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EAN : 9782070337729
512 pages
Gallimard (16/05/2007)
3.65/5   43 notes
Résumé :
Moscou 1945. La guerre a laissé le pays exsangue et les quignons de pain se cachent dans les coffres-forts. Chaparov, jeune héros de vingt-deux ans habitué aux combats, rejoint la brigade criminelle de Moscou lancée dans une autre guerre contre le crime organisé. Il travaille sous les ordres de Jeglov qui le fascine et parfois le subjugue. Ce chef-né, slave jusqu'au bout des ongles, porte pourtant en lui une part obscure qui glace ses proches. Qu'importe ! La bande ... >Voir plus
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38, rue Petrovka est une oeuvre assez inusité dans le paysage littéraire des roman policier. Sombre à souhait, voire glauque, présentant un Moscou de lendemain de Seconde guerre mondiale, loin du Kremlin et des autres symboles russes, plutôt des bas-quartiers. Dans les semaines qui suivent le grand conflit, les temps sont durs, la population se bat pour des tickets de rationnement. Et pour bien plus. C'est dans ce climat qu'opère la bande du «Chat Noir», pillant entrepôts et assassinant les gens. Une histoire de contrebandiers terribles, cela fait assez différent de toutes ces intrigues de crimes domestiques ou d'affaires de moeurs. du moins, c'est ce que laissait croire la quatrième de couverture. Eh bien… oui et non.

Le début nous plonge rapidement dans l'action : opération musclée et mort d'homme. C'est le branle-bas de combat au 38, rue Pétrovka (l'adresse de la Direction de la police judiciaire de Moscou). le jeune Volodia Charapov, soldat revenu du front, un brin idéaliste, est fraichement converti en enquêteur. Là, il rencontre son nouveau supérieur Gleb Jeglov, qui le prend sous son aile. Ce dernier, même s'il possède un sens du devoir aigü, me paraissait trop sûr de lui, trop arrogant, voire distant ou indifférent. Un bel exemple de justice intransigeante. Ceci dit, il faut se rappeler que le roman est raconté du point de vue de la jeune recrue, alors peut-être n'est-ce qu'une fausse impression. Dans tous les cas, ils finissent par former un excellent duo.

Parlant de duo, je tiens à signaler le bon travail d'un autre duo, celui des auteurs. En effet, ce roman policier est l'oeuvre de deux frères, Arkadi et Gueorgui Vaïner. Leur succès fut tel que, depuis la parution du roman en 1983, ils ont vendu plus de dix millions d'exemplaires !

Toutefois, cette histoire de la bande du Chat Noir est mise de côté (du moins, à ce qu'il me paraissait) alors qu'une femme est retrouvée morte. Une autre affaire ? Son ex-mari est le principal, le seul suspect. Un drame conjugal, donc. Mais le mari en question clâme l'innocence et cette nouvelle enquête prend toute la place pendant une bonne partie du roman. Bon, je me doutais bien que les deux affaires allaient se rejoindre…

L'originalité de 38, rue Petrovka, c'est le lieu et l'époque. Il va de soi que la manière de mener une enquête était différente, parce que le système est autre mais surtout parce que les moyens techniques et scientifiques mis à la disposition des enquêteurs n'étaient pas ce qu'ils sont aujourd'hui. Un autre élément inusité sont les épigraphes. Chaque chapite commence par ce qu'il me paraît être des annonces dans des journaux de l'époque, par exemple le Moscou-Soir. Offres d'emplois, réunion du Conseil scientifique, distribution de tickets de rationnement, bulletin météo, « nouvelles » inventions, etc. Au début, je ne voyais pas le lien avec l'enquête et ces annonces m'agaçaient. Mais je m'y suis habitué puis je me suis rendu compte que j'avais hâte de lire la prochaine : c'est qu'elles permettent de se faire une tête sur l'époque, sur le quotidien des Moscovites. Ça ajoutait au réalisme.

38, rue Petrovka m'a agréablement surpris et, prochainement, je lirai certainement d'autres enquêtes écrites par les frères Vaïner.
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J'ai un faible pour la littérature russe, mais je ne connaissais pas le roman policier russe, c'est chose faite avec ce livre.Cela ne ressemble à aucun autre livre du genre.Le style est sans fioritures, sec ,rugueux, les personnages sont nombreux et ne sont pas de simples figurants, ils ont de la consistance.
Les auteurs ont choisi de situer l'action après la grande guerre patriotique avec des informations historiques sur la vie quotidienne (les tickets de rationnement pour la nourriture, le pétrole..la fabrication des bottes ,hiver oblige,...).
Nous découvrons le MOUR (Direction de la milice judiciaire de Moscou) en même temps que notre jeune héros Chaparov, 22ans, fraîchement revenu du front.C'est un patriote honnête et droit qui ne va pas toujours être d'accord avec son supérieur l'inspecteur-chef Jeglov ,sans scrupules, qu'il admire pourtant.
Jeglov qui martèle qu'il faut avoir le sens de la collectivité, la conscience d'un révolutionnaire, d'un komsomol(organisation des jeunesses communistes) et pour qui tous les moyens sont bons pour combattre les ennemis du peuple.
J'ai eu plaisir à lire ce livre où l'âme russe est partout présente.
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Un roman policier soviétique ! Intéressant de lire en creux ce qu'il était possible d'écrire dans l'URSS de Brejnev (pour les plus jeunes c'est l'homme qui, régnant 18 ans, fit, entre autres, interner et déchoir de sa nationalité Soljenitsyne, fit arrêter les dirigeants polonais de Solidarnosc puis déclencha la guerre d'Afghanistan).
le héros du roman s'est illustré pendant la « Grande Guerre Patriotique » comme on appelait là-bas la seconde guerre mondiale. Couvert de médaille, il est courageux, intelligent et droit. Démobilisé, il intègre la police de Moscou et va rapidement y faire ses preuves. Il réussit même à faire respecter la présomption d'innocence et les droits de la défense avant de faire éclater la vérité. Rien n'est caché des terribles privations alimentaires de ces années 50 mais elles sont magnifiées par l'assurance de voir demain un monde meilleur bâti par les sacrifices et le courage de ces policiers défendant la veuve et l'orphelin. Les discours du komsomol sont clairs et porteurs d'espoir, tout semble possible car après avoir vaincu Hitler comment ne pas imaginer qu'on puisse éradiquer la criminalité ?
C'est parfois très émouvant (les souvenirs de guerre du héros sont pathétiques et témoignent bien des souffrances endurées) même si le lecteur de 2018, ayant eu tout le temps de prendre connaissance des innombrables exactions de certains de ces gentils policiers qu'on appelait aussi « tchékistes », a un peu de mal à ne pas penser à autre chose.
L'intrigue est de qualité, les deux personnages principaux très sympathiques, l'héroïne charmante et, même si l'avenir qui s'annonçait radieux se trouve repoussé aux calendes grecques, un héros restant un héros, soyons en sûr : Volodia Chaparov continuera à avancer bravement. On comprend que cet ouvrage ait été un grand succès en URSS.
A lire par curiosité.
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À Moscou, juste à la fin de la guerre de 45, en pleine démobilisation, l'équivalent de notre 36, quai des Orfèvres se situe là-bas au 38, rue Pétrovka.
On n'a pas souvent l'occasion d'explorer la littérature policière russe et on avait déjà été plutôt déçu par Alexandra Marinina.
Folio a eu la bonne idée de rééditer cet aimable polar des frères Vaïner, même si nous avons découvert depuis, qu'ils sont beaucoup plus connus pour L'évangile du bourreau, qu'on ne manquera pas de lire prochainement, c'est promis.
Le 38, rue Pétrovka, c'est donc le siège de la brigade criminelle de Moscou alors que les soldats reviennent à peine du front.
Nous voici plongés dans un Moscou où flotte comme un parfum de nostalgie des années 40/50, quand la révolution socialiste se relevait avec enthousiasme des désastres de la guerre et entreprenait d'éradiquer le crime en vue de l'avènement d'un monde meilleur.
À cette époque et en ce lieu, les criminels sont bien sûr hors-la-loi comme partout ailleurs mais, ce qui est bien pis, ils font preuve d'un comportement tout à fait anti-socialiste à s'approprier ainsi, à titre individuel, le bien collectif du peuple !
Le bouquin (écrit en 1983, à la toute fin des années Brejnev) plaira aux amateurs de séries télé (il a d'ailleurs été adapté pour une série à succès de la télé russe) puisqu'il est construit un peu à la manière de la Crim' et autres Navarro : une équipe d'enquête et ses petits soucis, une bluette amoureuse, une ou deux intrigues principales et quelques investigations mineures, tout cela s'entrecroise plutôt habilement.
L'écriture est simple et l'intrigue tout autant mais le charme exotique vient évidemment de la description minutieuse de la vie quotidienne du Moscou d'après-guerre : les tickets de rationnement, la démobilisation, les réunions du Komsomol (nos héros n'ont pas trente ans), le redémarrage des usines et de l'économie, les Zis (qui ne deviendront les Zil qu'à la déstalinisation), le régime pomme de terre/vodka, les appartements communautaires, ...
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38, rue Petrovka des frères Vaïner n'est pas tout jeune : ce polar a été écrit en 1975. le livre a été un tel succès en Russie qu'il est devenu une série télévisée à succès, une sorte de NYPD Blues moscovite. le numéro 38 de la rue Petrovka correspond grosso modo au 36, quai des Orfèvres parisien. Dans ce quartier général de la Milice, des hommes et des femmes tentent d'éradiquer le crime de l'utopie communiste. Car les criminels sont considérés comme la pire menace contre-révolutionnaire : ils profitent du bien commun en cultivant un individualisme égoïste au possible. Nous sommes en 1945 et la guerre a pris à la Milice ses meilleurs hommes dans le combat contre le fascisme. de officiers démobilisés du front sont donc mutés à la Milice pour redonner du sang neuf à l'institution. Ces militaires sans grande formation juridique doivent apprendre rapidement la vie de flic au contact des miliciens vétérans. Et justement, les vols et les meurtres attribués à une bande organisée insaisissable est l'occasion pour le jeune héros, Chaparov, de basculer de l'héroïsme du front à la réalité de la rue.

Comme souvent dans les romans écrits par des Russes, le réalisme social de la vie au quotidien est saisissant de réalisme et d'immersion. Les moyens pour l'enquête sont réduits, la tâche est vaste et la vie à la Milice est complexe. L'intrigue est simple, mais le traitement pragmatique de l'enquête est agréable et minutieux. le traducteur aurait toutefois dû mettre des notes de bas de page pour expliquer certains points obscurs pour un lecteur occidental. Mais si vous avez aimé L'Évangile du bourreau, des mêmes auteurs, alors ce classique de la littérature policière vous intéressera.
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Nous avons déjà fait beaucoup, mais la situation [à Moscou] est encore malgré tout tendue. Chaque citoyen est en droit de nous demander : «Comment se fait-il, chers camarades, que nous ayons tordu le cou à Hitler, anéanti le fascisme mondial, porté sur nos épaules une guerre comme il n'y en a jamais eue et que, aujourd'hui, il soit encore risqué d'aller se promener le soir dans le parc d'Ostankino et, la nuit, d'emprunter le pont Krestovski, comment ça se fait?»
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Comme toutes les femmes, Varia aimait les hommes de pouvoir, les chefs et les beaux parleurs, et je pensais qu'il me serait difficile de lui expliquer que lorsque, à dix-neuf ans, des ordres qu'on donne à une compagnie de cent vingt-trois hommes dépend le nombre de ceux qui reviendront vivants, on préfère, plus tard, ne plus avoir à répondre que de soi-même.De tous les chefs que j'avais pu voir au front, j'avais compris que les seuls vrais étaient ceux qui vivaient leur pouvoir comme une lourde responsabilité et non comme un privilège.
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Je pense que si l'on se permet de fermer les yeux sur la loi une fois, quand on en a besoin, puis une deuxième fois, si nécessaire, puis ensuite qu'on se sert des lois pour boucher les trous chaque fois que nous en aurons besoin, alors ce sera plus une loi, mais une vraie matraque ! Oui, une matraque.
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Si j'admirais l'expérience de Jeglov et son aptitude à tirer le meilleur des ses hommes, j'étais néanmoins terrorisé par sa manière de faire une croix de façon instantanée et irrévocable sur les gens qui l'avaient déçu, comme s'il effaçait d'un coup de chiffon un mot au tableau noir.
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Mon paternel était, pour sûr, un mec formidable. Il a vite fait une tapée d'enfants (moi et mes quatre frères et soeurs) et il est parti à la ville, histoire de gagner beaucoup de fric. Il faut bien lui rendre justice; il ne nous oubliait jamais, il nous envoyait tous les mois une lettre avec surtaxe. Il est même venu un jour avec des bonbons et de la pâte dentifrice comme cadeaux. Trois jours plus tard, il volait notre vache. Et pour qu'on ne retrouve pas de traces, il lui avait mis de vieilles godasses. C'est peut-être depuis ce temps-là que j'ai la passion des enquêtes criminelles.
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