AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Jean Levaillant (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070317929
192 pages
Gallimard (12/04/1974)
3.94/5   53 notes
Résumé :
Poème en alexandrins sur la vie intérieure d'une jeune femme déchirée entre ses désirs et innocence. La métaphore montre le drame de Valéry, partagé entre la quête de l'intellect pur et son désir de sensualité.

Source : Fluctuat.net
Que lire après La jeune ParqueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Paul Valéry est d'une lecture exigeante. Sa poésie se confond avec sa pensée. La pensée de la pensée, dirais-je même. Sa poésie obéit à une exigence d'intégrité et de tolérance intellectuelle.
Elle ne se complaît pas dans un vague esthétisme, sa beauté, elle la trouve dans cette exigence.
Elle se frotte à l'expérience des limites, des remises en cause, de l'infinitude, de la pluri-sémantique et des fragments et, en cela, est résolument moderne. Elle n'obéit donc plus nécessairement aux lois fondamentales du cartésianisme: elle ne s'effraie pas, comme plus tard celle d'un Roland Barthes ou d'un Maurice Blanchot, de contenir sa propre contradiction.
La poésie de Valéry, comme celle de Mallarmé, exige la relecture, non pas une mais d'innombrables relectures qui à chaque fois mèneront les lecteur dans un nouvel îlot de contemplation et de réflexion.
Commenter  J’apprécie          301
Le grand poème de la Jeune Parque rebutera deux types de lecteurs : le premier cherche à retrouver dans la poésie des pensées qu'il a en lui et qu'il apprécie de revoir écrites en beau langage ; le second est en quête d'une communion sentimentale au détriment de tout le reste. La poésie de Valéry est d'abord une suite d'images et de mots splendides, qu'il faut goûter tels quels, sans chercher forcément leur sens. le sens, d'ailleurs, vient se mêler à ce plaisir et à cette émotion esthétiques, et transforme la fête de l'imagination en "fête de l'intellect" (selon les mots du poète), à égale distance des raisonnements intellectuels et des pensées confuses et informulées du surréalisme. Valéry a toujours cherché dans ses poèmes à faire de la musique non pas seulement avec les mots et les images, mais aussi avec les idées. Et il n' y a rien de plus sobre et de moins bavard sentimentalement qu'une belle musique.
Commenter  J’apprécie          220
J'ai lu une analyse de ce long poème de plusieurs pages à la suite, et je n'avais absolument pas compris et ressenti la même chose. Je ne connais pas l'écriture de Valéry, c'est seulement la deuxième oeuvre de lui que je lis.
Valéry voulait peindre une âme et ses tourments, du plaisir charnel à l'angoisse et au désir de la mort mêlés. Pour moi, n'ayant aucune connaissance en psychanalyse, j'ai surtout lu une scène d'amour et d'extase, d'orgasme même :
« Mon coeur bat ! Mon coeur bat ! Mon sein brûle et m'entraîne !
Ah ! Qu'il s'enfle, se gonfle et se tende, ce dur
Très doux témoin captif de mes réseaux d'azur...
Dur en moi... mais si doux à la bouche infinie ».
Dans une première moitié, cette jeune fille célèbre la beauté de ses propres bras, de ses propres seins, elle se caresse, voire se masturbe semble-t-il puisque, au début du poème, elle est « seule sur sa couche », « maîtresse de [ses] chairs », elle « [s']enlace ». Un éventuel amant n'est ainsi pas évoqué, seul un serpent vient la mordre et la pénétrer.
Ensuite, elle appelle la mort. Mais elle l'appelle avec tant de volupté, tant de désir, que je me suis demandée si la mort n'était pas mise pour l'orgasme, cette petite mort qui fait perdre conscience de soi-même. Car la jeune fille se cherche elle-même, elle cherche son moi profond, son identité.
De ce que j'ai lu, Valéry a beaucoup écrit et ré-écrit ce poème, il pensait un moment le titrer « l'Âme ». Cela suggère bien que je n'ai pas compris ce que L Auteur voulait dire. Néanmoins, j'ai lu un poème très sensuel écrit avec beaucoup de subtilité, même si je n'ai pas saisi toutes les images. Je pourrais regretter que le contexte antique, voire mythologique, évoqué par le titre ne soit pas assez présent : à part une allusion à une robe de lin, une autre au serpent comme animal de la Pythie, cette jeune fille pourrait être n'importe qui, n'importe où ; alors que, pour moi, la Parque renvoie au destin, aux trois soeurs de la mythologie qui filent le destin des hommes.
Je suis donc un peu passée à côté de ma lecture.
Commenter  J’apprécie          111
Poésie trop abstraite pour que j'y entre vraiment, sauf quand ce sont des fragments d'utopies qui construisent des mondes autres, sur des îles, toujours, où la vie de l'esprit est aussi réglée que celle du corps, où l'on vend de la pensée dans des boutiques, où l'esprit prend corps. Dans "La Jeune Parque", on a l'impression que c'est le contraire : le corps prend esprit, se cherche un être, se demande qui il est et d'où il vient. Bien sûr, Valéry n'a pas le mauvais goût de répondre à ses questions, et laisse flotter un mystère, mais je reste sur le seuil, comme s'il me fallait toucher des mots plus tangibles, et comme si la pensée et la poésie devaient divorcer.
Commenter  J’apprécie          110
"La Jeune Parque" est l'un des plus célèbres poèmes de Paul Valéry. Il me fait penser à un kaléidoscope chatoyant. Pour apprécier ces vers, il faut complètement s'affranchir d'une recherche précise de leur sens. Cette poésie - assez longue - est subtile et même obscure, mais elle sonne très bien; elle nous permet de découvrir ce qu'est la beauté des mots. Peut-être l'idéal serait de la lire (par morceaux) d'abord, puis de la réciter à haute voix. C'est alors que le plaisir d'entendre - mais non de "comprendre" rationnellement - apparait vraiment. De fait, P. Valéry en tant que digne héritier de S. Mallarmé affirmait que ses poèmes avaient seulement le sens que le lecteur leur prêtait.
Permettez-moi cette analogie: si dans la poésie on comparait Valéry à un Hugo (par exemple), la différence serait du même ordre qu'entre l'art abstrait et l'art figuratif, dans la peinture... Naturellement il n'y a pas de hiérarchie de valeur entre ces diverses catégories.
Commenter  J’apprécie          91

Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Poèmes Histoires brisées
AU COMMENCEMENT SERA LE SOLEIL
  
  
  
  
Animal profondément oublié : tiède et tranquille
masse mystérieusement isolée ;
ARCHE close de vie, qui transportes vers un jour qui
   vient
mon histoire et mes chances,
tu m’ignores, tu me conserves, ; tu es ma permanence
   unique
et inexplicable. Ton trésor est mon secret.
SILENCE, mon Silence… ABSENCE, mon absence,
ô ma forme fermée,
je laisse toute pensée pour te contempler de tout mon
   cœur.
Il n’est pas de plus étrange, de plus pieuse pensée.
Point de merveille plus proche.
Je me suis donc fait une ÎLE inconnue.
Et tu es un temps qui s’est détaché de l’énorme TEMPS
Où ta durée indéfinie subsiste et s’éternise
Comme un anneau de fumée.
Mo, amour devant toi est inépuisable.
Je me penche sur toi qui es MOI, et il n’y a point d’échan
  -ges
entre nous.
Tu m’attends sans me connaître,
Et je te fais défaut pour me désirer
Tu es sans défense. Qui te tue me tue.
Quel mal tu me fais avec le bruit de ton souffle…
Je me sens le captif du suspens de ton soupir
Au travers de ce masque abandonné, tu exhales le mur
  -mure
d’une vie tout égale, à soi-même bornée.
J’écoute le petit bruit de mon existence, et ma stupidité
est devant moi…
Commenter  J’apprécie          80
Lumière !... Ou toi, la mort ! Mais le plus prompt me prenne !
Mon cœur bat ! mon cœur bat !... Mon sein brûle et m’entraîne…
Ah ! qu’il s’enfle, se gonfle et se tende, ce dur
Très doux témoin captif de mes réseaux d’azur…
Dur en moi… mais si doux à la bouche infinie !...
Chers fantômes naissants dont la soif m’est unie,
Désirs ! Visages clairs !... Et vous, beaux fruits d’amour,
Les dieux m’ont-ils formé ce maternel contour
Et ces bords sinueux, ces plis et ces calices,
Pour que la vie embrasse un autel de délices,
Où mêlant l’âme étrange aux éternels retours,
La semence, le lait, le sang coulent toujours ?
Non ! L’horreur m’illumine, exécrable harmonie !
Commenter  J’apprécie          62
(Dans l'île Xiphos).
Il y avait des menticures qui étaient au langage et à l'esprit ce que les manucures sont aux mains, et le matin, fort tard, tandis que ceux-ci taillaient et polissaient les ongles des personnes soigneuses de leur corps, les cures de l'intellect les interrogeaient et les entretenaient en subtilité et élégance de la pensée et du discours. Ils apprenaient à prononcer, à user des timbres de la voix, à s'abstenir de termes vulgaires ou très abstraits, à former des phrases complètes, et veillaient aux idées dont ils ne voulaient que l'on en retînt aucune qu'on n'eût faite sienne, recommandant de chasser toutes les autres et de ne pas croire penser quand on ne fait que répéter en d'autres mots ce que l'on a lu ou entendu.

p. 107
Commenter  J’apprécie          50
Il nous dit un ou deux poèmes de sa composition. Puis nous montra les textes de quelques-uns qu’on avait recueillis de la Bouche Sacrée (c’est ainsi que l’on nomme la bouche de la Tête Qui Parle). Mais cette écriture nous était méconnue.
Alors, il nous expliqua que la valeur d’un poème est 1e nombre des sens qu’ll' peut recevoir, et que ceux-ci avaient douze premiers sens desquels douze autres pouvaient résulter.
Commenter  J’apprécie          80
Tant le science se fixe et la nuit se fortifie, qu’il's m’éveillent de plus en plus.

Que pur est le désir de demain, le chemin de moi- même vers demain! Je sens sur le front du temps fuir le vague, l’événement venir, sa vigueur, sa langueur, l’expérience fondre, et le voyage reparaître, aussi pur, aussi dur que lui-même, orné de perpétuel intellect. La nouveauté se verse d’avance, par un tour plus insensible que l’angle de la figure du ciel...

Tu te connais à reculons. Tu transportes en arrière un pouvoir, une sorte de discernement; et n’etan't éclairé que dans la direction opposée à ta route, tu divises ce qui est accompli, tu n’agis que ce qui est achevé.
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Paul Valéry (45) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paul Valéry
https://www.laprocure.com/product/1525906/chevaillier-louis-les-jeux-olympiques-de-litterature-paris-1924
Les Jeux olympiques de littérature Louis Chevaillier Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
+ Lire la suite
autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (267) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1220 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..