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EAN : 9782749915005
251 pages
Michel Lafon (01/10/2011)
3.6/5   677 notes
Résumé :
"On m'appelle Tristan, j'ai trois cents ans et j'ai connu toute la gamme des émotions humaines. Je suis tombé au lever du jour.

Une nouvelle vie commence pour moi - mais sous quelle forme ? Ma conscience et ma mémoire habiteront-elles chacune de mes bûches, ou la statuette qu'une jeune fille a sculptée dans mon bois ?

Ballotté entre les secrets de mon passé et les rebondissements du présent, lié malgré moi au devenir des deux amants don... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (168) Voir plus Ajouter une critique
3,6

sur 677 notes
L'arbre est vivant. On le dit, on le sait, on le répète les arbres ont été parmi les premières victimes du développement urbain. La conférence de Bonn sur les changements climatiques prévue en Novembre 2017 va mettre en évidence, entre autres sujet de préoccupation, la déforestation. La dynamique politique engagée au niveau national depuis quelques années, politique de restauration des forêts, de reboisement ne fait qu'accentuer cette prise de conscience collective. Les dirigeants des douze multinationales les plus influentes au monde ont exprimé leur intention de développer des mesures afin de mettre un terme à la dégradation des forêts dans la chaîne d'approvisionnement du cacao afin de contribuer efficacement à la lutte contre le changement climatique. La forêt amazonienne est bien sûr essentielle puisque sa réduction de 40% pourrait déclencher un basculement irréversible du climat de cette région vers des conditions arides.

Il existe aussi des particuliers qui s'insurgent contre ce phénomène. Une femme des environs d'Angers gare sa voiture sous un érable destiné à être abattu par une décision municipale. Erri de Luca, écrivain napolitain , a été accusé d'incitation au sabotage de la future ligne ferroviaire Lyon-Turin parce qu'il est carrément dingue des arbres et qu'il ne supporte pas que l'on détruise la nature.

Mutualiser nos efforts pour que les arbres, formidables réservoirs de biodiversité et de carbone, restent vivants. Lutter pour que les terribles conséquences écologiques et économiques soient évitées voilà ce que l'on entend ici ou là.

Parmi ces informations denses, détaillées, alarmistes mais terriblement ardues dans leur présentation, j'ai trouvé une petite voix sereine précise et efficace qui m'a raconté une belle histoire. L'histoire écrite par Didier van Cauwelaert. Cet auteur s'est frayé un chemin au milieu de tous les politiques influents aux discours ampoulés, de tous ces scientifiques dont les connaissances sont indiscutables, vérifiées et argumentées de savantes théories L'histoire que je viens de lire contribue très agréablement à la réhabilitation de l'arbre dans son acception la plus noble. Si si, vraiment.

J'ai lu des critiques ici ou là, d'amis « babelio » ou de journalistes qui n'étaient pas toujours très convaincus ni convaincants, forcément. D'autres très élogieuses. Mais cette pierre à l'édifice de la conservation de notre planète m'a semblé bien précieuse car accessible par tous les lecteurs petits et grands. C'est, je trouve, une très jolie contribution.
L'auteur fait de l'arbre non seulement un être vivant mais il en fait son personnage principal. Ce poirier parle, se souvient, fait part de ses émotions et tremble quand sa vie est en danger. Il nous confie ses secrets les plus intimes, ses rencontres les plus marquantes, ses craintes les plus tenaces et légitimes. Nous suivons donc Tristan, ce poirier de trois cents ans, et nous comprenons ses doutes sur son utilité trop souvent piétinée, saccagée par l'homme dont il était si fier et qu'il croyait être son ami. Dans l'entourage de Tristan il y a en particulier une jeune fille au physique ingrat qui trouvait près de Tristan, le poirier une compensation à sa solitude. C'est la période la plus faste de l'arbre. Cette période où il se sentait indispensable ou son rôle était majeur, où il protégeait cette jeune fille qui, sans lui, n'aurait pas vécu dans les mêmes conditions, sans lui ne se serait pas révélée. Elle a commencé à tester son inspiration en sculptant son écorce puis de sculpture en sculpture, à force de progrès elle s'est redressée, plus sûre d'elle, plus lumineuse a fini par devenir belle et talentueuse.
Tristan, après avoir supporté les guerres de religion, la révolution française et l'affaire Dreyfus sans broncher, semble ému dès que l'on évoque la relation qui le lie à celle qui s'est révélée grâce à lui. Son intérêt est décuplé. Sa raison d'être bien définie. Une véritable histoire d'amour aux multiples rebondissements. L'âme du bois nous offre une nouvelle définition. Ses rencontres ne sont pas seulement historiques. Il y a les rencontres d'un jour, tout aussi marquantes, tout aussi importantes. Tristan l'évoque ainsi : « Je tente de remettre en scène l'Anglais tombé du ciel qui m'initia à moi-même, la cantatrice épurée qui me donna un nom d'opéra, le médecin qui m'aima comme un fils et tailla des stylos dans mes branches…..tous ceux qui firent de moi, pour quelques minutes ou durant des années, leur compagnon d'infortune ».

Malgré quelques longueurs çà et là (difficile de faire parler un arbre pendant 250 pages) j'ai trouvé cette histoire originale, attendrissante, drôle parfois et au risque de me répéter tout-à-fait utile pour redire encore et toujours combien les arbres sont indissociables de notre destinée. Eléments indispensables à l'environnement depuis des millénaires, agréables et esthétiques, incontournables rencontres dans le jardin d'Eden, n'entendrez-vous pas chanter Brassens dès ce roman terminé ? « auprès de mon arbre, je vivais heureux, j'aurai jamais dû m'séparer d'mon arbre……….. » Moi je parie que si !
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Un livre dont le narrateur est un arbre ? Farfelue comme idée direz-vous. Didier van Cauwelaert l'a fait. Et il l'a même très bien fait. Un récit tendre, émouvant, écologique aussi.

L'auteur nous présente Tristan, un poirier tricentenaire qui vient de tomber suite à un mauvais coup de vent. Tristan ne sait plus où il en est, ses repères sont perturbés. Tombé ne veut pas dire mort. Ses sensations ne s'interrompent pas, elles changent. Il est un peu déçu de ne plus être debout car Yannis, un jeune "critique d'arbres", devait le faire entrer dans le cercle fermé des Arbres remarquables.

L'auteur, en faisant parler un végétal, nous fait admettre qu'il existe une conscience de la nature. Une conscience qui permet aux mondes végétal et animal de communiquer. Selon Tristan, les hommes auraient perdu cette faculté de comprendre le langage des arbres. Comment cela se déroule ? Au travers des phéromones, du pollen ; mais aussi de l'alliance entre végétaux et animaux pour combattre un "ennemi" (exemple : des sapins d'Amérique qui ont sécrété une hormone visant à stériliser les punaises dont la surpopulation leur nuisait). Etonnant, véridique et peu connu. le roman a donc, dans un premier temps, le grand intérêt d'instruire le lecteur sur un sujet rarement traité.

A travers Tristan, nous allons également suivre Yannis et Manon. Manon, jeune adolescente, vit dans la maison mitoyenne à celle du poirier. le choc de le voir à terre l'émeut, tant et si bien qu'elle se met à sculpter une petite partie de son tronc. Tristan est émerveillé, car tout ce qui compte maintenant pour lui, c'est de vivre autrement : "Je veux vivre encore. Je veux qu'on ait besoin de moi" (p. 71).
Sa conscience va dès lors se ballader entre les bûches à conbustible, les sculptures de Manon et le livre de Yannis. Les personnages qu'il suit vont vivre leur vie, bon gré mal gré, subir joies et désillusions, sans se douter que Tristan est là. Sans se douter que lorsqu'il était vivant, il recevait leurs malheurs.
L'histoire des personnages est vraiment touchante. Quelques frissons, un peu de larmes aux yeux, et le sentiment d'avoir lu un livre extraordinaire au sens premier, qui sort de l'ordinaire.

Par son arbre, Didier van Cauwelaert va sonder la nature humaine. Il met en avant les relations égoïstes des hommes face à l'environnement, en disant que cela ne saurait durer car, comme pour le sapin qui régule la population de punaises, pourquoi les arbres ne trouveraient-ils pas un moyen de réguler la population humaine ?
Tout cela est exprimé de façon très tendre, sans jugement : un simple constat.

Petit dans son nombre de pages, ce livre n'en reste pas moins un grand livre pour moi. D'une part par le message qu'il transmet, d'autre part par la façon dont l'histoire est contée. C'est beau, c'est simple, c'est agréable. L'affection que l'on éprouve pour Tristan, c'est aussi une manière de nous faire comprendre qu'un arbre n'est pas seulement décoratif : il est essentiel.
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Je ne classerais pas "Le journal intime d'un arbre " au patrimoine mondial de Babelio, mais je reconnais qu'il m'a pas mal branchée ! Enfin, certaines de ses feuilles, plus développées que d 'autres. Il est bien enraciné dans l'esprit Van Cauwelaert, ardent défenseur de la nature qui n'hésite jamais à mêler esprit critique et esprit frappeur !
L'originalité réside dans le fait de jouer d'anthropomorphisme avec cet arbre tricentenaire, pour nous émouvoir. Il nous confie ses pensées.

En dehors d'être un plaidoyer pour les forêts, les arbres de toutes sortes et la nature en général, ce livre montre tout l'humour dont l'auteur fait preuve en rejouant Tristan et Isolde à sa manière. Wagnérien averti, il se joue de nous et rappelle à qui veut bien le lire que cet opéra orgasmique a fait tomber bien des dames en pâmoison ! En effet, un brin coquin, lui -même avait confié un jour séduire quelque adolescente lors de ses années lycée en lui faisant écouter du Wagner à la recré, au moyen d' un bon vieux Walkman ! Là, il va plus loin en rendant hommage, sans la nommer, à la grande cantatrice
d'avant- guerre Germaine Lubin. Sur scène elle avait interprété pour la nième fois La mort d'Isolde, et aurait vécu une expérience aux frontières de la mort originale : une NDE artistique sublime, au point de devenir addict à "cette petite mort "et d'accepter de jouer aussi souvent que possible, y compris devant Hitler. .ce qui lui valut un sacré retour de bâton. Pour ma part, je n'écoute pas trop Wagner!!!

Alors ces deux arbres aux destins mêlés, surnommés Tristan et Isolde, sont émouvants finalement.

Ce poirier nous fait part de ses souvenirs et les métaphores sont nombreuses. Quelques périodes clés de l'Histoire sont à cueillir comme autant de fruits savoureux : il imagine par exemple, un dialogue entre Dreyfus et Mercier, mais je ne vous dis pas tout ; juste qu'un jardinier novice peut y trouver le mode d'emploi pour enter ses arbres, le tout étant d'avoir l'oeil ! À moins que l'arbre ne soit déjà hanté !

Un peu de chamanisme, du terreau bio, quelques graines de folie, et voilà semées en nous les idées pour bâtir le monde de demain.
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J'aime bien ces romans, où l'on voit le monde, notre monde, à travers le regard, d'un animal, d'un objet ou en l'occurrence d'un végétal.
C'est donc un arbre qu'a choisit Didier van Cauwelaert pour nous raconter un peu d'histoire de notre monde. (la petite et la grande histoire..)
Pas n'importe quel arbre, puisqu'il s'agit d'un poirier tricentenaire... Diantre, c'est qu'il en a vécu des choses, il en a à nous raconter.
C'est une plume experte dans l'art de faire parler les esprits, souvenons nous de "La vie interdite" qui nous narre avec talent le vécu, passé et présent, de ce vieil arbre.
Une idée originale, donc, qui mêle humour et mélancolie, les scènes joyeuses et les drames.
Justement, c'est là que le bât blesse pour moi, j'aurais aimé plus de folie et de loufoquerie, dans cette observation des humains par cet esprit végétal.
Il y a presque trop de sérieux et de dramatique dans ce récit, surtout dans la deuxième moitié du livre.
Une lecture agréable malgré tout.
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Déception! Ce journal intime d'un arbre ne méritait pas de noircir 250 pages. La moitié suffisait largement à tout dire sur le destin de ce poirier qui avait manqué de peu sa classification parmi les arbres remarquables. Des longueurs, je me suis un peu ennuyée à la lecture de ce texte où tous comptes faits il ne se passe pas grand chose de palpitant. Je trouve que Didier van Cauwelaert est un auteur assez inégal. Dommage...
Lien : http://araucaria.20six.fr
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critiques presse (1)
Lexpress
17 octobre 2011
Cauwelaert n'a décidément plus le feu sacré. Ces quelques pages nous asphyxient, justement comme un feu de cheminée. Leur lecture est émolliente jusqu'à nous épuiser. Retrouvons vite le grand air, et les vrais arbres.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (122) Voir plus Ajouter une citation
Un arbre n'a d'autres sentiments que ceux qu'on lui confie. D'autres émotions que celles qu'il perçoit. D'autre angoisse que la prémonition des tempêtes, des incendies, de la sécheresse et des bûcherons. Mais cette angoisse-là, commune avec les animaux, n'a pas la même origine que la vôtre. Ce n'est pas la perte de nous-mêmes qui nous obsède, c'est la rupture d'une harmonie. L'arrêt des échanges avec les oiseaux, les insectes, les champignons, les jardiniers, les poètes; la fin des interactions qui nous lient au soleil, à la lune, au vent, à la pluie, aux lois qui gouvernent la formation d'un paysage-ce que vous avez appelé successivement la nature, l'environnement, l'écosystème.
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Entre un champignon ou une fourmi avec qui je communique sans problèmes et un humain qui se raconte des histoires, mon choix est clair. J'ai toujours privilégié la fiction à l'information pure. Question d'urgence : végétaux et animaux ne perdent jamais ce qui est gravé dans leurs gènes, tandis que les humains ont tendance à devenir des machines qui pensent mais n'imaginent plus. Les quelques individus qui ont su me faire rêver durant ma vie, je leur dois ma longévité. Parce que l'intelligence, la poésie, l'humour sont des nutriments aussi nécessaires pour moi que les protéines du sol. Vos mauvaises ondes m'affaiblissent, vos bonnes vibrations me renforcent. Un arbre ne cherche pas que la lumière. Du moins, il la cherche partout.
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Moi, je n'avais plus d'utilité précise. Je ne servais qu'à produire de petites poires immangeables qu'on se contentait de tondre quand elles tombaient dans l'herbe. Fini le temps de l'alambic, les bouilleurs de cru qui venaient s'installer dans le jardin, avant guerre, pour faire de mes fruits ce délicieux alcool grâce auquel je voyageais dans l'ivresse des gens du village - désormais c'était compote pour mulots, voilà tout.
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Mais ce n'était pas une crise cardiaque ou un simple malaise va gal. Elle avait fait ce qu'on appellerait plus tard une NDE. Elle incarnait si fort son personnage, elle était tellement cette amoureuse qui se tue pour rejoindre son amant qu'elle était morte avec elle. Du moins quelques instants, elle était revenue en racontant qu'elle avait surplombé son corps, ses partenaires, l'orchestre ...
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La petite fille était maigre et voûtée, toute refermée sur elle-même comme un bourgeon qui a connu le gel. Avec timidité, elle avait caressé mes branches basses, respiré mes fleurs sur bois nu, trop poivrées pour son nez de citadine.Elle avait éternué, et les capteurs de mon écorce avaient analysé l'information. Elle était en bonne santé, malgré ses poumons pollués de gaz carbonique et de substances inconnues en forêt. J'ai vu dans ses pensées qu'elle arrivait d'une ville en clapiers, que j'étais son premier. Son premier arbre sauvage, son premier copain de la campagne, son premier confident. Le symbole de sa nouvelle vie . Un prince au bois dormant qui lui offrait des fleurs . L'une d'elle se détacha et vint se poser sur sa main. C'était trop de joie pour elle. Elle avait éclaté de rire. Un rire d'éblouissement, de libération, de découverte.
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