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Critique de dourvach


"Is-Slottet"... Palais de glace de nos rêves, de la fidélité, de l'amitié – dans la vie comme dans la mort... La mort comme étrange barrière – friable – se dressant soudain entre les âmes... Palais immortel et précaire... Souvenir ou fantôme de nos chers disparus... Là où peuvent encore se rencontrer – Qui sait ? – les vivants et les morts... Ces encore-vivants et ces supposés-morts... "point tout à fait morts" dans notre souvenir.... Le souvenir, oui : là où ils vivent désormais pour nous... Là où nous vivrons un jour, nous aussi... Dans le souvenir – du moins nous l'espérons -- d'autres vivants en sursis...

Et l'on repense au père de Joseph dans "Le sanatorium sous la clepsydre" de Bruno SCHULZ : ce personnage retenu prisonnier – toujours bien vivant – dans son sanatorium enfoui sous la neige, coincé dans une boucle temporelle de la relativité einsteinienne... Schulz (1892-1942), cet écrivain de génie aussi "secret" que Vesaas, si tôt disparu dans la cruelle nuit nazie de son pays... Pologne et peuples également sacrifiés et anéantis : "Shoah", comme on sait...

Oui, comment rejoindre désormais "nos" morts ?

Tarjei VESAAS (1897-1970), le "fermier-écrivain" hantant sa ferme du Telemark (Norvège) a peut-être la réponse. Il a été, lui, le chantre secret de ces âmes repliées que recouvre le seul manteau de l'Elémentaire...

Siss et Unn, deux amies de treize ans, se trouvent soudain séparées par cette énigme qu'est la mort. Siss explore à son tour les beaux mystères de "la cascade de glace", trouvée au fil du ruisseau. Celle-là qui forme "château", palais précaire... On se perd peu à peu dans ses couloirs jusqu'à ce qu'un Oeil unique apparaisse à la voûte... Mais alors, peut-être est-il "déjà trop tard" ?

Souvenirs de nos belles interrogations, débutant à notre adolescence : " Est-ce que j'existe pour quelqu'un ? " – ainsi que le devine Régis BOYER, spécialiste des littératures scandinaves, dans sa longue et passionnante (22 pages) Introduction à l'oeuvre du grand Norvégien...

Saluons aussi l'exceptionnelle et poétique traduction (du néo-norvégien au français) réalisée par Elisabeth EYDOUX en 1975 – reprise ici dans l'édition de poche Garnier-Flammarion en 1985...

1963 : si loin, si proche... Oeuvre éternelle, sans doute ! Un chef d'oeuvre et une étape (bien sûr) cachée dans l'histoire de la Littérature universelle...

Lisons, oui, ou plutôt découvrons – pour toujours, espérons-le – le monde si peu oubliable du prodigieux Tarjei VESAAS : "Le Germe" (1940), "Le Vent du Nord" (1952), "Les Oiseaux" (1957), "Palais de Glace" (1963)... Tant de sombres chefs d'oeuvre au coeur encore vibrant, qui – au milieu du vacarme des vulgarités ambiantes – nous attendent encore, en leurs plus beaux silences !
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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