Les Mutilés de
Marianne Vic aux éditions Equateurs est un roman âpre. Extraits: "La mort et le sexe nous traversent sans que rien d'humain ne s'immisce. Ils nous transpercent en permanence, Seules ummatibilités sur lesquelles l'homme peut compter. Quels que soient les tabous qui les régulent."
Lucyle Storm vide son sac. Il y a de quoi. Certes elle n'est pas dans le besoin, son père est le propriétaire dune grosse affaire de fourrure, mais son mari vient de la tabasser, sa famille juive a été décimée dans les camps nazis, sa soeur n' a plus ni bras ni jambes, son père est un pervers sexuel et elle regarde le monde bien en face, noir et superficiel.
Elle écrit à la hache, elle abat sa vindicte sur ces humains, veules, inconsistants, mauvais.
Au début elle parle de la vacuité des rapports sociaux, puis constate que même la famille n'est pas un recours. Elle évoque
Paul Célan,
Chateaubriand. Elle termine sur le sexe, malentendu absolu .
Nous tenons là une femme, là où habituellement sévissent les écrivains masculins dans le roman de la noirceur de l'âme, de la vanité du monde, de la désespérance. On pense à
Balzac à Céline, à Jauffret, ou encore à Philippe Murray,
Âmes sensibles s'abstenir, âmes lucides plongez dans la lecture de ce roman quelque peu démoniaque mais d'une certaine façon revigorant. Particularité, il est fait un usage récurrent de mots et d'expressions peu courants comme: tangibilité, étréci, pesanteur destinale. Il y en a au moins une centaine, sorte de marquage qui participe à graver son récit dans l'esprit du lecteur.