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Françoise Serph (Traducteur)
EAN : 9782070314850
304 pages
Gallimard (09/11/2005)
3.86/5   75 notes
Résumé :
Fabuleux est le prix offert au gagnant du concours théâtral organisé par le nouveau souverain du Soyvanesse.
Garth Ashgale aurait aimé éliminer Apollon Zamp de la compétition, mais celui-ci a plus d'un tour dans son sac et c'est à lui que l'envoyé du roi donne le sauf-conduit nécessaire pour aller au festival. Mais où trouver un bateau ? Par suite d'une ruse d'Ashgale, l'Enchantement de Miraldra brûle et la troupe rescapée se débande. Seule reste avec Z... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Une longue lecture agréable sur un monde immense arpenté par une troupe de comédiens de théâtre. Cette troupe suit des fleuves immenses eux aussi .Des fleuves qui bordent des territoires et des villes de rêve étrangères à la terre comme étrangères, les unes aux autres.
C'est la planète géante au niveau univers (pas étonnant puisque c'est un cycle) et c'est ,comme souvent chez Vance ,une bonne lecture adulte ouverte à un public plus jeune.
Ces pages font une ballade où le théâtre permet d'aborder des thèmes variés plus ou moins merveilleux (toujours rationnels cependant), humains ou encore politiques. Des thèmes qui peuvent faire rire ou bien faire pleurer ,en étant questionnant ,voir en étant subversifs aussi ,à l'occasion : bref , du Théâtre.
Je ne vais pas enfoncer une porte ouverte et vous dire que Vance sait écrire .Mais il y a quand même des phrases grandioses dans ce texte, qui évoque l'univers somptueux et lointain de ce monde aux kilomètres à parcourir inépuisables.
Il y a évidemment ici une dynamique en rapport avec le thème du voyage ,mais aussi et plus précisément en rapport avec la thématique de la route ,qui en est une variante plus métaphysique.
Les lieux de ce monde portent souvent des noms qui réveillent les neurones , comme par exemple : La baie des conjectures.
Ce n'est pas tout à fait une ballade sur un fleuve tranquille. le lecteur savoure la tranquillité de la ballade perpétuelle, mais à certains moments les péripéties s'animent et se percutent.
Donc un récit long, il faut aimer y perdre son temps et voyager passivement la balade en regardant par la fenêtre et savourer les étapes à chaque nouvelle station . C'est un peu finalement comme par exemple de traverser le Canada d'une traite ,en bus (sourires) .
Une lecture agréable qui nécessite une certaine endurance et un certain goût pour le « Rien « qui peut lasser , comme faire croire à l'incroyable ( sourires encore).Ceci en fonction de l'humeur et des centres d'intérêts du lecteur.
J'ai vraiment bien aimé mais ça m'a gonflé par moment. Un grand moment d'univers à mon humble avis misérable et prétentieux .
Jack Vance fût vraiment un véritable marin.
Je le mentionne comme ça , en passant …
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Ah Jack, j'adore quand tu écris comme ça !

Quelle bonne idée as-tu eu de reprendre ton concept de planète géante des années après l'avoir testé – quelque peu médiocrement selon moi – dans ton roman éponyme La Planète Géante. Car si ton histoire n'était pas des meilleures, le contexte et le décor offrait des possibilités infinies.
Qu'on en juge ! Cette planète qui orbite autour du soleil Phèdre a un diamètre un peu plus de trois fois supérieur à celui de la Terre, ce qui implique une surface a minima (donc sans compter le relief) environ dix fois supérieure. de plus cette planète est quasiment dépourvue de métal, limitant la technologie à un niveau préindustriel. Enfin, il faut savoir que l'Aire Gaiane a décrété que la planète géante était une « zone d'expérimentation » où toutes les frénésies et élucubrations de l'humanité avaient droit de voir le jour.
De quoi jouer avec moult civilisations bizarres autant qu'étranges dans l'impossibilité de communiquer entre elles. On se demande pourquoi tu t'es contenté de deux romans seulement, Jack.

Avec les Baladins, c'est finalement tout l'esprit de Cugel l'Astucieux de ta Terre Mourante que tu injectes sur la Planète Géante. Ton Apollon Zamp est définitivement le frère en psychologie de Cugel. Il est aussi roublard et avide que lui, aussi dénué de scrupules, prêt à tous les coups pendables, beau parleur et amateur de bonne chère et de bonne chair. Et ses adversaires et alliés d'un temps qui lui donnent la réplique le valent bien. Tout ton petit monde échange des réparties frappantes en toute diplomatie en se préoccupant peu de l'opinion d'autrui. Cela a une saveur de farce tout en retenue et ça fait du bien.

Mais avec les baladins, tu laisses l'univers de la magie pour celui du théâtre et c'est carrément original. Tu places ton action de long de la vallée du fleuve Vissel que montent et descendent les bateaux-théâtre pour apporter à des sociétés à la morale quelque peu exotique et souvent périlleuse le trésor ineffable de la culture et les plaisirs simples du divertissement. Ton cher Zamp dirige un de ces bateaux, et des déconvenues mal anticipées vont l'obliger à s'associer avec Throdorus Gassoon, conservateur de musée de son état, mécène malgré lui et dépoussiéreur d'une vieille pièce de l'antique Terre qui pourrait bien permettre à Zamp de gagner le concours dramatique de Mornune : Macbeth.
Les deux caractères sont comme le positif et le négatif de la pile électrique : mis en contact, ils font des étincelles mais créent de l'énergie. Autant Zamp n'hésite pas à sabrer dans le texte et à intégrer de menus effets musicaux voire érotiques, autant Gassoon est le Gardien de l'orthodoxie et se refuse à changer la moindre virgule. Mais tous deux devront faire des efforts car les spectateurs aux moeurs curieuses ont vite fait de prendre la mouche pour une réplique anodine.
Les deux hommes sont aussi rivaux pour les charmes de la seule et unique femme de ton récit, Jack. J'ai nommé la belle Blanche-Aster. Et comme souvent, tu la soignes, ta belle ; dans le genre il est même particulièrement réussi : une femme bien mystérieuse aux desseins bien fixés – dont on ne connaîtra le fin mot qu'à la fin – et à la libido frôlant le zéro absolu, si froid que l'air impulsé par les paroles courtoises des deux paons lui-même gèle avant de l'atteindre. Tu aimes bien montrer des femmes inaccessibles et frigides, hein Jack. A se demander si tu as eu des problèmes avec la gent féminine dans ta vie…

Mais, baste ! Ton récit malicieux et drôle, tes personnages hauts en couleur et ton talent nous accompagne avec plaisir le long de la Vissel jusqu'à un dénouement inattendu de toute beauté, suivi d'un épilogue montrant la fragilité du pouvoir peu surprenant quand on te connait.

Une sacrée représentation, Jack ! Bis ! Bis !
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Un excellent second épisode surl'exotique Planète Géante. C'est du très bon Jack Vance, comme on l'aime.
Le roman s'apparente beaucoup à une histoire de piraterie mais sans les armes et les batailles puisqu'il s'agit ici uniquement de bâteaux-théâtres. Mais pour le reste tout y est.

On suit le périple d'un capitaine qui n'a pas la langue dans sa poche et qui ne manque jamais d'une bonne touche d'humour et de dérision. Il va croiser sur sa route quelques beaux spécimens d'autochtones et de concurrents. Les dialogues sont souvent délicieux, et aucune longueur n'est à dénoter.
Vance rend un bel hommage à Shakespeare en s'attaquant avec légèreté et drôlerie à son MacBeth.

Le tout est simple, efficace et convie au voyage. le côté rusé et filou du héros le rend extrêmement charismatique et on se délecte à lui tenir compagnie dans ses déboires et mésaventures.

Toutefois, j'ai trouvé dommage la redondance dans le scénario pendant la deuxième partie du livre, à savoir la répétition d'escales et les surprises rencontrées à chaque fois. Cela manque de changements de schéma à mon goût. de plus, j'ai trouvé la fin trop vite expédiée. On est agréablement pris dans un bel élan, et subitement on a l'impression d'être abandonné en quelques pages concluant vite fait bien fait l'intrigue et le sort de chacun.

Mais ça n'enlève en rien l'excellent moment de lecture que j'ai passé.
A regretter qu'il n'ait pas écrit encore un autre pan de la vie sur La Planète Géante.
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Challenge Jack Vance : épisode 2

Apollon Zamp est un metteur en scène qui officie sur la Planète Géante en tant que capitaine du navire-théâtre L'Enchantement de Miraldra qui descend ou remonte le fleuve Vissel et ses affluents. Il offre ainsi aux différentes contrées traversées des spectacles de hautes volées telles que « L'Ogre impétueux et les sept vierges lascives »… mdr
Pour rappel, la Planète Géante est un exoplanète dont le diamètre est plus de trois fois celui de notre bonne vieille Terre, mais en raison de la faiblesse en éléments métallique de son noyau, elle présente une gravité similaire. du coup la rareté des métaux a obligé les habitants à revenir à un niveau technologique pré Révolution Industrielle, du coup le worldbuilding oscille entre science-fiction et fantasy, les métaux étant la richesse la plus recherchée des locaux et la base de toutes les économies locales.
Jack Vance nous montre les relations pas toujours faciles entre le capitaine et son équipage d'artistes, et sa longue rivalité avec Garth Ashgale, propriétaire du navire-théâtre La Vanité d'Or de Fironzelle (googletrad, si qqn a le livre sous la main, je suis preneur de l'intitulé exact ^^).
Pourquoi des bateaux-théâtres ? Pour pouvoir fuir plus vite si le spectacle heurte la sensibilité des indigènes … Les gradins sont conçus de telle sorte que les spectateurs trop agités sont éjectés dans l'eau en cas de problème, alors même que la configuration des lieux empêche les resquilleurs de rentrer et les blaser de sortir.


3 événements font bouleverser le train-train quotidien de notre expert en divertissements populaires :
- l'apparition de la belle, froide et mystérieuse Demoiselle Tatwiga Berjadre Ilkin al Marilszippor cam Zatafoy dal Tossfleur cam Ysandra dal Attikonitsa al Blanche-Aster Wittendore, appelée plus simplement Demoiselle Blanche-Aster… qui demande à intégrer la troupe et qui passera le plus clair de son temps à repousser les avances bellâtres ou érotomanes d'Apollon Zamp…
- l'invitation du roi de Soyvanesse qui le convie lui et quelques élus à un concours théâtral dans sa ville de Mornune en amont du fleuve Vissel, qui promet au vainqueur fortune et gloire !
- la perte de son bateau-théâtre et d'une partie de sa troupe dans un énième traquenard tendu par son rival de toujours Garth Ashgale…
Foutu pour foutu, Apollon Zamp accepte la proposition de Blanche-Aster : s'associer avec le capitaine du bateau-musée Throdorus Gassoon, qui souhaite réorienter la politique artistique de la troupe vers le mieux-disant culturel en jouant des classiques de l'Ancienne Terre : on hésite entre "Le H.M.S. Pinafore" d'Arthur Sullivan et W. S. Gilber,"Le Paradis perdu" de Milton et "Critique de la raison pure" par Emmanuel Kant et, mais le choix final se porte sur le "Macbeth" de ce bon vieux Shakespeare !


C'est un beau voyage qui emprunte aux passages consacrés à la troupe théâtrale Royal Nonesuch dans les Aventures d'Huckleberry Finn (oui, mine de rien il y a beaucoup de Mark Twain chez Jack Vance ^^). Tout cela est un peu répétitif certes : 1 nouvelle destination, 1 nouvelle représentation, de nouveaux problèmes qui le plus souvent se résolvent avec une nouvelle fuite… Mais on retrouve aussi avec bonheur les descriptions baroques et colorées de l'auteur, ainsi que les personnages roublards et hauts en couleurs… (Très importants les couleurs chez Jack Vance… ^^). le fantasque et bouillant Apollon Zamp, le passionné mais rêveur Throdorus Gasson, le froide et réservée Blanche-Aster attirent la sympathie. Et puis tout est joliment construit autour du thème du théâtre :
- twists vaudevillesques avec triangle amoureux bidon et déclarations de flamme sortant de nulle part
- discours grandiloquents au possible
- comique de répétition
- deus ex machina



Malheureusement j'ai jugée la fin bien ratée !


A son habitude l'auteur continue par petites touches ses satires socio-économiques : relations employés / employeurs (caméra café chez les artistes ^^), délinquance financière (aujourd'hui appelée « optimisation fiscale » pour préparer le terrain à une dépénalisation voire une légalisation sous couvert de la pensée unique du « renard libre dans le poulailler libre »), filouterie d'en bas, voyoucratie d'en haut, bureaucratie castratrice, libéralisme anarchique rétablissant la loi du plus fort…


L'oeuvre a grandement influencé "The Wizard of Karres" de Mercedes Lackey, Eric Flint et Dave Freer, mais j'ai aussi noté que Scott Lynch avait recyclé pas mal des péripéties de cette histoire pour son 3e roman intitulé "La République des voleurs". Mais à ma connaissance, ce qui a le mieux rendu hommage aux "Baladins de la planète géante", c'est le tome 2 des "Naufragés d'Ythaq" où Maître Zompär et Pharlong-Oeil-Torne remplacent Apollon Zamp et Garth Ashgale. (J'ai toujours dit qu'il y avait du Jack Vance chez Arleston… ^^)


PS: les connaisseurs de Jack Vance auront remarqué l'apparition d'un nom appelé à un grand avenir... Shimrod ! blink
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Sur le fleuve Vissel naviguent des troupes itinérantes, faisant escale de village en village pour jouer des pièces de théâtre ou amuser les spectateurs avec des farces. Apollon Zamp, patron du bateau L'Enchantement de Miraldra, est l'un des meilleurs et rivalise continuellement avec Garth Ashdale. Tous deux cherchent à être la troupe sélectionnée dans sa région pour avoir le droit de participer au grand concours de Mormune, où le vainqueur gagnera l'anoblissement et la richesse… Mais voilà, ils sont tous deux retors sous des dehors diplomates, et chacun est persuadé de sa supériorité artistique et de la vulgarité des pièces de son concurrent…

Zamp subira heurs et malheurs, et rencontrera lors de son périple Throdorus Gassom, directeur de musée encore plus fier et convaincu de sa culture voire un peu fat, ainsi que Dame Blanche-Aster, belle jeune femme distante et mystérieuse, intelligente et un brin manipulatrice. En réalité, dans ce microcosme de baladins, tout le monde est un peu roublard, tout le monde cherche à doubler l'autre. Il est souvent divertissant de lire entre les lignes des conversations qui sont pleines de sous-entendus, et où les protagonistes mentent et insinuent que l'autre ment aussi… Et personne n'est dupe, les tromperies et les coups bas sont nombreux !

L'écriture est plus mature que les autres romans de l'auteur que j'ai lu jusqu'ici. Les personnages, hauts en couleur, sont beaucoup plus approfondis et réalistes dans leurs défauts si humains sous des airs théâtraux plutôt amusants, l'atmosphère est parfaitement évoquée au détour d'une phrase, et les retournements de situations sont fréquents. le plaisir de lecture est d'autant plus grand. Et comme nous sommes chez Jack Vance, chaque ville ou village traversé a ses coutumes et ses tabous que les baladins transgressent régulièrement sans le savoir, les obligeant à fuir précipitamment. le comique de situation est présent maintes fois dans cet ouvrage, contribuant à donner un ton pittoresque à ce voyage qui se déroule dans des décors et des paysages fruits de l'imagination débordante de l'auteur.

Dans ce contexte de comédie truculente, l'auteur n'hésite pas à se faire chamailler (il n'y a parfois pas d'autres mots) les protagonistes pour savoir quel type de pièce présenter, entre la farce qui attire le tout-venant, et la pièce classique qui élève les esprits mais est moins commerciale. Question récurrente pour toute personne qui aimerait promouvoir la culture !

Ce roman fait « suite » à La Planète Géante, qui m'avait laissé un sentiment mitigé. En réalité, Les Baladins raconte une histoire indépendante. L'auteur publie en guise de prologue un « extrait du guide des planètes habitées » qui lui permet de rappeler ce qu'il faut savoir sur la planète. Il n'est donc pas nécessaire d'avoir lu le premier roman pour apprécier Les Baladins, et c'est tant mieux car tous les éléments sont meilleurs : les personnages, la région traversée, et l'intrigue pleine de rebondissements, dans une atmosphère théâtrale au propre comme au figuré.

Un très bon Jack Vance !

Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
- Pour le plaisir et l'appréciation de Sa Gracieuse Majesté le roi Waldernar et des nobles citoyens de Soyvanesse, nous avons choisi d'illustrer un cycle de récits appartenant au deuxième livre du Mythe rhiatique. Notre symbologie suit les préceptes de Phrygius Maestor, notre musique épouse le Mode quart, comme beaucoup d'entre vous le reconnaîtront. Écoutez donc le Premier accord qui ordonne le Chaos des commencements.
Il fit un geste de la main ; d'une source invisible monta un murmure qui grandit lentement pour devenir une splendide sonorité frémissante composée de nombreux timbres. Les rideaux s'écartèrent, laissant apparaître un paysage de ruines colossales, illuminées par trois soleils : pourpre, vert pâle et blanc. Des ruines surgirent, l'un derrière l'autre, hommes et femmes d'une grande beauté que vêtait une bande-culotte violette et des voiles blancs. Au son de luths, de tambourins et de hautbois, ils exécutèrent un ballet compassé, hiératique. Un gong retentit : des êtres mi-humains, couverts d'écailles vertes, à tête de basilic, fondirent du ciel pour terrasser hommes et femmes et leur arracher la langue. Les créatures vertes exécutèrent en paradant une pavane de triomphe, qui se transforma en trépignements frénétiques, pendant lesquels les soleils changèrent de couleur, devenant rouge, orange et noir. Un grêle tintement de cloches interrompit la musique ; une pluie d'étincelles blanches s'abattit sur les créatures qui se recroquevillèrent et explosèrent en bouffées de vapeur. Hommes et femmes resurgirent, porteurs de disques noirs de leur taille, avec lesquels ils décrivirent des révolutions. L'éclairage de scène commença à diminuer ; les danseurs se rapprochèrent avec leurs accessoires qu'ils superposèrent, disparaissant derrière, jusqu'à ce qu'un seul disque occupe le centre de la scène. Il pivota sur sa tranche ; tous ceux qu'il masquait avaient disparu au moment où le noir se faisait.
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Une ville bien fortifiée face aux raids des Basiliques mandarnans et des tribus des autres nations de Tinsitala. Garken est un terminus de caravanes, un entrepôt et un grand marché pour les minéraux, les huiles, les esclaves, les bois précieux, tes verreries de Lanteen, les instruments de musique de Coble, les baumes de Beynary, le fluide d'immortalité mandaman, les grenats de Szegedy et des douzaines d'autres produits. Le marché de Garken est un spectacle on ne peut plus coloré et stimulant où des fortunes en marchandises s'échangent d'un clin d'œil, d'un hochement de tête ou d'un battement de doigt.
Le Syndicat des marchands entretient une police efficace encore que rigoureuse, qui assure une oasis de tranquillité presque irréelle. On ne trouve à Garken ni bandits, ni voleurs, ni voyous querelleurs ; ils sont capturés dès qu'ils se manifestent et on s'en occupe de façon définitive. C'est pourquoi Garken est un havre pour les hommes justes et honnêtes ; en aucune circonstance, ne vous risquez à des tractations illicites, escroqueries, actes d'obscénité ou de violence, à moins que vous n'ayez perdu tout goût pour la vie.
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- Maître Zamp, dominez-vous, je vous en prie ; vous devenez sentimental.
- Sentimental ? Je suis fou de passion. Mon cerveau est comme le palais des miroirs du Prisme de Verre ; de toutes les directions votre visage me regarde. Je brûle, je souffre, je languis d'ardeur ! Je ne pense qu'à votre suprême beauté !
Demoiselle Blanche-Aster éclata de rire.
- Maître Zamp, vous devenez vraiment absurde.
- C'est vous qui êtes absurde Comment pouvez-vous être si froide ? Comparée à vous, une statue de Sainte Imola sculptée dans la glace est une écervelée.
Elle se libéra de son étreinte.
- Quelle remarquable doctrine ! J'existerais seulement pour satisfaire vos désirs ? Et parce que je n'y tiens pas, l'univers devrait être considéré comme insensé ?
- C'est plus que du désir ! C'est de l'enchantement, de l'émerveillement, de la terreur...
En dépit de son affectation d'indifférence, elle fut surprise.
- De la terreur ?
- La terreur de ce jour qui viendra inévitablement, même si c'est dans cent ans d'ici, où je vous verrai pour la dernière fois. Je ne suis heureux qu'en votre présence ; je vous adore En fait, oui Je suis prêt à vous épouser pour de bon
- Je crains, maître Zamp, que vous ne soyez victime de votre imagination exaltée.
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Debout au milieu de la cabine, il regarda autour de lui, à demi aveuglé par le chagrin et la fureur. Tout ici lui était cher : manuscrits, masques, souvenirs, témoignages d'estime, trophées, ses meubles sculptés et son beau tapis bleu ; son coffre-fort... Il fouilla sa commode et trouva une sacoche de cuir souple dans laquelle il mit tout son fer : cinq livres ou plus. Quoi encore ? Il ne pouvait rien emporter d'autre ; tout devait brûler. Un jour, il posséderait un autre navire, le plus beau du fleuve ; il ne voulait pas de souvenirs tristes, rien qui lui rappelle le vieil Enchantement de Miraldra, sauf peut-être la tête de Garth Ashgale naturalisée, montée sur une plaque comme les trophées de chasse... li avait failli oublier ses bijoux ! Il se dirigea vers sa coiffeuse et transféra dans sa poche le contenu de son coffret : une boucle de ceinture en galène ornée de topazes, un bracelet d'or incrusté de clous de fer et d'améthystes, une chaîne d'argent et un gros cabochon de péridot, une boucle d'oreille d'émeraude, la tablette d'argent qui l'invitait au Festival de Mornune, un assemblage de bâtonnets de fer qu'il portait en général accroché au côté de son béret de velours noir d'où les bâtonnets pendillaient en tintinnabulant : tous dans sa poche ; et le temps manquait pour faire plus.
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Les œuvres auxquelles je fais allusion exigent beaucoup de ceux qui les apprécient. Les métaphores englobent parfois deux ou trois abstractions ; les harangues s'adressent à des entités inconnues ; le langage est archaïque, ambigu... Néanmoins, de ces œuvres s'exhale une ferveur singulière. (Il s'adossa et secoua avec irritation sa crinière blanche.) Je me suis souvent posé ces questions qui n'ont pas de réponse. L'art est-il absolu ? Ou dépend-il d'une civilisation particulière à un moment donné ? Peut-être qu'au fond cela revient à se demander si la perception esthétique arrive par le canal du cœur ou par celui du cerveau. Comme vous devez l'avoir remarqué, j'incline à adopter le point de vue romantique... Mais un art intellectuel requiert un public intellectuel. Cela au moins doit être tenu pour établi.
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Vidéo de Jack Vance
Extrait du livre audio « Madouc, Lyonesse, T3 » de Jack Vance, traduit par E.C.L Meistermann et Pierre-Paul Durastanti, lu par Marvin Schlick. Parution numérique le 30 août 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/madouc-9791035410391/
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