Aucun titre n'aurait put être plus explicite que celui là. Jean Verdon nous propose effectivement une analyse du plaisir au Moyen Âge. Je suis de nature assez sceptique avec les livres thématiques sur ce Moyen Âge car il me semble difficile d'avoir une vision "homogène" des moeurs et coutumes d'époques s'étalant du VIe au XVe siècle. Mais connaissant déjà le travail de cet historien, je me suis laissé tenter.
Durant la lecture de cet ouvrage on s'instruit souvent, on s'amuse un peu, on s'étonne parfois, on s'offusque aussi.
L'auteur s'appuie sur les oeuvres des lettrés (médecins, religieux, auteurs et trombadours) pour évoquer les plaisirs de l'amour,du sexe, et des sens. Sans oublier la pression morale de la Religion.
Si l'on s'amuse, c'est en lisant les analyses des médecins sur le corps humains et son fonctionnement. Mais qui dit que dans quelques siècles nos descendants ne riront pas également de nos indéniables certitudes médicales d'aujourd'hui?
Si l'on s'offusque, c'est en se rappelant l'état de grande infériorité des plus humbles et des femmes. Si l'on est comme moi aussi hermétique, voire même réfractaire, à la morale religieuse et à son emprise sur la société, on pourra aussi sentir poindre un certain dégoût de cette pression moralisatrice qui n'a pour but que d'interdire toute sorte de plaisir terrestre, dans l'espoir du plaisir éternel dans un très hypothétique au-delà. Que penser de ces lourdes condamnations par la Religion de tout manière d'agir hors de ses règles. Personnellement, j'ai pu constater que si la forme a certes un peu changé, le fond de leurs discours n'ont guère évolué.
Toujours est il que j'ai assez apprécié ce livre, même si je l'ai trouvé de lecture inégale. Autre petit bémol: je trouve que la troisième partie qui traite des «plaisirs en tous sens» (la table, les distractions, la beauté et la culture), qui fait quasiment la moitié du livre, n'est qu'un condensé d'un autre livre de J. Verdon «S'Amuser au Moyen Âge». ( aussi paru sous le titre «
Les loisirs au Moyen Âge»). Pourquoi, dans ce cas, ne pas faire un seul et unique livre? Une logique commerciale plutôt qu'une logique de savoir?