En 2014,
Lénaïc Vilain et sa compagne ont effectué un séjour de quinze jours en Iran. Munis d'un simple guide touristique et de quelques connaissances sur le pays, ils entament un circuit qui leur fera découvrir Téhéran, Ispahan et Chiraz.
Les réservations dans les différents hôtels sont faites pour le reste, ils ne parlent pas un seul mot d'iranien. Et puis autant se plier à l'évidence : le paréo que sa femme utilise en guise de voile doit rapidement être remplacé par un hijab un peu plus fonctionnel.
Pour le reste, c'est l'aventure. Un passage au bureau de change pour convertir les Euros en Rials ne leur évite pas les déconvenues lorsqu'il s'agit de payes une somme énoncée en Tomans. le Wifi de l'hôtel permet certes de se connecter mais pas d'accéde
r à sa page Facebook. Choc de cultures au quotidien… heureusement, lorsqu'on a une bonne dose d'humour, on relativise plus vite et on apprend beaucoup au contact des gens du coin.
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Les carnets de voyage sont toujours un bon moyen de se sensibiliser au mode de vie d'un pays. A l'instar d'autres auteurs (
Simon Hureau,
Sarah Glidden,
Nicolas Wild,
Florent Chavouet,
Renaud de Heyn, Baudoin & Troub's…),
Lénaïc Vilain se prête à l'exercice, histoire de casser quelques préjugés sur le pays dans lequel il s'est rendu. Car non, il n'a pas été kidnappé, non il n'a pas été recruté par djihadistes, oui c'est un pays différent et « très sécuritaire » mais « somme toute assez normal »… et c'est toujours intéressant de le dire. En quelques années, le carnet de voyage s'est répandu et il n'est plus rare aujourd'hui de trouver ce type de récit.
Sous son air de ne-rien-y-connaître,
Lénaïc Vilain aborde pourtant des sujets essentiels comme l'ambiguïté iranienne à choisir entre la démocratie et un régime autoritaire, le fait que les candidats à la présidentielle doivent avoir l'aval de l'ayatollah pour pouvoir se présenter, le port obligatoire du voile imposé aux femmes alors qu'elles ont acquis des droits essentiels (nombreuses sont inscrites à l'université ou dans un poste à responsabilité politique par exemples).
Et puis l'humour aide grandement à faire cette découverte. Pour avoir déjà lu
Lénaïc Vilain sur un autre témoignage (dans «
R.A.S. », il partageait quelques anecdotes de l'époque où il était veilleur de nuit dans un hôtel), je m'attendais à retrouver dans «
Bons baisers d'Iran » cette autodérision et ce cynisme amusé qui m'avait tant plus dans son premier album. Pour le coup, ce livre a largement répondu à mes attentes. le scénario quant à lui reprend chronologiquement le circuit qu'ils ont effectué durant leur séjour touristique. le couple est simplement équipé d'un guide touristique acheté en France et, outre les quelques garanties qu'ils se sont assurées (réservation des hôtels dans les trois villes où ils font étape), le reste donne l'impression qu'ils partent « la fleur au fusil » avec comme seule intention l'envie de découvrir le pays. L'autodérision permet de relativiser certains constats qu'ils font « in situ », des constats qui en auraient certainement découragés plus d'un de poursuivre au-delà. En effet, certaines observations font planer comme un silence durant la lecture, à commencer par les programmes télévisés destinés à la jeunesse qui matraque une forme de propagande antisioniste éhontée. Son regard de non-initié fait mouche et laisse au lecteur la possibilité de réfléchir et de tirer ses propres conclusions. L'auteur quant à lui se permet quelques remarques finement posées qui prête à sourire et incitent à prendre du recul. Enfin, un passage – dans lequel l'auteur retranscrit un échange qu'il a avec un guide – permet de balayer rapidement les principaux points qui caractérisent ce pays : la politique, la religion et l'économie iraniennes sont quelques sujets qu'ils aborderont à cette occasion.
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