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EAN : 9782020382274
244 pages
Seuil (29/09/1999)
4.14/5   206 notes
Résumé :
Jean-Pierre Vernant raconte les mythes de la Grèce ancienne. Il évoque les origines de l'Univers, la guerre des dieux et les liens que l'humanité n'a cessé d'entretenir avec le divin. De la castration d'Ouranos aux ruses de Zeus, de l'invention de la femme au voyage d'Ulysse, des aventures d'Europe au destin boiteux d'Œdipe et à la course aux Gorgones, l'auteur nous fait entendre ces vieux mythes toujours vivants. Jean-Pierre Vernant, qui a consacré sa vie à la myth... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Autre ouvrage, après celui de Lucilla Burn, destiné à se familiariser avec la mythologie grecque, écrit par Jean-Pierre Vernant, éminent helléniste et référence mondiale dans le domaine.

Avec ce livre, Vernant tend à maintenir le mythe vivant, car « sinon, relégué au fond des bibliothèques, figé sous forme d'écrits, le voilà devenu référence savante pour une élite de lecteurs spécialisés en mythologie », tout en étant conscient des limites d'une telle entreprise, car le mythe ne se laisse pas enfermer dans une forme définitive telle que la forme écrite. le mythe relève de la tradition orale, et par là varie en fonction des moeurs et des façons de penser d'un groupe, des circonstances, du public ou des préférences du conteur, et c'est presqu'une gageure que d'en livrer une version (parmi mille autres) écrite. Sans compter qu'on n'écrit pas comme on l'on dit, et vice versa.

Vernant connait ces obstacles et ces dangers mais tente néanmoins l'expérience de nous transmettre ces mythes. Contrairement à Lucilla Burn, qui avait préféré se focaliser sur les plus grands héros, il prend le parti de commencer le récit aux origines de l'Univers, partant de la Béance, ce Chaos d'où nous venons tous, dieux et hommes.

L'auteur ne se contente pas de raconter les mythes, il partage aussi très généreusement son interprétation du long retour d'Ulysse à Ithaque, de l'héroïsme d'Achille, du séjour de Dionysos à Thèbes et de la vie emblématique d'Oedipe. Cela en fait un ouvrage dense et complet, qu'il convient peut-être de découvrir à petites doses pour une première approche de la mythologie grecque.

Le seul petit regret est l'absence d'une carte de la région qui m'aurait permis de situer les histoires dans leur contexte géographique. La fille passe mais elle aime savoir où elle met les pieds.
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Depuis Ulysse 31, la mythologie grecque et romaine m'enchante et me fascine (même sans Nono le petit robot).
L'Univers, les dieux, les hommes du spécialiste de l'Antiquité grecque Jean-Pierre Vernant ne pouvait donc que me plaire.

Ce grand historien se double d'un merveilleux conteur pour faire revivre sous sa plume dieux et héros dont les noms traversent les millénaires. de Chaos - la Béance informe qui n'est pas sans rappeler le Big Bang - surgit Gaia, la Terre. de cette cosmogonie découlent maints récits foisonnants que Jean-Pierre Vernant éclaire de ses explications érudites.
De l'instauration de la souveraineté de Zeus comme roi des dieux et de l'ordre du monde à l'épique guerre de Troie, des périples d'Ulysse à la malédiction familiale qui suit Oedipe, ses récits permettent une bonne remise en mémoire des mythes fondateurs de la civilisation hellénique. L'historien explicite leur signification pour les Grecs de cette époque lointaine. Car derrière chaque histoire se trouvent des symboles et des indicateurs du système de pensée de la Grèce antique.

Sans oublier le plaisir, tout simplement, qu'il y a à lire et relire ces fastueuses épopées et théogonie. Les millénaires passent mais l'enchantement demeure pour ces divinités à la fois si éloignées et si proches de nous, Humains. L'Univers, les dieux, les hommes, érudit et accessible, se lit comme un passionnant roman tant Jean-Pierre Vernant sait se faire aède.
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Au début était Chaos, la béance primordiale… Ainsi commencent les mythes grecs. 3000 ans après Chaos, les astrophysiciens nous parlent de Big Bang et de trous noirs. de Chaos nait Gaïa la terre et d'elle le ciel… nous ne sommes pas si loin de ce que nous savons aujourd'hui. Mais ce n'est pas tout, pour que le monde existe un autre dieu se devait d'être présent Eros ! non, pas le joli Eros fils d'Aphrodite, le vieil Eros, la divinité primordiale : le Désir Premier, celui sans lequel rien ne serait. Une sorte de théorie psychanalytique avant l'heure … bien avant.
Lire l'Univers, les dieux, les hommes c'est un peu se relier à son présent. Car sentir le lien entre l'antiquité et nous, c'est une façon d'être un humain enraciné et riche de toute son histoire d'homme (ou de femme). Outre que l'origine du monde n'est pas si éloigné de ce que nous savons au plan scientifique, la vision de l'homme et du monde, pour primitive qu'elle soit, reste très juste. Pour rendre compte du monde et de la complexité de l'humain, les grecs ont construit des récits sophistiqués et parfois un peu embrouillés mais ça se comprends. D'abord, il y a les divinités primordiales Chaos, Gaia, Eros d'eux viendront Ouranos (le ciel), les Titans, et toutes les forces profondes et puissantes de la vie ou de la mort. Puis, il y a les dieux olympiens plus proches des hommes, ils sont peu nombreux, douze, et sont là pour apporter un équilibre aux énergies premières, ils résument les liens entre les humains et la nature. Ensuite, il y a tous les autres qui incarnent tous les sentiments et toutes les émotions que nous éprouvons… il y en a donc beaucoup et ça se complique quand ils font des enfants qui à leur tour vont s'unir à d'autres dieux ou d'autres humains. Soit dit en passant la parité divine est respectée, c'est déjà ça ! Mais le plaisir de cette lecture ne serait pas complet sans un passage par l'Iliade et l'Odyssée. Un bref résumé, certes, eu égard aux originaux mais qui s'inscrit bien dans cette proximité que les grecs ont entretenu avec leur dieux. On ne peut s'empêcher de penser que cette civilisation avait une grande dose de tolérance. Chacun pouvant honorer le dieu qui lui correspondait le mieux, chacun pouvait être différent dans ses orientations sans pour autant porter atteinte à la perception du monde de l'autre. Pourquoi donc, Zeus et sa ribambelle de divinité se sont –ils laissé damé le pion par un dieu unique qui met le monde à feu et à sang… La suite dans 2 ou 3000 ans.
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Continuer à faire résonner la voix des mythes grecs avec autant de plaisir à les lire est le thème de ce petit livre.
L'auteur, Jean-Pierre Vernant mérite toute notre approbation, car il nous fait voyager à travers le temps avec délice, dans les grands mythes originels tout en nous donnant des clés de lecture qui évoquent les dieux, l'Olympe et les hommes, l'immortalité des uns, et la finitude des autres.
Vernant est un conteur, son style est fluide, on entends presque sa voix et ses intonations lorsqu'il nous raconte ces héros, ces dieux qui luttent quotidiennement pour survivre.
Jean-Pierre Vernant, disparu il y a un an, fut un grand universitaire, professeur au Collège de France, qui consacra toute sa vie intellectuelle à connaître, comprendre, transmettre la mythologie grecque. Ce fut aussi un homme bien, grand résistant, et un merveilleux conteur.
A lire, relire, et encore savourer cette transmission de notre lointain passé.
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Le temps n'abolit pas les mythes

Jean-Pierre Vernant est un des spécialistes reconnus de l'antiquité grecque et il livre là, un ouvrage indispensable à ceux qui veulent pénétrer de manière simple, mais très complète, les arcanes de la mythologie.

Pour prolonger l'esprit de transmission et de la mémoire, Vernant fait le choix de présenter des notions et des récits passablement embrouillés, avec simplicité et dans le style "fables de nourrice", c'est à dire proches du conte de fées. Attention, cette lecture n'est toutefois pas destinée aux enfants car la pédagogie n'exclut pas la finesse et la profondeur de l'analyse, au delà du conte.

Ce livre débute par l'origine de l'univers.
Au début, il n'y a rien d'autre que la béance (ou Chaos), d'où surgit La Terre (Gaïa), bientôt recouverte (dans tous les sens du terme), par le Ciel (Ouranos) qu'elle a elle même enfanté (oui, ça se complique avec cette sorte de Parthénon-génèse). de leur union naitront les Titans, les Nymphes, les Hekatonchires, les cyclopes...

Maintenant que le décor est planté, passons aux dieux et à leur lutte incessante.
Coups fourrés, accouplements curieux, gestations particulières (le ventre de Zeus abrite sa femme elle même enceinte de leur fille Athéna), alliances de circonstances...La bagarre est rude avant que le règne de Zeus soit véritablement assuré.

Et les humains ?
Les voila qui apparaissent (même si on ne sait pas trop comment).
Au début, tout se passe bien, c'est l'âge d'Or. Ils vivent en bonne intelligence avec les dieux, ils sont toujours jeunes, ne meurent pas, mangent et boivent au soleil...Bref, c'est le Club Med, à un détail près : ça manque de femmes ! (normal, vu qu'elles n'ont pas encore été créées)

Tout ça va changer quand paradoxalement, Promethée tente de favoriser davantage les hommes et par la même occasion, fâcher sérieusement Zeus qui a le sang chaud. du coup, c'est le retour de bâton pour la race humaine qui sera désormais contrainte de bosser, de souffrir, de mourir et de se couvrir de ridicule aux concerts de l'Eurovision.

Notons que la vengeance de Zeus ne s'arrête pas là puisqu'il place aussi sur terre, Pandora, la 1ère femme qu'il a faite fabriquer. Elle est charmante...mais elle parle. Et elle parle, "non pour dire le vrai et exprimer ses sentiments, mais pour dire le faux et camoufler ses opinions"!

Je me demande quand même si, quelles que soient les religions, leurs textes fondateurs n'ont pas été rédigés uniquement par des hommes...

Après cette introduction générale aux mondes des Dieux et des Hommes, J-P Vernant nous livre une analyse aussi claire qu'intéressante sur les origines et les motivations de la Guerre de Troie.

On imagine bien ce benêt de Paris qui voit arriver devant lui, trois superbes déesses qui lui demandent de faire un choix entre elles, en échange de bienfaits uniques : Athena lui offre la force et la sagesse, Hera, d'être le Roi un peu partout et Aphrodite, d'être aimé de toutes les femmes et en particulier d'Hélène.

Évidemment, alors que tout le monde aurait opté pour un des deux premiers choix, Paris, lui, futé comme un animateur de radio pour jeunes, choisit la Belle Hélène, croyant sans doute qu'il s'agit d'un dessert à base de poire !
A quoi ça tient...

Qui dit Iliade, dit aussi Odyssée et voici Ulysse qui entame son voyage retour pour Ithaque.
On se dit qu'il ne faisait pas bon être en vacances en même temps qu'Ulysse car les dieux ont vraiment décidé de lui pourrir la vie et de gâcher sa croisière.
Il enchaîne donc sans discontinuer, les tempêtes, les rencontres inamicales (les Cyclopes, les Cicones, les Lotophages, les Lestrygons, les Sirènes..), le harcèlement par des déesses avec le feu au culte (Circé, Calypso...)...
Le Titanic à côté, c'est "La croisière s'amuse" !

Pas étonnant qu'Ulysse soit un peu fatigué en retrouvant enfin son île.

Heureusement, il lui reste encore assez de vitalité pour parvenir à bander son arc et faire le ménage parmi les prétendants qui lutinaient une Pénélope qui s'obstinait à faire tapisserie.
Pour faire bonne mesure et pendant qu'il est encore chaud, il pend les servantes qui s'étaient compromises avec les sus-dits. Ulysse en 45, aurait tondu la moitié de la population.

Restent encore trois récits édifiants : Dyonysos, ancêtre des babas cool, Oedipe qui passe sa vie à se mettre le doigt dans l'oeil, et Persée, qui faute de trouver la Gorgone Zola, prend le risque d'être médusé.

Et comme un fil rouge tout au long de ces récits, on retrouve Zeus donnant des coups de son éclair à toutes les jeunes filles qui attirent son regard, se transformant en cygne (Léda, inspirant la chanson "fais-moi un cygne" de Gérard Palaprat), en pluie d'or (Danaé), en taureau (Europe)

Un livre magique, des récits rendus passionnants par Vernant, un glossaire pour se rappeler qui est qui : parfait.
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Le retour de Dionysos chez lui, à Thèbes, s'est heurté à l’incompréhension et a suscité le drame aussi longtemps que la cité est demeurée incapable d'établir le lien entre les gens du pays et l'étranger, entre les sédentaires et les voyageurs, entre sa volonté d'être toujours la même, de demeurer identique à soi, de se refuser à changer, et, d'autre part, l'étranger, le différent, l'autre. Tant qu'il n'y a pas possibilité d'ajuster ses contraires, une chose terrifiante se produit : ceux qui incarnaient l'attachement inconditionnel à l'immuable, qui proclamaient la nécessaire permanence de leurs valeurs traditionnelles face à ce qui est autre qu'eux, qui les met en question, qui les oblige à porter sur eux-mêmes un regard différents, ce sont ceux-là mêmes, les identitaires, les citoyens grecs sûrs de leurs supériorité, qui basculent dans l'altérité absolue, dans l'horreur et le monstrueux.
(....) Comme si, dans la mesure ou un groupe humain refuse de reconnaitre l'autre de lui faire sa part, c'est ce groupe lui même qui devenait monstrueusement autre.

Dionysos à Thèbes
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Exemplaire, le destin d’Achille est marqué du sceau de l’ambiguïté. D’origine à moitié humaine, à moitié divine, il ne peut être entièrement ni d’un côté ni de l’autre.
Au seuil de sa vie, dès ses premiers pas, la route sur laquelle il doit s’avancer bifurque. Quelle que soit la direction qu’il va choisir de prendre, il lui faudra, en la suivant, renoncer à une part essentielle de lui-même. Il ne peut à la fois jouir de ce que l’existence à la lumière du soleil offre de plus doux aux humains, et assurer à sa personne le privilège de n’en être jamais privé, de ne pas mourir. Jouir de la vie, ce bien le plus précieux pour des créatures éphémères, ce bien unique, incomparable parce que le seul, une fois perdu, à ne pouvoir se retrouver, c’est renoncer à tout espoir d’immortalité. Se vouloir immortel, c’est, en partie, accepter de perdre la vie avant même de l’avoir pleinement vécue.
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Les histoires concernant Dionysos prennent un sens un peu particulier quand on réfléchit à cette tension entre le vagabondage, l'errance, le fait d'être toujours de passage, en chemin, voyageur, et le fait de vouloir un chez-soi, où l'on soit bien à sa place, établi, où l'on ait été plus qu'accepté: choisi.
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Ulysse ne résiste pas au plaisir de la vantardise et de la vanité. Il lui crie : "Cyclope, si on te demande qui a aveuglé ton œil, dis que c’est Ulysse, fils de Laërte, Ulysse d’Ithaque, le pilleur de ville, le vainqueur de Troie, Ulysse aux mille tours ?" Naturellement, quand on crache en l’air, cela vous retombe sur le nez.
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Au moment même où la souveraineté semble définitivement établie, survient une crise du pouvoir supérieur. Une puissance représentant tout ce contre quoi l’ordre a été institué – le chaos, le mélange, le désordre – surgit et menace le maître du monde. Zeus paraît désarmé. Pour se rétablir sur le trône, il doit faire appel à des personnages secondaires. Ne payant pas de mine, apparemment peu redoutables, ceux-ci n’effraient pas les forces du désordre, qui ne se méfient pas d’eux. Pourtant, grâce à leurs ruses, ces dieux mineurs, ou ces simples mortels, permettent à Zeus de reprendre le dessus et de conserver le pouvoir suprême.
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