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EAN : 9782246863847
180 pages
Grasset (01/03/2017)
3.38/5   4 notes
Résumé :
« Je sais bien, je m’étais juré que je ne raconterais pas, jamais. Que je garderais pour moi ce qui n’appartient qu’à moi. Mais je ne m’appartiens plus tout à fait: pourquoi et comment je suis devenue française semble poser problème, dans un pays traversé par les doutes. Alors, d’autres ont pris le relais, comblent les silences, racontent, imaginent, affabulent. Il faudrait laisser dire, comme toujours. Mais ma petite histoire privée est devenue publique. Une histoi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Dans cet ouvrage, l'ex-ministre de l'éducation nationale y raconte son enfance et la manière dont elle s'est construite par la lecture et grâce à l'école. Elle explique les racines de son engagement et retrace son parcours, depuis son village natal de Béni Chiker au Maroc jusque dans les ministères de la République française. Au-delà de la femme politique, elle se dévoile comme une femme tout simplement avec toutes les facettes de qu'elle est, et de ce qu'elle vit, de manière intense et riche.

Lien : https://leteatimedelsyetcara..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Je suis née à Beni Chiker, dans un petit village au nord du Maroc, à quelques kilomètres de l’enclave espagnole de Melilla. Aujourd’hui c’est une petite ville de 5 000 habitants, mais en 1977, nous étions une centaine. Peut-être moins. Je me souviens : quelques maisons de chaux blanche. Des troupeaux. Une terre aride, des pierres. Une herbe rare, ici et là, comme du lichen. Des buissons. Ni eau courante ni électricité à la maison. Et partout, le soleil qui frôle, qui brûle, qu’on ne voit plus, le soleil en son ciel gris. Aujourd’hui, pas des images, mais des sensations, un peu floues, parfois joyeuses, toujours lointaines. J’ai demandé à ma mère : tu es sûre, c’était bien comme ça, mon enfance, notre première vie ? Elle ne dit rien, elle sourit. Je crois l’entendre : mais Najat… Tu as oublié ? Tu ne te souviens pas ? Vraiment ? C’est la France qui fait ça ?
Chaque matin, je partais chercher de l’eau au puits. Comme je m’en souviens de cette eau ! Comme chez Pagnol : non pas l’eau perdue, consommée, mais l’eau précieuse, l’eau qui est une pensée, douce et tragique. Ce puits, un peu effrayant, avec la peur des esprits, bien sûr, et le bruit du seau qui tape contre la pierre en dévalant. Ces canalisations de ciment gris : l’eau devenue invisible mais qui circulait, rassurante. Enfin, l’eau du lavoir, savonneuse, fraîche, avec toutes sortes de bruits : la brosse ; le linge tapé, secoué, qui finit sur un fil dans le soleil de toute la Méditerranée.
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Il ne faut pas dire « NaDjat », qui écarte, qui chasse ou se moque : combien de fois m’a-t-on jeté ce prénom au visage ! Comme un reproche, sauf pour ceux qui le confondaient avec la « Nadja » d’André Breton. Or c’est un son assez doux, je crois. Il a toujours plu à mes amies, et à mes amis. Il m’a semblé assez rare, en France, quand je suis arrivée. Tout le monde s’appelait Marie ou Olivier. Moi j’étais Najat. À chaque fois on me disait : ça veut dire quoi ? Et je répondais, avec fierté, me semble-t-il : le salut. Parfois aussi on me disait : ça vient d’où ? J’expliquais simplement. Puis on n’en parlait plus. Dans ce silence un peu neutre, affectueux, attachant, il y a la France.
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Un jour, nous sommes tous arrivés en France, où nous avons retrouvé mon père. J’avais quatre ou cinq ans : je me souviens encore du départ, de la tristesse, du déchirement. Quitter le pays. Quitter le pays de l’enfance, avec mes vêtements, mes amis, mes chèvres, la pièce et la poussière, avec les mots. Allez, écris-le, Najat : quitter ton pays. Aussi. Et ta langue. Car je parlais berbère alors, comme ma mère. Et assez vite, le français a tout emporté.
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Je me souviens de ma première France ; je me revois courir sur le pont du bateau, avec ma mère qui serre ma main et respire fort ; terrifiée par le bruit, la foule, les couleurs. Et tenez-vous bien – c’était en 1982 – les voitures m’ont stupéfaite : bruyantes, rapides, dépassant de tous côtés. Rien de comparable avec le calme de Beni Chiker. Et bien sûr la pluie. Un pays qui échappe au soleil, si c’est pas malheureux…
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