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Jérôme Solal (Éditeur scientifique)
EAN : 9782842057589
110 pages
1001 Nuits (04/06/2003)
3.83/5   24 notes
Résumé :
Paul Verlaine (1844-2896) commença très tôt à mener une " délictueuse et criminelle sorte de vie " qui le conduisit à maintes reprises en prison : Mes prisons recense de manière chronologique toutes ses expériences cellulaires, de sa première mise au cachot pour une conjugaison latine mal apprise à ses arrestations pour trouble sur la voie publique, en passant par son incarcération à Mons après avoir tiré sur son ami Arthur Rimbaud. Loin de la légende qu'il a forgée... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ce texte autobiographique de Verlaine m'a fortement surprise. On est à mille lieux de ses écrits poétiques. Mais curieusement, malgré des tournures vieillies et des expressions argotiques qui sentent la naphtaline, ce texte, qui raconte un épisode central de sa vie, dresse avec une sincérité plutôt touchante un portrait pas toujours très flatteur de lui-même. Verlaine surprend son lecteur dès le début en décrivant tout d'abord un épisode scolaire : deux heures de colle, enfermé à clé dans une salle, pour avoir fait une faute de conjugaison latine…, avant de passer à des expériences autrement plus sérieuses. le style m'a surprise aussi, avec, par moments, et c'est ce qui rend ce texte si prenant, une écriture très vivante, très moderne, pour transcrire ses sentiments. Tout donne l'impression d'être écrit quasiment d'un seul jet, et la langue orale apparaît au naturel. Ce fut une très agréable surprise même si ce n'est qu'une oeuvre mineure de Verlaine.
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Dans cette ouvrage, Verlaine raconte ses jours de captivité dans les prisons belges d'abord puis enfin à Mons. C'est en effet suite à sa brutale rupture avec le poète Arthur Rimbaud, qu'il menaça avec un revolver et qu'il blessa d'ailleurs, qu'il fut condamné à deux ans de prison.
Il y décrit ses jours où il se lamentait sur lui-même mais également ceux où il se sentit -cela me paraît un peu paradoxal de le dire mais Verlaine l'avoue lui-même- presque heureux. La question est de savoir comment est-ce que l'on peut être heureux en prison, privé de ses droits, enfermé entre quatre murs ? La réponse, Verlaine, lui, l'a trouvée et c'est ce qu'il nous décrit ici avec beaucoup de sensibilité.

Cette partie, que l'on pourrait presque qualifier de noire chez ce "poète maudit" est totalement contredite dans la première partie de cet ouvrage intitulée "Verlaine Professeur" rédigée par Jean Bourguignon et Charles Houin, partie dans laquelle le lecteur découvre un Verlaine rangé, donnant des cours de français, d'histoire et de littérature. Un petit ouvrage magnifique mais un conseil si vous décider de le lire : Commencez d'abord par la seconde partie afin de découvrir la vie de Verlaine de façon linéaire. A découvrir !
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Après avoir beaucoup lu et apprécié l'oeuvre poétique de Verlaine, je continue d'explorer sa prose en grande partie autobiographique.
Ici, je n'ai pas retrouvé l'humour, la légèreté, voire l'ironie, qui m'avait séduite
dans ses Confessions, où Verlaine se moquait du lecteur en ne disant pas tout, pas toute sa vie. Il est vrai que le thème est grave, celui de l'enfermement. Je choisis ce mot à dessin plutôt que celui de prison, car il n'y a pas que des prisons au sens strict dans le texte : le cachot où l'écolier doit réviser sa grammaire latine, le panier à salade de la police ; plus largement, on pourrait parler d'enfermement social dû à la consommation d'absinthe, d'enfermement dans un mariage bourgeois dont vient le délivrer en quelque sorte Rimbaud, "l'homme aux semelles de vent" puisqu'ils abandonnent Paris pour partir ensemble, "férus tous deux d'une mâle rage de voyage". Il y aurait même un enfermement spirituel d'un homme qui n'a pas encore reçu la Révélation. Ainsi, de façon significative, après sa conversion religieuse, Verlaine supporte la prison, il n'attend plus sa libération avec impatience, son âme ayant déjà été libérée.
C'est donc un passage central dans sa vie même, le tir au pistolet sur Rimbaud, l'accusation et le procès pour tentative d'assassinat, la prison belge où il se convertit - ce qui l'amènera à écrire Sagesse. C'est justement ce passage qui n'était pas présent dans Confessions. C'est sûrement la partie la plus intéressante, car vraiment importante pour Verlaine, il n'écrit pas que ces chapitres pour l'argent, pour en faire une oeuvre commerciale, mais pour lui.
Ainsi, d'autres chapitres sont moins intéressants, plus répétitifs, Verlaine devant prendre plaisir à choquer par des détails triviaux sur les pots de chambre qui débordent dans les prisons ou sur les pets de ses compagnons de cellule... La fin aussi ne m'a pas vraiment plu, il apparaît comme un ivrogne violent, insultant, martyrisant sa pauvre mère pourtant dévouée. Oui, ce n'est pas un portrait flatteur de lui-même qu'il nous donne, comme dans les Mémoires d'un veuf ou les Confessions : c'est un sensuel, un jouisseur, un planqué, un menteur, un lâche, un égoïste - il mange seul son pâté garni en plein siège de Paris au milieu de soldats affamés de la garde nationale pendant la Commune...
Et, contrairement aux deux autres oeuvres que je connais et que je viens de citer, la vocation poétique, l'importance de l'écriture dans sa vie, apparaît quasiment peu. L'Art n'est donc pas présent pour racheter cet ivrogne. Il cite à peine quelques uns de ses vers, insiste peu sur l'importance de la lecture pour lui - lors de sa conversion, il abandonne Hugo et Shakespeare pour des commentaires des Évangiles, en précisant que, même si leur valeur littéraire est médiocre, c'est le message qui le frappe au coeur.
Une oeuvre plus sombre, glauque même, ce n'est sûrement pas par celle-ci qu'il faut commencer pour connaître la prose de Verlaine, ni même sa prose.
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La prison n'est pas propice à la poésie et pourtant on y trouve des poètes.

En 1893, Paul Verlaine raconte son expérience dans "Mes prisons", texte autobiographique qui confirme que sa vie a été mouvementée.
Dès l'enfance, il va au cachot quand il n'a pas appris correctement ses cours de latin puis plus tard, il se retrouve impliqué dans des beuveries qui tournent mal. Mais c'est en voyage à Bruxelles qu'on le retrouve expliquant son arrestation après avoir tiré à deux reprises sur son amant Arthur Rimbaud. D'ailleurs, il ne dit pas que c'est son amant et ne précise pas les raisons de son geste mais il vénère le poète, mort depuis.

On apprend que, bien que Rimbaud ait retiré sa plainte, Verlaine est jugé et condamné à deux ans de prison à Mons capitale du Hainaut en Belgique. C'est là qu'il apprend, dans des conditions de détention difficiles, que sa femme divorce. Il réussit pourtant à écrire quelques strophes entre les poux et les seaux hygiéniques à vider. On retrouve ces poèmes dans le recueil Sagesse publié en 1880.
Et puis, il y a le changement dans son rapport à la religion. D'abord sceptique sur l'existence de Dieu il va trouver une aide morale en se prosternant au pied du crucifix au fond de sa cellule.

Ce texte est un témoignage des expériences carcérales de l'artiste maudit, surprenant et louable par moment notamment quand il écrit à la police dans les dernières lignes


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En grande admiratrice de Verlaine, j'ai été étonnée et tentée de découvrir sa prose. Dans ce très court récit, il raconte ses séjours en prison, depuis le cachot à l'école primaire pour une faute de conjugaison latine à ses gardes à vue suite à ses états d'ivresse sur la voie publique en Belgique, en passant bien entendu par sa condamnation après avoir tiré sur Rimbaud. Découvrir quelques fragments de la biographie de Verlaine à travers ses propres mots m'a davantage plu que toutes les biographies de fin d'oeuvres que je passe très souvent, bien que je préfère sa poésie à sa prose. Un livre très intéressant à découvrir, surtout si vous aimez ce poète.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Et m’y voici au « cachot », muni de legere à copier dix fois avec le français en regard. Un cachot d’ailleurs sortable, lumineux, sans rats ni souris, sans verrous (un tour de clef avait suffi), de quoi s’asseoir, et, — moindre chance — de quoi écrire, et d’où je sortis au bout de deux petites heures, probablement aussi savant qu’auparavant, mais à coup sûr plein d’appétit, tôt assouvi, d’amour de la liberté (la bonne, qui est l’indépendance) et qui sait ? de cet esprit, vraisemblable, d’aventure, qui, trop débridé, m’aura jeté dans les casse-cou d’un peu tous les genres !
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"Il faut savoir se contenter de peu, surtout en prison, et comme toute idée de femme m'était interdite de par la force, force me fut donc de me résigner."
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Cette fois j’étais bel et bien coffré. Et je fus admis à la pistole des condamnés. Une liberté relative : les portes des chambres ouvertes de six heures du matin à huit heures du soir, et l’accès des prisonniers les uns chez les autres. Une vingtaine environ de « camarades » dont plusieurs français, ce qui me flatta peu d’ailleurs.
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Rimbaud, malgré son extraordinairement précoce sérieux qui allait quelquefois jusqu'à de la maussaderie traversée par des foucades d'assez macabres ou de très particulières fantaisies, et moi, resté gamin en dépit de mes vingt-six ans sonnés, avions ce jour-là l'esprit tourné au comique lugubre, et, cabrionesques, n'allâmes-nous pas nous aviser de vouloir "épater" les quelques bonnes têtes" e voyageurs là consommant bouillons, pains fourrés, et galantines arrosés de vin d'Algérie trop cher !
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Rue Chaptal. Presque au coin de la rue Blanche, à droite en venant de Notre-Dame de Lorette. Une grille monumentale sur une cour pavée, menant au réfectoire de la pension L... A main droite, une petite porte donnant accès à l'intérieur de l'établissement, aux côtés de laquelle, accrochés, deux panneaux noirs portaient en lettres d'or des sciences et arts divers enseignés dans l'établissement. Un immense mur avec des défenses interminablement longues, lourds caractères officiels à demi effacés par les intempéries, d'afficher et de déposer des ordures, en vertu de telles ou telles lois de telles années déjà très anciennes, et, derrière, le dépassant d'à peu près un mètre et demi, les constructions basses des études et des dortoirs.
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