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3,56

sur 396 notes
Voilà une expérience de lecture incroyablement immersive !
Sans préliminaire, te voilà plongé direct dans un univers dystopique aux frontières de la SF, dans la Zone X, mystérieuse, en expansion, aux côtés de quatre femmes scientifiques ( une biologiste, une psychologue hypnotiseuse, une anthropologue et une géomètre ) , douzième expédition dont la mission est de cartographier la Zone X et y survivre, après onze expéditions soldées par des suicides, meurtres, cancers foudroyants et troubles mentaux.
Tu n'en sais pas plus et n'en sauras guère plus à la fin car ce n'est que le premier tome d'une trilogie.

Tout est déroutant dans ce roman, un peu comme si tu foulais en pionnier le sol d'une planète inconnue dans laquelle le danger est permanent et où rien ne ressemble à ce que tu connais.
Dès le départ, tu sens une présence suivre l'expédition. le lecteur n'est pas omniscient et n'a jamais une longueur d'avance sur la narratrice, la biologiste, il avance à petit pas, explore cette nature sauvage où tout est surprenant : la faune, la flore, les formes de vie, l'architecture qui y surgit au point que tu peux confondre une tour d'un tunnel, et une créature invisible qui gémit.

L'auteur a un vrai talent pour créer une ambiance anxiogène aux confins de la paranoïa, réussissant à préserver le mystère durant tout le roman, au point que le récit se mue progressivement en quasi thriller psychologique dans laquelle la biologiste ( elle n'a pas de prénom ni de nom ) cherche à comprendre coûte que coûte cette Zone X qui menace la planète.
Etonnante héroïne, très froide, qui semble gagner en sérénité à mesure que s'approche la menace jusqu'à la confrontation finale, comme si être là face à sa soi-même en mode survie l'a poussée à l'introspection et se faire confiance.
Le deuxième tome "autorité" m'attend !

Lu dans le cadre du Club de lecture virtuel janvier 2019 «  sortir de sa zone de confort » du blog http://deslivresetmoi7.blogspot.com/
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Un univers de qualité mais excessivement gonflant.
L'univers de annihilation est très bien formé, cependant , en pratique , l'auteur patine occasionnellement à vide et le cadre du roman en prend un coup dans les carreaux dans ces moment-là.
La zone X est une zone délabrée et fantasque qui s'étend inéluctablement et c'est donc un peu comme dans La foret de cristal de Ballard : la chronique d'une apocalypse annoncée.
Comme zone X démente et en extension, je préfère La Démence que l'on croise dans notre trésor national : La trilogie de l'autoroute sauvage.
L'univers de ce premier tome Annihilation , possède une présence très forte et une consistance paradoxalement aussi solide que élusive de toute portée pratique. Les personnages ,surtout celui (celle) qui mène la parole est sur un mode première personne légèrement limitée.
Ce détail donne au texte une efficace consistance psychologique. le propos s'écoule avec régularité et le sens se formule au rythme de fréquents soliloques intérieurs, de dialogues méticuleusement restitués et commentés avec des descriptions environnementales nombreuses qui sont rationnelles ou non rationnelles ou bien encore les deux.
C'est un travail d'écriture solide et intéressant mais totalement dénué à mon humble avis, de finalité et de sens pratique autre que la narration réussie d'un Delirium possiblement Tremens .
Ce qui fait que l'existence de cette zone X est un peu pour le lecteur plus une croyance que une réalité. Je veux dire que de facto ce récit m'a fait l'effet d'être la narration d'une bouffée délirante très imaginative et très pathologique.
Cette lecture ma replongé dans l'époque où je travaillais en CMPP , et où je passais mes journées à composer avec une série d'univers tout aussi délirants et pourtant plus réalistes que les pages équivoques de ce roman.
Cela est gonflant parce que on passe son temps non à savourer quoique ce soit mais on le passe à décortiquer le narratif délirant de personnages qui font l'effet d'être en crise dé-compensatoire ,animés de bouffées délirantes débordantes et trop invasives pour être gérables par les personnages eux-mêmes comme par le lecteur.
Ce texte a un problème majeur ,Il n'y dedans ,strictement aucune gestion du réel et donc on y trouve autant de réalisme et de repères et d'ordre ,que dans un poulailler frappé par la panique.
Bref et hélas, un suspens qui ne fonctionne pas car le réel de cet univers est noyé dans une équivoque permanente , un caractère potentiellement anxiogène qui lasse et qui échoue , un réel qui tient plus d'un mirage délirant sans portée pratique et qui semble n'être rien d'autre qu'une folie en action et en roues libres.
Je suis totalement Nébuleux , euh pardon , Nébula ,je veux dire.
Et pi sé tout !
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Les personnages:

Fait assez troublant: elles ne portent pas de noms et seront seulement identifiées selon leurs professions. Il y a donc une psychologue, une linguiste, une géomètre et enfin une biologiste (qui donnera son ressenti de l'expédition sous forme de journal.) L'auteur choisit de les faire très peu interagir, et ne cherche pas à développer une osmose de groupe, plutôt même le contraire, d'ailleurs…Ce qui rend un rendu très détaché et presque dénué d'émotions humaines, même avec la biologiste, il est très difficile de s'attacher à son sort…C'est un pari risqué, mais bien intéressant…

Ce que j'ai ressenti:…Une première approche de la Zone X…

"C'est ainsi que la folie du monde essaie de vous coloniser : de l'extérieur, en vous forçant à vivre dans sa réalité."

Il est quelques fois possible qu'un simple lieu puisse vous saisir par son atmosphère étrange…La zone X est une présence mystérieuse, envoûtante, effrayante qui n'est pas prête de vous livrer ses secrets. Elle vole à elle seule, toute la magie des personnages pour se faire maître des lieux et troubler tous vos sens…Ile perdue, Frontière floue, Faune et Flore luxuriante, elle a les atouts pour camoufler son aura sauvage et dangereuse…C'est à mon avis le gros point fort de ce premier tome de la Trilogie du Rempart Sud, il me tarde vraiment de pouvoir en lire la suite, car à la fin de cette lecture, le mystère reste entier, et les réponses à nos questions ne trouvent pas satisfaction…Mais il n'en reste pas moins qu'il nous reste cette ambiance oppressante, cette montée progressive de peur ancestrale qui te taraude, y compris une fois le livre refermé…

"Connaître aussi intimement la signification des mots pouvait être trop pesant pour n'importe qui, je m'en aperçois, maintenant."

Même si j'admire l'originalité de Annihilation, il semblerait que je n'ai pas toujours été en symbiose avec cette lecture. Je pense que c'est dû à la forme du texte: il manque d'aération dans les chapitres et il y a eu comme de grosses longueurs qui restent encore opaques et des flash-backs qui s'enchaînent au récit sans transition. Ce qui fait que cette lecture n'est pas vraiment fluide, et déjà qu'il faut appréhender un nouveau lieu, un univers bien teinté de SF: j'aurai aimé, pour totalement être sous le charme, une structure plus nette.

"La mort, je commençais à le comprendre, n'était pas la même des deux côtés de la frontière."

Comme je le disais, il n'en reste pas moins que j'ai hâte de retrouver les petits secrets que referment cette zone X avec cet entremêlement de mots et de verdure, d'illuminer les zones d'ombres de la tour, de soulever un peu les roseaux pour découvrir la bête, de creuser un peu du côté du Rempart voir quel genre de violence il pourrait déclencher, et surtout, surtout, lire les autres carnets…Il est annoncé d'ailleurs une prochaine adaptation cinématographique, et à lire la force hypnotique de cette nature, je suis sûre que ça pourrait donner un très beau rendu visuel. Affaire à suivre en 2018!

"La curiosité peut être une puissante distraction ."

Ma note Plaisir de Lecture 7/10

Lien : https://fairystelphique.word..
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J'ai vu le film adapté du roman « Annihilation » et j'avais été emballée au point de me ruer ensuite sur la trilogie.
Je n'ai pas été déçue du tout, même si le film et les livres n'ont finalement pas grand-chose en commun !
Tout commence par une expédition scientifique. Quatre femmes sont envoyées dans la zone X.
Mais qu'est-ce que cette zone, qu'à t'elle de spécial ?
On sait que cette expédition est la douzième et que les précédentes ont été des échecs complets . La plupart des hommes envoyés précédemment dans la zone X se sont suicidés, entre tués ou sont revenus rongés par des cancers.
Les trois tomes nous permettent non seulement de suivre cette expédition-ci, mais aussi de comprendre de l'intérieur ce qu'est l'organisation qui s'occupe de la zone X et d'avoir quelques réponses concernant la genèse de cette zone si mystérieuse.
Le premier tome est un vrai roman d'aventure, le second s'apparente davantage à un roman d'espionnage et le troisième à un roman de science-fiction, le tout formant une trilogie passionnante, aux personnages fouillées, à l'histoire complexe comme des poupées russes qui s'emboîtent les unes dans les autres et à l'écriture hypnotique.
Un gros coup de coeur donc pour cette trilogie fantastique que j'ai dévoré en quelques jours.
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Le résumé d'Annihilation de Jeff Vandermeer m'avait au départ bien plu, d'où mon achat. Une Zone dénommée X, étrange et mouvante. Onze expéditions envoyées pour la cartographier avec comme résultats suicides, tueries, ... des membres. Une Frontière mystérieuse. Autant d'éléments alléchants à première vue.

Et une douzième expédition, composée de quatre femmes, chacune avec une spécialité scientifique: une psychologue, une géomètre, une anthropologue et une biologiste - la narratrice.
Les descriptions de l'environnement de la Zone X, sa faune, sa flore possèdent, sous-jacente, la sensation qu'il y a quelque chose qui ne va pas bien. La tension est palpable, même entre les quatre collègues qui ne se connaissent pas vraiment (par obligation, de plus, le recours à leur prénom est interdit) et ne se font guère confiance. Les reconnaissances effectuées aux alentours conduisent à une drôle de tour qui semble enterrée mais dont l'accès par escalier est une invitation à descendre explorer.

Le récit étant tenu de façon subjective par la biologiste, on ne dispose que de son point de vue. Aux constatations de la présente expédition se mêlent des souvenirs antérieurs à la mission et qui permettent d'éclairer la personnalité de la jeune femme.

Malgré tout cela, je suis restée hermétique à l'atmosphère délétère de cette fameuse Zone X. J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans le roman et, en définitive, n'y suis jamais réellement parvenue. Je ne peux pas dire que cela tient à des défauts dans la construction, l'intrigue ou l'écriture.

C'est ainsi, parfois la sauce ne prend pas et la rencontre livre-lecteur est manquée. Je suis néanmoins allée jusqu'au bout du récit... qui n'était pas volumineux heureusement. Mais la Zone X et ses mystères, certainement révélés peu à peu dans les deux tomes suivants, se passeront de moi.
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Une équipe de quatre scientifiques sont envoyés dans une zone X sur Terre, abandonnée et coupée du reste de la civilisation par une sorte de frontière dont j'aurais eu, je pense, du mal à visualiser sans l'adaptation cinématographique. J'ai vu le film avant, j'avais été assez impressionnée par certains plans. J'étais curieuse de me plonger dans le roman car les romans souvent plus riches et avec plus de contenances, puisqu'ils ne sont pas limités par un budget de mise en scène, peuvent répondre à des myriades de questions sur l'histoire. C'est effectivement avec cette trilogie que vous obtiendrez bien plus de contenances. Cependant, ma lecture était plus proche de l'expérience que d'une lecture classique, une sorte de roman trance que vous ne lâchez qu'au dernier mot sans lever les yeux au monde réel. J'ai moins bien aimé le tome 2 mais indispensable pour pouvoir accéder au tome 3. Petit bijou de la SF qui se rapproche de mon expérience avec Stalker, Pique-nique au Bord du Chemin des frères Strougatski.
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Imaginez une immense réserve naturelle apparue sans que l'on sache comment. Imaginez ensuite que cet espace soit matérialisé par d'étranges frontières et qu'il contienne des espèces nouvelles au comportement jamais observé. Imaginez enfin que les rares hommes et femmes a y avoir été envoyés n'en soient jamais revenus ou alors complètement transformés. Voilà, vous avez maintenant une petite idée de ce qu'est la Zone X, non seulement décor mais aussi protagoniste d'« Annihilation », premier tome de la trilogie « Rempart sud » dont le deuxième opus vient tout juste de paraître. le pitch était assez prometteur, mais je dois avouer que c'est surtout la nouvelle d'une adaptation cinématographique avec Nathalie Portman dans le rôle titre qui a fini par titiller ma curiosité. Jeff Vandermeer met ici en scène l'une de ces fameuses expéditions envoyées dans la Zone X, la douzième, dont l'effectif a été drastiquement réduit puisqu'elle ne comporte plus que quatre membres : une psychologue, une géomètre, une anthropologue, et une biologiste. Quatre femmes qui, en dépit de leur préparation et du visionnage ou de la lecture des comptes rendus de ceux qui les ont précédés, ne savent absolument pas à quoi s'attendre. Or, les choses dégénèrent presque aussitôt après le passage de la frontière. Il y a d'abord cette tour souterraine non répertoriée creusée à proximité du camp de base dans laquelle elles découvrent une étrange série d'écritures dont elles ignorent et le sens et, plus perturbant encore, l'auteur. Il y a aussi ce phare qui émet d'étranges lueurs au loin et qui porte les stigmates d'un drame sanglant. Et puis surtout il y a cette tension qui monte entre les quatre femmes, et ce en dépit de leur conditionnement par l'hypnose modéré par la psychologue et auquel notre héroïne se retrouve curieusement immunisée.

Jeff Vandermeer installe au fil des pages une atmosphère de plus en plus anxiogène, faisant progressivement basculer son récit dans l'horreur et le rapprochant ainsi davantage du fantastique que de la science-fiction. En dépit de la beauté des paysages et de l'étrangeté de la faune et la flore rencontrées, le lecteur comme la narratrice ne peuvent ainsi dès les premières lignes se défaire de l'impression que quelque chose ne va pas du tout. Cette ambiance très particulière, qui fait sans cesse osciller le lecteur entre malaise et émerveillement, est sans aucun doute la plus grande réussite de ce premier tome qui se fait tour à tour intriguant ou perturbant. Seulement si les questionnements soulevés par l'auteur sont effectivement passionnants, les réponses, elles, ne sont pas toujours au rendez-vous. Difficile en effet au terme de ces quelques deux cents pages de se défaire de l'impression de n'avoir presque rien appris et très peu compris à la Zone X tant les rares éléments rassemblés par la narratrice sont difficiles à appréhender. Cette opacité qui entoure l'origine et la nature de la zone elle-même pousse peu à peu le lecteur à reporter son attention sur d'autres mystères, à commencer par celui entourant le sort des précédentes expéditions. Suicides collectifs, massacres, cancers, pertes de mémoire et d'identité : les précédents scientifiques s'étant aventurés au-delà de la frontière ne sont, d'une manière ou d'une autre, jamais vraiment revenus. Un drame qui concerne notre héroïne au plus près, puisque son mari était lui-même membre de la dernière expédition en date. Si les révélations concernant la Zone X se font attendre, l'auteur tempère ainsi la frustration de son lecteur en l'appâtant avec quelques débuts de réponses sur le sort de ce personnage qui reste malgré tout lui aussi assez flou.

En dépit de toutes les étrangetés rencontrées au fil du récit, celle à laquelle j'ai finalement eu le plus de mal à me faire concerne la narratrice. le roman prend la forme d'un journal de bord tenu par l'un des membres de l'expédition, la biologiste, qui nous décrit l'avancée de sa mission au fil des jours tout en revenant sur son parcours et les choix qui l'ont conduit à accepter de faire partie de cette aventure. La première surprise à laquelle le lecteur doit faire face en ouvrant le roman concerne la façon de désigner les personnages : aucun n'est appelé par son nom. Même la biologiste, dont il s'agit pourtant du compte rendu, ne nous donne jamais le sien. Les quatre membres de l'expédition ne sont ainsi désignées que par leur fonction (biologiste, anthropologue, géomètre, psychologue), fonction qu'elles n'ont d'ailleurs presque aucune occasion d'exercer. le procédé aurait pu être sans conséquence si la narratrice s'était révélé attachante, malheureusement ce n'est pas vraiment le cas. le compte rendu de la biologiste souffre en effet de la froideur avec laquelle elle nous raconte son histoire, au point que celle-ci paraît davantage spectatrice qu'actrice. le personnage n'a ainsi que très peu de réactions émotionnelles fortes, que ce soit lorsqu'elle revient sur sa relation avec son mari, ou lors des situations effrayantes à laquelle elle se retrouve exposée dans la Zone X. Alors que le lecteur se laisse peu à peu contaminer par l'angoisse, la narratrice y semble pour sa part totalement immunisée, ce qui ne facilite pas l'identification. Cette distance qui s'installe entre le lecteur et la biologiste ne la rend pas pour autant antipathique, loin de là, et j'ai pour ma part particulièrement été sensible à sa passion pour la nature qui occupe une place véritablement essentielle dans tous les aspects du récit.

Jeff Vandermeer signe un premier tome déroutant qui séduit par son atmosphère mais déstabilise par sa narration ainsi que par son absence de réponses aux principales questions soulevées par cette Zone X. Difficile de savoir quelle direction prendra la suite de la trilogie, mais je suis pour ma part assez curieuse de savoir ce que nous réserve le deuxième tome ainsi que l'adaptation prévue au cinéma (dont une bande annonce a déjà été relâchée).
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Une biologiste, une anthropologue, une géomètre et une psychologue constituent la douzième expédition envoyée dans la Zone X. « Notre mission était simple : poursuivre l'enquête gouvernementale sur les mystères de la Zone X en progressant lentement à partir du camp de base. » (p. 6) Que s'est-il passé ici ? Un cataclysme ? Une contamination ? Tout semble familier, mais le danger est partout et la Zone X influence ceux qui s'y trouvent en modifiant leur comportement, parfois jusqu'à la folie, souvent jusqu'à la mort. « Voir de la beauté dans la désolation change quelque chose en vous. La désolation tente de vous coloniser. » (p. 7) Les membres des précédentes expéditions ont tous disparu dans des circonstances troubles. Les quatre femmes trouvent une tour qui s'enfonce sur la terre, étrange bâtiment qui n'est indiqué sur aucune carte. Sur les murs, il y a des mots vivants et, dans les escaliers, une étrange créature s'enfonce dans les profondeurs. « C'est ainsi que la folie du monde essaie de vous coloniser : de l'extérieur, en vous forçant à vivre dans sa réalité. » (p. 82)

Le récit est porté par la biologiste qui devient rapidement insensible aux manoeuvres d'hypnose de la psychologue. Quelque chose ne va pas dans cette expédition : les consignes ne sont pas identiques pour tout le monde et bien des choses se révèlent et viennent troubler les certitudes des protagonistes. Chaque découverte est un nouveau mystère qui prouve les mensonges du gouvernement. « C'était une mise à l'épreuve d'une confiance fragile. de notre curiosité et de notre fascination qui allaient bord à bord avec notre peur. Un test pour savoir si nous préférions l'ignorance ou le danger. » (p. 46) La biologiste rédige un journal, mais pour qui ? À s'adresse ses révélations et ses analyses ? L'identité des personnages est réduite à leur métier au sein de l'expédition. « Les sacrifices n'avaient pas besoin de nom. Les gens remplissaient une fonction n'avaient pas besoin d'être nommés. » (p. 100) Mission après mission, tous disparaissent et le mystère de la Zone X reste entier.

Dans la veine post apocalyptique, ce roman tire honorablement son épingle du jeu. En se concentrant sur un seul personnage et en observant les effets de la Zone X sur son comportement et ses pensées, l'auteur invite le lecteur à partager l'expérience du protagoniste, entre angoisse et émerveillement. Il n'en faut pas beaucoup plus pour créer une atmosphère unique, viscérale et qui colle à la peau. Annihilation est une courte dystopie de très bonne facture.
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Ce livre m'intriguait depuis pas mal de temps, suite à différents avis sur la blogosphère. Son édition en poche et la bande annonce de l'adaptation au cinéma m'ont fait acheter le livre et le lire dans la foulée. Une fois le livre lu, j'avoue que le fait d'adapter ce roman au cinéma me laisse plus que perplexe tant il repose sur la suggestion, l'imagination. J'ai d'ailleurs revu la bande annonce depuis et je suis encore plus circonspecte tant elle a l'air de peu correspondre à ce que j'ai lu. C'est une adaptation de la trilogie si j'ai tout bien suivi, cela vient peut-être de là. le film est réalisé par Alex Garland qui a à son actif l'excellent Ex Machina, ce qui me rassure un peu mais attendons de voir avant de se faire une opinion.

Revenons en à nous moutons et au roman qui est le premier tome de la trilogie du rempart Sud. le rempart Sud est le nom d'une mystérieuse organisation qui enquête sur la Zone X. Cette zone est apparue il y a plusieurs années aux États-Unis et est matérialisée par une frontière qui semble être en mouvement. Aucun humain n'y habite, seulement une nature sauvage, abritant des espèces inconnues de l'homme. Plusieurs expéditions d'hommes et de femmes préparés et entraînés pendant de longues semaines sont allés explorer la zone X sans véritable succès. Ils ne sont soit jamais revenus, soit transformés et très malades. Une douzième expédition est alors envoyée, contenant uniquement des femmes désignées par leurs fonctions au sein de l'expédition.

Le roman pose ainsi dès le début beaucoup de questions et donne le ton de ce qui sera le reste du récit. La narration est faite à la première personne par le journal de bord de la biologiste. Les autres membres de l'équipe sont une psychologue, une géomètre, et une anthropologue. Chacune doit tenir un journal de bord lors de l'expédition pour que le rempart Sud puisse par la suite les étudier et mieux comprendre ce qui s'est passé, les vidéos étant interdites. Les quatre femmes ont d'ailleurs pu se préparer à leur venue dans la zone X en lisant les comptes rendus de leurs prédécesseurs.

Ce qui surprend au début de la lecture, c'est qu‘aucun des personnages n'est mentionné par son nom. On les connait seulement par leur métier. Cela est un peu déroutant au début mais on finit par s'y faire. Surtout que la zone X prend de plus en plus d'importance au point de devenir quasiment un personnage du roman. de plus, le roman étant raconté par la biologiste, les autres personnages ont peu d'intérêt et on se moque un peu de connaitre leur nom.

Cet aspect est renforcé par le fait que l'on est très vite plongé dans le récit et que tout va très (presque trop) vite dégénérer. Dès le début du récit, on sent que quelque chose cloche avec la découverte d'une tour souterraine ou d'un tunnel selon les protagonistes, qui n'est mentionnée dans aucun des compte rendus précédents. Les 4 femmes sont alors confrontés à une étrange découverte: toute une série d'écritures étranges sans vraiment de sens. Plus perturbant encore: qui a bien pu écrire ces phrases?

Ce n'est pas le premier des mystères auquel elles vont être confrontées et très vite un climat d'angoisse se met en place. le récit bascule alors sans qu'on s'en rende vraiment compte, oscillant entre peur et tension. Cette ambiance si particulière est un des points forts du récit qui est combinée avec le fait qu'on ne connait des événements que ce que ressent la biologiste. Un compte rendu de la même histoire fait par une des autres scientifique aurait été forcément différent. On ressent vraiment le malaise de la situation, l'imminence d'un danger, et l'appréhension de la zone X. Je trouve surtout que le roman est marquant pour cela, il instille le doute de manière vraiment prégnante au point qu'on se pose des questions sur tout. La narration à la première personne accentue encore plus l'aspect angoissant et déroutant. La lecture entraîne de plus en plus de questions et de conjectures sur les événements, on doute de tout et plusieurs hypothèses apparaissent : folie, suggestion, obsession, contamination…

La nature occupe une place véritablement essentielle dans le récit, la zone X apparait comme ce que pourrait être la Terre sans humain, une zone où les humains sont chassés par les éléments la composant, où se développe une vie indépendante. le fait que le personnage principal soit une biologiste prend alors plus de sens. On ressent très bien son émerveillement face aux beautés de la nature, le fait qu'elle se perde dans la contemplation d'un macrocosme. le roman offre d'ailleurs de superbes descriptions de la nature en opposition aux humains qui apparaissent fades en comparaison. La plume de l'auteur met bien cela en évidence.

Annihilation est un roman très bien construit et qui comporte un lot de mystères importants que ce soit au niveau du sort des précédentes expéditions qu'au niveau de ce qu'est vraiment la zone X. On ressort du roman sans avoir eu toutes les réponses mais ce n'est pas l'important dans le récit. Je ne sais pas encore si je lirai la suite, bien que la balance pèse plus vers le oui, mais ce premier tome par son climat si angoissant est une réussite et j'aime le fait de ne pas vraiment tout savoir.
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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4 femmes volontaires (biologiste, linguiste, psychologue et géomètre) pour une aventure en territoire dangereux et inconnus pour cartographier la zone X ou 11 expéditions précédentes on échouées (Je ne parlerais pas plus des conditions de disparition car c'est justement l'histoire du livre).

Beaucoup de suspense, un peu d'action, pas mal d'étrange et de mystère écrit sous la forme d'un journal écrit par la biologiste.
Des paysages à couper le souffle dans une jungle dense et luxuriante d'où sortent des cris effrayants, des lieux mystérieux dont on ne comprend pas le sens, des personnalités changeantes sans explication, de quoi devenir fou et parano.

Tout cela m'as énormément plus, dommage que j'ai un gros regret sur cette lecture c'est l'écriture.
Un style qui au début est bon mais au fur et à mesure de l'avancée l'auteur se perd dans des répétitions et brode pour combler son texte, le dernier tier du livre qui même s'il apporte quelques réponses en devient ennuyeux, j'espère que les deux autres tomes à suivre (qui ne sont pas encore sorti en français pour l'instant) seront de meilleure qualité au niveau écriture et que l'ont aura vraiment toutes les réponses à tous les mystères qui s'accumulent car l'auteur nous tisse une toile ambitieuse mais risque de ne pas être facile à démêler (pour ceux qui connaissent et on vu la série TV Lost comprendrons ce que je veut dire, et bien ici c'est le même cas de figure).
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