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EAN : 9782081260450
320 pages
Flammarion (02/11/2011)
3.75/5   32 notes
Résumé :
« Aujourd hui, je suis seul. Je n ai plus rien, plus de frères, de soeurs, de père, ni de mère. La justice m'a donné tort mais je sais aussi que je ne dois pas me taire. » Laurent de Villiers.
Deux millions de personnes en France déclarent avoir subi des abus dans le cadre familial. Moins de 30 % osent porter plainte, sans qu il y ait le plus souvent de poursuites judiciaires*.
Ce témoignage est emblématique du parcours d'obstacles se dressant devant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Je vais pousser un grand coup de gueule ! ... au risque peut-être d'en froisser quelques uns - fan de politique !

Depuis toujours en France, on entends que la justice est totalement indépendante de la politique... ah bon ??
Je suis heureuse que Monsieur Philippe de Villiers nous montre ici le contraire.
Philippe de Villiers : homme politique, fondateur du Parc du Puy-Du-Fou et grand patron, bref le "Chevalier" de la région Vendée, omnibulé par l'image de sa famille, pauvre fratrie devant vivre par rapport au "quand dira-t-on" sous l'emprise de l'extrémisme catholique, puisque avec Dieu on est protégé ! Pathétique ...

Laurent de Villiers, (l'auteur) est le plus jeune des enfants De Villiers. Famille nombreuse, il a plusieurs frères et soeurs dont Guillaume de six ans son aîné. Tout commence lorsqu'il est très jeune, ses deux frères le bat par jalousie dès que le père ou la mère lui montre de l'intérêt, et ce en cachette des parents. Souvent en pleurs avec des ecchymoses sur le corps il ne dit rien, tant Guillaume lui fait peur. Puis à partir de dix ans, c'est le drame puisque régulièrement, son grand frère Guillaume lui fait des attouchements sexuel jusqu'au viol et ce, régulièrement ...
Les violences ne cessent pas ! Humiliations devant les copains de Laurent, coups pour un oui, pour un non ...
Les années passent et Laurent de Villiers se réfugie dans le scoutisme catholique, l'internat, puis la drogue.

Puis un jour il en parle à ses parents. A son grand effroi ils sont au courant, ils s'en doutaient mais la seule réponse qu'il obtient c'est : Tais-toi et pardonne. Il doit demander à Dieu de pardonner à son frère et le sauver, lui, Laurent afin de ne plus y penser ... Notre cher homme politique lui dit même : Débrouille-toi, je ne veux pas en entendre parler, ça ne me concerne pas !
Madame de Villiers (qui décor sa maison de crucifix, de tableaux religieux et de statues de la vierge - qu'elle doit ranger dans des cartons lorsque la presse s'invite chez les De Villiers !) veut que son fils quitte la maison pour entrer dans les ordres religieux. Il ne faut surtout pas que cette affaire sorte aux oreilles du grand publique et au sein de la famille politique de son époux, sa carrière serait brisée !

Les années passent, en 2006 l'affaire éclate, Laurent de Villiers en parle enfin, porte plainte auprès de la Brigade des Moeurs, écrit son livre ...
Oui mais papa est influent et achète tout le monde qui pourrait lui nuire : flics, avocats, juges, mais aussi son premier éditeur ...

Cette sombre affaire de viol sera statué en non lieu en justice. Papa est passé par le tribunal...

Comment peut-on rester insensible au viol à répétition de frère à frère au sein de sa famille et ce, afin de sauver son image politique ? Comment une mère peut-elle dire à son fils de se taire et de se remettre à Dieu pour pardonner à son frère, son violeur ? Comment peut-on manipuler de la sorte toute sa famille ?
Bravo M. le politicard véreux, tout vous accable, tout vous afflige !
Vous avez détruit votre fils cadet, qui a (enfin) trouvé le bonheur aux Etats-Unis auprès de sa femme et de ses enfants. Il a changé de nom tant il a honte du nom De Villiers !
Vous avez des petits enfants ... que vous ne voyez surement pas ... finalement Dieu existe !

Autant vous dire que cette lecture m'a révoltée !
Mais ce qui me révolte encore plus, c'est de savoir que des gens comme ça sont dans la politique et dise vouloir faire quelque chose de bien pour le peuple et le pays !
Ce sont les mêmes qui font des moralités à la télévision ou dans les journaux.

Merci à Laurent de Villiers pour son courage, il nous ouvre les yeux sur certaines choses, je lui souhaite tout le bonheur bien loin de sa famille : belle pomme qui brille par son apparence mais complètement pourrie à l'intérieur.
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Je n'aurais pas du tout acheté ce livre et encore moins eu envie de le lire, mais ma mère me l'a donné après l'avoir elle-même lu et comme pour un challenge il fallait que je lise un livre avec un titre qui contient un signe de ponctuation, j'ai jeté mon dévolu sur ce livre.
Tout d'abord, quand je lis ce genre de livre, je pars toujours du principe que la personne qui l'a écrit est sincère et ne ment pas, sinon je ne vois pas l'intérêt de le lire en pensant lire un tissu de mensonge.
Ce livre est tout simplement accablant, Laurent de Villiers, fils de Philippe de Villiers (homme politique s'étant présenté aux élections présidentielles et créateur du Puy du Fou) nous raconte le calvaire qui a vécu lors de son enfance par son grand frère Guillaume qui lui aurait fait subir des gestes incestueux.
Mais même si ce livre parle d'inceste, je n'ai pas ressenti ce sujet comme le sujet principal, l'auteur a surtout voulu aux travers de ces écrits, nous montrer la personnalité de ses parents et la rancoeur qu'il peut leur porter.
L'auteur nous décrit ses parents avec la face qu'ils veulent montrer d'eux et la réalité.
En effet, les Villiers sont des personnages très importants dans leur régions, ils savent s'entourer des plus grands noms, faire des photos bidons les représentant comme une famille modèle pour les besoins d'un magazine (l'auteur raconte une scène où enfant, ses parents l'appelle lui et tous ses frères et soeurs en plein milieu de l'après-midi pour se mettre à table devant des bols, des croissants, des brioches... afin qu'un photographe les prennent pour les besoins d'un magazine, alors que dans la réalité les petits déjeuners chez les Villiers ne se passaient pas du tout comme ça), ils sont très pieux, Dieu est présent dans toutes les pièces de la maison, les enfants vont dans des écoles catholiques, ils se lient d'amitié avec les plus grands curés de la région... en gros la religion est omniprésente dans cette famille à tel point que j'ai du mal à croire qu'il y est encore des familles aussi croyantes aujourd'hui.
Mais derrière tout ça, il y a la réalité, les parents savent ce qu'à fait Guillaume mais au lieu de lui en vouloir à lui, ils vont tout faire pour le protèger et vont essayer d'éloigner Laurent le plus possible afin qu'il ne parle pas, ils lui reprochent d'être un pervers quand jeune adulte, sa mère découvrira des lettres d'amour envoyés par sa petite copine en fouillant dans sa chambre, en fin de compte, ils essayent de le rendre coupable de quelque chose dont il a été victime. On ne comprend pas du tout leur réaction, alors que Laurent était très proche de son père jeune enfant, celui-ci va le bannir afin qu'il ne parle pas et qu'il n'entache surtout pas sa carrière politique et ne créé le scandale, et sa mère qui comme toute mère doit être aimante et protectrice va le rejeter, l'éloigner, l'accabler mais jamais l'aimer. Ils vont jusqu'à lui trouver un poste de moine (ou quelque chose comme ça) aux Etats-Unis pour l'éloigner et faire en sorte qu'il ne revienne jamais.
Ce livre, je le répète, si il est sincère est surtout un témoignage de colère et de dénonciation vis à vis de ses parents, l'auteur a voulu ouvrir les yeux des lecteurs sur la vraie face de ses parents et moins l'ouverture d'un procès vis à vis de son frère, je pense qu'il attend plus un pardon de ses parents qui savaient mais qui ne disaient rien plutôt que celui de son frère qui lui a fait quelque chose d'impardonnable.
Comme cela reste un livre et que l'on ne connaît bien évidemment pas les tenants et les aboutissants de cette histoire, je me dis que quoi qu'il arrive ce livre a détruit plusieurs personnes, la victime (si elle est victime), l'accusé (si il est coupable), les parents (si ils ont vraiment réagi comme l'auteur le dit), les frères et soeurs (témoins directs ou indirectes de cette histoire) et tous les proches qui ont été obligé de prendre parti d'un côté ou de l'autre (tantes, oncles, cousins, amis...).
Je n'espère pas bien évidemment avoir été manipulé par l'auteur, mais cela voudrait dire que si cette histoire existe , elle a malheureusement fait beaucoup de victime.
Je finirais cette critique par une évidence que l'auteur a écrit, il cite un moment donné un petit film de prévention qui avait été fait ou on disait aux enfants que si quelqu'un (proche ou pas) vouloir lui faire des choses dont il ne voulait pas il fallait qu'il dise NON, mais comme le dit l'auteur lui même, lorsque l'on n'ose pas dit NON, on se sent responsable de ce qui nous arrive, puisque on n'a pas dit NON.
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Ils n'ont pas renié le bon fils... il fallait voir plus loin que le bout de leur nez. S'ils avaient réglé justice au sein de la cellule familiale peut-être qu'il n'y aurait pas eu ces conséquences retentissantes et sonnantes, il voulait simplement être "reconnu", tant pis pour eux...
Bravo pour son courage, oser parler d'un fait aussi dramatique pour ne pas dire innommable et à peine croyable (pas un producteur de cinéma pardi, un frère de sang!! Un frère, qui devrait protéger, donner sa vie pour l'autre, se réjouir de ce lien unique... Enfin je ne sais pas, c'est ma conception, c'est comme cela que j'élève mes enfants!) et surtout aussi peu de temps après les faits (beaucoup se réveillent après 30 ans, s'ils se réveillent un jour... car beaucoup se suicident en effet, surtout parmi les petits garçons).
Le ton est pudique (en effet, les détails des faits on s'en doute, pas la peine de s'étendre là-dessus, on pourrait vomir nous aussi!) et aussi neutre qu'on puisse l'être dans cette situation (quelle retenue de jugement de valeur du père, du frère, de la mère...).
Quel courage d'avoir réussi à s'extirper de cette "secte" (pas seulement au sens religieux) avec le patriarche / gourou qui tient toutes les ficelles (et sait y faire, en fin politicien), avec tous ces codes et ces rites.
Bravo d'avoir su écouter son intuition, cette voix au fin fond de soi-même, sans aide d'un psy apparemment, si jeune, à avoir réussi à prendre de la hauteur sur ce microcosme pratiquement mormon dans lequel il a grandi. C'est très impressionnant. Oui, il n'y a rien d'anormal qu'un petit de 4 ans affectionne une enfant de son âge, un ado de 12 s'enflamme pour une fille, et à 16 ans s'intéresse au corps féminin. Il n'y a aucune déviance, il n'y a rien de malade à cela, et quand bien même si l'on désapprouve cela, ce n'est pas un crime, pourquoi ce traitement comme s'il était une anomalie (il n'est juste pas menteur et hypocrite plutôt...) pourquoi dévaloriser un enfant qui se construit... Et lui faire la morale à lui, alors qu'on SAIT qu'un autre commet l'impensable en plus au sein du foyer (peut-on imaginer pire? Je ne crois pas...) est un comble de cruauté et de cynisme.
L'auteur est une victime double ici, de son frère mais aussi de sa famille (la pire partie d'ailleurs on dirait) qui, mise à l'épreuve, révèle finalement qu'il n'y a pas de place ni d'amour pour lui. Devenu un paria, un élément de gêne pour la carrière du père mais aussi les conventions sociales, on le préfère quasiment voir mort (loin a minima) plutôt que de le voir parler. le prix de sa vie les aurait davantage arrangés. On se préoccupe du suicide potentiel du frère plutôt que du sien (et c'est absolument révoltant).
Il a le courage incroyable (et sûrement rare) d'amener le sujet sur la table auprès de ses parents et leur réaction est choquante au plus haut point. C'est encore pire que du déni. Leur attitude de fuite est un crachat dans son visage, équivalent à dire "Tu n'es rien pour nous".
Le livre est empreints de détails déchirants, comme le manque de soutien ne serait-ce que par le regard des frères et soeurs (à quoi bon une telle fratrie si ce n'est pour être forts ensemble..), la manipulation continuelle (le frère qui pour une fois est gentil, mais ce n'est que pour profiter de la naïveté de l'enfant et mieux le piéger), le père qui au lieu de soutenir son fils s'en lave les mains avec une phrase assassine ("ce n'est pas mon problème"), la mère qui sait mais n'a jamais rien dit, le détail des GI Joe symboles d'innocence et servant d'alibi pour le frère en cas de surprise...
Je comprends le sentiment (bien que bien injuste) de souillure, de néant, de vouloir se mutiler ou se supprimer car c'est un fardeau à vie (et je crois, qu'à défaut d'une justice officielle, une autre forme de justice a eu lieu grâce à la médiatisation de l'affaire. Car aussi incroyable que cela soit que le frère ait pu poursuivre une carrière classique, il semblerait que la honte et l'infamie poursuivra de toute façon ce dernier jusqu'à la fin de ses jours). le sentiment de culpabilité des victimes dans ce contexte en revanche (on a volé son enfance et détruit sa vie, et ce n'est pas l'inverse) est plus difficile à comprendre quand on a eu la chance de ne pas avoir vécu cela. C'est sans doute la colère ayant fait place à la culpabilité qui l'a sauvé. Une colère à l'égard du frère et de la famille qui n'a pas fait son "devoir" (mot qu'elle aime pourtant tant employer, c'est d'une ironie...).
Si on ne sait pas protéger, quel est le sens du mot "famille"? Les enfants méritent tous les jours qu'on leur dise combien on les aime, combien ils nous apportent du bonheur, les enfants c'est la vie (un anti dépresseur naturel pour tant de grands-parents!), c'est tout le sens de la vie, notre continuité, l'avenir de l'Homme, nous ne sommes pas grand chose en réalité si l'on veut bien s'y pencher un instant... Comment peut-on ne pas protéger ce qui existe de plus précieux en CE monde? Je connais le modus operandi de ces familles conservatrices pour qui l'apparence prime sur l'humain. Quelle joie de briser cette omerta et de torpiller ce château de cartes qu'ils mettent une vie à construire, de les mettre face à leur égoïsme et leur hypocrisie, de leur démontrer que leurs actes n'accompagnent pas leurs paroles ou leurs grands principes, surtout celui de la "famille". Ah ça ils en font des enfants. Mais c'est de la construction sociale, du mimétisme et de la convention qui n'a rien d'humain. Les enfants sont juste là pour valoriser leur ego, démontrer leur réussite sociale. Pour les aimer, les protéger et les soutenir il n'y a plus personne. Même un animal ferait mieux, car parfois trop de sophistication tue l'humain. Pas toutes évidemment. Mais dans le cas présent, ils méritent totalement ce déshonneur. Rien de mieux qu'un livre pour rétablir la vérité et la justice (et opérer une vengeance comme avec le retentissement formidable du livre "Le Consentement" par V. Springora). Il faut je crois, dans un premier temps, accepter qu'on a besoin de vengeance et de justice afin de trouver ensuite un sentiment de sérénité.
Oui, la solution semble couper tout lien avec cette famille qui n'en est pas une (digne de ce nom) et non pas "reconstruire" mais "construire" une vie comme il dit pour être heureux. J'espère qu'il aura trouvé paix et sérénité. Il ne trouvera celles-ci qu'en lui-même, comme finalement chacun d'entre nous, mais avec un chemin plus ou moins long.
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Ce témoignage est accablant pour la famille De Villiers.
Ce fils rejetté, au nom de quoi ?
Il cri la vérité, mais on ne le croit pas, on la cache, et pire ! on l'accuse de mensonge. Qui sont les plus menteurs ?
Je crois que la fanatisme n'a jamais été aussi bien décrit que dans ce livre. Quand on est comme moi assez serein pour ne croire à aucune spiritualité, on comprend que tout n'est que machination pour cacher la réalité.
La religion pratiqué avec une telle "folie" fait accomplir des actes abominables et absout ses actes aussi facilement.

Après la parution de ce livre, le 7 décembre 2011, je cite "La Cour de cassation a annulé ce non-lieu à l'issue de l'enquête pour des viols présumés de Guillaume contre son frère Laurent, et a ordonné que la cour d'appel de Lyon réexamine le dossier. Cette dernière devra déterminer si Guillaume de Villiers doit ou non être renvoyé devant les assises"

L'affaire n'est pas terminée, et la souffrance de Laurent non plus. Bon courage à lui.
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J'ai toujours soutenu les idées politiques de Philippe de Villiers, tout en supposant son côté sectaire en ce qui concerne la religion. Je vois dans ce livre de Laurent comme une dernière prière adressée à ses deux parents pour qu'ils se remettent, eux aussi, sur un vrai droit chemin. Ouah, ce livre est d'une profondeur extrême. le chapître « Merci Papa » est un désespoir… On a du mal à voir Philippe de Villiers sous cet angle. Merci Laurent. Merci pour tous ceux qui ont été victime d'inceste. Merci d'ouvrir les yeux aux aveugles, éblouis de Dieu ou de Politique. Pour moi, le chapître qui m'a fait le plus frissonner est celui où toute la famille, dont Guillaume, est réunie et que chacun est affligé de ce que Guillaume a pu infliger à Laurent, et qu'on apprend juste après que ce n'était qu'une mise en scène familiale pour que Laurent arrête les procédures juridiques en cours… et qu'une fois les procédures arrêtées, ils rejettent à nouveau Laurent, le re-accusant de menteur devant la presse. C'est cela qui reste impardonnable… Mon espoir est que le Grand Philippe de Villiers, Grand par ses idées sur la France et l'Europe, Grand sur ce qu'il a fait avec les Puyfolais, qu'il écrive à son tour un beau livre d'excuse public à Laurent… Alors, oui, il pourra redevenir le Grand Homme Politique qu'il ne peut plus être.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le dîner commence systématiquement avec de la salade. Papa fait sa propre vinaigrette. Un kilo de poivre, un peu d'huile et une tonne de vinaigre de cidre normand, famille oblige. Les feuilles ne sont pas coupées, et je suis toujours ébahi de le voir enfoncer dans sa bouche une fourchette perdue dans trois morceaux aussi larges que mon visage. Je me souviens d'avoir pensé qu'il pourrait avaler n'importe quoi d'énorme sans avoir à le découper. Il mâche, mâche, déglutit et commence, quasi systématiquement, par la même phrase : « La République, c'est de la merde ! »
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Il me prend sur ses genoux, me trimbale avec lui, m'apprend à jouer au foot. Mes frères détestent ce favoritisme et me le font sentir. Regards noirs et claques appuyées sont de rigueur. A peine suis-je descendu des genoux de papa, Guillaume et Henri me coincent et me tapent. Une claque par-ci, un coup dans les cuisses par-là. Ils veulent me faire passer l'envie de plaire à mon père. Je prends sûrement trop de place à leur goût alors que je n'ai pas l'impression de monopoliser trop d'attention ou d'affection. Car les élans de papa sont brefs et il commence à ne plus être beaucoup à la maison.
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Quand je remonte dans ma chambre, mes frères me suivent. Henri fait le guet pendant que Guillaume me bloque et me traite de tous les noms. « T'es content, petit crâneur ? Le petit chouchou de son papa... » Je m'excuse, suppliant. J'ai droit à une petite correction en règle. Et il me laisse là, en pleurs, puis repart en riant avec Henri. Je les entends s'éloigner et reste prostré dans ma chambre.
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