plus profondément que vous n'y avez jamais rien gravé de votre vie. 
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Il n’y a rien de noble dans le fait de mourir. Même pas si vous mourez pour l’honneur. Même pas si vous mourez en héros si vous êtes le plus grand héros que la terre ait porté. Même pas si vous êtes célèbre au point de rendre votre nom inoubliable et qui donc atteint pareille célébrité ? La chose qui a le plus d’importance c’est votre vie mes petits gars. Morts vous n’êtes bons à rien sinon à servir de sujet aux discours.
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M. Hargraves l'inspecteur des écoles prononça un discours avant le vol. Il expliqua que l'invention de l'aéroplane représentait le plus grand pas en avant que l'homme eût fait depuis cent ans. M. Hargravesdit que l'aéroplane réduirait les distances entre les nations et les peuples. Ce serait un grand instrument de rapprochement entre les hommes qui se comprendraient mieux et s'aimeraient davantage. M. Hargraves dit que l'aéroplane introduisait une nouvelle ère où règneraient la paix et la prospérité et une compréhension mutuelle. M. Hargraves dit que tout le monde serait ami quand l'aéroplane relierait les quatre coins de la terre si bien que tous les hommes du monde se comprendraient.
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Il existe quantités de loi pour protéger l'argent des gens même en temps de guerre mais il n'y a rien dans les livres qui dise la vie d'un homme lui appartient.
[...]
Ne leur prêtez pas d'attention quand ils vous taperont sur l'épaule en disant venez nous allons nous battre pour la liberté ou quel que soit le mot qu'ils emploieront car il y a toujours un mot.
[...]
Combien d'entre eux s'étaient fait mutiler au point de passer leur vie enveloppés dans un linceul? Ils en avaient du culot de venir distribuer des médailles.
[...]
Emmenez moi dans vos églises dans vos altières cathédrales qu'il faut reconstruire tous les cinquante ans parce qu'elles sont démolies par la guerre.

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Vidéo de Dalton Trumbo
Dalton Trumbo (Trumbo) (2016) - film biographique américain coproduit et réalisé par Jay Roach, sorti en 2015. Avec Bryan Cranston, Diane Lane, Helen Mirren. Bande-annonce vo sous-titres français.
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