J'ai acheté ce livre lors de mon stage d'écriture de l'été à Bordeaux. L'auteur en est l'ancien rédacteur en chef de Sud Ouest dimanche, amoureux invétéré de Bordeaux, du bordelais, du sud-ouest en général et en particulier.
Dans ce gros pavé préfacé par
Catherine Guillebaud, on trouve rassemblés les 7 titres des récits de
Pierre Veilletet, mon préféré étant
Bords d'eaux et plus précisément les deux chapitres : Bordeaux, images flottantes et surtout Médoc, presqu'île intime qui parle si bien des nuages et du terroir natal de ma maman chérie.
Querencia est une somme de 33 fragments dont les titres vont de la bonne chaussure à Jours d'enterrement, de L'huître au Poulet rôti en passant par La Morue et le Chocolat, de même que
le Vin, leçon de choses (20 fragments), les deux, recueils de souvenirs, d'impressions, de ressentis, et de commentaires souvent très pertinents de l'auteur.
Je n'ai pas goûté
le Prix du Sang et apprécie peu l'engouement qu'avait l'auteur pour la tauromachie, mais après tout chacun ses goûts. Ce qui est certain et qui m'a transportée du plaisir de lire, c'est la beauté de la plume de cet auteur. Jugez-en plutôt :
"En allant vers la Pointe aux oiseaux, non loin des vases de l'estuaire et à deux pas de l'Océan dont on entend déjà le souffle, se trouve 'la petite Flandre du Médoc'. Une ligne d'horizon basse, piquée de tamaris échevelés, d'herbes folles, de liserons et de lys sauvages. Un dixième de terre, neuf dixièmes de ciel et de vent (...) Il n'y manque ni la voile lointaine qu'on semble affaler à même la prairie, ni la ponctuation légère d'une mouette (...) Parler de ce Médoc atlantique où l'ultime clocher appelle la protection de Notre Dame de la fin des terres, ce n'est pas convoquer en vain la dramaturgie céleste (...) Comme dans la Frise (...) comme en Galice, à toutes ces extrémités du monde où le sol soudain vient à manquer sous le pas de l'homme, règne en effet l'empire des nuages (...)"
C'est aussi l'immense culture dont il fait montre au travers de ses écrits, sans pédanterie mais avec l'esprit de partager. Et puis des formules qui claquent, comme j'aime : "Dans cette population balnéaire où tout le monde finissait par ressembler à n'importe qui" ou "il aimait les voir s'égailler à la fermeture des boutiques, impeccablement trop maquillées, vêtues de tailleurs stricts pour avoir l'air de femmes d'affaires et non de vendeuses, mais n'ayant pas résisté aux avantages visibles d'une taille 10 sur une taille 12 (...)" Il y en a tellement qu'il aurait fallu recopier le livre pour rendre justice à son art de la formule !
Un ouvrage atypique dans mes habitudes de lecture, mais que j'ai énormément apprécié et que je vous recommande si vous aimez l'écriture soignée et notre monde contemplé par un oeil exercé et décrit de belle façon