Ca y est, vous êtes sur le point d'envoyer votre manuscrit. Vous préparez vos listes d'éditeurs à qui envoyer la bafouille, vingt fois imprimées, pour vingt plis hors de prix à la Poste. Vous préparez vingt lettres personnalisées, sans vous répéter, des chef-d'oeuvres d'invention et de drôlerie pour tenter d'accrocher l'intérêt.
Puis, subitement, vous doutez. de vous. de tout. Vous vous penchez sur un contemporain, dans l'espoir d'avoir un coup de pouce : étudier les confrères est toujours riche d'enseignement.
Tanguy Viel vous fait la fleur ! Dans ce petit opus, il explique ses débuts, ses premiers contacts, son entrée dans les prestigieuses éditions qui font battre votre coeur : Minuit.
Alors, qu'il y a -t-il mis, lui, dans ce fameux courrier à l'éditeur, pour l'accrocher ? S'est-il déplacé ? A-t-il insisté ? Des refus ?
Bon, il se trouve, que, par chance, il connaissait rien de moins que
François Bon — un voisin devenu vaguement copain — à qui il avait il avait filé un texte inabouti — bancal, pas bon, juste une promesse, un début, histoire de voir s'il s'en dégageait quelque chose, s'il devait persévérer — et que, magnanime et farceur, le bon François, dans son dos et sans lui dire, a déposé son manuscrit merdique sur le haut de la pile chez Verdier et Minuit, dites donc ! Si c'est pas gentil ça, de la part d'un voisin vaguement copain ! Pour un texte pourri en plus…
Et là, chez Minuit, on lui a dit que ça n'était pas gégé, mais qu'en persévérant, y'aurait du bonbon à se mettre sous la dent. Contact pris, enthousiasme émoustillé, un an après, Minuit accueille «
Le Black Note ». C'est qu'il avait le nez fin, le François, pour son vague pote et voisin Tanguy.
Vous vous apprêtez à vous rendre à la Poste dépenser votre salaire en frais de port. Vous embrassez chaque manuscrit, chaque pochette, en y mettant tout votre espoir. Au lieu de chercher dans vos voisins, s'il n'y a pas un écrivain, qui pourrait vaguement devenir votre ami. Il habite où déjà, Tanguy ?