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Amélie Petita (Autre)Françoise Choay (Autre)
EAN : 9782020047760
254 pages
Seuil (01/01/1978)
3.97/5   118 notes
Résumé :
La dimension cachée, c'est celle du territoire de tout être vivant, animal ou humain, de l'espace nécessaire à son équilibre. Mais chez l'homme, cette dimension devient culturelle. Ainsi, chaque civilisation a sa manière de concevoir les déplacements du corps, l'agencement des maisons, les conditions de la conversation, les frontières de l'intimité. Ces études comparatives jettent une lumière neuve sur la connaissance que nous pouvons avoir d'autrui et sur le danger... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Cet ouvrage, quoique daté, est absolument indispensable pour qui s'intéresse à l'interculturel. Il est consacré à un seul axe d'analyse , celui de la perception de l'espace (espace vital, espace personnel public, espace personnel privé, …). L'auteur part d'une analyse de comportements animaux sur la régulation de l'espace. Il en déduit que c'est certainement important aussi chez l'humain. Il définit ensuite différents types d'espace chez l'homme et cela entraîne le lecteur instinctivement à réfléchir à sa propre perception personnel de l'espace : à quel moment, ou plutôt à quelle distance ressent-on une intrusion dans son espace privé. Ensuite il développe sur les différences, énormes, entre différentes populations. L'écart entre américains et anglais est incroyable, malheureusement les exemples sont datés (ce qui ne veut pas dire que cela a forcément changé), il faudrait refaire les mêmes études, et y inclure plus de populations. En tout cas, perso, ça m'a apporté beaucoup. Et certaines choses restent valables : les salles de classe françaises sont plus petites que les classes allemandes (à nombre d'élève égal), ne serait-ce que parce qu'en Allemagne il y a au moins 1 m entre un élève et un placard ou un mur, alors qu'en France cela n'entre pas en ligne de compte. Ce n'est pas une question d'espace au mètre carré (les écoliers allemands ne sont pas forcément pour autant plus espacés entre eux assis), un allemand se sent oppressé apparemment à moins d'1 m d'un mur, alors que pour un français c'est secondaire (mais pourquoi donc ?). Je serais curieuse d'une mise à jour de cet ouvrage et d'études sur comment ces différences culturelles se mettent en place.
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Lecture à faire après celle du Langage Silencieux, pour une raison simple, l'auteur y fait référence très souvent.

Si le langage silencieux évoque l'ensemble des éléments distinctifs d'une culture et offre une méthode d'analyse comparative des cultures, la Dimension caché s'intéresse uniquement à l'un des axes d'analyse d'une culture : La distance, ou plutôt la perception de l'espace (Espace vitale, gestion de l'espace public, privée, etc.).

Le livre se construit en plusieurs étapes :
- Une analyse d'expérience dans le monde animal sur la surpopulation : Expérience pertinente sur les effets de la surpopulation chez les souris, on peut ne s'empêcher de faire des parallèle avec le monde humain.
- Une définition des différents espaces chez l'homme, et en particulier l'américain : Cette partie vous amène plutôt à réfléchir sur l'application de ces notions dans votre propre référentiel de valeur et comment vous pouvez percevoir une incursion dans votre monde de la part d'un autre individu.
- Une étude comparative de plusieurs populations: La partie qui m'intéressait le plus mais qui s'avère assez décevante, les exemples de l'auteur étant les mêmes que ceux du premier volume, je n'ai pas appris grand chose.
- Une conclusion très personnelle sur l'évolution de l'immobilier, l'urbanisme aujourd'hui : Bon, là, je suis assez dubitative face à ses conclusions qui donnent une impression de vouloir "ghettoiser" (néologisme personnel) chaque population en fonction de ses origines ethniques, religieuses et sociales afin que chaque population puisse vivre heureuse...(Sic).

J'ai une opinion mitigée à la fin de cette lecture. Si le sujet est très intéressant et sa méthode d'analyse pertinente, j'ai une sensation très négative sur sa conclusion. Bien que se voulant objectif, on sent tout de même une forte subjectivité dans les exemples qu'il prend et dans son interprétation, le tout pouvant, à mon sens, amplifier les problèmes d'intégration et de communication. En effet, l'auteur, qui semble vouloir rapprocher les peuples, ne propose à aucun moment un "protocole" de communication entre les différentes cultures. du coup, qui doit s'adapter ? Doit-on s'effacer et oublier ses propres valeurs pour s'uniformiser ? le contraire ?

Mais il faut relativiser, l'auteur écrit dans un contexte différent : Américain, année 50-60, l'opinion et les jugements de l'auteur sont forcément influencés par son mode de vie et l'actualité du moment. Son analyse, à l'heure de la mondialisation serait-elle très différente ?

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Ce livre est intéressant à deux titres : son contenu qui compile et met au clair de multiples travaux de recherches sur la perception des espaces, le développement de pathologies et jusqu'à l'urbanisme. Mais aussi son caractère totalement daté et presque scandaleux (lu depuis 2024, alors qu'il a été publié en 1971) sur les notions de races et les généralisations dangereuses qu'il recèle. Fascinant.
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Un essai passionnant d'un anthropologue américain sur un sujet peu connu mais qui est pourtant évident : « La dimension cachée » qui est le territoire à tout être vivant, animal ou humain nécessaire à son équilibre.
c'est donc l'espace que l'homme maintient entre lui et les autres, qu'il construit autour de lui à la maison ou au bureau.

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Cet ouvrage est un peu dépassé par certains aspects, ce qui est assez logique pour un texte qui a plus de 30 ans.
Néanmoins, il reste pertinent sur bien des plans, et découvrir les enjeux du rapport à l'espace donne au moins une clef de compréhension de certains des dysfonctionnements humains qu'on peut aisément palper dans les endroits très peuplés.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
L’américain moyen élevé aux Etats-Unis, estime qu’il a droit à sa propre chambre ou en tout cas à une partie d’une chambre. Quand je demande à des sujets américains de dessiner une pièce ou un bureau idéal, c’est toujours pour eux-mêmes qu’ils le conçoivent et pour personne d’autre. [...] L’Anglais des classes moyennes et supérieures grandit au contraire dans une nursery qu’il partage avec ses frères et soeurs. [...] Le fait de partager dès l’enfance un espace commun au lieu de posséder sa propre chambre semble un détail trivial mais exerce pourtant une influence décisive sur l’attitude de l’Anglais à l’égard de son propre
espace. [...] Cette opposition des comportements américains et anglais prend tout son sens lorsqu’on se rappelle que l’homme, comme les autre animaux, possède un besoin inné de s’isoler d’autrui de temps à
autre. Les conséquences des conflits entre les comportements culturels cachés sont admirablement illustrés par le cas d’un de mes étudiants anglais. À l’époque, celui-ci éprouvait, de toute évidence, de grandes
difficultés dans ses rapports avec les Américains. Tout allait de travers et il ressortait de ses propos que les américains n’avaient aucune éducation. De l’analyse de ses griefs, il apparut que son irritation était due en
grande partie au fait que les Américains n’étaient pas capables de déchiffrer les indices subtils signalant les moments où il désirait être à l’abri des intrusions. Son témoignage est clair : «On dirait qu’à chaque fois
que je désire être seul, mon camarade de chambre se met à me parler. [...] Il nous fallut un certain temps pour parvenir à définir la plus grande partie des structures culturelles opposées appartenant aux mondes anglais et américains, qui entraient en conflit dans son cas. Lorsqu’un
Américain veut être seul, il se rend dans une pièce et ferme la porte ; il dépend donc des éléments architectoniques pour s’isoler. Pour un Américain, refuser de parler à une personne qui se trouve dans la même
pièce, lui inffliger le «traitement du silence», constitue la forme suprême du refus et le signe évident d’un profond mécontentement. Mais l’Anglais qui, depuis l’enfance n’a jamais eu de pièce à lui, n’a pas appris à
utiliser l’espace pour se protéger des autres. Il dispose d’un ensemble de barrières intérieures, de nature psychique, que les autres sont censés reconnaitre lorsqu’il les fait fonctionner. Ainsi, plus l’Anglais se barricade
en présence d’un Américain, plus grand est le risque pour que celui-ci fasse irruption pour s’assurer que tout va bien. La tension persiste jusqu’à ce que les deux individus apprennent à mieux se comprendre.
Ce qui importe ici, c’est que les besoins spatiaux et architecturaux de chacun ne sont nullement les mêmes.
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Les conventions, non plus que le malaise éprouvé par les dirigeants de sociétés si leurs employés ne sont pas visuellement présents, ne suffisent pas à expliquer pourquoi si peu d'hommes d'affaires installent leur bureau à leur domicile. J'ai remarqué à ce propos que beaucoup d'hommes semblent avoir deux personnalités, une pour la maison et une pour le bureau.

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L’espace olfactif

La perception de l’espace n’implique pas seulement ce qui peut être perçu mais aussi ce qui peut être éliminé. Selon les cultures, les individus apprennent dès l’enfance, et sans même le savoir, à éliminer ou à retenir avec attention des types d’information très différents. Une fois acquis, ces modèles perceptifs semblent fixés pour toute la vie. Ainsi, les Japonais qui disposent de toute une variété d’écrans visuels se contentent néanmoins parfaitement de murs de papier comme écrans acoustiques. Passer la nuit dans une auberge japonaise, lorsqu’une fête se déroule dans la chambre voisine, constitue pour l’Occidental une expérience sensorielle inconnue et surprenante. Les Allemands et les Hollandais, au contraire, ont besoin de murs épais et de portes doubles pour faire écran au bruit et ils sont gênés s’ils ne disposent que de leur seul pouvoir de concentration pour se défendre contre les sons. Entre deux pièces de dimensions identiques mais dont l’une est insonorisée, l’Allemand, sensible aux bruits, qui essaie de se concentrer, choisira l’insonorisée où il se sent mieux isolé et moins vulnérable.
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ESPACE À ORGANISATION FIXE

Les conventions, non plus que le malaise éprouvé par les dirigeants de sociétés si leurs employés ne sont pas visuellement présents, ne suffisent pas à expliquer pourquoi si peu d’hommes d’affaires installent leur bureau à leur domicile. J’ai remarqué à ce propos que beaucoup d’hommes semblent avoir deux personnalités, une pour la maison, et une pour le bureau. En pareil cas, la séparation du lieu d’habitation et du lieu de travail permet d’éviter les conflits entre les deux personnalités, souvent incompatibles, et peut même contribuer à fixer pour chacune une forme idéalisée, conforme à la double image projetée par l’architecture et la décoration.

Le double lien de l’espace à caractère fixe avec la personnalité et la culture n’est nulle part aussi évident que dans la cuisine. Ainsi, mes interviews m’ont permis de constater la profondeur du conflit lorsqu’une cuisine devient le champ d’affrontement de deux micro-modèles d’espace. Ma femme, qui pendant des années s’est trouvée aux prises avec des cuisines de tous types, critique la conception essentiellement masculine de leurs plans : « Si un seul des hommes qui ont conçu cette cuisine y avait jamais travaillé, il n’aurait pas choisi cette solution. »
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peu à peu elles devenaient comme les meubles, définitivement collées au mur, en silence, à intervalles réguliers entre les lits
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