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EAN : 9782253088714
280 pages
Le Livre de Poche (29/10/2008)
  Existe en édition audio
3.76/5   94 notes
Résumé :

Classique domaine public. Publié en 1875, Le Chancellor appartient au cycle des Voyages extraordinaires. Jules Verne s’y écarte pourtant totalement de la veine fantastique et d’anticipation qui a fait jusque là son succès. Et c’est sans doute une des raisons pour lesquelles ce texte a été si rarement réédité. Roman maritime par excellence, au suspense redoutable, Le Chancellor exploite le registr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Entre « L'Ile mystérieuse » (1874) et « Michel Strogoff » (1876), c'est-à dire entre deux des succès les plus populaires de Jules Verne, parut ce « Chancellor », dont le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il fait riquiqui entre ces deux chefs-d'oeuvre. Riquiqui, et pas jojo ! Parce qu'alors, quel livre dramatique ! On a peine à croire que c'est le même homme qui nous faisait découvrir l'île Lincoln avec Cyrus Smith et ses amis, ou qui nous entraînait dans la steppe russe avec le Courrier du Tsar. Attention, je ne veux pas dire que c'est un mauvais roman, il est très bien écrit, au contraire, et se lit sans difficulté, mais comme il est sombre et noir ! Tenez, deux infos pour vous mettre dans l'ambiance : il a été conçu en 1870, au plus fort de la guerre franco-prussienne, et l'idée de départ vient du… « Radeau de la Méduse » (vous vous souvenez que ce tableau de Géricault (1819) relatait un naufrage de 1946 où les survivants, réfugiés sur un radeau, ne survécurent que grâce au cannibalisme).
Avec un tel sujet, on se doute que Jules Verne n'a pas écrit une opérette !
Le « Chancellor » est un voilier qui fait voile de Charleston (Caroline du Nord) à Liverpool. Comme par hasard, c'est un bateau qui attire toutes les catastrophes : d'abord on s'aperçoit que le capitaine est fou. Puis un incendie se déclare à bord. Puis c'est une tempête qui envoie le bateau sur un écueil. le voilier s'en sort de justesse et repart, mais il ne tarde pas à faire eau de toutes parts. L'équipage et les passagers se réfugient sur un radeau. La mutinerie gronde, et comme dans la chanson du « Petit navire », les vivres vin-vin-vinrent à manquer. Toujours comme dans la chanson, on en vient à envisager de manger un passager. Et juste au moment de hum passer à table, on arrive en vue des côtes brésiliennes.
Un sujet, donc, qui n'engendre pas la joie de vivre ! de plus, le roman est écrit à la première personne, par l'un des passagers, J.R. Kazallon, qui, avec un réalisme terrible, écrit son journal intime. Et, croyez-moi, J.R. ne néglige aucun détail. On est comme dans le « Lifeboat » d'Alfred Hitchcock : ce n'est ni plus ni moins qu'un huis-clos en mer. le drame met en relief les destinées individuelles et fait apparaître les êtres sous leur vrai jour. Les survivants ne pourront plus reprendre leur vie d'avant, là où ils l'avaient laissée.
Roman noir, sombre, épouvantable même, par son sujet, « le Chancellor » reste un « bon » roman de Jules Verne (faute de figurer parmi ses « grands » romans). Son tour de force aura été de rédiger le journal de J.R. Kazallon au présent simple, plongeant le lecteur en permanence au coeur du drame. Les chipoteurs diront avec un sourire en coin : « il a bien du mérite de tenir un tel journal avec encre et papier en de telles conditions », ils n'auront pas tort, mais ce détail passe quasiment inaperçu tant le récit est prenant, et parfois vertigineux d'un tragique qui vous saisit d'un bout à l'autre.
Le roman est resté méconnu. Vu le sujet, ce n'est pas étonnant. Il mérite cependant d'être redécouvert, à la fois pour la profondeur psychologique (ce n'est pourtant pas le point fort de l'ami Jules) et la facture particulièrement émouvante du récit.
Un autre côté d'un Jules Verne inattendu : loin de l'aventure, de la science, de la comédie,, c'est un Jules Verne grave qui met le doigt sur un problème de tous les temps (et qui se profile encore de nos jours) : le problème de la survie, et celui du retour à la barbarie en temps de crise.


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Ce roman, publié en 1875, est, comme beaucoup d'autres livres de Jules Verne, une histoire qui débute sur la mer et nous invite à suivre des naufragés.
Cette fois, il s'agit des survivants du naufrage du Chancellor, un navire chargé de balles de coton qui effectuait la liaison entre les États-Unis et la Grande Bretagne.
A la différence des autres, ce roman ne nous raconte pas comment les naufragés organisent leur subsistance une fois échoués sur une île comme on peut le voir sur l'île mystérieuse ou dans l'oncle Robinson.
Ici, l'histoire est beaucoup plus réaliste et bien moins épique...
Les quelques survivants se trouvent sur un radeau en pleine mer et se trouvent réduits tout d'abord à utiliser le corps de ceux qui ont péri pour appâter les poissons. Bientôt, ils se trouvent obligés de manger ces corps pour survivre, puis, de désigner ceux qui devront être sacrifiés pour permettre aux autres de vivre.
Un roman plus noir que ceux qui ont suivi, mais qui démontre les extraordinaires talents de conteur de Jules Verne.
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Ce « Journal du passager J.-R. Kazallon » raconte ce qui était censé être une paisible traversée de l'Atlantique entre Charleston et Liverpool et qui se transforme en cauchemar. Une route inappropriée, du mauvais temps, un incendie, un échouement, telles sont les premières péripéties qui mettront le courage et l'esprit de l'équipage et des passagers à rude épreuve. Ce récit, inspiré par le naufrage de la Méduse, m'a également rappelé les Aventures d'Arthur Gordon Pym d'Edgar Allan Poe (l'étrangeté finale en moins), roman pour lequel Jules Verne proposera d'ailleurs une suite (franchement pas terrible) en 1897. Tous deux proposent un enchaînement apparemment sans fin de calamités et d'épreuves, météorologiques, physiques ou psychologiques pour éprouver l'endurance des voyageurs.

Jules Verne étudie beaucoup la physionomie de ses personnages, présentant, du fait de de leur allure, leur parler ou leur regard, des indices sur leur comportement et leur réactivité. Ainsi, dès le début, le capitaine se révèle peu digne de confiance de par une certaine mollesse qui sera confirmé par sa faiblesse d'esprit par la suite. Il présente différents caractères, physionomies et aspirations, et c'est intéressant de découvrir leur évolution, leurs réactions face à l'adversité, leurs forces et leurs faiblesses, mais – avec un côté un peu moralisateur – Verne tombe rapidement dans une dichotomie entre ceux qui s'avéreront « bons/moraux en dépit de tout » et les « mauvais/immoraux », les seconds étant souvent présentés dès le départ comme des prodiges de sottise, de cupidité ou de malignité. Il n'y a pas de véritable surprise quant au véritable caractère des personnages, ce qui est un peu dommage.
(Peut-être est-ce aussi que je ne suis pas aussi sévère que Verne et Kazallon sur le fait d'avoir recours à des moyens expéditifs pour survivre (et je le dis en étant parfaitement conscience que dans des conditions aussi critiques, je ne ferai très probablement pas partie des survivants). Ou que, lisant une mésaventure/drame/tragédie que je n'expérimenterai très probablement jamais, j'ai envie de vivre les choses par procuration, quitte à plonger dans la sauvagerie, et sans avoir besoin pour le coup d'être rassurée par une certaine forme de rédemption.)
Et évidemment, comme souvent chez Jules Verne, nous n'échapperons pas aux réflexions racistes, le cuisinier étant immanquablement un « nègre de mauvaise figure, à l'air brutal et impudent, qui se mêle aux autres matelots plus qu'il ne convient ».

Le huis-clos devient de plus en plus infernal et oppressant et, alors que le décompte des morts augmente peu à peu (à la manière d'un Dix petits nègres), j'ai été totalement absorbée par cette succession atroce de malheurs conduisant inévitablement à la barbarie. L'immersion est totale, notamment grâce à la narration au présent. (La seule chose qui m'a fait ressortir du récit est liée à la forme du journal : quand la situation devient atroce, quand le narrateur perd toutes ses forces, on aura du mal à croire qu'écrire son journal soit toujours sa priorité…)
Fait à signaler pour les personnes allergiques aux digressions, la science est étonnamment absente de ce roman, à l'exception des mesures nécessaires pour la navigation et d'une brève étude de cailloux (il n'a pas pu s'en empêcher, je crois). Les personnages sont véritablement au coeur de ce roman, isolés de toute technique par un désert liquide.

Le Chancellor est un récit de mésaventures maritimes très efficace et dynamique, à la fois réaliste, dramatique et cruel. Il n'est pas exempt de défauts et sa fin « les bons seront sauvés » m'a un peu déçue (même si je ne m'attendais pas vraiment à autre chose), mais j'ai passé un très bon moment.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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Le Chancellor, moins connu que les "best sellers" de Jules Verne que sont le tour du monde en 80 jours, 20 000 lieues sous les mers ou le voyage au centre de la Terre, n'en n'est pas moins un roman-catastrophe prenant.
Qui n'a jamais lu Jules Verne sera sans doute surpris que cet auteur si visionnaire en matière de sciences, si fin connaisseur du domaine maritime, offre en revanche si peu de nuances dans le caractère de ses personnages : on a ici le valeureux capitaine, la jeune fille innocente et dévouée, le matelot fourbe... et Verne semble totalement acquis à la physiogonomie, pseudo-science à la monde au 19e siècle, qui veut qu'on puisse deviner le caractère de quelqu'un à son apparence physique, et en particulier grâce aux traits de son visage. Quant à la description du seul matelot noir de l'équipage, elle a une connotation franchement raciste.
Mais cela remis dans le contexte de son époque, le Chancellor reste un roman bien écrit et palpitant, surtout dans sa deuxième partie, sur le radeau. La description de l'état des naufragés, de leur faim, leur soif, leur épuisement, de la façon dont les privations les éloignent peu à peu de l'humanité, est plus que vraisemblable, et on touche parfois à l'horreur la plus pure... Cela fait froid dans le dos, et le suspense est maintenu jusqu'au bout, rendant le livre difficile à lâcher !
C'est la première fois que j'écoute un livre audio de l'éditeur belge Autrement dit. La lectrice, Alexa Parr, a une voix assez inhabituelle, au débit très rapide, et avec une voix chantante (un peu à la Fanny Ardant), mais c'est une lectrice agréable.
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Un navire de commerce prend la mer, à sa tète un
capitaine pris de folie. Un feu apparait dans la cale, l'équipage et les passagers avec l'aide du second
prennent place au bord d'un radeau de fortune.
Dés ce moment, Jules Verne amènent ses héros dans une aventure affreuse....la faim, la soif...les délires les
entraineront à faire un tirage au sort pour choisir celui qui servira de repas.
Huis clos sur un radeau, des moments atroces...
écrit avec la plume du 19ième ( 1870 ) excellent!
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Au milieu de l’obscurité, la mer mugit sous mes yeux. De grandes nappes d’écume, livides plutôt que blanches, passent entre les mâts, auxquels le roulis imprime de larges oscillations. Deux ombres noires, à l’arrière du navire, tranchent sur la couleur blanchâtre de la mer. Ces ombres sont le capitaine Kurtis et le bosseman. Leurs voix, peu distinctes au milieu du fracas des flots et des sifflements de la brise, n’arrivent à mon oreille que comme un gémissement.
En ce moment, un des marins qui est monté dans la hune pour amarrer une manoeuvre passe près de moi.
– Qu’y a-t-il donc ? lui ai-je demandé.
– Le vent a changé...
Le matelot ajoute ensuite quelques mots que je n’ai pu entendre clairement. Cependant, il me semble qu’il a dit « cap pour cap ».
Cap pour cap ! Mais alors le vent aurait sauté du nord-est au sud-ouest, et, maintenant, il nous repousserait au large ! Mes pressentiments ne m’ont donc pas trompé !
(Le Chancellor)
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Le vent commence à souffler du nord-est avec une certaine violence, et le Chancellor, sous ses huniers au bas ris et sa misaine, a dû se mettre en cape courante.
La mer est très houleuse et le navire fatigue beaucoup. Les cloisons du carré gémissent avec un bruit qui finit par agacer. Les passagers se tiennent pour la plupart sous la dunette.
Quant à moi, je préfère rester sur le pont, bien qu’une pluie fine me pénètre de ses molécules pulvérisées par le vent.
Pendant deux jours, nous courons ainsi au plus près. De « grand frais », le déplacement des couches atmosphériques est passé à l’état de « coup de vent ». Les mâts de perroquet sont calés. Le vent fait, en ce moment, de soixante milles à l’heure.
Malgré les excellentes qualités du Chancellor, sa dérive est considérable, et nous sommes entraînés dans le sud. L’état du ciel, obscurci par les nuages, ne permet pas de prendre hauteur, et le point n’étant pas établi, force est de ne s’en rapporter qu’à l’estime.
Mes compagnons de voyage, auxquels le second n’en a rien dit, ne peuvent savoir que nous faisons une route absolument inexplicable. L’Angleterre est dans le nord-est, et nous courons dans le sud-est ! Robert Kurtis ne comprend rien à l’obstination du capitaine, qui devrait, au moins, changer ses amures, et, en poussant au nord-ouest, aller reprendre les courants favorables. Mais non ! Depuis que le vent a halé le nord-est, le Chancellor s’enfonce encore plus dans le sud.
Ce jour-là, me trouvant seul sur la dunette avec Robert Kurtis :
– Est-il donc fou, votre capitaine ?
(Le Chancellor)
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L'espoir ne peut jamais être tout à fait perdu, monsieur Kazallon, même dans les circonstances les plus terribles. Tout ce que je puis vous dire, c'est que, sur cent chances, si nous en avons quatre-vingt-dix-neuf contre nous, la centième, du moins, nous appartient. Si mes souvenirs ne me trompent pas, d'ailleurs, le Chancellor, à demi englouti, est précisément dans les conditions où s'est trouvé le trois-mâts la Junon, en 1795. Pendant plus de vingt jours, ce bâtiment est resté ainsi suspendu entre deux eaux. Passagers et matelots s'étaient réfugiés dans les hunes, et, la terre ayant été enfin signalée, tous ceux qui avaient survécu aux fatigues et à la faim furent sauvés. C'est un fait trop connu dans les annales de la marine pour qu'il ne me revienne pas en ce moment à l'esprit! Eh bien, il n'y a aucune raison pour que les survivants du Chancellor ne soient pas aussi heureux que ceux de la Junon.
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Martin Paz - 1

Le soleil venait de disparaître au delà des pics neigeux des Cordillères; mais sous ce beau ciel péruvien, à travers le voile transparent des nuits, l’atmosphère s’imprégnait d’une lumineuse fraîcheur. C’était l’heure à laquelle on pouvait vivre de la vie européenne et chercher en dehors des vérandas quelque souffle bienfaisant.
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Mais ce Mr. Kear, homme de cinquante ans, qui paraît être plutôt enrichi que riche, est un triste commensal, ne cherchant et ne voulant que ses aises. Un bruit métallique sort à chaque instant de ses poches, dans lesquelles ses deux mains sont incessamment plongées. Orgueilleux, vaniteux, contemplateur de lui-même et contempteur des autres, il affecte une suprême indifférence pour tout ce qui n’est pas lui. Il se rengorge comme un paon, « il se flaire, il se savoure, il se goûte », pour employer les termes du savant physionomiste Gratiolet. Enfin, c’est un sot doublé d’un égoïste.
(Le Chancellor)
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Vidéo de Jules Verne
In the same year that Jules Verne published Around the World in 80 Days, Henri Cernuschi set foot in Asia – the ultimate goal of a journey that would give rise to one of the most impressive collections of Asian art in Europe. Starting in Japan before moving on to China, Indonesia, Ceylon and India, our traveller was struck by the artistic wealth of the countries he visited. In a matter of months, he collected several thousand objects, particularly bronzes, whose value he was the first to understand.
Upon returning to Paris, Cernuschi immediately exhibited his collection. Artists and craftsmen of the time were quick to view his Chinese and Japanese pieces as extraordinary sources of inspiration. The range of shapes and patterns and the technical innovation showcased in Cernuschi's collection became models for an entire generation of creators. True to his visionary intuitions, Cernuschi had an hôtel particulier built, which he designed as a museum space from the get-go. This property would go on to become the City of Paris' museum of Asian arts by the end of the 19th century.
This exhibition celebrates the 150th anniversary of Cernuschi's return from Asia and invites the public to rediscover the traveller's journey and the collector's contributions to the revolution in taste that would become known as “Japonisme”. From the start of the tour and throughout the exhibition, a projection and five audio stations punctuate the display, with each step painting a portrait of this outstanding collector.
New for this anniversary, this summer the museum's permanent collections will unveil restored Japanese sculpted dragons, which have not been exhibited in their entirety since 1930.
En savoir plus sur l'exposition : www.parismusees.paris.fr/en/exposition/return-from-asia
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