AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,73

sur 672 notes
« On peut choisir ceux avec qui l'on va passer sa vie, mais on ne peut pas choisir ce qu'ils deviendront. »

De David Vann, je n'ai fait qu'une bouchée de Komodo et Aquarium, deux romans certes nature-writing mais qui à mon sens s'attardent davantage à explorer, avec une acuité exceptionnelle, la psyché humaine jusqu'à la folie.

Désolations me laisse sur un sentiment mitigé.

Irène et Gary sont mariés depuis trente ans et parents de Rhoda et Mark. Gary n'a qu'une obsession, construire la cabane de ses rêves sur une île perdue et recluse d'Alaska. Mais on ne s'improvise pas maçon ou charpentier du jour au lendemain. Tandis qu'Irene souffre d'une migraine sans précédent, le couple s'enlise dans les non-dits, les regrets et des pensées de plus en plus autocentrées piétinant l'empathie, l'amour, l'espoir sous des vents des plus glaciaux.

Autour de ce couple gravitent les enfants, surtout Rhoda qui semble être la seule à se préoccuper de ses parents (comme souvent dans une fratrie, il y en a souvent un qui en fait plus que les autres).

L'auteur s'éparpille à mon sens trop autour de ce couple, servant des micro histoires qui desservent la thématique de base. À moins qu'il ait voulu dresser un constat des plus fatalistes des relations sentimentales. Désolations (au pluriel) porte alors bien son nom.

Bien sûr on y retrouve cette fascination pour les grands espaces, ces espaces qui à eux seuls peuvent emprisonner n'importe quel homme sain d'esprit et le rendre fou.

Deux personnages et la nature en reine diabolique c'était largement suffisant pour ma part. L'ambiance aurait pu aussi être davantage travaillée avec une montée progressive et palpable. Les goûts et les couleurs, c'est une affaire bien mystérieuse.
Commenter  J’apprécie          918
Gary a un projet fou : construire une cabane en rondins sur Caribou Island, un îlot perdu et isolé, dans la péninsule de Kenai. Une cabane qu'il a imaginée de toutes pièces. Sans même une fondation, pas de plan. Et surtout aucune expérience en la matière. Un projet qui est loin d'enthousiasmer son épouse, Irene. Mais, après 30 ans de vie commune, 30 ans de vie sans éclat, elle ne peut que l'aider et l'encourager. Elle donne ainsi une dernière chance à son couple déjà vacillant, proche de la rupture...
Gary et Irene ont deux enfants, Rhoda et Matt. Ce dernier mène une vie de patachon tandis que leur fille, en couple avec Jim, un dentiste plus âgé de 10 ans, attend impatiemment une demande en mariage. Mais son compagnon ne semble guère pressé et veut encore profiter de ce que peut offrir la gente féminine...

Un îlot isolé, vide de toute âme. Un hiver glacial essuyant vent mordant, pluie cinglante et tempêtes de neige. le couple que forme encore Irene et Gary va, lui aussi, essuyer bien des tempêtes. Des reproches, des moments de solitude, des non-dits et un mal de tête lancinant pour Irene. Un couple complexe qui ne se comprend plus. Autour d'eux, leurs enfants ne sont pas en reste, notamment Rhoda qui oscille entre désillusions et rêves brisés. Cette tragédie ô combien glaçante que nous propose David Vann nous plonge dans une ambiance de plus en plus tendue, glaciale et pesante. Ses personnages, désabusés, désenchantés, aux âmes brisées, aux sentiments obscurs, vont tenter tant bien que mal, au coeur de cette nature omniprésente et tourmentée, d'insuffler la vie. Un roman sauvage, profondément sombre et angoissant servi par une plume lyrique.
Commenter  J’apprécie          770
Malgré le froid glacial de l'Alaska dans lequel nous amène David Vann, nous suffoquons dans une ambiance étouffante, oppressante , je dirais même malsaine.
De façon sournoise, le climat entre Irène et Gary se dégrade de plus en plus et le lecteur redoute le pire.
On ne peut s'empêcher de penser au superbe roman Sukkwan Island, dans lequel nous sommes les témoins d'une relation difficile entre le père et le fils. Ici, c'est entre le mari et la femme que la communication ne se fait plus ou de façon cruelle, blessante.
La nature est dans désolations autant importante et présente que dans Sukkwan Island et là encore elle ne sera pas aidante, elle va au contraire renforcer l'hostilité qui règne dans le couple.
David Vann nous dépeint une nature et une nature humaine en parallèle . Si les éléments naturels se déchaînent, tempête, froid, pluie et neige, les rancoeurs, mensonges, reproches, trahisons, égocentrisme caractérisent les relations humaines .
Oui, ce n'est pas un livre optimiste, on s'en doute vu le titre, mais c'est un roman d'une grande qualité qui est très « plaisant » à lire.
Commenter  J’apprécie          662
Observez bien le titre ... Désolations (au pluriel ).
Et de désolations, il sera question. de multiples désolations, d'échecs, de couples qui vont mal, de gens au bord de la dépression ou qui s'enfoncent gentiment dans la folie, aidés en cela par la météo pas vraiment clémente et par un isolement difficile à supporter.

On est en Alaska, Irene et Gary ont beau habiter au bord d'un lac, Gary s'est mis dans la tête de se construire une cabane en rondins sur une île , où il a acheté un terrain. le problème , c'est qu'il veut s'y mettre tout de suite, au mépris des conditions climatiques, au mépris de la fatique de sa femme, au mépris de ce qu'elle veut, elle. Et elle, elle n'en veut pas de la cabane .
Seule leur fille Rhoda se doute que ça ne va pas trop dans le couple, seule , elle s'inquiéte. Et pourtant elle devrait aussi se préoccuper de son couple, car le frère de Rhoda a fait la connaissance d'un petit couple de touristes, et la fille est une vraie bombe.
Dans cet espèce de bout du monde qu'est l'Alaska, le problème c'est le choix... Est-on en couple parce qu'on aime, ou est-on en couple parce que c'est la seule personne de disponible ?
L'autre problème de l'Alaska, c'est le temps frigorifique.
Le froid qui pénétre vos vêtements, qui infiltrent les pages de votre livre (malgré votre plaid !), l'eau glacée qui s'infiltre sous vos vêtements, vos extrêmités qui gélent, le vent qui souffle, l'isolement , les portables qui ne captent pas.
Et les mecs qui pétent les plombs à l'aube de la quarantaine ou la cinquantaine . Et les personnages au bord de la folie. Et les traumatismes des parents dont on hérite bien malgré soi et qu'on reproduit...

Terrible... mais beau (littérairement parlant ).
Commenter  J’apprécie          554
Une région de l'Alaska. le temps de prendre une retraite bien méritée est venu pour Irène et Gary. Une retraite sereine et reposante ? Pas si sûr…

Gary a décidé qu'ils allaient s'installer sur un îlot d'un lac glaciaire, sur les rives duquel ils ont vécu toutes ces années, dans une cabane qu'il va construire de ses propres mains. le projet n'enthousiasme guère Irène. Il la rebute plutôt. Mais elle est déterminée à l'accompagner dans ce projet fou. A tort ou à raison, elle pense que Gary s'apprête à la quitter. Et Irène n'est pas du genre à lui offrir une trop belle occasion de la rejeter sous un prétexte fallacieux…

Après le terrible Sukkwan Island, David Vann nous propose ici une réflexion sur l'usure liée au temps qui passe en forme de métaphore sur le couple. Outre le couple Irène-Gary, on a les couples formés par leurs deux enfants, un garçon et une fille, tous deux en couple, ainsi que des relations ou amis. Des couples d'âges différents à des stades différents pour une vision globale.

Si la plume de David Vann m'a une fois de plus séduit, je suis un peu resté sur ma faim. Ayant adoré et dévoré Sukkwan Island, tout au long de ma lecture, j'ai attendu fébrilement ce climax que je sentais venir et qui, j'en étais persuadé, allait tout bouleverser et tout remettre en question. J'ai attendu, attendu et il a fini par arriver mais à la toute fin du roman quand je ne l'espérais plus vraiment. Et le pire, c'est qu'il ne m'a absolument pas surpris tant je l'ai trouvé prévisible !

Désolations et légère déception donc…

Lien : http://bouquins-de-poches-en..
Commenter  J’apprécie          492
L'enfermement des grands espaces.... La lucidité jusqu'à la folie... L'enfer de l'Autre... sont les termes qui me viennent à l'esprit en refermant ce livre.
Ce livre est vraiment une ode à la Désolation.
Définitions Larousse de désolation : état d'un lieu inhabité, désert, dépourvu de verdure - (Pays de désolation). Peine extrême, affliction extrême ; consternation - (Être plongé dans la désolation). Ce qui est cause d'une grande contrariété ; ennui - (Cet enfant est la désolation de ses parents).
Ces définitions donnent une idée de ce qui se passe dans la tête des protagonistes, ou devrais-je plutôt dire, des antagonistes...
Irene et Gary sont mariés depuis bien longtemps. Ils vivent en Alaska, au bord d'un lac de glacier.
Leur fille, Rhoda (que l'on retrouve dans Sukkwen Island), 30 ans, vit en ville avec Jim (le père dans Sukkwen Island... cela donne une dimension supérieure au récit, encore plus glaçante, si on l'a lu juste avant...) et attend que celui-ci la demande en mariage. Mais Jim est un pauvre type qui ne pense pas plus loin que le bout de sa queue, et Rhoda sent que quelque chose cloche chez lui.
Elle sent aussi que ses parents ne vont pas bien, surtout sa mère, depuis qu'ils ont décidé, ou plutôt, depuis que Gary a décidé, de construire et de passer l'hiver dans une cabane sur un ilot du lac, Caribou island.
Depuis la première journée de travail sur cette cabane, Irene a attrapé froid, et souffre dorénavant d'incessants et terribles maux de tête. Gary pense qu'Irene n'est malade que pour le punir... Irene pense que Gary ne l'aime pas, et qu'il va profiter de la mauvaise volonté d'Irene pour la quitter...
Irene, Gary, Rhoda, Jim, Mark, Carl, Monique, autant de personnages, d'âges différents, qui voient avec lucidité se profiler leur avenir, proche ou lointain...
Les grands espaces hostiles, qu'ils soient de l'Alaska ou d'ailleurs, font office de loupe. Ils forcent à regarder au plus profond de soi.
Et de la lucidité la plus extrême, nait la folie... ou bien est-ce l'inverse ?
Ce livre est puissant. de par son analyse poussée de la psyché humaine, de ce décorticage de la pensée d'Irene, dans ses moindres cheminements, et de celui de Gary, plus brut et évident, et celles de Rhoda et Jim, en parallèle, imbriquées et à des années lumières cependant.
De plus, avec la lecture de Sukkwan Island auparavant, on est d'autant plus lucides nous aussi sur le futur de ces personnages, et c'est terrible. C'est fort. Très fort.
Et oui, la fin est peut-être prévisible, mais ça n'enlève rien à l'acuité et la perspicacité du propos. Au contraire, cela ajoute de la force, c'est une fatalité, et c'est un destin en marche, inéluctable.
Bravo David Vann. Encore !!!
Commenter  J’apprécie          381
Irène et Gary ont vécu trente ans au bord d'un lac en Alaska. Gary voulait la nature et les grands espaces. Irène a suivi par amour. Ils ont élevés leurs deux enfants. Mais voilà, ils sont l'âge de la retraite tous les deux, enfin surtout Irène qui a travaillé comme institutrice, faisant bouillir la marmite de la famille. Gary lui, a toujours été un rêveur, l'homme aux mille projets qui n'aboutissent jamais, l'homme qui se réveille le matin en se demandant comment il va meubler les heures, survivre à la journée, survivre à la nuit.



Il a un dernier projet, une dernière folie : construire une cabane de trappeur sur une île où il a acheté un terrain. le rêve de l'Alaska, vivre isolé, ne dépendre que de soi-même. le lac gelé l'hiver est impraticable. La nature sauvage a quelque chose d'attirant et qui paraît facile. Elle peut vite devenir glaciale et impitoyable.



Irène le suit et l'aide par amour et surtout pour ne pas le perdre. Car si Gary a toujours eu des projets, il ne peut rien faire seul. Pourtant leur mariage est une île de solitude où la communication est faite de mesquineries, de pressions, de culpabilité.



Rhoda, leur fille, leur opposé est partie vivre à la ville. Contrairement à ses parents, elle aime le confort, la modernité. Elle court après un idéal de vie en regardant le face à face de ses parents avec inquiétude. L'hiver arrive, Irène et Gary campent sur leur île en essayant de construire leur masure.


L'écriture de l'auteur est addictive et ressemble à une bombe à retardement mais on ne sait jamais à quel moment tout va exploser. Il expose ses magnifiques grands espaces, décrit une nature magnifique tout en démontrant que l'homme doit être solide et sans failles pour pouvoir y vivre. Magnifique roman.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
Commenter  J’apprécie          360
L'Alaska est une terre des confins, là où les hommes s'échouent ou se relancent. Pour Gary, c'est la terre des échecs. Son mariage avec Irene est en péril, mais jamais le courage ne lui est suffisant pour partir. Son envie d'ailleurs s'incarne dans un rêve vieux de trente ans : une cabane, celle qui aurait dû construire depuis des années. « L'idée était de bâtir une cabane à l'ancienne. Sans assise en ciment, sans permis de construire. La cabane devenue simple reflet d'un homme, à l'image de son propre esprit. » (p. 73) C'est avec des rondins inégaux qu'il décide de bâtir son rêve sur Caribou Island, une île au milieu du Skilak. Il espère apaiser les regrets de toute une vie et surtout oublier l'échec de son couple. « Un réconfort élémentaire, eux deux, le besoin qu'ils avaient l'un de l'autre. Pourquoi n'était-ce pas suffisant ? » (p. 56) Irene ne croit pas à cette folie de bâtisseur. Motivée par une culpabilité mêlée de reproche, et bien que terrassée par d'incessantes et inexplicables migraines, elle choisit d'aider son époux dans son entreprise.
Le couple monte un bivouac sur l'île et s'emploie à construire la cabane, se coupant peu à peu du reste du monde. « Presque un chariot de pionniers d'un nouveau genre, en route vers une nouvelle terre et la création d'un nouveau foyer. » (p. 17) Mais l'hiver est précoce et avec lui se précipitent les doutes froids et les haines pétrifiées. « Quand le lac commencerait à geler, il y aurait une longue période où aucun bateau ne pourrait effectuer la traversée, et la glace ne serait pas assez solide pour leur permettre de traverser à pied. Ils seraient isolés, sans aucun moyen de communication en cas de problème. » (p. 241) La cabane ne sera finalement qu'une tour de Babel : Gary échoue à renouer avec lui-même et tout n'est qu'inachèvement et incapacité. La fin de cette épopée nordique est dramatique, forcément, et éternellement figée dans des neiges mauvaises.
Pendant ce temps Rhoda, la fille de Gary et Irene, court à perdre haleine après un idéal de vie de couple et de mariage. Mais son compagnon Jim, de dix ans son aîné, prend conscience que sa vie ne peut pas se limiter à une seule femme. Son accomplissement passera par la possession et l'expression d'une sexualité sans complexe. Et Rhoda s'engage dans une voie qui pourrait être sans issue, sinon fatale.
L'intertextualité à l'oeuvre dans ce texte est magique. Elle ressuscite les légendes et les épopées scandinaves tout en convoquant les accords parfaits de chansons inoubliables, qu'il s'agisse de «'Suzanne' de Leonard Cohen ou des harmonies des Beatles.
Les éditions Gallmeister publient des oeuvres qui s'inscrivent dans le courant du Nature Writing. Désolations est une magnifique expression de ce courant littéraire. Ici l'Alaska se livre entre immensités glaciales et territoires hostiles. Chacun des personnages part en quête d'une terre meilleure. Mais l'Alaska n'est pas l'El Dorado. Alors se pose une lourde question : peut-on vivre de rêves en Alaska ? La fin de l'été marque le crépuscule de certaines choses et l'on ne sait si ce qui suivra sera une hibernation avant un beau réveil ou une mort sans retour.
Je n'ai pas lu le premier roman de David Vann, Sukkwan Island, prix Médicis en 2010. Pour autant, impossible de passer à côté de tout ce qu'on en a dit. D'aucuns se demandent si le second roman sera à la hauteur du premier. Après lecture du magistral Désolations, je me demande plutôt de quel chef-d'oeuvre je me suis privée en ne lisant pas Sukkwan Island. David Vann a un talent certain pour dépeindre les tourments des âmes livrées aux éléments. L'Alaska ne semble plus si hostile quand on a jeté un regard dans le coeur de Gary ou d'Irene. À se demander comment une telle terre n'a pas pu apaiser tant de haines et de rancoeurs réciproques. Mais la réponse n'est pas là et il n'est pas certain qu'elle existe. Désolations n'est pas une oeuvre à clés : c'est une vue d'hiver à travers une vitre froide. de l'autre côté s'accomplissent des choses grandioses et auxquelles rien ne s'oppose.
J'ai lu ce roman presque d'une traite. La plume de David Vann est hypnotique et elle trace dans les consciences des voies insoupçonnées, qu'on ne peut qu'emprunter au risque de s'y perdre.
Commenter  J’apprécie          360
J'avais très envie de découvrir un autre titre de David Vann, espérant y retrouver l'intensité qui m'avait laissée sans voix dans Aquarium.
Ce ne fut hélas pas le cas et je me suis même bien ennuyée en compagnie de tous ces personnages moroses et dépressifs.
Ils évoluent pourtant dans le décors grandiose de l'Alaska et du magnifique Skilak Lake, mais leurs vies semblent comme écrasées par cette belle immensité.

Entre Gary, champion des regrets et des projets avortés qui veut à tout prix construire une cabane sur Caribou Island et sa femme, Irène, migraineuse, rien ne va plus.
Elle ne croit plus en lui et il se sent harcelé par elle.
Leur fille, Rhoda, vétérinaire, essaye tant bien que mal de leur faire entendre raison mais comment le pourrait-elle, étant elle-même empêtrée dans sa relation avec Jim, dentiste, beaucoup plus âgé et qui ne veut pas s'engager ou si mal ?
Et puis, il y a Mark, leur fils, pêcheur en saison, défoncé dans tous les sens du terme une fois à terre, et si peu concerné.

Une incompréhension familiale totale, des liens qui se délitent au fil des pages, une histoire qui ne peut se terminer que par un drame.
Et pour couronner le tout, un temps bien peu clément oscillant entre pluie, vent, neige.

Beaucoup de longueurs qui alourdissent le récit et contribuent à plomber l'ambiance.
Je me suis sentie mal à l'aise jusqu'au bout, avec une furieuse envie de me secouer pour me débarrasser de ces gens poisseux.
L'écriture ne m'a pas particulièrement séduite bien qu'étant correcte.
Bref, une grande désolation....
Deux étoiles quand-même pour l'Alaska et ses merveilles.
Commenter  J’apprécie          295
Après trente ans de mariage, trente ans de pénible vie commune ponctuée de crises et de tensions, Gary s'apprête à quitter Irène et cette seule idée la terrifie jusqu'au fond de l'âme. Elle a pourtant tout fait pour conserver son amour, a même accepté de s'installer avec lui des décennies plus tôt au bord du lac glaciaire Skilak en Alaska. Là, ils ont eu deux enfants maintenant adultes, ils ont vivoté, vieilli ensemble, mais tout cela n'a pas suffi à apaiser les frustrations de Gary, persuadé de mériter davantage : une meilleure vie, un meilleur travail et, bien entendu, une meilleure épouse. Dans un effort désespéré pour sauver son couple et éviter l'abandon, Irène consent à épauler son mari dans la mise en oeuvre de sa dernière lubie, à savoir la construction d'une cabane sur l'île Caribou au centre du lac Skilak où Gary souhaiterait passer sa retraite au milieu de la nature. Mais l'hiver arrive rapidement et l'île ne tardera pas à être progressivement coupée du rivage, isolant Gary et Irène dans leur cocon de rancoeur, d'amertume et de haine glacées. Impuissante à les aider et aveuglée par ses propres problèmes personnels, leur fille Rhoda observera de loin cette dramatique dégénérescence et s'avérera incapable de prévenir l'inéluctable.

Au premier abord, l'intrigue de « Désolations » rappelle beaucoup celle de « Sukkwan Island », le premier roman de David Vann racontant l'odyssée tragique d'un père et de son fils cherchant à bâtir une cabane sur une île au sud de l'Alaska, au point que l'on peut s'inquiéter légitiment : Vann peinerait-il à renouveler ses intrigues ? Une inquiétude sans fondement, je tiens à la préciser tout de suite, car si les deux romans possèdent plusieurs thématiques en commun – l'affrontement entre l'homme et la nature, l'incapacité à communiquer, le pourrissement des liens familiaux, les ravages de la solitude et de l'isolement… – « Désolations » reste une oeuvre indépendante et tout aussi digne d'intérêt que « Sukkwan Island ». Là où le roman précédent plaçait le lien père/fils au centre du récit, « Désolations » se concentre sur la dissection des relations de couple et de leur lente dégradation faite de déceptions réciproques, de promesses brisées et de malveillance refoulée. le récit est également plus touffu et plus complexe que celui de « Sukkwan Island », mais tout aussi oppressant, réfrigérant et malsain. Sous la pellicule gelée de sentiments de plus en plus obscurs et sauvages, la violence rôde et menace d'exploser à chaque minute, malmenant horriblement les nerfs du pauvre lecteur. Brillant assurément, mais noir, noir, noir, tellement noir…
Commenter  J’apprécie          260




Lecteurs (1310) Voir plus



Quiz Voir plus

Désolations de David Vann

Comment est morte la mère d'Irène ?

noyée dans le lac
pendue à un chevron
tombée dans les escaliers
blessée par rame à feu

15 questions
10 lecteurs ont répondu
Thème : Désolations de David VannCréer un quiz sur ce livre

{* *}