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EAN : 9782748045710
232 pages
Société des écrivains (15/01/2011)
4/5   3 notes
Résumé :

Ces Femmes du Blues étaient des "Journalistes-chanteuses" dont Nina Van Horn se revendique, elles décrivaient par petites touches précises la dure société de la Grande Dépression, la Ségrégation, l’alcoolisme ou la drogue… Elles n’avaient pas peur d’aborder des sujets aussi tabous que l’homosexualité, le racisme au quotidien et les droits des Femmes.
Elles ont passé tant d’épreuves, ont sillonné des états aussi miséreux que celui de leur naissance, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Biographies de Nina van Horn.

L'auteure, elle-même chanteuse de Blues, remonte aux sources de ce courant musical, cette "musique du coeur et le reflet de l'âme" (p. 5) et part à la rencontre des "Femmes du Blues" celles qui "ont [...] restitué au plus juste une vision sociologique, drôle ou pathétique de leur époque !" (p. 7) Les femmes qu'honore Nina van Horn n'ont pas eu peur de parler de corruption et de violence dans un pays dominé par la Grande Dépression. Elles ont osé parlé d'homosexualité et osé dénoncer les violences faites aux femmes. Elles ont chanté l'alcool et la drogue, armées de leur guitare et de voix qui ont traversé les décennies. "Au-delà de leurs connaissances musicales réduites, elles vont surtout décrire ce qu'elles vivent elles-mêmes et nous laisser un héritage non seulement musical mais surtout humain sur cette humble époque." (p. 21)

Alberta Hunter ouvre le bal des "Femmes du Blues". La chanteuse a partagé la scène avec Louis Armstrong, Sidney Bechet ou encore Duke Ellington. En Europe, elle connaît un triomphe que n'entache pas la ségrégation qui fait rage sur le Nouveau Continent. Si elle abandonne la scène pendant vingt ans pour travailler comme infirmière, elle n'oublie jamais ses premières amours.
You Can't Tell the Difference After Dark - Alberta Hunter

Victoria Spivey "va contribuer à donner sa forme actuelle au Blues en rajoutant une mesure qui permet de doubler la mélodie, mesure de quatre temps conduisant à la constitution traditionnelle de douze mesures." (p. 47) La chanteuse se fait connaître pour ses "protest songs" où elle dénonce les ravages de la tuberculose, la violence conjugale ou les excès de la drogue. La compagnie de disques - qu'elle crée et qu'elle dirige - enregistre un petit nouveau qui fera longtemps parler de lui, un certain Bob Dylan. Elle disait ceci du Blues : " The Blues is life et life is the blues. It covers from the first cry of a newborn to the last gap of a dying man. It's the very existence." (p. 56)
Dirty TB Blues - Victoria Spivey et Louis Armstrong

Memphis Minnie, minuscule chanteuse à la voix unique et au jeu de guitare décoiffant, s'est mariée trois fois. Elle reste dans les mémoires pour la dextérité de son jeu et sa capacité à réinventer la guitare.

Lil Green est une étoile filante de la scène Blues féminine. Elle n'a chanté que dans les tournées et les circuits réservés aux Noirs. Elle décède à 35 ans d'une pneumonie.
Knocking Myself Out - Lil Green

Ma Rainey passe du vaudeville au Blues jusqu'à devenir "the Mother of Blues". Ses orientations sexuelles font jaser, son homosexualité jamais avouée n'est pour autant jamais démentie. de sa relation avec Bessie Smith, elle a alimenté les cancans d'une société bourgeoise et puritaine. Ma Rainey s'y entend pour semer le trouble et nourrir la zizanie. Longtemps oubliée, ce n'est que justice de la redécouvrir aujourd'hui.
Prove it on me - Ma Rainey

Georgia White, sublime chanteuse noire, entonne des titres osés qu'elle susurre à l'oreille de son public masculin, nourrissant sa réputation sulfureuse. Si sa carrière reste courte et a touché peu de registres, elle a marqué l'histoire du Blues par son audace et sa sensualité débridée.
I'll Keep Sittin' On It - Georgia White

Mildred Bailey est une métisse indienne que sa généreuse corpulence complexera toute sa vie. Grande amie de Bing Crosby qui lui sera fidèle jusqu'au bout et qui seul supportera son caractère ombrageux, elle se fait surtout connaître au sein du groupe de Paul Whiteman. "Sa voix modulée [était] capable des aigus les plus clairs comme de descendre dans les graves avec toujours autant de puissance." (p. 119) Son engagement auprès des petits gars coincés à la guerre, c'est en chanson qu'elle le signe, avec le titre Scrap Your Fat, où elle s'engage à réconforter dans ses draps tous les soldats en permission.
Rockin Chair - Mildred Bailey

Bessie Smith ou "l'Impératrice du Blues" est réputée pour sa générosité. Et même au plus fort de ses colères et de ses déchaînements de violence, elle donne tout ce qu'elle a. Sa sexualité est débridée et son penchant pour l'alcool est accusé. Bessie Smith voit grand en toute chose. Son influence sur plusieurs générations de chanteuses n'en paraît que plus naturelle.
Me and My Gin - Bessie Smith

Kate Mc Tell a toujours été très religieuse. Si elle embrasse le Blues, c'est avant tout pour soutenir et aider son époux aveugle, Blind Willie Mc Tell. Quand il la laissera au bord de la route pour reprendre les tournées seul, elle prendra un emploi d'infirmière et stoppera définitivement sa carrière. Mais avant de poser sa valise, elle aura marqué l'histoire du Blues.

Sister Rosetta Tharpe gagne un nouveau nom grâce à une erreur de typographie. Épouse de Thomas Thorpe, elle déborde d'une joie constante. Elle chante du Negro Spiritual et du Gospel auquel elle ajoute du swing et du boogie pour en faire un Blues unique où se mélange le sacré et le profane. Elle a largement inspiré Elvis Presley, Johnny Cash et Bob Dylan.
This Train - Rosetta Tharpe

Odetta ou la "Reine de l'American Funk Music" selon Martin Luther King a reçu des mains de Bill Clinton la médaille des Arts et de l'Humanité en 1999. Passionnée d'opéra étant jeune, c'est au travers de la folk music qu'elle s'inscrit dans l'histoire du Blues. Célèbre pour son engagement dans la lutte des droits civiques, elle a inspiré Bob Dylan et Joan Baez et a charmé JFK.
Sometimes I Feel Like a Motherless Child - Odetta

Billie Holiday, la sublime Lady Day, est la dernière des chanteuses que Nina van Horn fait entrer dans son panthéon du Blues. Cette chanteuse qui mourut rongée par la drogue et l'alcool a eu de belles heures. Des fleurs dans les cheveux, elle a triomphé aux USA mais surtout en Europe où l'apartheid n'existait pas. Extrême dans ses amours, avec sa mère ou ses époux, vivant dans le rapport de force et la soumission, elle incarne la diva noire à qui l'on pourrait tout pardonner juste pour l'entendre chanter encore un titre, surtout si c'est une "protest song" et qu'elle y crache ses tripes.
Strange Fruit - Billie Holiday

Des juke joints (cabanes à musique pour ouvriers dans les campagnes) où le Moonshine (alcool frelaté et mortel) coule à flots aux scènes new-yorkaises, ces chanteuses savaient se faire entendre. L'enthousiasme de Nina van Horn est contagieux. Si elle abuse, à mon goût, des majuscules et de la ponctuation exclamative, elle sait partager sa passion et sa tendresse pour ces femmes de la scène Blues. Certaines expressions semblent des invocations, comme des appels à la mansuétude de divinités anciennes ou à la bénédiction de diablesses. "Le Blues... La musique du Diable ? ... Diablement humain !" (p. 222)

Le paratexte constitue une part important du livre. Les photographies sont des archives précieuses qui renseignent sur une situation économique en crise mais sont aussi des moments de gloire capturés par l'objectif : on y voit les femmes rayonnantes et sublimes sur scène. Les pochettes de disque et les affiches sont les reliques précieuses d'un âge d'or musical qui se perd.

En attendant d'écouter le CD éponyme produit par Nina van Horn et qui reproduit les titres qu'elle cite dans le livre, je vous invite à savourer ceux qui figurent ici. Je ne me lasse de ces voix puissantes et des accompagnements musicaux qui nous replongent dans des époques troubles, où se croisent les bootleggers, les policiers véreux et les putes au grand coeur. Je regarderai bien un film de vrais gangsters ce soir, avec des pistolets mitrailleurs et leurs réservoirs camembert, des complets trois pièces sur guêtres immaculées et des borsalinos posés sur des regards roublards !

Merci à Blogobook et aux éditions Société des écrivains de m'avoir offert ce livre.

Lien : http://lililectrice.canalblo..
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Hommage aux femmes du Blues

« En levant le voile sur leur passé, j'ai également découvert qu'elles étaient les seules à décrire ce qu'elles voyaient autour d'elles, elles abordaient l'homosexualité féminine, le racisme, les grandes maladies qui décimèrent plus d'un musicien et les ravages de la drogue… et quand elles chantaient l'amour, c'était pour dire combien il était difficile de rencontrer un homme bien qui ne leur prendrait pas leur argent, ne les battrait pas quand il rentrerait saoul. Ou bien elles plongeraient à fond dans cet univers corrompue et lascif en chantant des chansons aux limites de la bienséance, se moquant de ces hommes qui »payaient » pour une étreinte toujours feinte ! »

Dans les années vingt, aux États-Unis « la vie et la musique de ces bluesmen noirs étaient influencées et dominées par la discrimination raciale. Ces musiciens ne pouvaient pas loger dans les hôtels où ils donnaient leurs concerts, ils leur était même interdit de boire dans les clubs où ils jouaient ; on passait leurs disques dans des endroits auxquels l'accès leur était refusé ». Et cela était aussi vrai pour les femmes musiciennes et chanteuses.

Au fil des pages, vous découvrirez les « Juke Joints », les « Gin Mills », Alberta Hunter (« Je suis peut-être aussi brune qu'une mûre – Mais c'est seulement secondaire – Vous ne verrez pas la différence dans le noir »), Victoria Spivey, Memphis Minnie, Lil Green, Ma Rainey (« Alors s'ils disent que je le fais mais personne ne m'a jamais prise sur le fait – Alors prouvez le moi ! »), Georgia White, Mildred Bailey, Bessie Smith, Kate Mc Tell, Sister Rosetta Tharpe, Odetta, Billie Holiday.

« Southern trees bear strange fruit,
Blood on the leaves and blood at the root,
Black bodies swinging in the southern breeze,
Strange fruit handing from the poplar trees »

Un voyage au pays de la ségrégation raciale pour découvrir cet autre versant de la musique, ces femmes du Blues. Richement illustré de photos. « le Blues… La musique du diable ?… Diablement humain ! »
Lien : http://entreleslignesentrele..
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Ce livre est écrit par une passionnée, qui nous raconte la vie de douze femmes d'exception. Je pense que le livre aurait été très différent s'il n'avait pas été écrit par une femme qui chante et qui, par conséquent, comprend parfaitement ce que ces femmes ont pu ressentir.
Douze femmes unies par leur passion de la musique, douze destins très différents. Parmi elles, je n'en connaissais que deux : Bessie Smith, dont le destin avait profondément choqué Janis Joplin et Billie Holiday. Laissez-moi vous présenter les autres : Alberta Hunter, Victoria Spivey, Memphis Minnie, Lil Green, Ma Rainey, Georgia White, Mildred Bailey, Kate McTell, Sister Rosetta Tharpe, et Odetta. Dès leur plus jeune âge, elles ont ressenti le besoin de chanter. Elles ont parfois pris la route très tôt, quittant leur famille parce que leur quotidien était difficile (pour ne pas dire plus). Elles n'ont pas eu peur d'aborder des thèmes tels que l'alcoolisme, la prostitution et l'homosexualité féminine, de manière détournée, bien sûr : la censure veillait, les rumeurs couraient et elles eurent le courage d'y répondre avec talent.
Les deux premiers chapitres retracent l'histoire des Etats-Unis pendant les années qui virent l'émergence du blues. Ils sont indispensables pour comprendre la situation économique et le racisme d'état. Au fil des douze chapitres suivants, il fera fréquemment irruption : impossible de chanter dans la même salle que les blancs, de loger dans le même hôtel en tournée, impossible d'être soignée dans le même hôpital.
Chaque chapitre a la même structure : il ne se contente pas de nous raconter, la vie et la carrière de la chanteuse, il l'illustre par des documents d'époque (photos, pochettes de disque, affiches de tournées; timbres) ou plus récents et se termine par le texte d‘une chanson. J'ai une tendresse particulière pour les dernières photos sur scène d'Alberta Hunter ou de Victoria Spivey. Plus sombre, leurs sépultures sont parfois photographiées. Elles sont le témoignage de leurs admirateurs mais, pour certaines, de la brièveté de leur existence. Lil Green est morte à 35 ans d‘une pneumonie, Mildred Bailey, Bessie Smith et Billie Holiday mourront au milieu de la quarantaine, Ma Rainey avait 54 ans quand elle s'est éteinte.
Nina van Horn a choisi le texte qui était le plus représentatif de l'art de la chanteuse. Pour Billie Holiday, Strange fruits s'imposait. Les autres textes ne sont pas en reste et détonnent par leur engagement ou par la manière dont-elles dépeignent une époque. Je pense à God don't like it de Kate McTell, qui dépeint les ravages de l'alcoolisme. Cette chanteuse est sans doute la moins connue de toutes car après son divorce, elle a cessé de chanter et mené une paisible vie de famille. Elle seule a mis fin définitivement à sa carrière car en dépit de pause, volontaire (prendre soin d'un membre de sa famille) ou non, toutes les chanteuses évoquées ont repris leur carrière envers et contre tout, parce que rien ne pouvait remplacer le fait de chanter sur scène.
Je n'aurai qu'un bémol à apporter : les coquilles ont gêné ma lecture. Ce sont essentiellement des erreurs d'accentuation (a/à, où/ou) qui nuisaient vraiment à ces textes enthousiastes.
J'espère sincèrement que ce livre aura une suite et nous permettra de découvrir d'autres chanteuses
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
En levant le voile sur leur passé, j’ai également découvert qu’elles étaient les seules à décrire ce qu’elles voyaient autour d’elles, elles abordaient l’homosexualité féminine, le racisme, les grandes maladies qui décimèrent plus d’un musicien et les ravages de la drogue… et quand elles chantaient l’amour, c’était pour dire combien il était difficile de rencontrer un homme bien qui ne leur prendrait pas leur argent, ne les battrait pas quand il rentrerait saoul. Ou bien elles plongeraient à fond dans cet univers corrompue et lascif en chantant des chansons aux limites de la bienséance, se moquant de ces hommes qui »payaient » pour une étreinte toujours feinte !
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"Au-delà de leurs connaissances musicales réduites, elles vont surtout décrire ce qu'elles vivent elles-mêmes et nous laisser un héritage non seulement musical mais surtout humain sur cette humble époque." (p. 21)

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Victoria Spivey "va contribuer à donner sa forme actuelle au Blues en rajoutant une mesure qui permet de doubler la mélodie, mesure de quatre temps conduisant à la constitution traditionnelle de douze mesures." (p. 47)
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Victoria Spivey, à propos du Blues : " The Blues is life et life is the blues. It covers from the first cry of a newborn to the last gap of a dying man. It's the very existence." (p. 56)

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la vie et la musique de ces bluesmen noirs étaient influencées et dominées par la discrimination raciale. Ces musiciens ne pouvaient pas loger dans les hôtels où ils donnaient leurs concerts, ils leur était même interdit de boire dans les clubs où ils jouaient ; on passait leurs disques dans des endroits auxquels l’accès leur était refusé
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