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EAN : 9782211066488
115 pages
L'Ecole des loisirs (14/09/2002)
4.21/5   38 notes
Résumé :
A la guerre comme à la guerre

Tomi Ungerer est Alsacien, comme vous-mêmes êtes
Breton, Parisien, Basque, Ch'timi ou Berrichon. Ça paraît simple, et pourtant c'est très compliqué. Car après la guerre de 1870, l'Alsace a été annexée par l'Allemagne. Après la victoire de 1918, elle est redevenue française. Mais suite à la débâcle de 1940, elle est redevenue allemande. Et en 1945, française à nouveau. Tomi a huit ans quand la Seconde Guerre mondia... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Tomi Ungerer est très connu des amateurs de livres jeunesse. Son style inimitable. Son humour "pince-sans-rire", teinté de surréalisme, d'espièglerie...

Dans cet ouvrage, il livre ses souvenirs de 6 ans de guerre. Il a 8 ans en 1939. 14 ans quand les dernières zones alsaciennes sont libérées (en dernier).

Tomi Ungerer raconte tout sans faux-semblant, sans fards, sans fausse pudeur. Par exemple, lorsqu'il admet reprendre régulièrement à son compte la phrase Kraft durch Freude (la force par la joie)... alors que cette maxime rappelle les heures sombres du nazisme. Mais Tomi Ungerer est un esprit frondeur, fort, difficilement domptable.

Il raconte l'Alsace française, allemande, française, allemande, juive surtout... Il montre la personnalité de sa mère, qui a oeuvré pour préserver la famille, sans se compromettre avec l'envahisseur. Car Tomi Ungerer est clair, l'envahisseur, c'est l'Allemagne nazie. Il avoue que l'Alsace (et sa famille, bien sûr) ont davantage subi les bombardements alliés que l'occupation allemande.

A un moment de l'Histoire où Poutine envahit l'Ukraine, les rouages de la nazification de l'Alsace résonnent dramatiquement dans nos têtes... car ce sont exactement les mêmes que ceux utilisés par les Russes pour assimiler les territoires envahis.

Ungerer nous parle du potager et de l'entraide entre les citoyens et avec les prisonniers de guerre. Il parle auss des initiatives d'assimilation allemandes, au rang desquelles on trouve l'écriture gothique, le fait de renommer les rues, les lycées... et même les changements de prénoms... Jean Thomas Ungerer devient Hans Thomas Ungerer. Ses soeurs changent de prénom. Il faut avoir l'air allemand pour être allemand. Il parle ensuite des camps (tout le monde savait, réaffirme-t-il), de la résistance (et même de sa tentative pour devenir un saboteur... hilarant), de sa mère allant à la Kommandantur réclamer le droit de parler français (qu'elle obtient!), des pieds-de-nez faits à l'envahisseur...

Le tout est écrit avec une verve et un humour que les fans de l'auteur reconnaîtront sans peine. Par ailleurs, Tomi Ungerer possède encore de nombreux documents, dessins, livres, cahiers, objets de la guerre. Ils agrémentent l'ouvrage de fort belle manière. On constate qu'il avait une piètre orthographe, qu'il faisait le désespoir de ces maîtres, mais qu'il dessinait déjà magnifiquement bien, à 12 ou 14 ans. Ses croquis sont révélateurs d'un talent qui n'a cessé de croître. Son récit témoigne d'un esprit libre, puissant et admirable.
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« A la guerre comme à la guerre ». Tomi Ungerer (115 pages, l'école des loisirs).
C'est le récit autobiographique d'une enfance alsacienne chahutée par la guerre, illustré par l'auteur. Et si parfois celui-ci fait un pas de côté hors de cette période, c'est toujours avec le souci de préciser ce qui pour lui fait le sens de cette « identité alsacienne » si particulière. C'est vraiment intéressant de comprendre de l'intérieur, et sous le regard d'un enfant (ou du moins de ce que, devenu adulte, Tomi Ungerer en a gardé comme mémoire et dont il sait d'ailleurs qu'elle n'est pas toujours fidèle ou rigoureuse) ce que fut le parcours de ces générations. Changer plusieurs fois de nationalité, voir l'usage du français violemment réprimé par les nazis (avant qu'il soit réintroduit de force et l'usage de l'allemand plus ou moins banni à la libération), survivre sous l'occupation, devoir encaisser la nazification dans les écoles et dans toute la vie sociale, subir la ligne de front et les bombardements, tout cela finit par modeler les esprits. Apprendre à résister par la ruse, ou simplement faire le dos rond, réussir pour certains à se préserver des petits réduits où l'esprit critique peut encore exister, et d'abord par une forme d'humour, telle est la leçon de ce livre richement illustré par des dessins de l'époque de l'auteur lui-même, ou par d'autres documents. le portrait de la mère de Tomi Ungerer est particulièrement chaleureux ; elle ne manquait pas de ressources intellectuelles, de joie de vivre, de courage, elle qui dut élever seule ses quatre enfants après la mort de son mari, alors que le petit Tomi n'avait que 4 ans.
Au-delà de l'intérêt historique et social, j'ai assez peu goûté à l'esprit de quelques anecdotes. Ainsi, longtemps après la guerre, recevant un ami juif chez lui à New-York où il vit, il accroche discrètement un brassard nazi (qu'il avait gardé comme « trophée de guerre ») sur le pardessus de ce dernier lorsqu'il sort du domicile d'Ungerer ; l'ami juif ne le remarquera qu'en se demandant pourquoi, dans le métro, il est scruté avec tant de mépris par les autres voyageurs. Ou lorsque, invité dans une conférence à Berlin après la chute du mur, lorsqu'on lui demande quelle est sa devise, il répond fièrement et revendique devant l'assistance médusée un « Kraft durch Freude » (« le travail par la joie »), qui était le nom de la structure de loisirs inventée par Goebbels pour embrigader les esprits. Un humour plus que douteux.
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Comment être Alsacien en 1939 quand on a huit ans ? Lisez les souvenirs de Tomi Ungerer, illustrés par les premiers dessins de cet immense illustrateur et par quelques autres documents suggestifs. Comment s'adapter, résister en rusant, se construire, bref, continuer à vivre, toujours avec ferveur. Dans l'introduction, Tomi Ungerer analyse ainsi son témoignage : "Ce livre pourrait paraître un affront primesautier aux grands drames de la misère, de la violence et de la torture. Mais si je parle de cette époque comme on parle de grandes vacances, c'est que gamin j'ai cru assister, avec le détachement de l'enfance, simplement à un spectacle, comme de nos jours nos enfants regardent la télévision." Est-ce aussi sûr ? L'auteur qui écrit 50 ans après les faits (la première édition date de 1991) dit aussi se méfier beaucoup des "souvenirs d'enfance" (p. 52). Certes, il a retenu les ruses pour contourner la politique de nazification de l'Alsace (p. 51), le rationnement ("Nous ne connaissions pas la faim" p. 74), mais a gardé "un effroi des avions qui font du rases-mottes" (p. 75), et semble quand même avoir été marqué par les tirs d'obus, les descentes à la cave lors des bombardements, la vision de voisins tués, car la guerre, ce n'est pas une rigolade (p. 66). le récit de la découverte de la vie, entre 9 et 14 ans, dans cette période particulière est passionnante.


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On ne résiste pas à un livre de Tomi Ungerer.
Les Trois brigands, Crictor, Otto, Pas de baisers pour maman, tant d'autres personnages qui peuplent l'imaginaire de nos enfants …
Celui-ci a été publié en 1991, mais je ne l'avais jamais lu. Ce sont les souvenirs d'une enfance plongée dans une guerre terriblement cruelle, une nouvelle fois, pour les Alsaciens. Jean-Thomas va devoir changer de prénom – il devient Hans – changer de langue – apprendre l'Allemand et l'écriture gothique – être contraint de dessiner la caricature d'un juif - assister à l'envahissement puis à l'annexion de sa région et enfin à la Libération de Colmar, vivre les privations d'une famille où sa mère, veuve, doit s'occuper de ses quatre enfants.
Des expériences éprouvantes avec pour viatique un don inné pour le dessin et une vision pleine de dérision du monde. Un talent extraordinairement précoce, l'amour de la littérature française, la haine du totalitarisme, et la figure tutélaire de la mère : belle, intelligente, attachée à ses racines bourgeoises mais aussi comédienne, manipulatrice, habile à tournebouler l'occupant pour arriver à ses fins. J'en veux pour preuve ce passage :
« le français était interdit par la loi, mais nous continuions en famille à le parler. J'en veux pour preuve le journal que j'ai tenu un certain temps, rédigé dans un français aussi perfectionné que du petit nègre. Aussi ma mère avait-elle été dénoncée, et convoquée par les autorités nazies. Par la suite, j'ai raconté que c'était la Gestapo, mais je n'en suis pas sûr. Toujours est-il que, pour cette convocation, ma mère s'était faite très belle, et sachant que les fascistes mettaient la Deutsche Mutter, la mère allemande, sur un piédestal, elle m'emmena. Astuce de renarde, sachant qu'une mère c'est une chose, mais accompagnée d'un fiston, c'est une mère avec preuve à l'appui. J'étais plutôt effrayé mais Maman me rassurait en disant plus ou moins, et là j'improvise :
- Ne t'en fais pas, ce sont tous des imbéciles... »
Un petit livre émouvant, plein de croquis et de réminiscences, avec l'humour délicieusement décapant d'un des ténors de littérature enfantine – et pas seulement.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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"A la guerre comme à la guerre" est un roman autobiographique de Tomi Ungerer dans lequel on retrouve ses talents d'illustrateur. Tomi est né en 1931 et vit en Alsace avec sa mère et il nous raconte sa jeunesse.A huit ans, Tomi découvre la Seconde Guerre mondiale avec le départ de son père. D'un instant à l'autre, il doit changer de prénom qui devient Hans, et doit changer son mode de vie. Il doit s'adapter,apprendre une autre langue,mais sa mère malgré tout protectrice continue à l'encourager à exprimer sa passion pour le dessin malgré cette guerre. Tomi dessine à sa manière ce qu'il voit de la guerre,des soldats,des juifs, d'Hitler...
Sa mère, malgré tout continue à conserver ses cahiers,ses dessins de son enfance.Ce roman réveille les souvenirs de Tomi Ungerer

J'ai beaucoup apprécié ce livre car le personnage de Tomi est courageux malgré son jeune âge, il connait la guerre avec le départ de son père, et doit changer beaucoup de choses dans son mode de vie, et cela est courageux venant d'un enfant jeune comme ça. de plus, ses dessins donnent un côté joyeux au livre.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
La guerre, ce n'est pas une rigolade, c'est une rigole qui déverse à profusion le sang dans les caniveaux d'un héroïsme souvent involontaire. [p. 66]
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Dans le "meilleur des mondes", je m'adaptais. Là se trouve l'origine de ce que j'ai appelé par la suite mon caméléonisme. Tout était remis en perspective par la complexité de la situation : français à la maison, allemand à l'école, alsacien avec mes petits copains. Indiscutablement, je détestais les Allemands avec ferveur, les nazis avec horreur, regardez les dessins. Le cercle familial avait la priorité, mais rien ne m'empêchait de fonctionner parallèlement dans un système qui était fait sur mesure pour me plaire. [p. 49]
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On pratiquait déjà la récupération totale : nous arrivions à l'école les bras chargés de journaux, de boîtes de conserve et de tubes de dentifrice vides, de chiffons, de marrons... Tout ceci était trié et entassé sous les combles du beau lycée Bartholdi. Le cuir se faisait rare, et les galoches, les Holzklaperle, avaient des semelles de bois. On marchait sur des castagnettes.
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Je n'oublierai jamais le jour où notre professeur annonça:

- Stalingrad ist gefallen ! Stalingrad est tombé !

Il épongeait ses lames, et nous notre sourire. (p.67)
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C'est bien ça la guerre, Dieu invoqué de partout finit par punir tout le monde, surtout les innocents. P.86
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Videos de Tomi Ungerer (30) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tomi Ungerer
Alsacien, français, allemand, anglais (des États-Unis à l'Irlande)… Tomi Ungerer est un «saute-frontières », selon sa propre expression : il a grandi entre plusieurs langues, passant souvent de l'une à l'autre, il a franchi les frontières des publics et des conventions. Ce collectionneur passionné de jouets a révolutionné le langage de l'image et de l'enfance, en offrant des albums audacieux et dérangeants aux enfants du monde et aux adultes qui les accompagnent. Pour rendre hommage à une oeuvre décidément vivante et actuelle, ce colloque réunira des chercheurs, des artistes, et des professionnels du livre pour explorer l'esprit et le style de cet immense artiste.
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