AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Eric75


Oui, oui, bien sûr, on n'est certes plus dans la grande période d'Astérix "Piloté" de haut vol par René Goscinny, avec ses deux niveaux de lecture jeunesse/adulte, les jeux de mots de bon aloi, le second degré permanent, les allusions anachroniques, le souffle épique de certains scénarios inspirés de l'Histoire avec un grand H (notamment les albums Astérix Légionnaire et Astérix et Cléopâtre).

Tout ici tombe à plat ou presque. Certaines répliques sont besogneuses et aussi plates que le plan euclidien (« hé hé, p'tit perroquet va », « et à part ça, quoi de neuf ? »), certains jeux de mots sont qualifiés de mauvais par Uderzo lui-même (le « moi d'or » attribué par César, « j'en ricane d'aisance », il m'a fallu chercher longtemps pour le comprendre celui-là), certaines ficelles un peu trop grosses : réutilisation en "guest star" de personnages des précédents albums pour relancer l'intérêt dans un scénario plutôt poussif : Pompée le traitre, Tragicomix le bellâtre, Roméomontaigus l'ivrogne..., et les parents d'Astérix et d'Obélix qui débarquent de Condate, personnages ignorés pendant 30 albums...

Mais Uderzo ne s'arrête pas là, il commet les pages les plus ridicules et insupportables de la série (par manque de talent ? par manque d'inspiration ?). Les mères pour le moins possessives d'Astérix et d'Obélix font tout pour marier leur progéniture trop célibataire à leur goût. Elles les ridiculisent totalement en imposant potages de légumes, savon qui pique dans les yeux, rendez-vous galants, danses folkloriques… Et puis quoi encore ? Peut-on oublier qu'Astérix et Obélix sont les farouches guerriers qui ont fait trembler Rome ? Plus loin, Astérix se prend pour une puce géante suite à un coup porté par Obélix, un petit bisou de Latraviata et une rasade de potion magique du druide Panoramix, et ça va durer pendant plus de 8 pages de « voui » et de « youpiii » (pages 22 à 29), une éternité !

Non seulement Astérix et Obélix tombent amoureux à répétition dans cet album (pour faire plaisir à leur mère ?) mais Idéfix également, il se fait la malle en plein milieu de l'histoire (page 28) et réapparait à la dernière vignette avec sa dulcinée et une portée de chiots dont on n'entendra plus jamais parler par la suite.

L'anniversaire fêté en commun pour Astérix et Obélix qui seraient nés le même jour est en contradiction flagrante avec le choix pris dans l'album n°23 Obélix et Compagnie, où seul Obélix fête son anniversaire et reçoit en cadeau la garnison de Babaorum à combattre en combat singulier.

Et pourquoi, me suis-je demandé, ce surréaliste épisode du dauphin chevauché par Astérix, mal venu, incompréhensible et totalement irréel ? Mais au fait... Astérix sur un dauphin est également sorti en figurine chez Plastoy, me semble-t-il, ça doit donc être symbolique... Mais bien sûr ! il s'agit de justifier la présence des dauphins dans le parc Astérix, une attraction phare revendiquant désormais sa place parmi les thèmes des albums, au prix d'une verrue immonde et absurde dans le scénario ! Cette scène est également là pour faire aimer les gentils dauphins amis d'Astérix et pour donner envie à nos enfants d'aller les voir « en vrai ». Chez Astérix, finalement, tout est devenu commercial ! (NB : l'attraction créée en 1989 a depuis été interdite et le parc a fermé son delphinarium en 2021).

Je pensais à l'époque qu'Uderzo avait touché le fond du bassin avec cet album pitoyable. Mais je m'étais lourdement trompé. le calamiteux et apocalyptique dernier tome 33 n'avait pas encore vu le jour !

[Texte publié en 2011 et revisité en 2024]
Commenter  J’apprécie          154



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}