Le monde est très ennuyeux ou, ce qui revient au même, ce qui s'y passe est sans intérêt si un bon écrivain ne le raconte pas. Mais quelle poisse que d'avoir à aller à la chasse de ces écrivains et de ne jamais tomber sur un vrai génie !
Il a toujours admiré les écrivains qui entreprennent chaque jour un voyage vers l'inconnu et restent malgré tout constamment assis dans une pièce. Les portes de leurs chambres sont fermées, ils n'en bougent jamais, cependant leur confinement leur donne la liberté absolue d'être qui ils veulent et d'aller où les mènent leurs pensées.
Riba sait bien que l’une des caractéristiques majeures de l’imagination est de toujours nous donner l’impression d’être à la fin d’une époque. Depuis qu’il fait usage de la raison, il a toujours entendu dire que nous vivons des temps de crise majeure, une transition catastrophique vers une nouvelle culture. Mais l’idée d’apocalypse a toujours existé. Sans aller chercher plus loin, on la trouve dans la Bible, dans l’Enéide, dans toutes les civilisations. Selon Riba, l’apocalypse ne peut être de nos jours qu’abordée sur le mode parodique. [...] Il en a finalement par-dessus la tête d’entendre dire depuis sa plus tendre enfance que notre situation historique et culturelle est plus terrible que jamais et d’une certaine façon privilégiée, un point cardinal dans le temps. [...] Toute crise n’est au fond que la projection de notre angoisse existentielle. Notre seul privilège est peut-être d’être vivants et de savoir que nous allons mourir tous ensemble ou séparément. Finalement, pense Riba, l’apocalypse a un splendide état romanesque, mais il ne faut pas la prendre trop au sérieux [...].
Il rêve d’un temps où la magie du best-seller cédera en s’éteignant la place à la réapparition du lecteur talentueux où le contrat moral entre l’auteur et le public se posera en d’autres termes. [...] Parce qu’il ne faut pas se leurrer : ce voyage qu’est la lecture passe très souvent par des terrains difficiles qui exigent une aptitude à s’émouvoir intelligemment, le désir de comprendre autrui et d’approcher un langage différent de celui de nos tyrannies quotidiennes.
Tout être humain porte en lui une certaine dose de haine envers lui-même, et cette haine, celle de ne pas pouvoir se supporter, doit être transférée vers une autre personne, la mieux désignée étant celle qu'il aime.
(...) rien ni personne n'a réussi à le convaincre que vieillir a du charme. Est-ce sûr ?
Il pense que, si l'on exige d'un éditeur de littérature ou d'un écrivain qu'ils aient du talent, on doit aussi en exiger du lecteur. Parce qu'il ne faut pas se leurrer : ce voyage qu'est la lecture passe très souvent par des terrains difficiles qui exigent une aptitude à s'émouvoir intelligemment, le désir de comprendre autrui et d'approcher un langage différent de celui de nos tyrannies quotidiennes.
Il rêve d'un temps où la magie du best-seller cédera en s'éteignant la place à la réapparition du lecteur talentueux et où le contrat moral entre l'éditeur et le public se posera en d'autres termes. Il rêve d'un jour où les éditeurs de littérature, ceux qui se saignent aux quatre veines pour un lecteur actif, pour un lecteur suffisamment ouvert pour acheter un livre et laisser se dessiner dans son esprit une conscience radicalement différente de la sienne, pourront à nouveau respirer.
Lire et écrire exigent les mêmes qualités. Les écrivains passent à côté des lecteurs, mais le contraire est aussi vrai, les lecteurs passent à côté des écrivains quand ils ne cherchent en eux que la confirmation que le monde est comme ils le voient ...
Pour devenir moins latin, il s'entraîne devant la glace à perdre l'instinct du mélodrame et de l'exagération, à se transformer en un gentleman froid et sans passions, qui ne fait pas de moulinets avec ses mains quand il donne son avis.