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Sarah Londin (Traducteur)
EAN : 9782490501328
316 pages
Editions du Typhon (06/04/2023)
3.91/5   40 notes
Résumé :
Été 1930, au coeur de la campagne américaine, deux jumeaux, Niles et Holland, auraient dû passer des vacances de rêve. La nature à perte de vue et la vieille ferme familiale comme terrain de jeu avaient tout pour les rendre heureux. Mais depuis le décès de leur père, leur relation si fusionnelle se dérègle. Niles, l’enfant modèle, Holland, le rebelle, s’éloignent et s’enfoncent dans une spirale d’événements étranges, comme sous l’emprise d’un autre.

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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Thomas TRYON est un maître du fantastique de la suggestion.

Dans ses ouvrages - et spécialement dans celui-ci, le premier et le plus célèbre -, nul "gros effet adrénergique" à la Stephen King, mais plutôt quelque chose d'infiniment rassurant et inquiétant à la fois : cela nous tire donc plutôt du côté d'E.-T.-A. HOFFMANN (dont je ne connais que "L'homme de sable", extraordinaire nouvelle dont la chute nous fait aborder de plain-pied les territoires de la folie) ; on pense aussi au Claude SEIGNOLLE de "La brume ne se lèvera plus", du "Gâloup" ou de "La Malvenue"... et bien sûr au classicisme novateur de Richard MATHESON pour "Je suis une légende" (I am Legend, 1954) ou encore pour son fascinant - et également unique dans l'histoire littéraire - "Le jeune homme, la mort et le temps" (Bid Time return, 1975).

Bref, nous voici du côté de la Littérature qui dure...

Dans le plus célèbre livre de Matheson ("I am Legend" fut maintes fois adapté au cinéma), la menace "vampirique" dégénérescente est totalement extérieure quand dans "The Other", elle est - comme nous l'apprendrons - tout intérieure...

D'abord dans ce "Paradis de l'enfance" qu'est l'été dans les années trente en Nouvelle-Angleterre, il y a ce bon Niles... "Enfant de la nature", sorte d'ange blond pour sa mère et sa grand-mère.

Niles est malheureusement pourvu d'un frère facétieux, lui aussi "charmeur" : Holland, son jumeau... lui aussi charmeur mais disons "un peu plus facétieux". N'aime-t-il pas faire le mal, "juste pour voir" ? Holland le "maléfique"...

On sait depuis le "Psycho" de Robert BLOCH (adapté brillamment au cinéma par Alfred HITCHCOCK) qu'il est impératif de "rassembler les morceaux épars".

Car nous entrons peu à peu dans la tête de Méduse du "Mister Hyde" de Robert-Louis STEVENSON... de "Hyde" enfant, si l'on peut dire : Mister Holland.

Robert MULLIGAN qui a pu lire dès 1971 le roman de Th. Tryon sur épreuves a réalisé en 1972 un film magnifique, en s'éloignant très peu du récit du talentueux "conteur" qu'est devenu l'ancien acteur - rejoignant ainsi - dans sa magie propre - le climat d'inquiétante étrangeté créé par le romancier.

J'ai parlé de "l'art du conteur" : on n'est pas près non plus d'oublier les taches au plafond "qui prennent des formes étranges" : spectacle mouvant et coloré que Niles, devenu adulte, contemple jour après jour dans l'"institution" où il est enfermé - sans doute pour le restant de son existence...

Parfois deux font un.

Et l'on repense évidemment aujourd'hui au film labyrinthique - et parfait - "Spider" (2002) de David CRONENBERG mais aussi au non moins formidable "Two Sisters" [ 장화 홍련 ] de Kim JEE-WOON (Corée du Sud, 2003)...

Thomas TRYON confirmera avec "Harvest Home" (1973, "La fête du maïs"), "Lady" (1974) et "Crowned Heads" (1976, "Fedora") son talent de romancier de l'étrangeté, la subjectivité et l'insularité : chacun d'entre nous ne voit-il pas "le monde" tel qu'il le croit... ?

"L'Autre" (celui que nous ne sommes pas) reste donc à chacun un complet mystère - et sans doute est-ce plus vivable pour nous ainsi.

Labyrinthe mental et écriture judicieusement lente (car pourquoi nous faudrait-il si être pressé de "savoir" ?).

Que continuent donc de vivre dans l'ombre les chantres discrets du Fantastique ! Thomas Tryon - acteur puis romancier - a vécu aux Etats-Unis de 1926 à 1991. Et son oeuvre n'est sans doute pas si "mineure" qu'on veut bien le croire...

PS : la 4ème de couverture de son ultime roman "The Night of the Moonbow" (1989) - "La nuit de l'arc de lune" traduit et publié en France (coll. "J'ai lu") en France en 1991 (année de la disparition du romancier), nous apprend que "The Other", "devenu un énorme best -seller (...) figure maintenant au programme des lycées et universités aux Etats-Unis."

Signalons enfin la publication posthume en 1995 aux U.S.A. de son roman "Night Magic", traduit et publié en France en 1997 sous le titre "Noire Magie" (Presses Pocket, collection "terreur").
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
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Je n'aime pas le fantastique, en littérature comme ailleurs.

Pourtant, je me délecte à chaque nouvelle parution de la collection Les hallucinés du Typhon, qui a déjà accueilli Baratte, Hoffmann ou Cournut et vient s'enrichir de L'Autre, de Thomas Tryon, traduit par Sarah Londin et illustré par l'incontournable Tristan Bonnemain.

Comme ses prédécesseurs dans la collection, L'Autre a la délicatesse de s'arrêter à mes limites acceptables, celles qui se rapprochent davantage du conte, de l'étrange et des bizarreries de l'esprit, plus que de la fantasy ou de l'imaginaire.

Pas difficile donc de me plonger dans la chaleur de cet été à Pequot Landing dans le Connecticut, bastion historique de la famille Perry où les jumeaux adolescents Niles et Holland s'ennuient.

Faut dire que leur père est mort et que leur mère ne quitte plus la chambre, oscillant entre chagrin, dépression et whisky. Autour de la maison, c'est tout un microcosme de parents, cousins, voisins, amis qui vont et viennent, sous l'oeil de la vieille Ada, la matriarche.

Mais au fil des jours, surviennent des disparitions et des phénomènes étranges avant que la mort et l'horreur ne frappent la famille. du côté des jumeaux, c'est du je t'aime moi non plus, étrange relation faite de calme et de furie, d'eau et de feu, de fusion et d'opposition.

Une relation déstabilisante pour Niles, qui trouve la quiétude dans « le jeu » qu'il pratique avec Ada : se transposer dans les paysages, les éléments et même dans l'autre. « Regarde et ressens ; sois une abeille, sois une fleur, sois un oiseau – sois Holland. »

Lire L'Autre, c'est entrer dans une lecture parenthèse, certes un peu datée, mais paradoxalement apaisante, dans cette ambiance faussement doucereuse où la tension monte doucement en puissance.

Un livre-conte qui interroge l'alterité, le discernement, la vision différenciée de phénomènes pourtant similaires, et vous enveloppe dans un rythme lent et suave pour mieux vous secouer dans un final incroyable. Et un livre superbement édité en prime !
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The Other
Traduction : Colette-Marie Huet

"Le Visage de l'Autre" se présente sous la forme d'un journal tenu par un pensionnaire d'asile psychiatrique. Ce narrateur évoque son enfance et en particulier les faits qui ont marqué sa famille après la mort accidentelle de son père. A partir de là, tout semble être allé à vau-l'eau, comme si une étrange malédiction s'abattait sur les survivants.
Nous entrons de plein pied dans le vaste domaine familial où errent et s'amusent Niles et Holland, les fils jumeaux du disparu et où résident par ailleurs leur oncle George, leur tante maternelle, Vee, leur cousin, Russell, leur demi-soeur Torrie et son mari, Rider, et, bien entendu, leur grand-mère, Ada. Leur mère, Alexandra, vit pratiquement recluse dans sa chambre depuis le décès de leur père - le lecteur le comprendra assez vite, la malheureuse s'est mise à boire.
Il apparaît bientôt que, en dépit de leur bonne entente, les deux jumeaux possèdent des personnalités très différentes l'une de l'autre. Celle de Holland présente des coins d'ombre inquiétants. Mais Niles, bien entendu - et comme tout le monde - adore son frère, même si celui-ci tire trop souvent la couverture à lui ...
Et puis, soudain, les accidents reprennent : le cousin Russell tombe en jouant sur une fourche qui traînait dans une meule de foin, la vieille voisine a une crise cardiaque alors qu'elle recevait un visiteur dont on ignorera toujours l'identité ...
... et, ce qui est peut-être pire, Eugénie, le bébé que vient d'avoir Torrie, disparaît aussi ...
Le climat de ce roman évoque un curieux mélange d'après-midis dorés et insouciants et de forêts singulièrement oppressantes. Ou encore un paysage bien vaste, bien net dans lequel, inexplicablement, le spectateur perçoit quelque chose qui se déplace sans cesse mais sur quoi il a bien du mal à mettre le doigt.
Au contraire de Robert Bloch dans "Psychose", l'auteur ne triche pas et nous révèle bien des choses sur son narrateur avant la chute finale. En ce sens, "Le Visage de l'Autre" est largement supérieur à l'oeuvre de Bloch et on ne peut que regretter qu'Hitchcock n'ait jamais eu l'occasion d'en tirer un film.
Un livre incontournable, à mon sens, pour tous ceux qui aiment les histoires horribles. (Et de plus, ce n'est vraiment pas gore ... ;o)
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Pas facile de faire une critique objective de ce livre, car je m'attendais à de l'épouvante, la version que j'ai étant parue dans la collection Terreur de chez Pocket, et que dans la préface "d'anatomie de l'horreur" de Stephen King écrite par Jean-Pierre Croquet, ce dernier le nomme - au côté de "Un bébé pour Rosemary" d'Ira Levin et de "L'exorciste" de William Peter Blatty - comme pesant dans la métamorphose du genre. Donc autant dire que je m'attendais à du lourd, à de l'atmosphère pesante, à du frisson... et... eh bien non ! je n'y ai pas trouvé tout ça, hélas !

Alors oublions les genres et prenons le comme un simple roman, et là ! je dis oui ! c'est un bon roman, bien écrit, qui nous porte d'un bout à l'autre de l'histoire sans trop de difficulté. Les personnages, l'un des deux frères jumeaux (mais n'attendez pas de moi que je vous dévoile lequel) et la grand-mère Ada tout particulièrement, sont attachants, troublants parfois dans leur façon d'agir et surtout bien décrits et donc crédibles.
L'histoire est intéressante, bien amenée. Les accidents mortels qui parsèment le récit et la vie de cette famille sont-ils vraiment des accidents ? on se le demande d'un bout à l'autre du livre, même si on se doute un peu de la réponse.
Par contre deviner qui de l'un ou de "L'autre" des deux jumeaux est le plus dérangé... difficile de le faire avant la chute. Car, même si, encore une fois, on se doute assez vite qu'un truc cloche, on ne comprend la dure, l'horrible vérité que bien plus tard.
Et que dire de cet étrange narrateur qui, au début des trois parties qui composent cette œuvre, tout en nous parlant d'une tâche d'humidité sur le plafond de sa chambre, nous donne encore plus à douter sûr ce qui se cache derrière tout ces mystères, sans que jamais, sauf au dernier chapitre, on ne sache qui il est et quelle place il occupait dans l'histoire de cette famille.

Conclusion :
-Si vous recherchez une oeuvre angoissante, anxiogène qui vous fera sursauter à chaque bruit entendu pendant votre lecture. Si vous voulez vous faire peur, frissonner, trembler ou tout simplement avoir votre dose d'adrénaline, passez votre chemin, vous n'y ressentirez et n'y trouverez rien de tout cela dans celle-ci.
-Mais, si vous recherchez une bonne histoire, bien écrite, originale, avec des personnages attachants, du suspense, des rebondissements, et une chute bien amenée et qui vous scotchera (du moins un petit-peu), foncez, ce livre est fait pour vous.
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Le roman qui inspira à Robert Mulligan son film sans doute le plus dérangeant : The other. Un récit, au premier sens du terme, fantastique. Pour approcher de près les contours mouvants du mal.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Russel Perry est au salon, dans son cercueil, offert à la vue de tous. C'est toujours du salon que les Perry sont emmenés au cimetière. Au salon qu'on les baptise, qu'on les fiance, qu'on les marie : morts, ils sont exposés au salon. Il en a toujours été ainsi : les stores baissés, le cercueil sur des tréteaux couverts de drap noir, retenu par des cordons et des glands ; avec des soupirs, des chuchotements, semblables à des ombres, des silhouettes se glissent sans bruit dans la pièce pour pleurer, pour s'abandonner à des regrets ou parfois, secrètement, savourer la mort, posant des lèvres chaudes sur la chair froide et rigide en un dernier adieu.

(Thomas TRYON, "The Other", Alfred A. Knopf ed., New York, 1971 - traduit de l'américain par Colette-Marie Huet : "Le Visage de l'Autre" pour les éditions Albin Michel, 1973 : chap. V)
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- Elle dit que tu ne devrais pas corner les pages quand tu lis, s'il te plaît.
Il vit vaciller le regard de sa mère
- Je ne fais pas ça. Personne ne devrait traiter les livres ainsi. C'est du vandalisme.
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Alors que je leur ai dit, leur dis depuis des années que je m'appelle Holland, Holland William Perry. Mais on est comme ça, ici, à Babylone. A propos, Mlle Degroot a connu grand-maman Perry quand on l'a envoyée ici, vous voyez qu'elle doit être probablement vieille, étant déjà là à l'époque. Alors je reste dans mon coin. Surtout, j'aime observer les autobus de la ligne de la Colline de la vallée qui terminent leur course au carrefour et font demi-tour. Oh ! oui, on a supprimé les trams, il y a des années déjà, mais à part ça rien n'a beaucoup changé. C'est toujours le bout de la ligne.

[Thomas TRYON, "The Other", Alfred A. Knopf ed., New York, 1971 - traduit de l'américain par Colette-Marie Huet : "Le Visage de l'Autre"pour les éditions Albin Michel, 1973 - Chapitre de fin]
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parfois lorsque cette impression de solitude s'emparait de lui, quand il avait la nostalgie de quelque chose... de quoi, il ne le savait pas bien... il lui venait souvent à l'esprit qu'il regrettait les Collines d'Ombre, un endroit où il n'était jamais allé. Drôle ! Comment pouvait-on regretter un endroit qu'on n'avait jamais vu ? Babylone, fin de la ligne.
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C’est toujours au salon que les Perry sont amenés au cimetière. Au salon qu’on les baptise, qu’on les fiance, qu’on les marie ; morts, ils sont exposés ici et il en a toujours été ainsi : les stores baissés, le cercueil sur des tréteaux couverts de drap noir, retenu par des cordons; autour des soupirs, des chuchotements, semblable à des ombres, des silhouettes qui se glissent sans bruit dans la pièce pour pleurer, pour s’abandonner à des regrets ou parfois, secrètement, pour savourer la mort, posant des lèvres chaudes sur la chair froide et rigide, en un dernier adieu. C’est donc cela la mort chez les Perry.
Il y’a des gerbes de glaïeuls et une paire de chandeliers de Sheffield de chaque côté du cercueil, les mèches fumantes des bougies donnent à la pièce une atmosphère étrange en cette fin de matinée.
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