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sur 678 notes
Dès les premières pages de ce roman, je me suis laissée entraînée dans les tréfonds de l'Alaska. Une terre glaciale et hostile qui déteint visiblement sur ses habitants. C'est une atmosphère que j'aime beaucoup car elle nous transporte, elle nous permet de vivre aux côtés des personnages. Je n'ai pas encore lu le précédent roman de l'auteur (Sukkwan Island), mais cela ne devrait plus tarder.

Désolations décortique les sentiments humains. Les personnages sont le point central du roman. Chacun des membres de cette famille est passé à la loupe pour nous dévoiler ses faiblesses. Irene et Gary sont mari et femme depuis des dizaines d'années mais rien ne semble plus aller. D'ailleurs ont-ils vraiment été heureux un jour ? Ils ont deux enfants : Mark et Rhoda que l'on suit également à travers leur travail, leur vie de famille et leurs amis.

C'est le personnage de Rhoda qui m'a le plus touchée. Mais je dois avouer que la plupart des protagonistes m'ont semblé antipathiques et froids. Certains sont même détestables (Monique, Jim ou Mark) mais ce roman s'attarde à expliquer pour quelle raison ils agissent ou pensent ainsi. On pourrait parfois regretter ce trop plein de questionnements. On suit les états d'âme de chacun et les personnages semblent s'enliser dans leurs émotions. La lecture, quant à elle s'essoufle par moments, cette atmosphère qui me plaît tant m'a étouffée et a pris possession des personnages.

Parallèlement, on voit se dessiner une intrigue et une question revient sans cesse dans la tête du lecteur : "Mais comment tout cela va-t-il donc se terminer ?"

La fin du roman est tragique, il fallait s'en douter. Je n'ai pas été surprise plus que cela car je n'en attendais pas moins de ces personnages complètement désespérés.
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Ayant beaucoup aimé Sukkwan Island, c'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé la plume et l'univers glacé et glaçant de David Vann. Je préfère ne pas m'étendre sur l'histoire afin de ne pas la trahir. Désolations s'attarde sur la psychologie des personnages et leurs rapports familiaux ou non. Très vite le climat devient pesant, les pensées, les mots et les actes blessants. Les personnages et le lecteur sont entraînés vers ce qui semble être inéluctable. David Vann nous montre les dégâts du quotidien sur un couple, la dangerosité des non-dits et de la résignation. le style est impeccable et l'écriture toujours aussi belle. le cadre glacial et magnifique de l'Alaska sert à merveille cette histoire dramatique et au bout du compte Caribou Island (île sur laquelle comptent s'installer deux des personnages et titre original du livre) se révélera hostile et accablante.

Désolations est un livre noir, pessimiste et désespéré. Une lecture qui laisse un goût amer et une furieuse envie de se retrouver en famille, mais pour profiter des uns et des autres.

Tout comme Sukkwan Island, j'ai beaucoup aimé, même si cette fois le drame est sous jacent et rend donc peut-être le livre moins percutant mais tout aussi prenant.
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A peine un an après la parution de Sukkwan Island, nous retrouvons David Vann avec un roman qui à première vue lui ressemble beaucoup. Caribou Island, le titre original que j'aurais volontiers conservé, accentue encore un peu cette ressemblance. le cadre est le même : l'Alaska et ses îlots. Les thématiques sont proches également, puisqu'il s'agit encore d'un rêve de pionnier, d'une histoire de famille, et d'un suicide qui cette fois survient dés la première page. Mais Désolations est aussi très différent et surtout plus abouti.

Dans Désolations, plusieurs histoires s'enroulent autour de l'histoire principale. le coeur du roman est l'histoire d'Irène et Gary qui tentent désespérément de construire leur cabane, malgré les tempêtes et les réticences d'Irène. Autour de ces deux personnages principaux, gravitent ceux de leurs enfants et leurs conjoints. Leur fils Mark, bien qu'habitant tout près, a pris beaucoup de distance par rapport à sa famille et est de ce fait un personnage secondaire. En revanche leur fille Rhoda, très proche de sa mère, est un personnage très important du roman, aux côtés de Jim, son conjoint. Rhoda rêve de mariage jusqu'à l'obsession et refuse de croire au délitement du couple de ses parents. Enfin deux vacanciers, Monique et Carl, vont croiser la route de Mark, Jim et Rhoda…

La nature de David Vann rappelle celle des littératures scandinaves, une nature menaçante mais à laquelle l'homme ne peut résister à se confronter. le lecteur chemine dans Désolations conscient de tous les dangers : la tempête, le froid, les ours… la maladie d'Irène, son « héritage », l'amour-haine qui la lie à Gary… Il sait qu'un drame va se produire, la catastrophe est inéluctable. Mais quel drame ? Quand ? Comment ? Comme un plaisancier pris dans la tempête, le lecteur sent son angoisse monter à mesure que l'étau se resserre autour des personnages. Pour cette raison, Désolations est de ces romans que l'on ne peut lâcher.

La fin du roman laisse le lecteur anéanti. Ce qui arrive finalement est pourtant d'une évidence absolue. Mais la circularité du roman, d'un pessimisme inouï, achève le lecteur. Pas de grands effets pourtant chez David Vann, une écriture très sobre, mais une construction diabolique et une histoire qui renvoie chacun à son propre parcours de vie. Magistral !
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Irène et Gary forment un vieux couple qui vit depuis 30 ans en Alaska.

Gary a décidé de se construire une cabane sur une île isolée afin d'y passer l'hiver avec sa femme. le problème est qu'il est très mal organisé et qu'il n'a aucune notion de construction. Mais il ne va pas se laisser abattre par les aléas climatiques ou matériels et va mener son projet coûte que coûte. Certains diraient qu'il est un peu entêté sauf qu'il n'est pas question ici que d'une cabane. Gary est un homme empli de regrets qui pense qu'il aurait pu accomplir bien plus de choses dans sa vie si seulement sa femme le soutenait un peu plus. Il voit dans cette cabane, et la vie qu'il y fantasme, le moyen de ressouder les liens distendus de son couple.

De son côté Irène n'a aucune envie de passer un hiver glacial dans une cahute spartiate sur une île déserte. Elle a attrapé froid en voulant aider Gary alors qu'il s'entêtait à travailler sous la pluie. Mais elle ne veut pas lui laisser penser qu'elle n'a pas foi en lui. Elle a peur qu'il la quitte...

Tout cela se déroule sous les yeux de leurs deux enfants Rhoda et Mark.
Rhoda est en couple avec Jim (un dentiste, donc tout en haut de l'échelle sociale locale) et nourrit des projets matrimoniaux, qui risquent d'être contrariés par Monique, qui va soumettre Jim à la tentation.
Quant à Mark il pêche (ce qui est la principale activité en Alaska) et se défonce.

David Vann a l'art de disséquer les rapports de couple mais de façon plutôt pessimiste. Ses personnages sont emplis de regrets, de colères et n'arrivent pas à communiquer entre eux. Cela génère une forte tension et un malaise qui ne peuvent qu'aboutir à la catastrophe. On retrouve ici l'ambiance sombre et les thèmes de Sukkwan Island mais le livre est mieux équilibré dans sa construction.
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Lire du David Vann, ça a été jusqu'à présent apercevoir des nuées de mouches.
Distinguer du coin de l'oeil des taches noires qui s'agitent à la périphérie du champ de vision. Floues, insaisissables. Une tension croissante, les nerfs qui se crispent, la douleur qui pulse derrière l'oeil comme une mauvaise migraine.
Entendre leur bourdonnement grave résonner tout autour sans en deviner la source, jusque dans nos tripes, retournées comme la peau d'un lapin qu'on dépèce. le malaise proche.
Tous les signes annonciateurs d'une catastrophe, toujours terrible avec lui. Savoir qu'elle frappera, sans savoir quand.

Après Sukkwan Island, Caribou Island. Terre de désolations.
Des carcasses de bagnoles laissées à l'abandon et à la rouille. La défonce pour passer le temps tant il n'y a rien à faire. Des touristes venus chercher le véritable esprit de l'Alaska, à pêcher par centaines dans les mauvais coins de rivière, puis repartis sans l'avoir trouvé ou, pire, restés coincés là.
Des habitations éparses, des puits de solitude rongés par la nature sauvage, impropre à l'installation humaine. Un lac aux vagues à engloutir un bateau, des pierres glissantes, des arbres aux branches comme des griffes. Peu de poissons, pas de caribou, mais tout le monde semble avoir une histoire où iel a croisé un ours d'un peu trop près. Un glacier qui souffle un vent froid, une pluie cinglante. L'hiver précoce, dur et impitoyable.

Des couples qui battent de l'aile, des bassesses, des désillusions. Des obsessions, des non-dits et des rancunes.
Du poison qui sourd des lèvres et du coeur.
Si la relation malaisante mais fascinante d'Irene et Gary fait vibrer l'air de nuées de mouches, les autres points de vue s'avèrent plus faibles. Car si l'auteur sait toujours toucher là où ça fait mal, révèle de sombres vérités qu'on préfèrerait savoir restées enfouies, ça tourne en rond rapidement pour ne déboucher sur pas grand chose, si bien qu'on finit par s'agacer. Les mouches sont devenues de simples moustiques qu'on chasse d'une main en se pressant de changer de lieu.

Le final, terrible comme une tragédie, est lui à la hauteur des attentes.
Mais j'aurais préféré qu'il soit en fait le milieu du roman, après avoir raccourci les parties sur les autres, pour ensuite mieux en développer les conséquences sur les autres personnages. On aurait alors peut-être eu un roman magistral.
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Direction le grand nord, américain cette fois-ci. Gary et Irene ont construit leur vie sur les bords d'un lac glaciaire en Alaska. Après 30 ans d'une vie morne, Gary décide d'aller construire la cabane dont il a toujours rêvé sur un petit îlot désert entraînant dans son sillage Irene, qu'elle le veuille ou non, malgré les horribles maux de tête qui l'assaillent depuis quelques temps. Dernière chance de sauver un mariage qui n'en est plus vraiment un. Leur fille Rhoda, dont les préoccupations sont plutôt d'ordre nuptial , assiste impuissante à ce face à face qui s'annonce aussi terrible que l'hiver qui pointe précocement le bout de son nez en Alaska cette année-là.

Grosse découverte. La tension est palpable, presque électrique dans ce roman hyper sombre, dont émane amertume et mélancolie. Les histoires sont terribles. Je me suis retrouvée presque mal à l'aise parfois, d'assister à ces bouts de vie et avais souvent l'impression d'être une spectatrice impuissante dans un coin de la scène. A la limite du voyeurisme. David Vann est un conteur hors pair. La plume est sublime, dure aussi, mais compatissante envers ses personnages, que j'avais parfois envie de serrer dans mes bras.

Essai transformé, je finis ce livre sans voix, et retenterai très certainement l'expérience. Mais plus tard, parce qu'il est… Étouffant un peu.
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Si vous rêvez de soleil, de plages de sable chaud, de jolies histoires d'amour... ce livre n'est pas pour vous, pas maintenant !
Si à l'inverse un petit voyage en Alaska sous la pluie, dans le froid, en compagnie de couples se déchirant vous tente, ce roman noir est parfait.
Je ne saurais vous dire si j'ai vraiment aimé ce livre mais j'ai été happée par cette lecture, embarquée dans cette histoire que l'on devine destinée à mal finir.
M. Vann a du talent pour créer des ambiances lourdes et poisseuses. En écrivant Désolations il devait être déterminé à ne rien laisser de léger s'immiscer dans son récit, et c'est réussi.
Traduction Laura Derajinski
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Après 30 ans passés dans la péninsule de Kenai, en Alaska, Irène et Gary, tout juste retraités, se lancent dans la construction d'une cabane en bois, sur l'île isolée de Caribou, dans lac de Skilake où ils ont vécu avec leurs deux enfants, Rhoda et Mark, maintenant adultes.
Mais avec David Vann qui nous a déjà éprouvés avec Sukkwan Island et sous un titre comme Désolations, on comprend vite que ce ne sera pas une simple partie de plaisir et l'expédition oscille entre dépassement de soi et bilan d'une vie, et finit par ressembler à un chemin de croix.
Cette histoire est avant tout une réflexion sur le couple et la vie à deux. On y retrouve des couples qui se construisent dans l'illusion et l'apparence, d'autres qui se délitent par manque d'amour ou par l'usure du temps. de promesses en faux espoirs, de trahisons en ruptures, seule la solitude semble émerger de toutes ces relations, et si le fond de l'histoire est émouvant, il est aussi très dérangeant.
De sa superbe écriture, hypnotique et poétique, David Vann livre un récit qui nous plonge dans l'abîme des relations humaines et nous entraine dans ses profondeurs, déconstruisant tout sur son passage, comme un tsunami émotionnel qui ne nous fera plus jamais voir le couple de la même façon.
Absolument passionnant, un très grand roman.
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Si c'est le troisième roman de David Vann que je lis, Désolations est le deuxième qu'il a écrit après le terrible Sukkwan Island. Un roman qui se déroule lui aussi dans le froid et la rudesse d'un petit bourg de pêcheurs en Alaska. On suit en parallèle les vies de couples où chacun se retrouve en fait dans sa propre solitude. Pas d'enchantement ni d'espoir en vue, on suit chez les personnages les désillusions et les rancoeurs accumulées et au départ encore contenues qui finissent pourtant par menacer d'exploser.
La nature y est dépeinte comme hostile et désolée, tout comme les âmes des personnages qui ne sont guidés que par la désillusion, l'égoïsme ou la fatalité.
Rien de bien gai dans ce roman, on pressent rapidement la tragédie à venir et une partie de l'intérêt est d'assister à la manière dont les événements vont finir par totalement basculer. le style est très réussi, sans coup de théâtre ravageur comme dans Sukkwan Island mais c'est un roman fort et marquant sur des personnages perdus dans leur couple et dans leur vie, au milieu d'une nature magnifique mais impitoyable.
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Parfois, comme c'est le cas pour moi en ce moment, t'as envie de tout lire d'un auteur. Et puis tu te dis aussi qu'il faut alterner, parce que tu vas finir par ne plus raisonner qu'à travers ses écrits à lui, et que tu vas passer à côté d'autres livres, que tu ne vas plus savoir lire autrement qu'à travers un prisme qui va déformer ta vision de la littérature.
Je suis clair, là ? Pas trop en fait.
Je veux simplement te dire que si tu as eu l'impression que je référençais systématiquement mes lectures aux bouquins de David Vann, je peux pas te dire que c'est totalement faux. Mais je les référence aussi à travers d'autres auteurs, ceux que tu as pu découvrir à travers les mots que je te file régulièrement. En fait, je me réfère à ceux qui m'ont bousculé, ceux qui m'ont fait marcher dans la neige avec eux, et David Vann en fait partie. Mais juste partie.
Voilà, ça c'est fait.
Jusqu'à présent, j'avais un peu tendance à penser, comme plein de gens sans doute, que quand tu lis David Vann, tu prends le risque le risque de basculer du côté obscur de la vie. Tu prends aussi le risque de te retrouver marchant dans la neige au fin fond de l'Alaska à te demander ce que tu fous là, et que finalement, t'aurais mieux fait de rester sur ton canapé, dans ton salon, au bord de la mer ou dans ton jardin. Pourquoi ?
Parce que l'Alaska, ça caille grave. Parce que l'Alaska, c'est le contraire de la plage de sable fin et du soleil qui te bronze doucement la peau si tu as pris la précaution de rester à l'ombre pour ne pas devenir rouge carotte comme ces gens qui croient que c'est un moyen de montrer à quel point on est beau et qu'on a réussi parce qu'on est parti en vacances au bord de la mer…
Un peu, donc, comme si les personnages racontés dans ses romans n'étaient que les morceaux embryonnaires d'une vaste conspiration où l'humain va finir par disparaître, avalé par ses propres peurs, et puis par la nature qui va en avoir assez de ses conneries. Parce que la nature, elle est beaucoup plus balèze que toi, que moi, et que tout le monde. Surtout la nature alaskienne. Elle rigole pas la nature alaskienne. Quand il fait froid, là-bas, c'est du vrai froid qui fait mal aux dents.



La suite, sur le blog...


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