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EAN : 9782213672281
256 pages
Fayard (01/09/2014)
3.5/5   10 notes
Résumé :
Paul croyait aux mots qui disent la beauté du monde, ceux de l’école et des poètes, déclamés sur l’estrade par des maîtresses lumineuses, descendantes des antiques vestales. Giovan, fils d’immigrés italiens abonné aux mauvaises notes, ne croyait pour sa part qu’aux mots de la révolution. Pourtant Paul et Giovan étaient amis. Parce que dans l’enfance les espoirs en un monde meilleur et les visions des poètes peuvent sembler une seule et même chose, pourvu que les mot... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un roman de la rentrée littéraire, qui se laisse lire.
L'écriture est belle, fluide, on plonge parfois dans les souvenirs d'enfance ou de jeunesse (de premier poste de prof, des premières amours ...) de Giovan et de son ami Paul. Mais je n'ai pas été vraiment touchée par ces deux personnages, dont on ne saura pas grand chose finalement. Pas emballée.

Tout est vu par les yeux de Giovan. On ne sait pas vraiment ce que font les personnages réunis pour une récompense. Les Palmes académiques peut-être ? La récompense semblant plutôt attribuée à des professeurs qu'à des poètes, tandis que Paul est à la fois professeur et poète.

Giovan se perd dans de longues divagations, dans de vieux souvenirs, dans ses rêveries. Comme autrefois dans ses heures de rêverie en classe, à l'époque où tous se moquaient de lui, fils d'immigrés italiens, fils d'ouvrier qui parlait si mal le français.
Tous, y compris Paul son grand ami, qui avait honte de son père, et préférait sa mère institutrice. Paul deviendra professeur, et Giovan le rebelle partira en Italie, dans les usines de Fiat à Turin.
Mais de nombreux éléments pourtant intéressants sont à peine évoqués. On ne sait pas vraiment quoi penser des amours de Paul, du destin de Giovan à peine effleuré, du destin de son grand frère, bon élève comme Paul ...
On ne sait pas vraiment si les colères homériques de l'un ou de l'autre sont si justifiées, on a l'impression d'un flou, d'un brouillard, rien n'est très clair dans l'histoire.
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Canal + début septembre, le Grand journal intervention d'Augustin Trapenard, voici l'origine du comment, du pourquoi, du qu'est-ce, de la lecture que je vous propose aujourd'hui.
En lisant ce roman j'ai redécouvert notre belle et riche langue, le Français. C'est immensément beau, je me redresse, je suis fière.
Ce livre est un « herbier » représentant la puissance des mots, le pouvoir de l'imaginaire et des expressions de notre belle langue. Un « herbier » pour parler de culture quoi de plus naturel, et hop ça c'est fait !
Je vous vois venir, vous allez me dire : « hou, là ! Attention l'emphase, les prises de tête, le sirop sirupeux et dégoulinant jusqu'à l'écoeurement de la récitation de « beaux » mots du dictionnaire mis bout à bout, très peu pour nous ! »
Erreur grave que vous feriez là, amis lecteurs. Ici point d'écoeurement, la légèreté a conduit la plume de Jean Védrines. Ce récit est une cascade de qualificatifs, de clichés, de visions, c'est beau on dirait du… Monnet dans son jardin au bord de l'eau.
L'histoire en elle-même est bâtie sur l'amitié indestructible entre deux jeunes garçons, leurs découvertes, leurs passions, leurs aspirations, leurs déceptions, leurs parcours…

Giovan est issu d'une famille italienne immigrée en France pour des raisons politique. Sensibilisé très tôt par son milieu familiale et par un frère ainé très engagé, il est révolutionnaire dans l'âme ce qui le conduira dans les années 70 à retourner en Italie pour travailler dans le usines Fiat et participer aux mouvements ouvriers. « En punir un, pour en éduquer cent », une autre manière de voir l'éducation, vous ne trouvez pas ?
Giovan dit, en se comparant à l'élève Paul, son ami : « Pas moi, empêtré encore dans les italieneries de mes parents, leur baragouin approximatif d'immigré de fraiche date, ce qui expliquait sans doute qu'en classe j'aie deviné bien moins de merveilles que lui ! » Il se rattrapera plus tard, à chacun son rythme.
Paul, un père très manuel et une mère maitresse d'école, une alchimie qui reste délicate.
Pour Paul son père représente « l'austérité de l'ouvrier », le turbin, la machine, les outils, « le sang du vieux frileux et crevard ». En opposition avec sa mère qui dessine et souffle les mots, fait bondir les phrases qui font apparaitre les images.

Vous l'aurez compris, les bases jetées à l'enfance, nous allons voir leur aboutissement à l'âge adulte lorsque nous retrouverons nos deux protagonistes à l'occasion d'une cérémonie dans un amphithéâtre, « une fosse à gradins ». Un moment privilégié pour faire le point, remonté dans le temps…Régler ses comptes !

Entre temps vous aurez lu un très beau roman.

« Tous les gueux et les puissants, apprenant dans leur chair, leur carcasse, l'ordre du monde, du travail, nus dès lors pour eux-mêmes, et durs, inflexibles bientôt aux prochains, aux subordonnés ».

Au cours de ma lecture, j'ai pris les choses une à une et je me suis laissé porter. J'ai réellement été heureux pendant les 347 pages de ce roman.

Ah, oui, je peux me tromper mais j'ai cru déceler un peu de « langage des oiseaux ». Donc amis lecteurs, il faudra bien ouvrir vos yeux et faire quelques recherches. Un exemple ? « La première de cent victoires » en parlant du combat contre la mort, justement au sujet du rapport de la mort à la vie nous pourrions dire que c'est « la première de sans victoire », non ?

Allez ça aussi c'est fait,
@bientôt amis (es) lecteurs (trices).
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Ce qui m'a plu dans ce roman, c'est la langue, et c'est à cela qu'à mon sens on reconnaît les écrivains, les vrais !
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critiques presse (2)
Telerama
12 novembre 2014
De ces rapports tumultueux sur plusieurs décennies, où domine de part et d'autre le verbe de deux milieux, deux traditions, deux professions et deux révoltes – littéraire ou politique –, Védrines a tissé des épisodes grotesques et terribles, enfantins et tragiques, sur fond de bocage normand.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeFigaro
24 octobre 2014
C'est pour venger l'honneur de quelques bons maîtres que le normalien Védrines a écrit ce roman aux couleurs brûlantes - avec un somptueux parallèle, à la fin du livre, entre le rouge de l'histoire en marche et l'orange de la révolte consommée. Mais la parole du romancier n'est pas seulement tournée vers le passé. Elle regarde vers l'avenir, le contemple et l'appelle.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Mais là-dedans ont vibré des sons désagréables, des nasales brèves, leur battement métallique. Une formule sèche, j’ai pensé, une phrase d’annonce très courte, trop courte pour une telle assistance, des professeurs, tout de même, des gens lettrés, les semblables de Paul. Car j’imagine qu’on ne vas pas l’honorer – un des objets de la cérémonie d’après lui – devant un public ilote, qui ne serait pas du métier. Moi qui redoute les maîtres, les reconnais partout, dans le train, le métro, la rue, repère au premier coup d’œil, ce que la parole professorale défait dans un visage, les cicatrices, les blessures qu’elle y creuse, j’ai su d’emblée qu’ici tous étaient de la partie : ils méritaient mieux que ces trois nasales, leur pincement bref.

Surtout que l’homme se tait toujours, une poignée de secondes, sûrement, mais incongrues, insupportable, l’obligation pour nous de le regarder au visage, maintenant, de guetter inquiets sur ses lèvres les prémices de la parole. De drôles de lèvres, fines et courbées, un arc d’aigreur qui creuse très bas ses plis, à gauche et à droite de la bouche, va finir par faire sillon jusqu’au menton, une coupure profonde, on dirait, taillée par une parole acide, mauvaise. Sa manière à lui, je pense, de rappeler aux rangs serrés devant lui qu’il a été des leurs, qu’il porterait du métier au moins ce prétendu stigmate : le bec amer, les lèvres mangées, rabougries par leur claquement, par tous ces mots qui reprennent, corrigent, morigènent sans cesse. Une bouche qui des millions de fois à dit : "Non ! Faux ! Nul !", et joui de le répéter, le marteler. Une assurance, une morgue dans cette lippe qui me déconcertent : comme si cet homme était certain que tout professeur est d’abord un claque-bec, comme si Paul, par exemple, aimait rabrouer, lancer des reproches, des menaces à ses ouailles, lui qui rechigne à noter bas, près du zéro d’infamie, ou même en deçà du dix salvateur, qui craint alors d’humilier, de blesser.

Et plus morgueux encore, l’homme, vraiment insolent, de suggérer si fort qu’il a échappé à la condition modeste où végète son public… "Un contremaitre, ce gars, en somme !, je vois en un éclair. Ça y plairait guère, à cet évident prétentieux, mais il est de la même estrace que Testanière, contremaître aux Ateliers mécaniques des Bourbons, un zigue qui n’avait pas supporté de faire à vie ouvrier tourneur, de se colleter en solitaire la machine obtuse. Comme nous autres, d’ailleurs, tous des O.P.1 ou des O.S. Sauf qu’au lieu de se révolter, de gréver ou de glisser sous le tabouret de tôle un bouteillon de blanc bien vert, torche-tripes, il avait choisi de plaire à ses chefs, de faire son lèche-cul, son obséquieux jaunâtre, et de s’élever à la seule cime, la seule immense altitude qu’il pouvait concevoir : une place un cran au dessus de lui dans le métier, la "maîtrise", un ingrat travail de chefaillon, de contrôleur du pauvre monde, quarante bonhommes sous lui à faire baver, marner au moindre de ses ordres. Mais sa parole contre la tienne en toute circonstance, un type impossible à jamais critiquer, ni secouer, quoi qu’il fasse, même une grossière erreur… un intouchable."
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Il a dû sentir mon regard, ma colère : il tourne un peu la tête de mon côté, sourit gêné, gauche comme souvent, il écarte légèrement les bras, me montre ses paumes bizarrement ouvertes, souffle un mot que je n'entends pas, que j'essaie de lire sur ses lèvres, le répète, et soudain j'ai compris, il a repris deux syllabes de notre enfance, deux éclairs, coups de tonnerre qui ouvraient les pus sérieux de nos rituels, il a dit un mot simplet, presque nu, il a murmuré : "les clous", et je l'ai revu percé par le mot, la chose, dans l'ombre de la cour d'école ou de notre cabane, et hurlant une histoire qui guiderait nos jeux.
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Une beauté, on trouve, mademoiselle B., les cheveux et les yeux pailletés d'or, les mains blanches aux doigts fins, délicats. Des lèvres rieuses, surtout,
et des phrases qui bondissent, légères, cascadent jusqu'à nos tables, éblouissent nos cahiers.

Elle dessine les mots. Un don qu'elle a, qu'on n'a jamais connu chez d'autres.
(...) C'est à ce moment qu'on les voit dessinés : dans l'air par-dessus nos têtes, au ciel qui luit à la fenêtre.

Toutes sortes de mots, des très simples, des plus rares.
"Des dorures", on se murmure en grand secret, certains, depuis que la maîtresse nous a montré une photo couleur de la galerie des Glaces, que tout ce qui est beau a l'éclat solaire de Versailles.
A commencer par ses yeux irisés, illuminés quand elle déclame, module ses phrases.

Souvent, elle respire encore plus bruyant, rythmé, et voilà qu'elle fait même apparaître les choses dont elle cause ! Dans la classe, pile sous notre nez !
Un arbre, la première fois, je me rappelle.
Paul, qui les aime tant, en était transi d'émotion
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Si son père était ouvrier, comme le mien - notre honneur, notre fierté aujourd'hui -, sa mère faisait l'institutrice et, à ce titre, pouvait, malgré le métier de son homme, loger dans un appartement juste au-dessus de ses classes - des CM1 ou CM2, des "primaires" en tout cas ("Des primates !", dira Paul un peu plus tard pour rire, échapper à tout ça).

Si bien que, le soir après six heures, l'enfant ne quittait pas l'école,
le logement lambrissé de boiseries à mi-hauteur, les mêmes que dans la salle des cours moyens en dessous.
"Moyen, mi, demi : les mots qui ont raboté mon enfance", ironisera Paul.

Moi, je trouvais qu'il n'y avait rien de médiocre, de "moyen" dans ces bâtiments vides d'élèves, ces couloirs déserts, soudain corridors de châteaux, de palais, ces salles livrées à l'ombre et à nos cavalcades ...
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"C'est simple !, a-t-il martelé un jour de fureur. Il suffit de se rappeler la morsure, la violence de ton vent prétendument préféré, le mistral, et la traduction qu'en donnent les vrais Provençaux, pas les touristes de ton espèce qui ne font que traverser leur pays : le maître-vent ! C'est-à-dire le souffle qui renverse, qui soumet, qui élève !"
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Romancier de la révolte et de la parole vive, Jean Védrines se lance avec "L'enfant rouge" dans une archéologie des convictions, à la fois sévère et lumineuse, placée sous l'exigence de la vérité. En savoir plus : https://www.fayard.fr/litterature-francaise/lenfant-rouge-9782213721866
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