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EAN : 9782268082028
256 pages
Les Editions du Rocher (25/01/2016)
4.25/5   4 notes
Résumé :
La Sécurité sociale est-elle une institution responsable du déclin français ?
Dans les années 40, la France de Vichy a construit un système de protection sociale fermé et monopolistique qui perdure au XXIe siècle.
De sa naissance à sa mort, le Français est pris en charge par cette structure qui le déresponsabilise et l'anesthésie sous couvert de « solidarité ». Le citoyen peut-il se libérer de ses entraves et adhérer à une institution qui le rendra à l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je tombe, je sombre, je succombe… mais à quelle branche dois-je me raccrocher ?

Ecoutez, c'est extrêmement simple, ce moyen mnémotechnique fonctionne à tous les coups…
- Un petit coup de pompe. Je vous conseille la branche maladie.
- Un bon coup de massue sur la tête ou pire encore un coup de couteau dans le dos. Adressez-vous à la branche Accidents du travail…
- Un sacré coup de vieux. Tentez de vous raccrocher aux vieilles branches retraite !
- Un grand coup de pouce. Vous pouvez toujours essayer de contacter la branche famille… (CAF pour les initiés).

Si vraiment, après tous ces conseils vous ne vous en sortez toujours pas, je peux toujours vous suggérer « Ne t'aide pas et l'état t'aidera » d'Eric Verhaeghe qui aborde la sécurité sociale « comme jardin à la française » (1), ce qui vous en conviendrez colle parfaitement à notre problématique de raccrochement … aux branches.

Dans un essai plutôt court de deux cent pages environ, cet ancien énarque et même administrateur des Affaires sociales, nous propose un ouvrage ou il dissèque avec précision et férocité les arcanes de la fameuse et nébuleuse sécurité sociale.
Concernant cet auteur originaire de Belgique, j'avais déjà adoré son premier roman décapant « Jusqu'ici tout va bien » mais beaucoup moins aimé son second opus sur la démocratie un peu trop fumeux pour moi.

Son troisième livre, dont je remercie Babelio et les éditions Rocher pour leur envoi, permet d'examiner la sécurité sociale sous toutes ses coutures, à la fois historique (par exemple, Vichy a mis en place le système de retraite par répartition en 1941), à la fois démocratique (les réformes de la sécurité sociales ont toutes été procédé par ordonnance pilotées par un haut fonctionnaire, conseiller d'état ou inspecteur général des finances) ou encore caustique (comment la noblesse d'état a réussi à mettre la main sur les cotisations des classes moyennes françaises ?).

Pour tous ceux qui croient encore à la démocratie et qui veulent ouvrir les yeux sur un système à l'agonie, je ne peux que vous conseiller cet ouvrage écrit par un fin connaisseur du la sécurité sociale, donnant même à la fin de son essai des pistes pour un système plus juste et adapté à tous. Quelle utopie !!!

Pour terminer, je vous informe tout de même que malheureusement cet ouvrage n'est pas remboursé par la sécurité sociale même si il ferait le plus grand bien pour résorber le « trou de la sécu ».

(1) métaphore utilisée par le député Jean-Pierre Door dans un rapport récent sur la sécurité sociale.
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UNE LECTURE INDISPENSABLE.
Beaucoup de révélations. La propagande mensongère dont nous sommes bombardés à longueur de temps est mise à mal. On comprend enfin pourquoi rien ne change alors que la France s'enfonce toujours davantage. le « système » que la Nomenklatura a progressivement mis en place est un trop bon fromage.
L'auteur, qui a fait partie du « système », nous explique ce qu'on subodorait : la destruction délibérée de la classe moyenne (c'est-à-dire des principaux créateurs de richesse) par la Nomenklatura, afin d'éviter l'arrivée de concurrents sur le marché du Pouvoir. L'arme de destruction massive : la Sécu.
La lecture, bien que passionnante, est par moment démoralisante, car elle nous fait perdre toutes nos illusions. L'auteur nous décrit clairement la soviétisation sans discontinuité de la société française par les gouvernements dits de « gauche » comme dits de « droite ».
On découvre beaucoup de rouages du « système ». Par exemple, les conséquences du financement de la Sécu par le contrat de travail. L'auteur nous montre aussi cette obsession de la Nomenklatura de contrôler toujours plus étroitement la société civile. Afin que plus un centime n'échappe sa rapacité. Et on a le sentiment que ce mécanisme infernal, dont les racines remontent au gouvernement de Vichy et verrouillé en 1945 par le CNR, va indéfiniment se poursuivre et s'amplifier jusqu'à ce que tout le monde (sauf la Nomenklatura) finisse dans la misère.
En fin d'ouvrage, cependant, une lueur d'espoir. L'auteur nous dévoile que le travail collaboratif va permettre de contourner le « système ». En se substituant au salariat (datant de la Révolution française). le salariat (forme larvée d'esclavage), favorisé (cela va de soi) par la Nomenklatura au détriment du travail indépendant. [Notre professeur d'économie, Maurice Flamant, nous disait qu'un salarié « vit par procuration »]. Cette évolution vers le travail collaboratif tarirait, par la même occasion, la source de financement du « système ». Menace reçue cinq sur cinq par la Nomenklatura : 2 ans de prison pour celui qui oserait faire de la marge sur une activité collaborative…
Quelques réserves néanmoins. Ainsi, je ne partage pas la position de l'auteur sur le financement par l'impôt de la Sécu, en remplacement des cotisations salariales. le monopole d'Etat, le pire des monopoles (inébranlable, car reposant sur la coercition), est totalement injustifié quand l'initiative privée peut remplir les mêmes tâches. Cependant le sujet de l'ouverture à la concurrence de la Sécu est effleuré à mots (très) couverts dans le dernier chapitre.
Je regrette aussi que l'auteur rentre dans cette distinction hypocrite de charges patronales et salariales alors qu'in fine c'est le salarié qui paie le tout.
Malgré ces remarques le livre vaut largement cinq étoiles.
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J'ai choisi ce livre pour son titre provocant. Je n'ai pas été déçue. Éric Verhaegue, qui a été administrateur de la sécurité sociale, nous livre un ouvrage clair sur les enjeux de la réforme de la sécurité sociale.

Dans un premier temps, il démonte le mythe d'une "Sécu" née de la résistance (donc intouchable ) , en rappelant ses origines vichystes ...
Il relève ensuite méthodiquement les dysfonctionnements, les absurdités de L'Assurance maladie et du système de retraite .Pour ma part, je retiens le fait :
- que l'Assurance maladie est largement financée par les cotisations sociales et non pas par l'impôt .
- la logique aberrante qui conduit l'Assurance maladie à pratiquer des taux de remboursement ridicules pour l'optique et les soins dentaires ...
- la catastrophe sociale qu'est le RSI ( Régime social indépendant)
- les privilèges octroyés aux fonctionnaire de la nation : le régime des pensions civiles de l'État est entre deux et trois fois plus favorable que le régime général...

La seule critique que j'aurais à adresser à l'auteur, c'est qu'il occulte complètement la branche famille de la sécurité sociale. Car, ne l'oublions pas la sécurité sociale française comprend la branche maladie, la branche accidents du travail, la branche vieillesse, et la branche famille ... s'il y a bien une branche qui me semblait fonctionner, c'est la branche famille ... du coup, elle n'aurait pas sa place dans un essai qui se voudrait le livre noir de la sécurité sociale ?
Il me semble qu'il y avait pourtant des choses à dire... notamment sur les réformes du quotient familial et du congé parental qui ont bien fait grincer des dents ... ( le système de retraite et l'Assurance maladie partent en cacahuète, mais la priorité de notre gouvernement a été de réformer la branche famille pour faire des économies ... )

Pour revenir à une sécurité sociale responsable, l'auteur propose enfin quelques pistes intéressantes dont la fiscalisation des recettes de l'Assurance maladie ( qui permettrait de rendre plus compétitives les entreprises françaises ). Je retiens aussi l'idée de la mise en place d'un revenu universel .... après tout pourquoi pas ?
Si la communauté continue de financer la prise en charge des longues maladies et des affections de longue durée ( environ 100 milliards d'euros ), il reste une dépense globale de 480 milliards d'euros à transformer en revenu universel ... cela fait 7000 euros annuels par personne soit 580 euros mensuels.
À méditer ...
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Je n'ai que 14 ans donc je ne connaissais pas le fonctionnement de la sécurité sociale. Grâce à ce livre j'ai pu réellement découvrir à quoi servait la sécurité sociale. J'ai appris les bons, mais surtout les mauvais côtés. J'ai eu peur de ne pas pouvoir comprendre tout dans le livre, mais j'avais tort le texte est très compréhensible et fluide. On apprend toutes les manipulations et tous les stratagèmes mis en place pour montrer une sécurité sociale merveilleuse et bienveillante. le livre retrace les origines de la sécurité sociale et son évolution.
On découvre le contexte dans lequel elle a été crée et qui a voulu la créer. On découvre que les gens n'étaient pas tous d'accord avec cette nouveauté alors que tout le monde ou presque aujourd'hui est à la sécurité sociale. On remarque alors que ce système bien rôdé a mis de longues années à se mettre en place et à être accepté.
Le livre se finit en émettant des théories qui pourraient peut-être reboucher le trou de la sécurité sociale. On remarque alors que beaucoup de ces théories seraient réalisables si l'état voulait vraiment les mettre en place.
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
« Le Jardin à la française se situe forcément dans le prolongement du château ou vit la cour. Il est son espace d’agrément, de détente, et au besoin de polissonnerie. Son ordre exprime une conception de l’état, fondée sur une pensée organisatrice première qui pose un plan d’ensemble discernable d’un seul coup d’œil, et partant contrôlable d’une seul geste. Les buissons y sont rares, n’y sont tolérés que pour dissimuler les plaisirs des maîtres.

Les esprits ingénus s’amuseront à voir, par exemple, dans le régime chômage des intermittents du spectacle, l’un de ces buissons ou les danseuses du pouvoir peuvent trouver quelque récréation lucrative. L’intervention récente de Manuel Valls dans le jeu, destinée à protéger un régime que les partenaires sociaux voulaient affaiblir, a prouvé que dans notre sainte V République, un Premier ministre marié à une violoniste et un président de la République dont la favorite est comédienne, peuvent tordre les principes généraux de la démocratie sociale pour satisfaire leurs plaisirs particuliers. De ce point de vue, le jardin à la Française assure bien la continuité d’une compréhension aristocratique de l’espace public en France. »
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[…] l’invention de la branche vieillesse constitue probablement l’exemple le plus remarquable de la spoliation et de la prolétarisation asymptotique dont les classes moyennes ont été victimes au nom de la solidarité, de la protection contre le risque et autres mots gorgés de bonnes intentions et pavés de mauvaises réalisations. D’emblée – ou presque – déficitaire, rappelons-le, le régime général inventé en 1941 par le gouvernement de Vichy et élevé au pinacle par le CNR, défendu depuis avec acharnement par tout ce que la gauche de la gauche comporte d’idéologues de la révolution en chambre ou en cabinet, s’est transformé en immense piège pour tous les salariés ou indépendants qui ont cherché à gravir les échelons de la société.
(p. 157)
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L'Assurance maladie dépense 55 milliards d'euros - 60 % de 90 milliards - en prise en charge complète pour les retraités. C'est l'équivalent du budget de l'Éducation nationale ... L'effort de la Nation pour préparer l'avenir et la jeunesse au monde des adultes est aussi coûteux que l'effort de la Nation pour soigner les maladies les plus graves des plus âgés.
En ce sens, l'Assurance maladie en France organise un curieux transfert de richesses, sur lequel nous reviendrons, entre les salariés qui utilisent peu le système, et les plus âgés qui en sont les principaux consommateurs. Cette étrangeté est aggravée par le mode de financement de la santé en France : pour quelle raison est-ce le salaire qui est appelé à contribuer à un système qui profite, pour l'essentiel, à des non-salariés ? La fiscalisation des recettes de l'Assurance maladie paraîtrait ici tout à fait logique, dans la mesure où elle permettrait de diminuer fortement les charges qui pèsent sur le travail tout en introduisant un important rééquilibrage égalitaire. L'impôt serait en effet payé par tout le monde, et il impacterait donc, de façon proportionnelle, le revenu des retraités autant que celui des actifs. C'est le meilleur moyen de faire payer les retraités les plus aisés pour leur santé.
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[…] lorsque le gouvernement décide […] d’exonérer les salaires jusqu’à 1,6 SMIC de différentes charges sociales et que la perte de recettes est compensée par l’impôt majoritairement payé par les classes moyennes, il devient évident que la Sécurité sociale prend un tout autre sens pour la société française. Elle se transforme ipso facto en opération de nivellement consistant à demander aux classes moyennes de sacrifier les quelques avantages qu’elles ont grappillés pour apporter une solidarité de plus en plus importante à une part de la population qui participe de moins en moins au financement de ces prestations.
[…] il vaut mieux occuper un emploi intermédiaire moyennement ou mal payé, mais peu chronophage et complété par des allocations, qu’un emploi de maîtrise ou d’encadrement soumis à une forte pression de résultat et générateur à la fois d’une imposition socio-fiscale plus forte et d’une limitation dans les accès aux prestations sociales.
(p. 44-45)
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[…] pour conserver un héritage qu’elle [la technostructure] trahit en toute bonne conscience : elle veut le pouvoir dans la Nation, mais elle ne veut plus de ces turbulentes valeurs démocratiques où des manants pouvaient, à la force de l’intelligence, sortir de leur condition et prétendre eux aussi occuper les rangs du pouvoir. (p. 13)
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