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Commissaire Jean-Baptiste Adamsberg tome 7 sur 10
EAN : 9782878583762
430 pages
Viviane Hamy (18/05/2011)
  Existe en édition audio
4.02/5   3271 notes
Résumé :
Cette nuit-là, dit-elle lentement, Lina a vu passer l’Armée furieuse.
- Qui ?
- L’Armée furieuse, répéta la femme à voix basse. Et Herbier y était. Et il criait. Et trois autres aussi.
- C’est une association ? Quelque chose autour de la chasse ?
Madame Vendermot regarda Adamsberg, incrédule.
- L’Armée furieuse, dit-elle à nouveau tout bas. La Grande Chasse. Vous ne connaissez pas ?
- Non, dit Adamsberg en soutenant son rega... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (291) Voir plus Ajouter une critique
4,02

sur 3271 notes
Fred Vargas, on l'adore ou on la déteste, c'est selon, mais force est de constater qu'elle est aujourd'hui devenue bien plus qu'une simple auteure de polars : elle est une auteure tout court, qui impose son style, qui suscite la dévotion et l'attente fébrile de ses fans à chaque annonce d'une nouvelle publication, qui est un sous-genre à elle toute seule.
Dès les premiers romans, elle met en place son univers personnel et fantasmé, habité par une galerie de personnages invariablement loufoques et horripilants, mais profondément attachants, évoluant avec une absence de rationalité revendiquée au sein d'enquêtes policières dont le réalisme n'a jamais été le critère prédominant.
Avec cette manière de faire, Fred Vargas prend des risques et entraîne ses lecteurs – presque malgré eux – dans des aventures littéraires au-delà du réel, plus fantasques que fantastiques, dont on accepte volontiers les codes, ce qui confirme un véritable et atypique talent d'écrivain. L'armée furieuse, neuvième enquête du commissaire Jean-Baptiste Adamsberg n'échappe pas à cette règle.
On retrouve les habituels comparses de la série (Camille exceptée, mais Zerk, le fils de Jean-Baptiste et de Camille, a désormais pris la relève), Adamsberg, Danglard, Retancourt, Veyrenc… très à l'aise et installés dans leur rôle. le commissaire Adamsberg, plus pelleteur de nuages que jamais, mène deux enquêtes à la fois, qui finiront bien entendu par se rejoindre, la première à Paris, la seconde dans le Calvados. Dans les deux cas, il suit ses étranges intuitions et entraîne dans son sillage ses fidèles équipiers, qui lui font une confiance aveugle même, de façon étonnante, lorsqu'il s'agit d'emprunter des sentiers en dehors de toute légalité.
On retrouve les excentricités du commissaire et sa faculté d'observer les détails les plus insignifiants, pour y déceler les incohérences que lui seul peut interpréter, et qui à coup sûr le mèneront à l'identification du coupable.
On retrouve les détails qui tuent, totalement inutiles mais ô combien représentatifs et indispensables au style Vargas : le couple de rats amoureux, les vaches normandes immobiles dans le paysage, le pigeon neurasthénique… le bestiaire improbable de Fred Vargas impose sa présence obsédante et facétieuse dans l'univers des humains, qui ne sont pas en reste.
Car on y trouve également, comme à chaque fois, de nouveaux et invraisemblables personnages, un capitaine de gendarmerie descendant d'un maréchal d'Empire, un comte s'habillant comme un ouvrier agricole, une étrange fratrie de laissés-pour-compte aux pouvoirs quasi surnaturels, rappelant presque Cristal qui songe de Theodore Sturgeon : Lina, qui a révélé par ses visions le retour de l'Armée furieuse, et dont le charme insolite « irradie » littéralement en direction d'Adamsberg, son frère dévoreur d'insectes, son autre frère prononçant les mots à l'envers…
On y retrouve, bien sûr, les légendes ancestrales auxquelles tout le monde semble croire, après les loups-garous et les vampires des récits précédents, voici les spectres moyenâgeux de l'Armée furieuse du Seigneur Hellequin qui apparaissent dans les rêves du « passeur » et désignent de leurs doigts vengeurs leurs prochaines victimes.
Mais il y a plus.
Parallèlement à son aventure normande, Adamsberg enquête sur l'assassinat d'un notable parisien, brûlé vif dans sa voiture. On soupçonne Momo-mèche-courte, un petit délinquant de banlieue, pyromane à ses heures perdues, qui parvient à prendre la fuite dans des circonstances rocambolesques. Comment ne pas penser à l'assassinat d'Aldo Moro (retrouvé mort dans une automobile) ? Comment de pas établir un parallèle entre l'affaire Momo-mèche-courte et l'affaire Cesare Battisti ? Dans les deux cas, un désigné coupable en cavale, au passé accablant, fuyant la police « officielle », le premier ardemment défendu par Jean-Baptiste Adamsberg, le second ardemment défendu par Fred Vargas, qui signe dans le Monde le 13 novembre 2004 un article intitulé : « Et si Battisti était vraiment innocent ? »
Pour revenir au roman, résumons-nous et disons simplement que Vargas continue de faire du Vargas. Avec un risque, car les lecteurs les plus aguerris au style Vargas parviendront mieux, après plusieurs romans, à identifier les codes et décrypter les ressorts cachés de l'intrigue, et les plus perspicaces devineront donc assez rapidement qui sera le coupable. En ce qui me concerne, en appliquant la fameuse devise de Sherlock Holmes citée dans le signe des quatre (« Lorsque vous avez éliminé l'impossible, ce qui reste, si improbable soit-il, est nécessairement la vérité »), et en délaissant les perches un peu grossièrement tendues, je ne me suis pas trompé.
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C'est en Normandie que nous suivons le commissaire Adamsberg qui est lui-même sur les traces de l'armée furieuse. Celle-ci fait partie des croyances populaires de Ordebec - région de Lisieux. L'objectif macabre de cette armée est de décimer quatre personnes dont le point commun est d'avoir quelque chose de grave à se reprocher.
Fidèle à ses habitudes le commissaire va se glisser dans les pas des habitants, les écouter, sympathiser avec certains du village pour humer l'ambiance générale.
Parmi les personnages qui viennent à la rencontre du commissaire il y a la mère Vendermot et ses quatre enfants. Leur héritage est lourd: le père très violent a été assassiné à la hache. L'aîné Hyppolite, qui a la particularité d'avoir inventé son propre idiome en inversant les lettres "roujnob" pour bonjour ou "drannoc" pour connard, est né avec six doigts à chaque main. Après avoir été la risée de ses camarades d'école la tendance s'est inversée et il a acquis la réputation d'un jeteur de sorts. Lina, la fille, a vu à plusieurs reprises l'armée furieuse du Seigneur Hellequin et a reconnu trois des quatre personnes « saisies ». L'avant-dernier passe pour un farfelu; il est passionné par les insectes qu'il cuisine et mange. le plus jeune est fragile car « fait d'argile »; bébé, son père l'a jeté dans les escaliers provoquant quatorze fractures. La mère, dans son coin, ne dit pas grand-chose, elle a dû forcer sa nature en allant à Paris confier ses craintes au commissaire.
On passe un moment aussi en compagnie de Léo l'octogénaire fantasque qui vit seule avec Flem son chien, avec un habile ostéopathe et avec les adjoints d'Adamsberg. Écoutez-le, il vous les présente:
- "Parmi mes hommes, capitaine, il y a un hypersomniaque qui s'écroule sans crier gare, un zoologue spécialiste des poissons, de rivière surtout, une boulimique qui disparaît pour faire ses provisions, un vieux héron versé dans les contes et légendes, un monstre de savoir collé au vin blanc, et le tout à l'avenant. Ils ne peuvent pas se permettre d'être très formalistes.
- Et ça travaille là-dedans ?
- Beaucoup".

Tout est réussi dans l'investigation de Fred Vargas: deux enquêtes qui se croisent, des morts violentes - meurtres ou suicides, un chien futé, du vieux calva millésimé et du porto premier prix, des taches de naissance, un pigeon aux pattes liées, un fils nouvellement arrivé dans la vie d'Adamsberg mais déjà capable de seconder son père. Des adjoints fiers et jaloux qui veulent la jouer perso. Un digne descendant de Napoléon qui entretient la légende et le décor de ses glorieux aïeux. Une solide Rétancourt qui fait office d'intendante pour les besoins de l'enquête.
Et un article de bric et de broc à l'image de la brigade dirigée par un pelleteur de nuages. Il y avait à l'origine quelques bémols mais je les ai oubliés, envolés avec le nom de l'assassin!


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« C'est dans les interstices presque immobiles d'une enquête que se logent parfois les perles les plus rares. Comme les petits coquillages se glissent dans les fissures des rochers, loin de la houle de la haute mer. En tout cas, c'était là que lui les trouvait ».

Jean-Baptiste Adamsberg, le commissaire préféré de Fred Vargas, a encore frappé. C'est en Normandie qu'il nous emmène, cette fois, à Ordebec, un village perdu, où un certain sentier, le chemin De Bonneval, draine des fantômes malveillants. Et des morts, il y en a à la pelle. le tout agrémenté d'histoires de familles, d'héritiers, de relations filiales, y compris à Paris (car plusieurs histoires sont mêlées, même celle d'un pigeon dont on a lié les pattes).

C'est avec grand plaisir que j'ai lu ce polar spécial, moi qui n'en lis habituellement pas. La méthode du commissaire est très spéciale, elle fonctionne à coups d'intuitions et de sensations, d'idées incongrues qui fusent de manière tout à fait fortuite. Son équipe de choc l'accompagne, et son fils aussi, dont il a fait la connaissance deux mois avant (je suis incapable de vous en dire plus, je ne connais pas ce commissaire personnellement, n'ayant lu que peu de polars de Fred Vargas).

Tout cela est raconté avec beaucoup d'humour, de feintes, de jeux de mots, d'érudition bien placée, et de surnaturel...explicable.
Oui, c'est agréable, mais à certains moments, je me disais qu'elle en faisait un peu trop, Fred.
N'empêche, je me demande comment je réagirais devant ce type de commissaire, « en vrai ». D'abord, il faudrait que je le rencontre, sur un rocher peut-être ?
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Depuis le temps que j'attendais un nouveau Fred Vargas, je n'ai pas eu la patience d'attendre sa sortie en poche. Ce que je fais souvent pour les polars. Et je ne suis pas déçue. C'est du très bon Vargas.
On retrouve dans ce roman le duo Adamsberg-Danglard, l'équipe du commissaire que l'on connait bien maintenant - une équipe de bras cassés, à première vue, où chacun a un don particulier, un 6e sens et une haute idée de l'esprit d'équipe – et une écriture intelligente et fine qui sert à merveille un récit aux couleurs moyenâgeuses, poétique et noir à la fois.
Fred Vargas n'a pas son pareil pour peindre des personnages hors du commun, ruraux, un peu rustres et si attachants pourtant. Si ce roman était un tableau, on verrait les personnages de Boch se promener sur les chemins de campagne de Courbet.
Dans une ambiance envoutante de superstition et de légendes, une série de petites anecdotes qui n'ont pas l'air d'avoir de lien entre elles, vont préoccuper le commissaire Adamsberg. Elles vont pourtant tisser la trame de l'intrigue. Et puis, il y a ces morts, inexpliquées, sans témoin, et qui terrorisent tout un village.
Et la magie opère. On se laisse prendre par la main, on éprouve de la tendresse pour l'un, on s'émeut avec l'autre, on suspecte un troisième… L'improbable devient probable, on entre dans son monde avec délectation et on s'y sent bien. Rien de sordide ou de glauque, rien d'outrancier, mais des personnages aux fêlures vraies, extravagants mais réels et un univers onirique qu'on a tôt fait d'adopter.
Un excellent moment de pur plaisir.
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L'univers de Fred Vargas

On ne lit pas un roman de Fred Vargas, on le vit. Attaquer un "Vargas", c'est ouvrir une porte sur un monde à part, un autre univers qui nous propulse gracieusement - mais avec force - dans une ambiance décalée. L'auteur, munie de sa plume aérienne, débordante d'ironie, d'humour pertinent et subtil, plonge le lecteur dans un polar digne d'un conte, un récit peuplé de légendes et de mythes. Un polar atypique avec des personnages totalement atypiques aussi et puissants au niveau de leurs dimensions et de leurs intensités. Fred Vargas nous donne une bonne leçon sur les rapports humains!

Ouvrir un livre de Fred Vargas, c'est faire connaissance avec des personnages remarquablement vivants, attachants et relativement énigmatiques pour certains. le lecteur restera fasciné et séduit par une telle réussite, à savoir apporter une réelle épaisseur, une âme considérable aux protagonistes d'un roman. Fred Vargas, avec ce côté caustique, vif et dégagé, est totalement parvenue à accomplir ce tour de force.

La qualité, la fantaisie et le style des dialogues sont une vraie marque de savoir-faire dans les oeuvres de Fred Vargas. le lecteur ne peut que se retrouver agrippé, emporté et immergé dans l'histoire avec de tels échanges. Toute l'intensité des personnages se retrouve là, lors de ces remarquables conversations perçantes, adroites, incisives et magiques; un défi qui n'est, j'imagine, pas facile à réaliser. Mais Fred Vargas semble très à l'aise pour faire parler ses héros, avec habilité, légèreté et beaucoup d'esprit. L'auteur soigne le dialogue, semble y attacher une importance majeure et offre au lecteur un rendu débordant de finesse et de sagacité. Je pense que l'auteur serait capable d'écrire un roman uniquement composé de dialogues, tout en gardant le lecteur scotché du début à la fin.

Les enquêtes menées par le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg sont un réel régal, un menu complet composé d'intrigues bien ficelées, astucieuses et délurées, aussi dégantées que les personnages qui y évoluent. Beaucoup de morts, de morts violentes bien évidemment - c'est un polar! - mais paradoxalement jamais de douleurs, de deuil ou de souffrance.

Les victimes sont souvent des personnes seules ou sans vraiment d'attaches - je dis "souvent" mais je crois bien que c'est même toujours le cas - et du coup l'auteur arrive à céder au lecteur une histoire avec des faits violents et brutaux, tout en le ménageant d'un point de vue émotionnel. Et il ne faut pas me faire croire que c'est un hasard; bien trop brillant pour être une coïncidence. C'est une sensibilité appréciable de la part de l'auteur, un détail respectable et honorable.

L'évolution de l'intrigue est ponctuée de rebondissements et de contrecoups - autant que dans le cerveau d'Adamsberg d'ailleurs - mais aussi marquée de rencontres atypiques, surprenantes et émouvantes, comme ces fameux trois historiens surnommés "Les Évangélistes", trois personnages puissamment forts en caractère, totalement inclassables, et qu'il faut absolument accoster un jour en ouvrant un Vargas. L'enquête en elle-même se tient bien et suit une logique implacable. Donc pas de place au hasard! Fred Vargas nous achève enfin avec un dénouement souvent bluffant, totalement inattendu et imprévisible. Et c'est souvent à ce moment-là que nous nous rendons compte de l'ingéniosité ahurissante du commissaire Jean-Baptiste Adamsberg.

Le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg... C'est tout une histoire à lui seul! Personnage infiniment humain, simple et complexe à la fois. Il aime tout ce qui l'entoure, il le respecte, l'emmagasine et le vie pleinement. Cet homme s'accroche férocement et parfois même sans le savoir aux détails anodins que personne ne voit et qui échappe à un cerveau ordinaire. Oui car Adamsberg n'est pas ordinaire. C'est un flic qui fonctionne au feeling, sans vraiment de méthodes, qui suit ses intuitions déraisonnées et extravagantes qui le mène toujours - étonnement! - sur la bonne piste. Car Adamsberg observe, explore, se perd, se retrouve, se perd encore pour finalement aboutir. Sa contemplation et son errance le pousse parfois à s'enfermer dans sa bulle pour ne plus y ressortir. du moins, pas avant d'avoir mis de l'ordre dans son cerveau encombré, chaotique et embouteillé. Mais notre homme arrive toujours à démêler les ficelles qui engorgent son esprit, petits bouts par petits bouts, consciencieusement. Car Adamsberg est lent. Efficace mais lent, et ça énerve tout le monde.

Doté d'une grande sensibilité, Jean-Baptiste Adamsberg est aussi une personne qui apprécie les gens, qui prend le temps de les comprendre - de les aimer? - et surtout de les cerner. Allant peut-être même parfois jusqu'à se mettre à leur place. Car pour comprendre les gens il faut inévitablement les connaître, détecter leurs défauts, leurs qualités, comprendre leurs motivations, deviner leurs secrets; et là notre flic excelle et le démontre brillamment. Toujours avec calme et sérénité, bien entendu, car Adamsberg n'avance pas vite, et oui. Pour cet homme, le comportement, l'expression et l'attitude des suspects ne sont pas un élément, mais tout simplement une preuve.

"S'il y avait une chose que Danglard réprouvait plus que tout chez Adamsberg, c'était cette façon de considérer ses sensations comme des faits avérés. Adamsberg rétorquait que les sensations étaient des faits, des éléments matériels qui avaient autant de valeur qu'une analyse de laboratoire. Que le cerveau était le plus gigantesque des labos, parfaitement capable de sérier et d'analyser les données reçues, comme par exemple un regard, et d'en extraire des résultats quasi certains. Cette fausse logique insupportait Danglard."

Adamsberg - je vous l'ai dit - est très respectueux, mais semble avoir du mal à se plier aux directives, aux ordres ou même aux lois. Ses intuitions et ses méthodes ne lui permettent pas de suivre les chemins préfabriqués qu'il serait peut-être censé emprunter. Ce qui compte, c'est de savoir ce qui s'est passé, pourquoi, comment et par qui. le reste suivra son cours... A se demander finalement si c'est vraiment le flic qui choisi sa route ou si c'est elle-même qui se place sous ses pieds, guidée par l'instinct de celui qui y déambule.

Mais les faits et gestes du commissaire ne sont pas cautionnés par tous le monde, par-exemple par son adjoint Adrien Danglard. Très complémentaire, cet homme marié et père de cinq enfants est quant à lui très méthodique et doté d'un savoir immense. Toujours là pour tenter de raisonner Adamsberg, mais cela reste incessamment qu'une tentative qui se heurte contre la fermeté de son chef. Danglard, c'est aussi celui qui cherche constamment des planques dans le commissariat pour... ses bouteilles de blancs.

Il y a aussi Violette Retancourt, celle qui sait tout faire et qui est toujours là quand il faut. Énormément appréciée par Jean-Baptiste Adamsberg, cette femme d'une corpulence hors-norme garde pas mal d'atouts en main. Nous évoluons aussi aux côtés de bien d'autres personnages, tous d'une épaisseur remarquable, dotés d'un caractère bien spécifique, soit des gens du cru!

"L'armée furieuse"

Le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg reçoit un jour la visite d'une femme venant tout droit d'un petit village appelé Ordebec, en Normandie. Cette femme visiblement effrayée et peu bavarde a fait le déplacement jusqu'à Paris uniquement pour parler à Adamsberg, et rien qu'à lui. Visiblement, elle ne fait pas confiance à la police de sa région. Mais pourquoi? Voilà la question qui taraude notre commissaire, intrigué face à cette petite personne qui en dit juste assez pour l'intéresser mais bien trop peu pour y comprendre quelque chose. Cette dame semble avoir très peur de parler.

Finalement, un peu rassurée, elle lui explique tout. Mais pour Adamsberg cela n'a aucun sens. Valentine Vendermot lui raconte qu'un homme, Herbier - c'est son nom -, a disparu depuis quelques temps. Plus personne ne l'a vu dans le village. Un homme mauvais, un sale type. Mais alors pourquoi s'en faire? Valentine lui explique alors qu'une nuit, sa fille Lina a vu passer L'Armée Furieuse sur le chemin De Bonneval. Herbier y était aussi, il criait, accompagné de trois autres hommes. L'Armée Furieuse... le commissaire se demande bien ce que cela peut-être. Il se renseigne auprès de Danglard, son adjoint qui sait tout sur tout.

Il lui apprend alors que L'Armée Furieuse, ou "La Mesnie Hellequin" est une troupe maléfique, des chevaliers, qui saisissent des criminelles impunis qui supplient pour qu'une bonne âme répare leurs forfaits immondes pour être sauvés du tourment. Mais le problème est le suivant et il est de taille pour Adamsberg. Il s'agit d'une légende datant du 11ème siècle et les chevaliers en question sont des morts! Mais Lina, la fille de Valentine Vendermot, les a vus emporter Herbier et trois autres hommes du village. Selon elle, Herbier est mort, ou va mourir bientôt, et les autres hommes aussi. C'est L'Armée Furieuse qui veut ça, on ne peut rien contre elle.

Adamsberg, suivant son instinct et son intuition légendaire, va tout de même décider de se rendre dans ce petit village de Normandie, juste pour voir, juste pour se faire une idée... C'est en se promenant sur le chemin De Bonneval qu'il va faire une rencontre intéressante, bouleversante, et c'est surtout à ce moment qu'il va apprendre la mort violente d'Herbier. L'Armée Furieuse? Non.. Quoi que... Une grande aventure semée de morts, de psychoses et de peurs, sur un fond de légendes normande, va débuter pour Adamsberg et son équipe. le commissaire va tenter de faire la lumière sur ces assassinats surprenants, barbares, qui affolent les villageois d'Ordebec, très imprégnés par cette fameuse légende qui refait surface après tant d'années.

Jean-Baptiste Adamsberg sera également occupé sur une autre affaire, à Paris. Une enquête délicate qui suscite l'intérêt des hautes sphères par sa sensibilité. Un homme respecté, puissant et influent dans le domaine économique a été découvert brûlé dans sa voiture. Un acte criminel, cela ne fait aucun doute. Un jeune délinquant, pyromane à ses heures perdues, est rapidement soupçonné et arrêté. Jean-Baptiste Adamsberg, qui connaît bien ce gamin, n'y crois pas et va utiliser ses méthodes peu orthodoxes pour le prouver. Une mise en scène des plus subtiles mais terriblement risquée! C'est le prix de la vérité.

Sans oublier ce fameux pigeon - un vrai, l'oiseau - condamné à mort, qui est retrouvé devant le commissariat, avec les pattes attachées par de la ficelle. Bien entendu, Adamsberg va également s'en occuper, avec autant d'énergie que s'il s'agissait d'un crime commis sur une personne. Car Adamsberg, il aime les gens, mais pas lorsqu'ils commettent des cruautés!

Méfiez-vous de l'Armée Furieuse qui risque de passer une nuit sur le chemin qui passe près de chez vous, surtout si vous avez commis des crimes odieux, impunis jusqu'à ce jour... Bonne lecture.
Lien : http://passion-romans.over-b..
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critiques presse (6)
Actualitte
03 août 2011
Les fans auront plaisir à suivre les nouvelles aventures du commissaire Adamsberg, mais pourront être gênés par l'intrigue platonique et les références omniprésentes aux précédents ouvrages. 
L'Armée furieuse, premier des ventes depuis quelques semaines peut donc se lire vite et s'oublier rapidement.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeMonde
09 juillet 2011
"Il se trouve que je connais bien la Normandie. Du temps de ma grand-mère, il y avait encore des gens qui se jetaient des sorts. Cet archaïsme m'a frappé, dans mon enfance." Elle s'en est magistralement servie dans cette Armée furieuse que va devoir affronter son personnage fétiche, le commissaire Adamsberg.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaPresse
20 juin 2011
Malgré quelques trous et une fin qu'on voit un peu venir, L'armée furieuse est un réel plaisir de lecture.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LePoint
14 juin 2011
La petite musique vargasienne est encore au rendez-vous et ses aficionados vont être comblés. Car L'armée furieuse recèle tous les ingrédients de l'étonnant festin qu'elle nous sert depuis 2001, année du coup de maître Pars vite et reviens tard.
Lire la critique sur le site : LePoint
LeFigaro
14 juin 2011
Comme toujours chez Vargas, les digressions comptent au moins autant que l'enquête, les dialogues sont efficaces, savoureux et les personnages, qu'il s'agisse des hommes d'Adamsberg (la «déesse polyvalente» Retancourt, le poète Veyrenc, l'hypersomniaque Mercadet) ou des autochtones, valent le détour.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Bibliobs
14 juin 2011
Rien ne manque dans cette «Armée furieuse» des saveurs de la Vargas touch: le suspense délectable qui ne faiblit pas d'une page à l'autre, la brutalité des relations humaines sublimée par l'utilisation des contes et légendes, la finesse du dialogue entre Adamsberg et ses fidèles Veyrenc et Danglard, l'effet cathartique du dénouement et la sensation du lecteur de rentrer d'un long voyage peu banal.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (143) Voir plus Ajouter une citation
Il y avait des petites miettes de pain qui couraient de la cuisine à la chambre, jusque sur les draps propres où reposait la vieille femme, morte et bouche ouverte. Le commissaire Adamsberg les considérait en silence, allant et venant d'un pas lent le long des débris, se demandant quel Petit Poucet, ou quel Ogre en l'occurrence, les avait perdues là.
L'appartement était un sombre et petit rez-de-chaussée de trois pièces, dans le 18° arrondissement de Paris.
Dans la chambre, la vieille femme allongée. Dans la salle à manger, le mari. Il attendait sans impatience et sans émotion, regardant seulement son journal avec envie, plié à la page des mots croisés, qu'il n'osait pas poursuivre tant que les flics étaient sur place. Il avait raconté sa courte histoire : lui et sa femme s'étaient rencontrés dans une compagnie d'assurances, elle était secrétaire et lui comptable, ils s'étaient mariés avec allégresse sans savoir que cela devait durer cinquante-neuf ans. Puis la femme était morte durant la nuit. D'un arrêt cardiaque, avait précisé le commissaire du 18º arrondissement au téléphone. Cloué au lit, il avait appelé Adamsberg pour le remplacer. Rends-moi ce service, tu en as pour une petite heure, une routine du matin.
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Dans l'auberge, Danglard, manches relevées, était en train de cuisiner en discourant, sous le regard attentif de Zerk.
- C'est très rare, disait Danglard, que le petit doigt de pied soit réussi. Il est généralement contrefait, tordu, recroquevillé, sans parler de l'ongle, qui est très amoindri. A présent que ça a doré sur une face, tu peux retourner les morceaux.
Adamsberg s'appuya au chambranle de la porte et regarda son fils exécuter les consignes du commandant.
- C'est les chaussures qui font cela ? demandait Zerk.
- C'est l'évolution. L'homme marche moins, le dernier doigt s'atrophie, il est en voie de disparition. Un jour, dans quelques centaines de milliers d'années, il n'en restera qu'un fragment d'ongle attaché au côté de notre pied. Comme chez le cheval. Les chaussures n'arrangent rien, bien sûr.
- C'est la même chose que nos dents de sagesse. Elles n'ont plus de place pour pousser.
- C'est cela. Le petit doigt est un peu la dent de sagesse du pied, si tu veux.
- Ou la dent de sagesse est le petit doigt de la bouche.
- Oui mais dit comme cela, on comprend moins bien.
Adamsberg entra, se servit une tasse de café.
- Comment était-ce ? demanda Danglard.
- Elle m'a irradié.
- Des ondes néfastes ?
- Non, dorées. Elle est un peu trop grosse, elle a les dents en avant, mais elle m'a irradié.
- Dangereux, commenta Danglard d'une voix désapprobatrice.
- Je ne pense pas vous avoir jamais parlé de ce kouglof au miel que j'ai mangé enfant chez une tante. Mais c'est cela, en un mètre soixante-cinq de hauteur.
- Souvenez-vous que cette Vendermot est une cinglée morbide.
- C'est possible. Elle ne le paraît pas. Elle est à la fois assurée et infantile, bavarde et prudente.
- Et si cela se trouve, ses doigts de pied sont laids.
- Amoindris, compléta Zerk.
- Cela m'est égal.
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p.76
"Ici, c'est comme partout, il y a beaucoup de têtes creuses qui ont vite fait de se remplir de n'importe quoi, si possible du pire. C'est ce que tout le monde préfère, le pire. On s'ennuie tellement.
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« - Cette nuit-là, dit-elle lentement, Lina a vu passer l’Armée furieuse.

- Qui ?

- L’Armée furieuse, répéta la femme à voix basse. Et Herbier y était. Et il criait. Et trois autres aussi.

- C’est une association ? Quelque chose autour de la chasse ?

Madame Vendermot regarda Adamsberg, incrédule.

- L’Armée furieuse, dit-elle à nouveau tout bas. La Grande Chasse. Vous ne connaissez pas ?

- Non, dit Adamsberg en soutenant son regard stupéfait.

- Mais vous ne connaissez même pas son nom ? La Mesnie Hellequin ? chuchota-t-elle.

- Je suis désolé, répéta Adamsberg. Veyrenc, l’armée furieuse, vous connaissez cette bande ? La fille de Mme Vendermot a vu le disparu avec elle.

- Et d’autres, insista la femme.

Un air de surprise intense passa sur le visage du lieutenant Veyrenc. Comme un homme à qui on apporte un cadeau très inattendu.

- Votre fille l’a vraiment vue ? demanda-t-il. Où cela ?

- Là où elle passe chez nous. Sur le chemin de Bonneval. Elle a toujours passé là.

- La nuit ?

- C’est toujours la nuit qu’elle passe.

Veyrenc retint discrètement le commissaire.

- Jean-Baptiste, demanda-t-il, vraiment tu n’as jamais entendu parler de ça ?

Adamsberg secoua la tête.

- Eh bien, questionne Danglard, insista-t-il.

- Pourquoi ?

- Parce que, pour ce que j’en sais, c’est l’annonce d’une secousse. Peut-être d’une sacrée secousse. «

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Non il y a beaucoup de choses qu’il ne sait pas. Il ne sait pas trouver une femme, mais il a une nouvelle amie depuis deux mois, c’est un événement exceptionnel. Il ne sait pas trouver l’eau mais il repère très bien le vin blanc, il ne sait pas contraindre ses peurs ni oublier la masse de ses questions, qui s’accumulent en un tas effarant qu’il parcourt sans relâche comme un rongeur son terrier. Il ne sait pas courir, il ne sait pas regarder la pluie tomber, ni le fleuve couler, il ne sait pas négliger les soucis de la vie, et pire, il les crée par avance pour qu’ils ne le surprennent pas. Mais il sait tout ce qui n’est pas à première vue utile. Toutes les bibliothèques du monde sont entrées dans la tête de Danglard, et il reste encore beaucoup de place. C’est quelque chose de colossal, d’inouï, c’est quelque chose que je ne peux pas te décrire. (pp.40-41)
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Vidéo de Fred Vargas
Le livre lu dans cet épisode est « L'Homme aux cercles bleus » de Fred Vargas paru aux éditions J'ai lu. Avec la participation de Baptiste Montaigne, champion du grand concours national de lecture « Si on lisait à voix haute » 2023 pour le générique, Benoit Artaud à la prise de son et montage.
Remerciements à Martine Bommel - Murua, psychomotricienne et Dominique Samora, assistante sociale éducative de l'hôpital marin de Hendaye AP-HP, ainsi qu'à Claire Grimbert et Patxi Uzcudun du théâtre des chimères de Biarritz.
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Le Centre national du livre lance un programme en direction des hôpitaux, Mots parleurs, en partenariat avec l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Cette action s'inscrit dans la continuité des actions menées pour transmettre le goût de la lecture à tous et notamment aux publics éloignés du livre.Définitivement tournée vers la jeunesse, cette action vise à conjuguer lecture, écriture et mise en voix. Les adolescents et les jeunes adultes, en collaboration avec le personnel hospitalier, sont ainsi inviter à choisir un livre parmi une sélection, en lien avec la thématique de l'édition 2023 des Nuits de la lecture : la peur.
Pour cette première édition 2023, six établissements de l'AP-HP participent. Quatre établissements sont situés en Île-de-France et deux en région (Provence-Alpes-Côte d'Azur et Nouvelle-Aquitaine).Le projet se déroule de fin septembre 2023 à début janvier 2024.A partir d'un ouvrage sélectionné avec le personnel hospitalier, les adolescents et jeunes adultes sont amenés à choisir des extraits de textes pour les lire et les commenter. Sur la base du volontariat, Mots parleurs propose ainsi à des groupes de cinq à dix patients accompagnés de personnel soignant d'écrire et d'enregistrer leur production, au cours de six ateliers répartis dans différents hôpitaux. Ils débattent pour élire l'ouvrage qui constituera la matière de leur travail.
Afin de les guider dans la sélection des extraits, dans la rédaction et dans l'enregistrement du podcast, ils sont accompagnés par un écrivain ou un comédien, ainsi qu'un technicien du spectacle. Ce podcast, d'une trentaine de minute, sera ensuite mis à disposition de tous les patients et personnels soignants de l'AP-HP.
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