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André Gabastou (Traducteur)
EAN : 9782267020830
340 pages
Christian Bourgois Editeur (11/03/2010)
3.83/5   27 notes
Résumé :
Samuel Riba est l'éditeur talentueux d'un catalogue exigeant. Néanmoins, incapable de faire face à l'émergence des nouveaux médias et de concurrencer la vogue du roman gothique, il vient de faire faillite. Il sombre alors dans la déprime et le désœuvrement. Pour y remédier, il entreprend un voyage à Dublin. L'accompagnent quelques amis écrivains avec qui il entend créer une sorte de confrérie littéraire. Cette visite de la capitale irlandaise se double d'un voyage d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Voici un roman qui est loin d'être facile à lire. Pas difficile non plus. Davantage un objet rare.

Un éditeur, suite à un collapsus cardiaque, arrête ses activités et prend sa retraite. Il s'était spécialisé dans la grande littérature et se sentait à la fin envahi et dépassé par le numérique et ce que l'auteur appelle le roman gothique. Cet éditeur a tenté toute sa vie de trouver un génie littéraire nouveau et s'il a découvert nombre de talents, il n'est pas parvenu à dénicher cette pépite. Il tombe dans la déprime et devient, aux yeux de sa femme, un hikikomori (allez voir la définition, c'est peu réjouissant, adolescent qui souffre d'une dépendance à l'internet et se cloître chez lui pour fuir la réalité en quelque sorte). Il décide alors de partir à Dublin avec trois écrivains qu'il a publiés pour créer de vivo le sixième chapitre de l'Ulysse de Joyce où un camarade du protagoniste Bloom est enterré et par là, il veut symboliquement enterrer l'ère Gütenberg, la fin de l'imprimerie.

Alors pas de panique, inutile d'avoir lu Joyce, ce qui n'est pas mon cas, tout vous est expliqué. Je ne sors pas du livre en ayant davantage l'envie de me lancer dans la lecture de ce monstre de la littérature non plus.

J'ai aimé la ballade littéraire où l'auteur Vila-Matas que je découvrais, nous emmène pour nous parler d'auteurs ou de livres qu'il aime : il y a le Shandy de Laurence Sterne que, décidément, je trouve cité par tous les auteurs que j'aime, Peter Handke, Flaubert, Auster, les auteurs irlandais, Joyce bien sûr mais aussi Beckett, ainsi que des inconnus. Et puis, Vila-Matas en invente quelques-uns aussi, dont le Vilem Vok qui aurait écrit comme chef-d'oeuvre un livre intitulé 'Je ne sais pas'.

Le personnage de l'éditeur est fort attachant. Le style de l'auteur est éprouvé, solide mais plein d'humour et de clins d'yeux aux lecteurs que nous sommes, mais envers lesquels Vila-Matas se montre exigeant, autant que nous le sommes à l'égard des auteurs.

Et si vous voulez connaître l'atmosphère du livre ou la patte de l'auteur, je vous invite à aller lire quelques-unes des citations que j'ai extraites. Cela vous donnera une idée.

Alors oui je conseille ce livre. Certainement. C'est un livre dont on se dit 'houlà, ce n'est pas n'importe quoi ici'. Mais je ne vous le recommanderai pas si vous êtes en phase de lire un polar ou un Musso. De toute façon, vous en prendrez pour votre grade si ce sont vos lectures préférées. Ah non Simenon trouve grâce aux yeux de l'éditeur protagoniste du livre.
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Cap au pire. Enrique Vila-Matas, Dublinesca.

« le monde est très ennuyeux ou, ce qui revient au même,
ce qui s'y passe est sans intérêt si un bon écrivain ne le raconte pas. »
EVM

Le titre de ce nouveau roman d'Enrique Vila-Matas doit son nom à un poème éponyme de Philip Larkin qui décrit le cortège funèbre d'une vieille prostituée dans les rues de Dublin. Dans l'esprit du Barcelonais, ce poème a une valeur symbolique : celle qui est accompagnée en sa dernière demeure n'est nulle autre que « la vieille et grande putain qu'est la littérature. »
La littérature est une nouvelle fois au centre de la réflexion de Vila-Matas. Dans Dublinesca, le lecteur croisera Auster, Rimbaud, Monterroso, Handke, Nabokov, Boccace, Calvino, Shakespeare, Perec, Yeats, Onetti ou encore Brendan Behan, cet « alcoolique qui avait des problèmes d'écritures ». Comme à son habitude, Vila-Matas raconte des anecdotes pour la plupart inventées, donne des citations souvent imaginaires ou s'en approprie d'autres et, bien entendu, construit son livre dans l'intertextualité.

Après l'écrivain et le lecteur, c'est un acteur essentiel du monde du livre qui apparaît enfin sous la plume de Vila-Matas : l'éditeur, l'éditeur de littérature, c'est-à-dire celui qui n'est pas seulement un marchand, mais qui est animé par la passion des livres. Sans doute inspiré par ses propres éditeurs – Jorge Herralde et le regretté Christian Bourgois, hommes passionnés ayant su construire des catalogues exigeants –, Samuel Riba « a publié la plupart des grands écrivains de son temps ».
Dans notre monde, hélas, les éditeurs de littérature sont condamnés à disparaître. Les grands livres ne se vendent pas. L'époque est à la littérature de consommation, aussi vite lue qu'oubliée. A presque soixante ans, Riba a dû renoncer et fermer sa maison :

« Il appartient à la lignée de plus en plus clairsemée des éditeurs cultivés, littéraires. Emu, il assiste chaque jour au spectacle de l'extinction discrète, en ce début de siècle, de la branche noble de son métier – éditeurs qui lisent encore et ont toujours été attirés par la littérature. Il a eu des problèmes il y a deux ans, mais il a su fermer à temps sa maison d'édition qui, en définitive, même si elle jouissait d'un grand prestige, s'acheminait avec une étonnante obstination vers la faillite. En plus de trente ans d'indépendance, il y eut de tout, des succès, mais aussi de grands échecs. La dérive des derniers temps, il l'attribue à son refus de publier des livres qui racontent des histoires gothiques à la mode et autres balivernes, masquant ainsi une partie de la vérité : la bonne gestion financière n'a jamais été son fort et, comme si c'était trop peu, son goût fanatique de la littérature l'a peut-être desservi. »

Comme aimait à le répéter Nabokov dans ses cours (cf. ici), une grand oeuvre a besoin de rencontrer de grands lecteurs. Or, l'espèce des grands lecteurs est en voie de disparition, condamnant ainsi les grands textes à ne connaître, au mieux, qu'une diffusion confidentielle :

« Il rêve d'un temps où la magie du best-seller cédera en s'éteignant la place à la réapparition du lecteur talentueux et où le contrat moral entre l'auteur et le public se posera en d'autres termes. Il rêve d'un jour où les éditeurs de littérature, ceux qui se saignent aux quatre veines pour un lecteur actif, pour un lecteur suffisamment ouvert pour acheter un livre et laisser se dessiner dans son esprit une conscience radicalement différente de la sienne, pourront de nouveau respirer. Il pense que, si l'on exige d'un éditeur de littérature ou d'un écrivain qu'ils aient du talent, on doit aussi en exiger du lecteur. »

Sans doute Vila-Matas partage-t-il un peu ce constat, mais il ne faut pas oublier que c'est toujours avec un petit sourire ironique qu'il crée ses personnages. Comme Mayol, Riba est à la fois touchant et ridicule ; il ne faut donc pas assimiler l'auteur à son personnage et à ce qu'il dit du monde de l'édition, notamment de l'avènement du livre numérique qui signerait, selon lui, la fin de l'ère Gutenberg. le livre numérique est un non-livre, une abstraction parce que sans poids, sans format ni odeur et donc sans consistance.
Rongé par la déprime (« Ma biographie, c'est mon catalogue. »), son âge et son sevrage alcoolique (« Comme il se trouve vieux, comme il est vieux depuis qu'il a pris sa retraite ! Et comme on s'ennuie quand on ne boit pas ! le monde en soi est presque toujours assommant et sans émotion vraie. On est perdu sans alcool. »), Riba, passe ses journées devant l'écran de son ordinateur, alors que sa femme, Célia, convertie au bouddhisme, forme branchée du nihilisme [1] contemporain, tente de l'empêcher de sombrer.

Comme tous les mercredis, Riba déjeune chez ses vieux parents pour leur raconter ses voyages. Or, il n'a rien à leur dire de Lyon car, oublié des organisateurs d'un colloque, il est resté cloîtré dans sa chambre d'hôtel où il écrivit, à propos du Rivage des Syrtes de Julien Gracq, une théorie générale du roman.[2] Ce n'est que pour mettre fin à leurs questions embarrassantes et parce qu'il ne veut pas leur avouer la fermeture de maison d'édition qu'il annonce subitement qu'il se rendra le 16 juin prochain, jour du Bloomsday, donner une conférence à Dublin sur la fin de l'ère Gutenberg. Dublinesca n'est rien d'autre que le journal de ce voyage qui, de mai à fin juillet, raconte la préparation du voyage, le séjour à Dublin et ses ultimes conséquences.
Sans Célia, mais accompagnés de trois écrivains, Riba a l'intention de procéder à l'enterrement de l'ère Gutenberg, mais aussi de fonder l'Ordre du Finnegans dont l'objectif est « de vénérer le roman Ulysse de James Joyce. » Dublinesca est d'ailleurs un exercice d'admiration envers l'oeuvre de Joyce, les références ne se limitant pas seulement à Ulysse, mais aussi à Finnegans Wake, à Gens de Dublin et, au-delà, aux plus célèbres commentaires, notamment au cours de Nabokov consacrés à Ulysse dont Dublinesca reprend la structure à partir de l'arrivée des protagonistes en Irlande : Heure, jour, style, lieu, personnages, action, etc. de Nabokov, Vila-Matas reprend également l'analyse concernant le mystérieux homme au macintosh brun qui apparaît onze fois dans Ulysse et qui serait nulle autre que le fantôme de Joyce lui-même. Rien d'étonnant à ce qu'il apparaisse la première fois pendant l'enterrement de Paddy Dignam :

« A Dublin, il y a des morts partout. »

La suite ici : http://bartlebylesyeuxouverts.blogspot.com/2010/05/cap-au-pire-enrique-vila-matas.html
Lien : http://bartlebylesyeuxouvert..
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Il y a une sorte de fiction littéraire qui se nourrit d'elle-même, comme un cannibale introverti. Au lieu d'accepter le dicton de Coleridge selon lequel un lecteur doit volontairement suspendre l'incrédulité, les romans de ce genre proclament que la littérature est un artifice, demandent au lecteur une opinion sur l'histoire, prennent des airs d'essai critique ou historique et amènent à la page de vraies personnes qui sont faites pour jouer les rôles normalement laissés à des personnages fictifs. Les Français excellent dans ce domaine, peut-être parce que Denis Diderot est le grand-père du genre, mais parmi les dignes adeptes figurent des maîtres tels que Jorge Luis Borges, WG Sebald et l'écrivain espagnol Enrique Vila-Matas. Dans ce domaine autoréflexif de la fiction, Vila-Matas a sa propre province. J'ai une quinzaine de ses livres sur mes étagères, et chacun grignote un autre morceau de la bête fictive : Bartleby & Co s'occupe des écrivains qui préfèrent ne pas écrire; Montano des lecteurs qui n'ont besoin que de leurs livres et sont possédés par ce qu'ils lisent.
Nous en sommes maintenant aux derniers lambeaux de littérature et on peut se demander, une fois le dernier os rongé, sur quoi Vila-Matas va écrire.

Heureusement, les jours de famine ne sont pas encore là, et de son dernier raid dans la jungle littéraire, Vila-Matas a ramené à la maison un beau spécimen de l'espèce intellectuelle la plus menacée, l'éditeur littéraire. Dans Dublinesque, Samuel Riba, un éditeur alcoolique et bibliophile catalan de 60 ans, attentif aux voix apocalyptiques qui claironnent la fin imminente du livre dans notre âge sombre numérique, décide de voyager à Dublin avec un groupe d'amis et y tenir un enterrement pour le livre. Riba n'est jamais allé à Dublin, mais il a un jour rêvé qu'il était assis devant un pub de Dublin, pleurant parce qu'il avait recommencé à boire. Fort de ce rêve, qui pour lui est un présage, il part avec ses compagnons vers la ville de Joyce.

La liste des "vrais gens", pour la plupart des écrivains, qui surgissent dans le récit du voyage rituel de Riba est impressionnante : Julien Gracq, Claudio Magris, Georges Perec, Hugo Claus, Borges, Carlo Emilio Gadda, et bien d'autres sommités de l'art moderne.
Littérature.
Certains peuvent exister ou non (comme l'auteur tchèque aphoristique Vilém Vok),
certains peuvent apparaître comme un esprit porteur de dons (Philip Larkin, par exemple, donne son titre au roman).
Certains occupent plus de place qu'ils ne le mériteraient peut-être - la présence de Paul Auster parmi les innovateurs de la fiction est un peu déroutante - mais tous ensemble évoquent une sorte de buffet littéraire autour du grand absent, l'auteur d'Ulysse.

Vila-Matas ne refuse pas de remâcher des morceaux du maître, des monuments de Dublin célébrés par Joyce, des diverses techniques de fiction d'Ulysse, en passant par des morceaux choisis de l'oeuvre elle-même.
Ainsi, l'homme mystérieux en mackintosh qui hante les funérailles de Paddy Dignam dans la section Hadès d'Ulysses apparaît dans Dublinesque comme une incarnation fantomatique des nombreuses choses auxquelles Riba aspirait dans sa brillante carrière d'éditeur, qui touche maintenant à sa fin, au crépuscule de sa vie: avoir rencontré un des grands comme Samuel Beckett, avoir découvert un nouveau génie littéraire, avoir fait plus confiance à la littérature qu'à la bouteille, avoir eu foi en cette vérité littéraire que quelqu'un comme Vila-Matas tente de démolir .

Et pourtant, l'étude des ruines est une noble entreprise artistique. Beckett a noté que tandis que Joyce procédait en ajoutant constamment à l'édifice, lui-même travaillait en soustrayant constamment, pierre après pierre. Partant de cette affirmation, Vila-Matas accorde à Riba quelque chose comme une épiphanie. Il se rend compte que « l'histoire de l'âge de Gutenberg et de la littérature en général avait commencé à ressembler à un organisme vivant qui, ayant atteint l'apogée de sa vitalité avec Joyce, était maintenant, avec son héritier direct et essentiel, Beckett, en train de vivre l'irruption d'un sens du jeu plus extrême que jamais, mais aussi le début d'une forte baisse de la forme physique, le vieillissement, la descente sur la jetée opposée à celle de la splendeur de Joyce, une chute libre vers le port des eaux troubles de la misère où dans ces derniers temps, et depuis de nombreuses années maintenant, une vieille pute se promène dans un absurde imperméable usé au bout d'une jetée secouée par le vent et la pluie.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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"Dublinesca" est une histoire pesante sur le vieillissement de l'éditeur espagnol Riba, frustré depuis qu'il a été contraint d'arrêter l'alcool, seul moyen qui lui permettait d'oublier le manque de talent des auteurs qu'il publie.

Riba décide de marquer symboliquement la fin de l'ère Gutenberg en se rendant à Dublin le 16 juin. Hmmm, pas facile à décrire Bloomsday aussi ennuyeusement que Vila-Matas.

Le récit est comme un tapis en patchwork dans lequel papillotent des phrases, des récits, des citations d'écrivains vivants et déjà morts. Les favoris de l'Espagnol sont Joyce, Beckett et Paul Auster. Cependant il ne parle d'Ulysse qu'au travers de citations tirées des conférences de Nabokov, ce qui n'ajoute pas de charme au livre.

"Dublinesca" est un roman-essai, un roman-réflexion. Le courant de conscience par essence. Et vos impressions sur le roman dépendront de ce que vous aimez ou non ce contenu.
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La littérature. Voilà le thème récurrent des romans d'Enrique Vila Matas, écrivain espagnol né en 1948 à Barcelone, auteur d'une quinzaine de livres dont "Le mal de Montano" prix Médicis étranger 2003.
Réflexion sur l'écriture,l'après Gutenberg, le passage au numérique qui signe la fin de l'édition,les écrivains montés de toute pièce et les vrais génies qui ne sont plus, la mort des vraies idées, le langage en danger,voilà les pensées qui se bousculent dans la tête bien faite de Samuel Riba éditeur érudit mais désoeuvré suite à la faillite de sa maison d'éditions.
Son couple bat de l'aile, la soixantaine mélancolique, cet ancien alcoolique va partir revisiter Joyce à Dublin, lui au moins a su transmettre son esprit.Joyce,cet écrivain irlandais du XX° siècle dont l'"Ulysse" fit scandale et fut interdit pour pornographie aux Etats Unis et en Grande bretagne a, lui,au moins, révolutionné la littérature, transformant le vécu présent et passé à travers le monologue intérieur de ses héros.
Qu'il pleuve ici ou ailleurs, là bas il sera l'étranger comme Bloom l'a été.
Car il partira le 16 juin, date culte, celle du Bloomsday, celle de la journée de 1904 à Dublin, commémorée chaque année par les admirateurs de l'écrivain phare qui parcourent les rues de la ville en récitant son oeuvre.
Les écrivains sont de grands buveurs se souvent Riba en repensant à des cuites mémorables. Les rencontres occasionnées par ces funérailles, traitées avec ironie, de la pensée au cours de l'histoire, ne vont elles pas me faire replonger? Il y perdrait sa femme!
Pas besoin de perdre son temps pour penser à la mort!
Cet exclusif immodeste, dont le catalogue ne brillait que de ses coups de coeur sans tenir compte de données commerciales, s'expatrie dans cette ville d'exil. Il aurait tant aimé éditer un génie!
Un superbe portrait d'homme qui émeut au fil des pages et émeut tout en questionnant: Qui suisje? Qui aurais je pu être que je ne suis pas?
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Riba sait bien que l’une des caractéristiques majeures de l’imagination est de toujours nous donner l’impression d’être à la fin d’une époque. Depuis qu’il fait usage de la raison, il a toujours entendu dire que nous vivons des temps de crise majeure, une transition catastrophique vers une nouvelle culture. Mais l’idée d’apocalypse a toujours existé. Sans aller chercher plus loin, on la trouve dans la Bible, dans l’Enéide, dans toutes les civilisations. Selon Riba, l’apocalypse ne peut être de nos jours qu’abordée sur le mode parodique. [...] Il en a finalement par-dessus la tête d’entendre dire depuis sa plus tendre enfance que notre situation historique et culturelle est plus terrible que jamais et d’une certaine façon privilégiée, un point cardinal dans le temps. [...] Toute crise n’est au fond que la projection de notre angoisse existentielle. Notre seul privilège est peut-être d’être vivants et de savoir que nous allons mourir tous ensemble ou séparément. Finalement, pense Riba, l’apocalypse a un splendide état romanesque, mais il ne faut pas la prendre trop au sérieux [...].
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Il rêve d’un temps où la magie du best-seller cédera en s’éteignant la place à la réapparition du lecteur talentueux où le contrat moral entre l’auteur et le public se posera en d’autres termes. [...] Parce qu’il ne faut pas se leurrer : ce voyage qu’est la lecture passe très souvent par des terrains difficiles qui exigent une aptitude à s’émouvoir intelligemment, le désir de comprendre autrui et d’approcher un langage différent de celui de nos tyrannies quotidiennes.
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Il a toujours admiré les écrivains qui entreprennent chaque jour un voyage vers l'inconnu et restent malgré tout constamment assis dans une pièce. Les portes de leurs chambres sont fermées, ils n'en bougent jamais, cependant leur confinement leur donne la liberté absolue d'être qui ils veulent et d'aller où les mènent leurs pensées.
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Il pense que, si l'on exige d'un éditeur de littérature ou d'un écrivain qu'ils aient du talent, on doit aussi en exiger du lecteur. Parce qu'il ne faut pas se leurrer : ce voyage qu'est la lecture passe très souvent par des terrains difficiles qui exigent une aptitude à s'émouvoir intelligemment, le désir de comprendre autrui et d'approcher un langage différent de celui de nos tyrannies quotidiennes.
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Le monde est très ennuyeux ou, ce qui revient au même, ce qui s'y passe est sans intérêt si un bon écrivain ne le raconte pas. Mais quelle poisse que d'avoir à aller à la chasse de ces écrivains et de ne jamais tomber sur un vrai génie !
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Vidéo de Enrique Vila-Matas
En dialogue avec Tiphaine Samoyault Interprète : Manuela Corigliano
Un narrateur en panne d'inspiration se remémore ses années de bohème à Paris. La dèche, la mansarde, les petits trafics d'herbe : l'attirail classique de l'écrivain romantique qui aspire à la gloire d'Hemingway. Paris est une fête, c'est bien connu… En proie au doute, il commence à observer des signaux qui le ramènent invariablement à l'essence de l'écriture. Depuis la mystérieuse chambre 205, du modeste hôtel de passe Cervantes à Montevideo, mise en scène par Julio Cortázar, les symboles se succèdent, reliant Paris à Cascais, Montevideo à Reykjavik et Saint-Gall à Bogota, qui tous témoignent de l'impossibilité de l'écriture à raconter la vie. En revanche, on peut entrer dans l'espace de fiction pour transformer la vie en littérature. de digression en digression, on est happé dans un vertigineux vortex, ébloui par l'intelligence du propos, la générosité de l'auteur envers ses pairs, la finesse de son humour et une autodérision à toute épreuve.
Immense écrivain, Enrique Vila-Matas est traduit dans une quarantaine de langues et s'est vu attribuer les plus prestigieux prix à travers le monde.
À lire – Enrique Vila-Matas, Montevideo, trad. de l'espagnol par André Gabastou, Actes Sud, 2023.
Son : Jean-François Domingues Lumière : Patrick Clitus Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
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