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EAN : 9782940189489
140 pages
Page deux (21/03/2012)
2.33/5   3 notes
Résumé :
Ce livre – dans une édition augmentée – reprend et éclaire des discussions et débats dans le mouvement des femmes au cours des trois dernières décennies. En effet, le mouvement des femmes a été à l’origine d’une effervescence théorique qui s’est traduite par la production d’un corpus de concepts extrêmement riche. Par exemple ceux de patriarcat, de mode de production domestique, de travail domestique, de travail productif et reproductif, d’articulation production/re... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« le mouvement des femmes a été à l'origine d'une effervescence théorique qui s'est traduite par la production d'un corpus de concepts extrêmement riche. Ces élaborations ont permis de rompre avec l'idéologie de la complémentarité ”naturelle” des sexes, de penser les rapports antagoniques entre le groupe des hommes et celui des femmes dans le but de les transformer. » Roland Pfefferkorn présente son livre : « L'objectif est de rendre compte de la diversité, de la richesse et des limites des analyses produites par les différents courants et auteures féministes et de rappeler quelques-uns des débats qui ont traversé le mouvement des femmes ».

Corpus très riche : patriarcat, mode de production domestique, travail domestique, travail productif et reproductif, échange économico-sexuel, division sexuelle du travail, sexe social, sexage, classe de sexe, etc… « La diversité des conceptualisations tient d'abord au caractère multidimensionnel de l'oppression qui renvoie à la fois à l'exploitation, à la domination, à la discrimination et à la stigmatisation. »

Quelques auteures : Christine Delphy, Nicole-Claude Mathieu, Colette Guillaumin, Paola Tabet, Danielle Kergoat, Helena Hirata, Delphine Gardey, Ilana Löwy, Eleni Varikas, Jules Falquet, Elsa Dorlin, etc…

Sans partager toutes les présentations de l'auteur, je tiens néanmoins à souligner sa volonté d'exhaustivité et la clarté de l'exposé. Sa critique des dérives autour du concept de genre, tout en étant juste, sous-estime les ambiguïtés des autres formulations, en particulier dans le monde universitaire. le problème n'est pas, à mon avis, lié au sens multiple des mots, mais à leurs usages séparés du point de vue des femmes, du féministe, comme pratique subversive de l'organisation sociale. Dans le dernier chapitre « Division sexuelle du travail et rapports sociaux de sexe », l'auteur argumente sur la pertinence et sa préférence pour l'utilisation du concept de rapports sociaux de sexe, son lien avec la division sexuelle du travail, le travail pouvant être défini comme la« production de la société ».

Je partage ce que dit Danielle Kergoat et l'auteur sur les caractères consubstantiels et co-extensifs des rapports sociaux : « en se déployant, les rapports sociaux de classe, de genre, de ”race”, se reproduisent et se co-produisent mutuellement ».

Cependant, rien n'assure que cette conceptualisation permette à elle seule, de ne pas oublier le féminisme dans les orientations stratégiques émancipatrices, sans parler des débats politiques concrets.

Quoiqu'il en soit, je ne pense pas qu'un concept puisse totalement, intégrer, d'un coté les dimensions variées de l'asymétrie, de l'exploitation, de la domination, de l'oppression et de l'autre, permettre d'exprimer les leviers possibles de l'émancipation.
« L'oppression des femmes résulte d'un fonctionnement systémique qui n'est en aucun cas réductible au système capitaliste », Il est donc regrettable que les dimensions sexuées des rapports sociaux ne soient pas systématiquement pris en compte par les universitaires et les groupes se réclamant de l'émancipation.

Cette courte mais dense présentation des théorisations matérialistes féministes, « construire des concepts nouveaux pour penser les rapports antagoniques entre la classe des hommes et celle des femmes », me semble à la fois synthétique et suffisamment diversifiée, pour une première approche de l'histoire de certains débats. Elle ne saurait dispenser de lire et d'étudier les textes produits par les féministes elles-mêmes.
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Dans l'introduction (voir sur le blog "entre les lignes entre les mots" Roland Pfefferkorn parle, entre autres, d'une riche production de concepts, de rupture avec « la complémentarité « naturelle » des sexes », des obstacles au mouvement pour l'égalité (l'égalité n'est pas d'ores et déjà advenue), de « chaine internationale du care », de racisation du sexisme, d'antiféminisme larvé, de dimension sexuée dans les sciences sociales « la dimension sexuée reste longtemps au second plan, quand elle n'est pas absente, en tant qu'axe stratégique de réflexion et d'investigation », de produits de rapports historiques et sociaux, de conflits au sein de la « société conjugale », de salarisation, de séparation et de hiérarchisation, d'articulation des différents rapports sociaux, « rapport de classe, de sexe, de racisation » comme nécessité…

Suite à ma lecture de la première édition, j'avais rédigé une note (https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2012/05/22/les-rapports-de-sexe-de-classe-de-racisation-interagissent-les-uns-sur-les-autres-et-structurent-ensemble-la-totalite-du-champ-social/)
Je n'ai pas confronté les deux éditions. Je ne reprends pas ici ce que j'avais écrit, même si sur certains points, je ne m'exprimerai plus de la même façon.

Je voudrais néanmoins souligner la force de certaines analyses : la place du travail (salarié et domestique), le caractère systémique de l'oppression des femmes et son caractère non-réductible au capitalisme, la « dialectique production/reproduction », la socialisation différentielle des sexes.

Il me semble que certaines parties sont particulièrement intéressantes : rapports sociaux, division sexuelle du travail, production historiques particulières, coextensivité et consubstantialité des rapports sociaux, « La première originalité du concept de rapports sociaux de sexe par rapport à d'autres conceptualisations (en termes de système de sexe / genre ou de mode de production domestique par exemple) réside dans le fait qu'il est construit explicitement en articulant de manière co-extensive et consubstantielle les rapports de classe, les rapports de sexe et les rapports de racisation » (En complément possible : Danièle Kergoat : Se battre disent-elles…), histoire et critique de la notion de genre, limites des théorisations queer, etc.

Par ailleurs, je signale que je ne partage pas certaines appréciations sur des textes de Geneviève Fraisse, Judith Butler, Monique Wittig, Joan Scott, par exemple.

Dans sa postface (voir sur blog "entre les lignes entre les mots), Catherine Vidal indique que « le clivage entre les sexes élaboré par les philosophes, théologiens, historiens et naturalistes des siècles passés est perçu par beaucoup comme le reflet d'une nature humaine éternelle. ». Elle aborde, entre autres, les questions de « plasticité cérébrale », de la capacité du cerveau humain à se façonner selon l'histoire propre de chacun-e, « Rien n'est à jamais figé ni programmé dans le cerveau depuis la naissance », d'environnement sexué, d'interactions physiques ou orales, de dépassement du « dilemme classique qui tend à opposer nature et culture », de la biologisation des comportements humains, de l'origine des « différences »…

Je reproduit ma précédente « conclusion » : « L'oppression des femmes résulte d'un fonctionnement systémique qui n'est en aucun cas réductible au système capitaliste ». Il est donc regrettable que les dimensions sexuées des rapports sociaux ne soient pas systématiquement pris en compte par les universitaires et les groupes se réclamant de l'émancipation.

Cette courte mais dense présentation des théorisations matérialistes féministes, « construire des concepts nouveaux pour penser les rapports antagoniques entre la classe des hommes et celle des femmes », me semble à la fois synthétique et suffisamment diversifiée, pour une première approche de l'histoire de certains débats. Elle ne saurait dispenser de lire et d'étudier les textes produits par les féministes elles-mêmes.
Lien : https://entreleslignesentrel..
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critiques presse (2)
NonFiction
12 avril 2012
Une synthèse réflexive sur les concepts ayant émergé grâce aux féministes, à partir d’une théorie des rapports sociaux élargie.
Lire la critique sur le site : NonFiction
NonFiction
11 avril 2012
Une synthèse réflexive sur les concepts ayant émergé grâce aux féministes, à partir d’une théorie des rapports sociaux élargie.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Là où les qualifications, les compétences, la formation, les savoir-faire, les connaissances des hommes sont reconnus et rémunérés collectivement, les qualifications, les compétences, les savoir-faire et les connaissances des femmes sont naturalisés et individualisés, considérés comme propres à la personne, et non comme acquis ou conquis. Ces «qualités» sont recherchées et mises en valeur par les employeurs parce qu’elles ne bénéficient pas de reconnaissance sociale et sont rémunérées à un niveau inférieur à celles des hommes. Les femmes qui savent coudre et faire la cuisine ou élever les enfants ne sont pas reconnues comme qualifiées. Leurs compétences, pourtant exploitées dans l’industrie électronique, les cuisines industrielles, le ménage dans les écoles ou chez des particuliers, le travail d’aide-soignante, d’aide à la vie quotidienne ou d’agent hospitalier, ne sont pas rétribuées. Elles continuent à être perçues comme dépourvues de qualification. Pourtant un des acquis importants des analyses déjà anciennes de Pierre Naville, comme des analyses féministes plus récentes, montre que la qualification n’a rien de substantielle. Elle est le résultat de ce qui se joue en permanence dans les rapports sociaux: aussi bien le rapport de classe que le rapport de sexe. Et c’est bien dans l’articulation entre ces deux rapports sociaux que les qualifications se définissent. En ce sens la qualification et son prix (le salaire) est un des enjeux principaux de la «dialectique croisée de ces deux rapports sociaux». Et la prise en compte de la dimension sexuée de l’enjeu est de ce point de vue essentielle.
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Le développement de la problématique de la division sexuelle du travail dans la sphère professionnelle comme dans la sphère domestique a eu pour conséquence, sur le plan théorique et épistémologique, de faire éclater des clivages apparaissant finalement peu opératoires, comme ceux entre production et reproduction, ou entre système productif et structure familiale. Elle fait éclater des catégories construites exclusivement à partir de la prise en compte d’une population masculine considérée comme norme ou référent universel (des catégories comme celles de travail, de qualification, de mouvement social, de temps social, de plein emploi, etc.). Le concept de division sexuelle du travail impose en particulier la nécessité de repenser le concept de travail de façon plus anthropologique et d’aller voir comment dans la société se répartissent les travaux d’hommes et de femmes. Enfin, comme la séparation des hommes et des femmes et la hiérarchie entre les sexes se retrouvent un peu partout, différentes chercheuses ont tenté de conceptualiser ces rapports sociaux spécifiques qui séparent et hiérarchisent systématiquement le groupe des hommes et des femmes: les rapports sociaux de sexe. Cette conceptualisation s’est progressivement imposée en France au cours des années 1980 dans les recherches menées en sociologie. Dans d’autres disciplines ce sont d’autres concepts qui dominent: en histoire, c’était l’histoire des femmes, en anthropologie, le sexe social, en littérature, le masculin-féminin, en philosophie ou en psychologie, la différence des sexes. Ces terminologies différentes étaient aussi le reflet d’options théoriques différentes. L’extension de l’usage du concept de rapports sociaux de sexe se heurtait surtout à la diffusion internationale du concept de genre. Comme nous l’avons montré dans le chapitre 3, celui-ci a fini par s’imposer en France comme un concept fédérateur interdisciplinaire, chacune des disciplines conservant cependant parallèlement son concept spécifique.
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Lorsque les savoirs et savoir-faire requis sont proches de l’univers domestique, ce qui est le cas par exemple des «emplois de proximité d’aide à la vie quotidienne» invariablement énoncés au neutre mais occupés à 99 % par des femmes, un tel travail de mise en forme est plus difficile à mettre en œuvre. Ces emplois soutenus par les politiques publiques représentent une «externalisation» du travail domestique gratuit habituellement réalisé par les femmes. Ils replacent celles qui assurent ces tâches professionnellement dans des postures «traditionnelles» de don et naturalisent les compétences nécessaires. Les «femmes de ménage», «aides à domicile», «auxiliaires de vie» ou «gardes-malade» interviennent au domicile de particuliers, notamment des personnes âgées, des malades et des handicapés. En raison des bas salaires, des exonérations de cotisations patronales et des diminutions d’impôt qu’elles valent à leurs employeurs, elles accomplissent quasi gratuitement (au regard des bénéficiaires) des travaux qui se substituent à ceux effectués gratuitement par les femmes en tant qu’épouses, filles et (ou) mères. Cela explique que la qualification de ces emplois ne soit pas reconnue, tant le travail domestique gratuit est perçu comme non qualifié et renvoyé aux «qualités» individuelles des femmes concernées. Pourtant la polyvalence découlant de la grande variété des opérations à effectuer et la difficulté à trouver du personnel compétent montrent a contrario que la question de la qualification se pose bel et bien.
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La première originalité du concept de rapports sociaux de sexe par rapport à d’autres conceptualisations (en termes de système de sexe / genre ou de mode de production domestique par exemple) réside dans le fait qu’il est construit explicitement en articulant de manière co-extensive et consubstantielle les rapports de classe, les rapports de sexe et les rapports de racisation
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Le clivage entre les sexes élaboré par les philosophes, théologiens, historiens et naturalistes des siècles passés est perçu par beaucoup comme le reflet d’une nature humaine éternelle.
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Vidéo de Catherine Vidal
Hommes, femmes, avons nous le même cerveau ? Neurobiologiste, Catherine Vidal est directrice de recherche à l'Institut Pasteur. Elle se consacre à la diffusion du savoir scientifique pour s'attaquer aux idées reçues sur les différences "innées" entre hommes et femmes.
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