J'ai eu le plaisir de lire
le Cri dans le cadre de l'opération Masse Critique, et remercie vivement Babélio et les éditions Grasset pour cette opportunité!
Il m'a fallu quelques jours pour que mon sentiment à l'égard du Cri se distille, me permettant d'appréhender mon propre ressenti.
A l'issue de ce laps de temps, je me trouve partagée quant à cette lecture particulière.
Certains éléments m'ont immédiatement séduite, à commencer par le cadre insolite qu'adopte le roman : un bateau en pleine mer, qui, s'il fait quelques escales, isole les protagonistes du reste du monde, créant ainsi une atmosphère où règnent cette promiscuité et l'impossibilité de fuir ou de se préserver de ces autres, autour et près en permanence.
Les protagonistes, justement, sont à mon sens relativement inégaux : Lil est au centre du récit, et le polarise systématiquement, si bien que les autres protagonistes gravitent autour d'elle sans véritablement parvenir à acquérir une substance, une consistance. Un point qui m'a attristée, car certaines figures étaient extrêmement prometteuses, et, plus explorées encore, auraient pu, je pense, apporter beaucoup au roman, à l'instar de Blache, qui semble n'être qu'un être atrabilaire et froid, ou de Robert, dont on ne sait finalement que la fascination qu'il éprouve à l'endroit de Lil, et dont les incursions dans les autres aspects de sa personnalité demeurent trop limitées et ponctuelles.
En contrepartie, Lil, pour sa part, porte le récit sur ses épaules, et à cet égard, l'auteur parvient à maintenir autour d'elle un halo de mystère tout en ne parlant que d'elle. J'ai parfois eu comme un drôle de sentiment, l'impression que l'auteur était en quelque sorte tombé amoureux de son personnage, Pygmalion moderne qui se devine dans toute la tendresse et la complexité dont il l'entoure.
A ce titre, certains passages intenses et visuels cohabitent avec un style qui, par moment, m'a paru presque captieux, qui aurait pu mieux servir le récit véhiculé.
Le cri m'a donc déroutée, et mérite pour cela une lecture, dans la mesure où je ne suis pas certaine d'être parvenue à percer son mystère.
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