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EAN : 9782351761793
144 pages
Editions Galaade (06/11/2012)
3.33/5   3 notes
Résumé :
« Quand ce petit jeu inoffensif et anonyme qu’est le karaoké est-il devenu une culture ? Amateurs et anonymes, les participants ne sont pas mus par une ambition artistique, pas plus qu’ils ne revendiquent la paternité de leur création ou de leur activité, mais l’envie de laisser leur marque ne fait aucun doute. Leur création ne peut être qualifiée de plagiat, ni leur activité d’imitation. Facilement applicable à des activités non musicales telles que le cinéma, la l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un décryptage raté, dans la hâte, l'approximation et le mépris, des pop cultures contemporaines.

Publié en 2010, traduit en 2012 chez Galaade par Pierre-Richard Rouillon, cet essai de la pourtant souvent roborative Croate (exilée aux Pays-Bas) Dubravka Ugrešić est hélas bien décevant.

S'appuyant comme dans ses travaux précédents sur sa solide formation universitaire en littérature slave et sur son inépuisable réservoir d'anecdotes et de curiosités issues de l'univers culturel communiste et immédiatement post-communiste, l'auteur essaie cette fois de brosser un tableau (trop rapide et trop à l'emporte-pièce pour pouvoir postuler sérieusement à l'ébauche de "démonstration" revendiquée) de la culture populaire contemporaine, vue comme un gigantesque karaoké, dans lequel minutes warholiennes, détournements et répétitions s'entrechoquent, joyeusement en apparence, tristement et vainement en réalité, pour produire une dissolution générale du goût et de la création.

Thèse séduisante et elle-même extrêmement populaire, au point d'être déjà devenue extraordinairement banale bien avant 2010, elle a été largement développée par l'universitaire américain Alan Kirby ("The Death of Postmodernism and Beyond") et par l'habile vulgarisateur Andrew Keen ("Le culte de l'amateur - Comment Internet détruit notre culture"), qu'Ugrešić cite d'ailleurs d'emblée abondamment.

Las, mélangeant ensuite gaillardement des dizaines d'anecdotes de nature bien différente, témoignant de connaissances terriblement inégales dès qu'elle sort de ses champs habituels de compétence, prenant souvent des vessies (Second Life !) pour des lanternes (World of Warcraft), malaxant sans vergogne un univers de création musicale qu'elle ne connait que par ouï-dire, l'auteur se fourvoie dans le salmigondis même qu'elle essaie de dénoncer, aboutissant in fine à obscurcir l'analyse, par accumulation d'approximations trop vite généralisées, beaucoup plus qu'à l'éclaircir, comme s'y attellent beaucoup d'autres, plus rigoureux sans être nécessairement moins lisibles ou moins drôles.

Une lecture aisément dispensable, donc, à laquelle on préférera sans hésiter les sources d'origine (Kirby et Keen).
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Dubravnka Ugrešić a réussi un tour de force incroyable. A partir du principe de base du karaoké, elle arrive à nous démontrer comment on en est venus à cette forme de culture et d'art étrange qui domine à notre époque, et qui est l'apogée de la reprise. L'idée est simple : tout le monde n'est pas un génie, tout le monde n'est pas forcément doté de talent, de renomée, ou de savoir-faire, mais tout le monde a envie de laisser sa trace dans le monde, même en n'ayant rien d'important à communiquer aux autres. En cela, il est facile d'imaginer pourquoi le karaoké est un exemple plutôt évident. Pour ceux qui ne font pas partie de la génération qui a été bercée aux ondes de l'ADSL, c'est un divertissement bien connu. On chante une chanson qui a été composée par quelqu'un d'autre tout en se mettant en avant, mais en restant dans l'anonymat. En effet, on ne crée rien, on se satisfait de se cacher derrière une oeuvre qui a déjà marché et on en récolte (parfois) les lauriers sans se mouiller puisqu'on n'a rien signé. de même que lorsqu'on donne un carnet de coloriage à un enfant, celui-ci devient-il un artiste alors qu'il se contente de faire du remplissage ?

Avec l'apparition d'internet est venue une sorte de démocratie de la culture, toutes les portes se sont ouvertes pour laisser entrer de nouveaux acteurs anonymes, mais créatifs. Désormais, tout le monde peut se dire artiste, que ce soit de sa propre vie ou de ses réalisations. La popularité est à portée de main, il suffit de se connecter au monde. Nombre de blogs sont apparus, reprenant des textes d'auteur pour en refaire ce qu'on appelle une fanfiction, reprenant des vidéos ou des images connues. L'art n'est plus à la limite du religieux, il devient mainstream voire souvent ridicule. L'important, c'est que ça parle aux gens, à tous les gens sans exception.

Elle aborde aussi le sujet de Wikipédia, encyclopédie anonyme rédigée par monsieur Tout-le-monde, qui a pourtant aujourd'hui plus de poids que les encyclopédies publiées par des spécialistes. Elle parle aussi du fait qu'on s'intéresse de plus en plus à l'avis des gens, de la population (ou du moins, qu'on fait bien semblant), et que ça contribue à développer cet esprit de partage, d'interconnexion, de pouvoir. C'est sans oublier ce phénomène abérrant qu'est le jeu Second Life, qui, plus qu'un divertissement, est devenu un mode de vie où chacun s'invente un avatar, qu'il lui ressemble ou non, et peut dépenser de vrais sous pour de vraies oeuvres, mais... virtuelles. D'ailleurs, aujourd'hui il suffit d'avoir un conte twitter pour devenir un virtuose de la prose, un grand penseur ou un leader.

Le plus intéressant dans ce livre, c'est sa capacité à lier tous ces phénomènes de façon logique, à synthétiser le tout avec une grande clarté et un esprit vif, le tout dans une écriture très simple et avec un humour cynique. Difficile de savoir si on finit par approuver ou vomir notre manière de fonctionner aujourd'hui, mais fait est que... ça marche du tonnerre.
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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