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EAN : 9782227476257
85 pages
Bayard (07/09/2006)
3.62/5   8 notes
Résumé :

On amène Pandora devant les dieux et les hommes toujours rassemblés avant la grande séparation. Ils sont tous suffoqués, estomaqués. Elle est merveilleuse. Elle resplendit de beauté et d'éclat. On ne peut la voir sans être séduit, l'aimer, la désirer. Alors Zeus déclare que cet être, qui vientd'être créé artificiellement, est la première femme, l'ancêtre de toutes les fem... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Les récits bibliques de la création de la femme, on le sait, sont assez resplendissants de misogynie. Que ce soit Lilith (mais l'ami Laudateur me répondra peut-être que ce n'est pas un récit biblique...?), créée de sédiments et de saleté, ou Ève, de la côte ou du côté d'Adam, mais en tout cas sous-produit d'icelui et responsable du péché originel, ça donne presque envie de prendre le Coran pour un manifeste féministe...
Si, comme le soutient Germaine Tillion, l'oppression et l'exploitation de la femme sont communes à toutes les civilisations méditerranéennes (entre autres) et encodées dans les religions qui en émanent, qu'en est-il du paganisme et en particulier de la mythologie grecque ?

C'est ce à quoi répond très brièvement Jean-Paul Vernant dans ce livre qui contient la transcription d'une conférence basée sur le texte d'Hésiode. Bon, ma synthèse, en deux mots, c'est que c'était à la fois encore pire comme misogynie et, si je puis me permettre le blasphème, sacrément plus intelligent que le récit biblique - jugement émis à l'aune de la subtilité de la pensée métaphorique et de la complexité du système philosophique que le mythe renferme.

En bref, pour les Grecs aussi à l'Origine il n'y a pas de femmes, à savoir que les anthropoï sont tous des andres. Accessoirement, il n'y a ni mort ni naissance, ni souffrance ni travail, et hommes et dieux passent leur éternité à banqueter ensemble.
Puis le drame dont la femme sera l'aboutissement se déroule en trois actes (ou bien quatre avec un flash-back) que je ne résumerai pas, le petit livre étant très agréable à lire en quelques heures seulement. Il suffira de rappeler que la première femme est Pandora, celle de la fameuse jarre d'où sortiront tous les maux invisibles et inaudibles ; que sa création (confection et animation) est le résultat non d'une mais de deux punitions (pas vraiment des malédictions mais des réactions logiques, proportionnelles et symétriques à la Ruse prométhéenne et très humaine en fait) : ce sera le don par tous les dieux d'un « kalon kakon » « malheur resplendissant » que les hommes chériront ; que sa fonction sera la charis – la séduction par l'artifice – et qu'elle sera dotée de la force et de la voix de l'homme, « du tempérament de la chienne, d'un esprit de menteur et de voleur » [sic !] ; qu'elle aura la voracité de la reine de la ruche (appétit alimentaire et sexuel) qui consumera l'homme à petit feu. Bon, ça c'est pour la misogynie, dites toujours si vous en voulez plus : il y a de la réserve…

Pour l'intelligence, ça se corse. On découvre la valeur métaphorique de Prométhée (celui qui anticipe) et de son frère Épiméthée (celui qui comprend après-coup) : la condition humaine participe de ces deux côtés. Il y a la métaphore de l'occultation (non de la suppression ni de la proscription, mais l'occultation par la ruse) de Bios (vie et aussi céréales) et Pyr (le feu), qui distancient l'homme de l'animal et justifient le travail et le cycle mort-vie (ontologiquement dans cet ordre-là…) tout en définissant aussi l'étendue de l'animalité humaine dans les domaines de l'alimentation et de la sexualité. On apprend l'origine du sacrifice rituel, seule nourriture carnée chez les Grecs, séparant elle aussi l'humain de l'animal et donnant une explication de l'immortalité. On lit la description horrifiée des calamités qui sortent de la jarre, mais aussi de ce qui n'a pas le temps d'en sortir, et qui qualifie surtout l'être humain : l'Elpsis, espoir ou crainte, attente face à un événement qu'on prévoit sans en être sûr. Enfin et surtout, par Pandora qui est elle même techné (bien que non humaine) tout en étant beauté qui occulte les maux, on retrouve la problématique essentielle de la philosophie grecque : le hiatus entre apparence et réalité, entre fiction et vérité. Bon j'en ai sans doute perdu quelques unes, mais je ne suis pas philosophe non plus !
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Plus qu'un essai, ce court opuscule est la transcription d'une conférence donnée par Vernant en 2005 à la BNF.
Le mythe en lui même est important, puisqu'il raconte d'une part la séparation des dieux et des hommes après le" coup d'état" de Zeus, avec l'institution des sacrifices rituels, la création de l'agriculture, et d'autre part la séparation des sexes, avec la création des femmes.
Dans un premier temps de l'histoire, les dieux et les humains vivaient un âge d'or sous le règne de Kronos, sans distinction de statut, jusqu'à ce que Zeus prenne le pouvoir et établisse une hiérarchie, et décide de chasser les hommes du royaume des dieux. Il demande à Prométhée de sceller cette division par un partage équitable d'un boeuf sacrificiel, mais Prométhée n'apprécie pas l'injustice et tente de ruser en séparant les os de la viande, et camoufle les os sous de la graisse leur donnant une apparence appétissante, tandis qu'il camoufle la viande dans la panse de la bête, de manière peu ragoutante. Il laisse donc à Zeus le choix de la part qu'il va accorder aux dieux, en espérant compenser l'injustice faite aux hommes. Mauvais choix: Zeus choisit les os camouflés, soit justement la part de l'animal imputrescible et qui contient la moelle, substance vitale en Grèce. Laissant donc aux hommes la nécessité de se nourrir de la part mortelle de l'animal, et donc... entraînant la condition mortelle de l'Homme.

Les hommes se voient donc condamnés à devoir manger pour survivre, et à inventer l'agriculture: en effet Zeus a également décidé que les céréales ( qui du temps de Kronos poussaient sans délai ni aide), devront être cultivées. Mais les aliments ne pourront pas être cuits, car Zeus, décidément très remonté, refuse le feu aux hommes.

La suite est plus connue, Prométhée vole le feu de Zeus pour les hommes afin qu'ils puissent cuire la nourriture et est puni.

Toisième étape de la vengeance de Zeus: créer aux homme un problème éternel, incarnée par Pandora, la première femme, fabriquée à l'image d'une déesse avec le concours d'une partie des divinités Olympiennes, et l'envoyer chez le frère de Prométhée, comme cadeau.

Autant le dire de suite, ce tout petit ouvrage est passionnant. le mythe, ou plutôt les mythes sont passionnants, et la manière de l'aborder par Vernant est d'une clarté limpide, et pleine d'humour ( franchement qui à part lui pouvait décrire Prométhée, le dieu contestataire et égalitariste comme "le soixante-huitard de l'Olympe"?).

Je le conseille vivement à ceux qui veulent s'initier à la mythologie grecque sans prise de tête: le mythe est un des plus importants, et on ne s'ennuie pas un instant, avec l'écriture très libre, parfois presque relachée (puisqu'il s'agit à la base d'une communication orale).
Lien : http://chezpurple.blogspot.f..
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dans ce livre, l'auteur nous évoque le mythe grec de la création de la femme et de la différenciation sexuelle
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
il n'y a plus de richesse, de bonheur sans travail, sans fatigue
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Pas de naissance sans mort
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