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Critique de majolyonnaise


On peut difficilement imaginer ce que vit un enfant de cinq ans dans sa tête lorsque son père quitte la maison, et qu'il se retrouve avec sa mère et sa soeur. Or avec la séparation viennent la débrouille et l'errance, sorte de traversée du désert pendant laquelle notre héros se regarde vivre plus qu'il ne vit vraiment.

Tout change autour de lui. Son père d'abord, qu'il ne parvient plus à regarder comme tel. Puis le décor, car il faut louer la maison à la campagne. Il y a aussi l'entrée à l'école, contrainte supplémentaire qu'il n'aura de cesse de défier jusqu'au renvoi définitif. La petite famille s'enlise, s'enfonce, jusqu'à finir dans la maison de la grand-mère, dans la ville du grand froid. Ce grand froid qui se répand, glacial, jusque dans les veines de ses habitants pétris de préjugés. Point de réconfort maternel pour la mère délaissée, mais l'humiliation et la honte jusqu'à la rupture, sèche, brutale. Et à nouveau la séparation, d'avec la mère, cette fois, et l'éloignement.

Cette rupture, malgré sa dureté, signera le début de la rémission. Nous n'en pouvons plus de supporter et de subir, alors agissons... La vengeance des enfants est totale (à leur niveau, mais quand même) et la mère en tire une nouvelle détermination, qui marquera la fin des "jours sombres".

Les pérégrinations continuent, mais le paysage a changé. Une lueur d'espoir vient éclairer la vie de notre héros en la personne d'une douce cousine aux mains fraîches, dont la beauté fait redécouvrir la vie au jeune héros. de même que l'oncle qui les accueille à bras ouverts. Peu à peu, notre héros grandit, connaît ses premiers émois (un peu précoces, certes), se sent à nouveau capable d'éprouver du bonheur, de rêver et de vivre son enfance , jusqu'à la délivrance finale de l'ombre du père qui n'a jamais cessé de le guetter.

Un livre très émouvant, au ton dérangeant. On découvre notre héros de cinq ans à travers sa propre voix "off". Ce n'est pourtant pas une réminiscence, mais plutôt une sorte de voix désincarnée, la voix de quelqu'un qui n'arrive pas à vivre ce qui arrive à sa vie. le style est saccadé, plein de phrases courtes et de chapitres plus courts encore, avec beaucoup de non-dits qu'il revient au lecteur de percer à jour. Tout se passe dans l'immédiat, c'est le présent qui prime (et Dieu sait si moi aussi j'ai du mal avec ce temps), mais dans le cas précis, ça sert parfaitement bien l'intention de l'auteur

C'est dur, je trouve, de voir ce petit garçon perdre ses rêves, se transformer en un tigre de papier tout froissé. Et je n'ai pas manqué d'essuyer une larmichette lors de certains passages cruciaux, lorsque l'enfance reprend ses droits: une enfance beaucoup plus lucide, toutefois.

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