J'ai mis plus d'un mois à passer au travers de la vie moyenâgeuse de
Kristin Lavransdatter.
L'histoire débute en 1306, à Joerundgaard. Tout au long de cette brique de 1200 pages, où il y a trois livres réunis : la couronne, la maîtresse de Husaby et la croix, nous suivons les péripéties de Kristin et de son amour de toujours, Erlend Nikulaussoen.
Les saisons se vivent au gré des fêtes saintes, de la Saint-Barthélemy à la Saint-Michel, des fêtes de Noël aux fêtes de Pâques. Je crois bien que l'on doit voir passer tous les saints du calendrier au fil des années. La religion et le clergé sont très présents et rythment les naissances, les mariages, les décès. Les rites animistes des peuples du nord sont évoqués à l'occasion. On croise des chevaliers, des pêcheurs, des chasseurs, au fil des saisons qui passent. On voyage à ski, à cheval, en chaloupe; le long des fjords et dans les Dofrines. En ville ou en campagne, la vie en Norvège et par extension en Suède, est relatée de long en large. Politique, religion, tout y passe et il faut donner un coup de roue pour les noms imprononçables. Ce livre se mérite. Il y a des embûches mais aucune infranchissable tant le talent de conteur de l'auteure est énorme. Une alternance des semailles et des moissons dans une vie.
Sigrid Undset, prix Nobel de littérature en 1928, explore la vie norvégienne au moyen-âge et met la foi religieuse à l'avant plan. C'est pourquoi
Kristin Lavransdatter est un personnage aussi fort car l'auteure la décrit comme une femme qui sort du lot, qui ose vivre sa vie et sa passion pour un homme qui n'est pas celui choisi par son père. Elle devra s'occuper du domaine familial, souvent toute seule, car son époux préfère la vie dissolue, remplie de manigances politiques.
Cette époque est rude, et l'auteure fait de magnifiques descriptions de la nature qui ravage mais aussi celle qui guérit, qui nourrit et qui peut être si douce.
« Des bois et des collines venaient de douces odeurs et, dès que le soleil s'est couché, une buée forte, fraîche, aigrelette des sucs et des fruits de la terre se répandait. On eût dit que la terre soupirait longuement, apaisée. »
Ce livre est une saga, y pénétrer, c'est un peu entrer dans les ordres. Rencontrer Kristin, c'est se faire une nouvelle amie. Une femme fière, forte, une mère qui donnerait sa vie pour ses enfants.
« Au loin quelques vaches faisaient tinter leurs clochettes, la rivière bruissait sourdement et, de la forêt, montait un soupir profond dans l'air chaud du jour, Kristin tremblait d'émotion dans ce silence. Son désir la poussait en avant, ses regrets la tiraient en arrière. »
Cette épopée légendaire restera ma fidèle alliée si mon projet de voyage en Norvège se concrétise. Il doit rester quelques traces du passage de Kristin, et les descriptions puissantes de la vie norvégienne sont ancrées dans ma mémoire. de plus, j'irai plus vite en voiture qu'à cheval, un bon point pour la modernité!