L’histoire présente peu d’exemples d’un mouvement social de la profondeur de
celui qui a éclaté en France au printemps de 1968 ; elle n’en présente aucun où
tant de commentateurs se sont accordés pour dire que c’était imprévisible.
Cette explosion a été une des moins imprévisibles de toutes. Il se trouve, tout
simplement, que jamais la connaissance et la conscience historique d’une
société n’avaient été si mystifiées.
La théorie critique élaborée et répandue par l’Internationale situationniste constatait aisément, comme préalable à tout programme révolutionnaire,
que le prolétariat n’était pas aboli ; que le capitalisme continuait à développer ses aliénations ; que partout où existe cet antagonisme la question sociale posée
depuis plus d’un siècle demeure ; que cet antagonisme existe sur toute la surface de la planète.
Les situationnistes constataient que la falsification permanente nécessaire à la survie de ces appareils bureaucratiques, falsification dirigée d’abord contre tous les actes et toutes les théories révolutionnaires,était une pièce maîtresse de la falsification généralisée dans la société moderne.
I
Dans le retour présent de la révolution, c’est l’historique lui-même qui est l’inattendu
pour les penseurs de l’État, comme il est naturel, et pour toute la canaille de la pseudo-critique.
L’auteur ne cherche pas à dissimuler où vont ses sympathies. Peut-être donc ne
trouvera-t-on pas inutile de l’entendre préciser qu’il garantit, et peut prouver, l’exactitude de tous les faits rapportés dans ce livre,a fortiori de tous les textes cités.