La nature est capricieuse, songeait Adamsberg, on ne peut pas exiger d’elle que tout soit strictement en place pour le matin du 21, vu la quantité astronomique de bourgeons dont elle a à s’occuper, sans compter les larves, les racines et les germes, qu’on ne voit pas, mais qui doivent certainement lui manger une énergie folle.
C'était seulement cette mélancolie qu'il avait dans l'œil qui donnait l'impression qu'il s'attardait plus que d'autres sur les choses.
- Il n'y a que deux choses qui détendent, rire et faire L'amour. Nous ne faisons ni l'un ni l'autre.
- Et dormir, cela détend aussi.
- Non dormir, cela repose. C'est différent.
Son bavardage se composait de presque riens, mêlant l'inutile et l'insane, et pouvait sûrement perdurer des heures. Ce qui tenait au fond du grand art, formant une dentelle de mots si fine qu'elle ne contenait plus que des vides.
Mais cela reste une histoire. Et les histoires sont écrites pour les empêcher d'advenir dans la vie.
Quand Ariane observait un cadavre, ses yeux rapetissaient en position fixe, semblant se muer en oculaires de microscope de haute précision.
Il n'y avait pas à s'en faire, ce n'était qu'un grain de sable dans les rouages, une écharde dans le pied, un oiseau dans le moteur.
Selon l’humeur, selon les aléas du moment, portant à la nervosité ou à l’indulgence, on pouvait être positiviste un matin et se retrouver pelleteux des nuages le lendemain, et vice versa.
- Capitaine, ne trouvez-vous pas que l'on se tracasse déjà assez avec ce que l'on pense réellement, sans devoir en plus se soucier de ce qu'on aurait pu penser si on l'avait pensé ?
Amours inaltérables, comme il en va de celles qui ne sont pas consommées.