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4,1

sur 1210 notes
« Vercors » n'est autre que le nom de résistant et le pseudonyme de Jean Bruller, illustrateur. Il fonde en 1941, une maison d'édition clandestine avec Pierre de Lescure. Une petite maison d'édition qui deviendra grande : il s'agit rien moins que « Les Editions de Minuit »…
Les Editions de Minuit, qui publient en 1942, un premier texte de Jean Bruller/Vercors : « le silence de la mer ».

Nous sommes au bord de la mer en 1941, au début de l'occupation. Dans la maison d'un village comme il y en eut tant dans la France occupée vivent un vieil homme et sa nièce. La maison est réquisitionnée : un officier allemand, Werner von Ebrennac, occupera une chambre au grand dam des habitants du lieu.
Le vieil homme et sa nièce s'enferment alors dans un mutisme forcené, malgré les tentatives de l'officier ; un officier élégant tant dans la forme que dans le fond : il est cultivé, francophone et francophile…et plaide en faveur du retour de l'Allemagne à ses vraies valeurs ; celles de la culture...

Dans le « Chanteur du silence » , Julos Beaucarne évoque « le va-et-vient du silence dans le spectre duquel se cachent toutes les musiques »… il y a fort à penser qu'ici le silence du vieil homme et de sa nièce contient toutes les formes de réprobation et de résistance face à l'occupant. Au même titre que le blanc n'est autre qu'un mélange invisible de toutes les couleurs visibles, ce silence pourrait bien être, ici, le fruit du mélange inaudible de tous les cris de révolte …

Bref, un petit opuscule à lire et à relire quand on est convaincu que la culture partagée reste et restera le ciment de l'entente entre les peuples.
Quelques adjectifs ; un texte : court, très court, élégant, émouvant, poignant…
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Que faire pour montrer son hostilité envers quelqu'un, afficher son mépris, exprimer sa haine ?
Quelle attitude adopter ? Quels mots utiliser ?
Crier ? Hurler ? Vociférer ?
Insulter ? Invectiver ? Agonir d'injures ?
C'est bien tentant, cela peut paraître libérateur de se défouler ainsi sur une personne que l'on n'aime pas. Et pourtant...
Pourtant, ce n'est pas la meilleure solution. Ce n'est même pas une solution tout court.
Toutes ces gesticulations sont inappropriées. Car à travers elles on montre à l'autre qu'il ne nous est pas indifférent.
On lui donne une existence.
Alors, que faire ?
Se taire.
Opposer un silence total, obstiné, méprisant. Dévastateur.
Par son silence, montrer à l'autre qu'on ne le voit pas, qu'on ne l'entend pas : qu'il n'existe pas.
Par son silence, lui refuser une quelconque réalité. Le faire disparaître par la pensée.
L'autre a beau être présent physiquement, il est humainement absent.
Voilà ce qu'il faut faire.
Voilà ce que font un monsieur âgé et sa nièce, forcés d'héberger un officier allemand pendant la guerre.
À l'occupation subie de leur maison, ils opposent leur silence.
Ça a l'air simple finalement, mais ça ne l'est pas.
Cette guerre silencieuse serait facile à mener si l'ennemi était haïssable : on le déteste et on se tait, point final.
Mais l'officier est poli, cultivé, respectueux. En un mot : charmant.
Il aime la France et sa culture, il le dit et le prouve.
Peut-on séparer l'homme (l'être humain) de sa fonction (officier allemand, donc ennemi) ?
L'oncle et la nièce vont-ils tenir ? Vont-ils être tentés de parler ou réussiront-ils à conserver leur mutisme jusqu'au bout ?
Chut... silence ! Je ne vous dirai rien de plus !

Paru en 1942, le silence de la mer est la première production des Éditions de Minuit, maison fondée en pleine guerre par Jean Bruller (véritable nom de Vercors ) et Pierre de Lescure.
C'est un texte court mais puissant. Une lecture très forte.
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Dans ma précipitation à vouloir lire ce livre, je me suis trompée en le commandant et me suis retrouvée avec : "Le silence de la mer" suivi de "La marche à l'étoile", alors que mon choix initial ne portait que sur "Le silence de la mer". Naturellement, j'ai lu les deux mais ma note de 4.5/5 ne concerne que la première partie du livre ayant été moins sensibilisée par la seconde.

"Le silence de la mer" est le titre d'une nouvelle parmi les sept que contient le livre éponyme. Dans ces récits, il n'est pas question d'armement, d'engins, de stratégie, de batailles, de défaites ou de victoires. Dans ces récits, la guerre a des visages, les visages des petites gens qui souffrent et subissent. Des visages et des noms que la grande Histoire ne retiendra pas. Et des petites gens dans lesquels on se reconnaît, une douleur que l'on ressent, un désespoir que l'on éprouve.

Ces récits magnifiquement écrits montrent la réalité de la guerre dans toute son absurdité et son horreur. Abomination qu'aucune médaille, commémoration ou poignée de mains entre ennemis réconciliés n'amoindrira jamais ni ne pourra justifier.

Mention spéciale pour la nouvelle intitulée "Ce jour-là" qui m'a bouleversée au plus haut point.
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Que dire après une telle lecture, après la lecture d'un texte écrit par ce résistant ? Pas grand chose...
Cette lecture amène au silence, à la réflexion, à l'introspection. le silence est une résistance, une non-coopération. le monologue de l'Allemand est une réflexion, un cheminement personnel.
Parfois dans le silence de l'autre, on trouve certaines réponses.
Un texte sur la tolérance, sur le respect, sur l'amour, sur l'acceptation, sur l'abandon ; bref un texte sur des silences qui en disent long.
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Dans une demeure sur le bord de mer, un vieil homme et sa nièce doivent subir l'occupation allemande en la présence de Werner von Ebrennac. « Cela était naturellement nécessaire. J'eusse évité si cela était possible. Je pense que mon ordonnance fera tout pour votre tranquillité. » (p. 22) Devant l'intrus, l'homme et la jeune fille observent un silence farouche. Mais l'Allemand est un être poli, cultivé, amoureux de la France. Il comprend que ses hôtes ne peuvent résister à l'invasion qu'en se taisant. « Je suis heureux d'avoir trouvé ici un vieil homme digne. Et une demoiselle silencieuse. Il faudra vaincre ce silence. Il faudra vaincre le silence de la France. Cela me plaît. » (p. 32) Alors, l'officier parle chaque soir et déclare son amour pour le pays occupé, sans s'offusquer du silence qui pèse chaque jour un peu plus.

De son côté, le vieil homme ne veut pas offenser l'officier allemand, mais lui et sa nièce se doivent de rester fidèles à un idéal de liberté face à celui qui incarne l'ennemi. Et c'est d'autant plus difficile de poursuivre ce silence quand l'ennemi se révèle humain, humaniste et généreux. Finalement, les seuls mots qui seront prononcés seront dits trop tard pour tous.

Superbe récit sur l'amitié entre les peuples, au-delà des guerres et des idéologies délétères. Je me rappelle avoir vu un téléfilm adapté de cette histoire. Impossible de me souvenir des acteurs, mais j'avais aimé ce récit et je m'étais promis de le lire. C'est chose faite et c'est un plaisir infini. de cet auteur, je vous conseille aussi Les animaux dénaturés, ou comment le chainon manquant entre l'homme et le singe peut poser de grands problèmes.

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La guerre est perdue
Les monstres de fer ont déferlé
Sur la terre de France vaincue
L'ennemi est dans nos foyers

Et voila qu'il se tient là
Ni cruel ni assoiffé de sang
Mais un homme bon et courtois
Aimant la France ainsi qu'un amant

Et le vieillard et la jeune femme
N'ont pour arme que leur silence
Face aux élans de son âme
Leurs visages froids, leur défiance

Il parle d'une aube d'espérance
Où régnera pour toujours la paix
Entre nos nations réconciliées
Mais ne lui réponds que le silence.

Il déplore la sanglante démence
Les ayants conduit à s'affronter
Ose croire qu'elle sera vite oubliée
Mais ne lui réponds que le silence.

Mais voila ses illusions brisées
Trahi par ceux en qui il a cru
Quand résonne son pas abattu
Comment ne pas lui dire d'entrer ?
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Quel est le point commun entre un enfant transporté en urgence chez une voisine qui pressent sans le comprendre vraiment qu'il ne reverra plus jamais ses parents, un homme qui refuse de croire à la cruauté humaine et s'engage dans la résistance après avoir vu ses amis disparaitre, et une famille qui lutte contre l'envahisseur en imposant le silence pendant des mois: L'occupation de la France pendant la seconde guerre mondiale.
Elle est relatée ici à travers un ensemble de nouvelles qui nous mêlent au quotidien de gens ordinaires qui résistent à leur manière ou qui subissent l'occupation.
Ces nouvelles sont parfois émouvantes, terribles ou drôles, montrant les multiples visages de la vie à cette période qui finissent par s'effacer peu à peu des mémoires de nos proches.
A relire pour ne pas oublier que ce n'est pas parce qu'on ne croit pas qu'une chose ne peut pas arriver....
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« Et qu'il valait de vivre, puisqu'on pouvait espérer un jour extirper ce pire, faire refleurir ce meilleur. Peut-être. » - Désespoir est mort -

Mon premier Vercors et j'ai adoré cette écriture, ces déchirements de l'âme et du coeur. La douleur de la guerre, des choix et des rencontres ainsi que des désillusions.
Et c'est un recueil de nouvelles ! j'aime tant. Ma préférée... le silence de la mer, puis L'imprimerie de Verdun. Une écriture très belle, faite de lourds silences puissants qui fracassent l'esprit. Des jetés de pensées qui m'ont très fortement touchée. Cet auteur est étonnant également dans sa manière de rendre les descriptions si visuelles : « il ouvrit la bouche et je vis l'horrible langue tordue, racornie, noire et déchirée, qui s'enroulait comme un escargot cuit. » - le songe -

Très impressionnée par ce recueil.
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Vrecors est un résistant français contre l' occupation allemande .Vercors est un
pseudonyme de Jean Bruller .Vercors est une partie montagneuse où se
cachaient les résistants." le Monde du Silence " est devenu un ouvrage
classiitaux que abordant des thèmes primordiaux; centraux et vitaux : comme la
vie ou la guerre.
L' histoire est inspirée de faits réels. Vercors avait accueilli chez-lui un officier
allemand avec une jambe raide qui jouait au tennis pour la rééduquer.
Toute fois, aucun rapport ne s' était jamais établi entre eux mais Vercors remar-
-qua que cet officier avait pour la France un certain attachement materialisé par
sa possession de livres français et d' un buste du philosophe Pascal.
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Sous l'occupation, un soldat allemand réquisitionne une chambre dans une maison. Cette demeure, c'est celle d'un homme et de sa nièce qui vont opposer un silence à toute épreuve à l'envahisseur.

Une sobriété et un dépouillement extrême, mais un style riche. Un récit absolument pas manichéen sur la guerre et sur les peuples. Au delà du soldat allemand, on découvre un homme sensible et cultivé. Les trois personnages auraient eu beaucoup à se dire, s'il n'y avait cette guerre qui les séparait... Les descriptions sont hypnotiques et précises, une sorte de monotonie emplit l'espace et le temps. Mais c'est justement la force du récit, d'aller au delà de cette monotonie, au delà de ce silence et de cette séparation pour donner la parole au jeune allemand. En l'absence des mots, les gestes prennent une autre résonance. A chaque page, je m'attendais à une drame, même minime : un balbutiement, un geste de trop qui aurait rompu la tension. Mais rien. On se concentre alors sur le message de l'auteur, sur ce qui fait l'essence des hommes et des peuples. J'ai mis 3/5 à ce livre car ce silence, cette monotonie ont été un peu lourds à supporter à certains moments pour moi (et je l'assume), de même que les tirades de l'allemand. Cependant, certaines lignes, certaines phrases, sont d'une telle justesse... C'est un court texte que j'ai été ravie de lire au moins une fois, un récit différent sur l'occupation et la guerre.
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