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Critique de sylviedoc


Mon premier billet de l'an 2021 porte sur une BD reçue grâce à une Masse Critique privilégiée, à laquelle j'avais d'ailleurs hésité à répondre parce que le thème me faisait peur. Eh oui, quand on flirte avec la soixantaine, certains sujets effraient, notamment la vieillesse et l'abandon possible de son "chez-soi" quand les bobos empêcheront de rester autonome.
Pour Yvonne, à l'aube de ses 80 ans, le temps est venu de quitter sa maison où elle a vécu tant de bons moments, mais où elle demeurait seule avec sa chienne Bellouche depuis le décès de son mari Henri. Dès les premières pages, j'ai eu les larmes aux yeux, à cause des moments poignants où Yvonne fait visiter sa maison à de jeunes futurs acheteurs, et où ceux-ci ne se rendent absolument pas compte du caractère blessant de leurs remarques ("de beaux volumes...mais tout à refaire", qu'Yvonne va reprendre à son compte en contemplant son corps nu devant son miroir).
Et puis la décision concernant Bellouche, re-flot de larmes...et encore au moment du départ vers l'Ehpad, les souvenirs qui remontent, j'ai du faire une pause.
Je me rends compte que je suis en train de décourager les lecteurs potentiels là ! Non, ne partez pas, cette BD comporte certes quelques instants pas très joyeux, mais il y a pleins de sourires aussi, parce qu'Yvonne possède une personnalité pleine d'humour, et ne va pas se priver de mettre son grain de sel pour rendre les ateliers plus "ludiques" à sa manière, ou pour inciter sa bande de nouveaux copains à enfreindre les règles ! Ce qui m'a également ravie, c'est la façon dont elle refuse de se laisser infantiliser par la directrice des "Mimosas", une femme qui sous des dehors avenants semble considérer que tous les résidents sont gâteux.
L'auteure, Séverine Vidal, a su marier de façon optimale des textes courts dans les cases, parfois un peu plus longs quand Yvonne évoque ses souvenirs, et laisser de temps à autre des pages entières sans texte, accordant toute la place au dessin évocateur de Victor L. Pinel. Celui-ci explique dans une interview jointe à l'album qu'il n'avait jamais dessiné "des vieux", et qu'il craignait de ne pas parvenir à dessiner une Yvonne "belle, douce, mais aussi marquée par les années". Pari réussi, les visages et les corps sont réalistes et non pas idéalisés. Les couleurs sont également bien choisies, avec ces dominantes tantôt vertes ou jaunes, tantôt orangées ou mauve, suivant la tonalité du texte. Et bien sûr il y a ces touches bleues, notamment la couverture que je trouve particulièrement réussie. Beaucoup de douceur, de tendresse dans cet album, on appréhende mieux comment se déroule la vie en Ehpad, le dévouement et la compassion dont font preuve certains membres du personnel sont également évoqués, mais aussi la rigidité d'autres encadrants. L'établissement décrit ne fait certainement pas partie des "mouroirs" qui hélas existent encore à certains endroits, mais n'est pas trop idéalisé non plus. L'auteure a fréquenté des Ehpad pour y mener des ateliers d'écriture, elle sait de quoi elle parle. On sent qu'elle ne s'est pas contentée de "faire son boulot", elle a noué des liens avec quelques résidents, et certaines anecdotes sont tirées de ses échanges avec eux.
La BD compte 80 pages, j'en aurais aimé un peu plus, mais à part ça je n'ai pas de reproches à faire. On y trouve de l'émotion, de l'amour, de l'humour et des personnages qui nous parlent, pour peu que nous ayons déjà mis les pieds dans une maison de retraite. La fin est douce-amère, mais pas triste.
Je ne regrette absolument pas d'avoir donné suite à cette proposition de MC, j'ai passé un beau moment avec Yvonne et ses potes !

Bonne année à tous ceux et celles que je n'ai pas encore croisés depuis ! Je souhaite vraiment qu'elle nous fasse oublier les moments pénibles de 2020...
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