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Michel Courtois-Fourcy (Traducteur)
EAN : 9782234061002
388 pages
Stock (15/04/2009)
3.91/5   41 notes
Résumé :
Dans l'Amérique des années 1960, une famille sans histoires vit au rythme des déménagements successifs que leur impose le père, représentant de commerce. Baladés d'une ville à l'autre, les enfants se partagent entre leur mère, Pearl, une femme autoritaire et leur père, Beck, souvent absent. Le rythme est précaire mais il existe. Jusqu'au jour où le mari décide de les quitter... pour ne jamais revenir. Ne rien dire aux enfants. Leur faire croire qu'il est parti en vo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Pearl, jeune femme sans famille et sous la tutelle d'un oncle, se marie sur le tard à un représentant de commerce. Au tout début de leur relation, elle l'admire. Trois enfants plus tard et des déménagements sans fin à travers le pays, son regard a changé et son mari Beck décide de la quitter. Il ne reviendra pas voir ses enfants.

En apparence, Pearl est une femme admirable. Elle ne dit rien à ses enfants, trouve un emploi de caissière et gère sa famille, entretient sa maison. Faire comme si tout était normal.

En réalité Pearl, du point de vue de ses enfants et surtout de son aîné Cody, est une mère déconcertante, colérique et parfois terrifiante. Elle ne supporte pas que les gens aient des besoins, encore moins ses enfants. Pearl piquait toujours ses crises lors d'un repas. Elle hurlait, insultait et battait ses enfants. Pourtant Cody, Jenny et Ezra ont un ressenti différent de leur enfance. Ils se sont construits dans la fureur de leur mère et l'absence de leur père.

Lucide, Pearl reconnaît son incapacité à s'abandonner, se détendre, se laisser porter par le flot du jour, sa claire conscience de ce qu'elle était en train de faire, sans pouvoir s'en empêcher.

Cody, Jenny et Ezra sont adultes, Pearl est une vieille femme et les repas de famille finissent toujours mal. Ils se voient souvent, répétant sans cesse, avec acharnement, un mauvais scénario autour de cette tablée.
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Baltimore - Pearl Tull est sur le point de mourir. Ainsi débute le roman de Anne Tyler. Auprès d'elle, dans ces derniers instants, il y a Ezra, son fils, le deuxième, car avant lui il y a eu Cody, l'aîné, et puis Jenny, la cadette. le père et mari, Beck, représentant de commerce toujours sur les routes a pris un soir celle de la fuite : "Ce soir je pars" sans autre explication, prenant sa valise et avertissant Pearl qu'il enverrait de l'argent mais ne reviendrait jamais voir les enfants âgés entre 14 et 9 ans. Pearl ne désarme pas, elle trouvera des petits boulots et assumera cette nouvelle famille sans père, faisant en sorte de s'en sortir seule mais c'est une femme se révélant parfois violente que ce soit physiquement ou verbalement. Elle donne l'image d'une femme forte, courageuse mais ses enfants connaissent un autre visage.

C'est un roman sur l'histoire d'une famille que l'auteure s'attache à décrire, au fil des années, du départ de Beck à la mort de Pearl et à son enterrement avec un repas de funérailles aux multiples rebondissements, sur l'évolution de chacun de ses enfants jusqu'à l'âge adulte. La mère tient certes une place prépondérante de par sa personnalité, fière, égoïste parfois, que l'on pourrait qualifier par moments de bipolaire, assez autocentrée sur elle-même même si ses enfants sont une de ses priorités mais surtout pour l'image que donne "sa" famille à l'extérieur et donc d'elle.

Trois enfants, trois personnalités très différentes : Cody, à l'image de son père, qui veut être et avoir le meilleur en tout quitte à convoiter ce qui lui échappe, Ezra, le doux, le tendre, l'effacé Ezra, qui ne contrariera jamais ses proches, tentera toujours de préserver l'unité de la famille quitte à se sacrifier et Jennie, celle promise à un avenir brillant et qui mettra du temps à trouver son équilibre affectif.

Anne Tyler s'attache au fil des années à relater les relations familiales, dans ce qu'elles peuvent avoir de difficiles surtout quand la famille a brutalement éclaté, quand les faits sont constatés mais non dits, le départ du père en autre, quand la mère décide d'avoir la maîtrise totale de sa famille et de son environnement, ne laissant rien au hasard ni à la distraction, poussant peu à peu ses enfants à prendre de la distance, à se démarquer ou à souffrir eux-mêmes de certains troubles.

C'est un roman qui vous tient par la douceur de l'écriture dans l'énonciation des faits, malgré les accès de violence, malgré un affrontement familial qui s'annonce, parce qu'il relate des relations ou sentiments familiaux dans lesquels tout à chacun peut se retrouver, avoir vécu ou se sentir proche. Ce n'est pas un roman où l'action prédomine même si le climat psychologique dans lequel vit cette famille entretient une certaine tension, mais un roman sur le parcours d'une famille ballotée par la vie, les conflits intra-familiaux, les distances prises entre les enfants entre eux ou avec la mère, quatre identités et quatre personnalités.

J'ai aimé mais sans arriver à trop comprendre pourquoi, peut-être justement cette nostalgie, ce regard sur le passé familial qui nous plonge parfois notre propre vécu, acceptant ce voyage à travers le temps et laissant les caractères de chacun prendre forme peu à peu, acceptant cette immersion familiale grâce à la plume de Anne Tyler qui énonce mais jamais dénonce, elle relate des tranches de vie, il n'y a pas de regrets car à aucun moment l'un ou l'autre des personnages n'en a, l'auteure refusant de porter un jugement. C'est le constat d'une famille comme il en existe tant, avec des hauts et des bas, des relations parfois tendues, très peu de marques d'affection pure et pourtant il y a un fil entre eux, un attachement pudique, un lien résultant de ce qu'ils ont vécu sans doute, chacun réagissant différemment, héritage d'un passé et de la volonté de mener chacun à leur manière leurs propres destinées.
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Dans la famille qui a fini par s'arrêter à Baltimore (dans les années 60-80), il y a la mère, Pearl. Une femme qui ne vit que pour/par ses enfants... de manière toxique. Il y a le père, souvent absent, qui finit par abandonner. Et il y a les 3 enfants, deux garçons et une fille, qui grandissent dans une atmosphère difficile et feront leur chemin à leur manière, entre liens et détachements, une mémoire des événements différente, des peurs communes exprimées individuellement. Une famille et toute la complexité ambivalente des sentiments et des choix de vie... pas très réjouissante.
La "nostalgie" du titre est en anglais "homesick" : La maladie de la maison aurait pu bien convenir pour intituler ce bon roman américain qui se dévore.
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J'ai beaucoup apprécié ce roman par la justesse d'analyse des sentiments d'une famille dont les 3 enfants ont été élevés par leur mère après le départ du père.
On suit tout au long des pages leur évolution jusqu'à leur âge adulte, les relations souvent conflictuelles qu'ils entretiennent entre eux (surtout au moment des repas), le rapport qu'ils ont avec leur mère, différent selon leur individualité.
Je lirai volontiers d'autres ouvrages de cette auteure.
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Au nom du paraître, il est des silences destructeurs qui laissent des traces à vie où les blessures d'enfance se répercutent à l'âge adulte. Chacun survit comme il peut avec ses blessures qui ne refermeront jamais même au sein de la cellule familiale. Un portrait au laser d'une famille et de chacun de ses membres passionnant et émouvant. La nostalgie l'emporte tout de même car malgré tout, chacun conserve une âme d'enfant, celle qui n'est pas atteinte par la peur, la rancoeur et la jalousie. J'ai adoré ce livre et je compte bien découvrir les autres écrits de l'auteur.
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Ses enfants grandirent et commencèrent à avoir leur propre vie. (…) Quand elles pensaient à eux, à différents moments de leur enfance – d'abord s'accrochant à elle puis acquérant de l'indépendance et finalement se détachant d'elle – elle se souvenait avant tout des lampes. De la lampe du couloir qu'elle avait l'habitude de laisser allumée pour qu'ils n'aient pas peur dans le noir. Ensuite ce fut la lampe de la salle de bains, plus loin dans le couloir, qui resta allumée, quelle que fut la maison qu'ils habitaient et, pour finir, celle du rez-de-chaussée lorsque l'un d'entre eux sortait le soir. Leur croissance correspondait donc à une graduelle diminution de la lumière éclairant la porte de sa chambre à coucher, comme s'ils emportaient avec eux un peu de clarté lorsqu'ils s'éloignaient d'elle. Elle aurait dû s'organiser, pensait-elle parfois. Elle aurait dû se trouver des amis ou s'inscrire à un club. Mais ce n'était pas son genre. Et de toute façon ça ne l'aurait pas consolée.
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"Pour être honnête, quand je suis parti, je ne pensais pas avoir envie de vous revoir. Puis, après, j'ai commencé à me dire : "Qu'est-ce que peut bien fabriquer Cody en ce moment ? Et Ezra ? Et Jenny? Moi qui croyais que ma famille n'était pas importante, finalement je me rends compte que c'est la seule chose qui compte," je pensais. Mais alors ça faisait peut-être deux, trois ans que j'étais parti. Un soir, de passage à Baltimore, j'ai garé ma voiture un peu plus haut et j'ai descendu la rue, à pied, jusqu'à la maison. J'ai failli mourir de froid à rester là, debout, immobile dans la rue, à attendre. Je pensais que j'allais aborder celui ou celle qui allait sortir, en tout cas faire quelque chose. C'est toi qui es sorti. Tout d'abord je ne t'ai pas reconnu, je me suis même demandé s'il n'y avait pas de nouveaux locataires. Puis j'ai compris que tu avais grandi, tu étais presque un homme. Tu as descendu l'allée et tu t'es baissé pour ramasser le journal du soir. Quand tu t'es relevé, tu l'as, comment dirais-je, lancé en l'air et rattrapé au vol. J'ai vu alors que tu pouvais vivre sans moi. Tu pouvais faire des choses avec insouciance, tu vois-jeter un journal en l'air et le rattraper. Tout allait bien se passer. Et tu vois j'avais raison. Regarde ! N'avez-vous pas tous réussi, n'avez-vous pas tous les trois une bonne vie ? Grâce à Pearl, grâce à elle. Je savais qu'elle s'en sortirait, qu'elle se débrouillerait très bien. J'ai fait demi-tour et suis retourné à ma voiture. Après cela j'ai repris mon train-train.
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Mais si vous étiez malade vous pouviez compter sur elle pour vous apporter des boissons chaudes. Du thé bouillant qu'elle faisait merveilleusement. Des consommés en boîte. Tout ce qui était fluide, liquide. Elle restait les bras croisés dans l'encadrement de la porte en attendant que vous ayez fini de boire. Cody se rappelait l'expression de léger dégoût que prenait son visage lorsqu'elle regardait quelqu'un en train de manger ou de boire. Elle mangeait elle-même extrêmement peu, elle chipotait. Cela impliquait une sorte de critique à l'égard de ceux qui avaient le malheur d'avoir faim ou qui s'intéressaient à ce qu'il y avait dans leur assiette. Elle détestait toute nécessité, elle ne supportait pas que les gens aient des besoins. Elle s'arrangeait presque toujours pour que les disputes familiales surviennent au beau milieu des repas.
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Pense aux photos... Ne t'es-tu jamais posé de question en voyant de vieilles photos ? C'est fou ce qu'on se sent nostalgique en les regardant. Des gens d'une autre époque qui vous sourient, une petite fille qui, en ce moment même, doit être une vieille dame, un chat qui est mort, une plante verte en fleur, fanée depuis longtemps, dont le pot est probablement cassé, perdu... N'est-ce pas précisément parce que pour une fois le temps est arrêté qu'on se sent nostalgique ? Si seulement ces moments-là pouvaient revenir, se dit-on. Si seulement on pouvait changer ceci ou cela, défaire ce qu'on a fait, si seulement pour une fois on pouvait parvenir à ce que le temps tourne dans le sens inverse des aiguilles d'une montre."
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Cody se coupa un énorme quartier de tarte et accorda quelques pensées à cette nourriture qui, inexplicablement, était chargée de sens pour la plupart des gens. Etait-il possible de définir une personne en observant son attitude vis-à-vis de la nourriture ? Sa mère, par exemple, n'avait jamais eu, au grand jamais, une attitude nourricière. Même lorsque, dans son enfance, il dépendait entièrement d'elle sur ce point. Il suffisait de dire que vous aviez faim pour que Pearl s'agitât nerveusement, en prenant un air agacé, égaré, affolé. Il la revoyait rentrant le soir de son travail et se démenant comme un forcené dans la cuisine. Les boîtes de conserve dégringolaient des placards et se répandaient sur le sol-corned beef, thon à l'huile, sardines, petits pois, qui, sur l'assiette, prenaient une couleur terne, morte. La plupart du temps elle gardait son chapeau sur la tête pour faire la cuisine. Si elle laissait brûler quelque chose elle parlait toute seule à voix basse. Elle réussissait d'ailleurs à faire brûler n'importe quoi, les choses les plus invraisemblables... Par contre, elle pouvait vous servir toutes sortes d'aliments à moitié cuits. Et elle avait aussi de redoutables inventions de son cru, comme d'ajouter un jus de pamplemousse à la purée de pommes de terre.
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Vidéo de Anne Tyler
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