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EAN : 9782264058966
96 pages
10-18 (16/08/2012)
3.72/5   134 notes
Résumé :
Le voyage géographique et intime d'un jeune homme.
Walther quitte la femme qu'il aime pour aller vagabonder du nord au sud, des Flandres laiteuses jusqu'à l'Espagne éclatante. Un voyage qui finira par le ramener presque par hasard à l'essentiel, vers celle qui a su le laisser partir et attendre leur enfant. Composé d'instantanés d'une grande délicatesse, ce roman est conçu en deux parties: les jours d'errance puis la vie à demeure, les lointains dépaysants e... >Voir plus
Que lire après Nos cheveux blanchiront avec nos yeuxVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (53) Voir plus Ajouter une critique
3,72

sur 134 notes
Partir. Voyager. Découvrir. Admirer. S'enrichir. Rencontrer.
Prendre tout ce que la vie a encore à donner.
Puis revenir. Auprès de celle qui.
N'être qu'un. Puis deux.
Profiter des petits riens. Des matins gris. Des dimanches orange. De la lune blanche.
De la pluie cinglante. De l'herbe mouillée. Du froid doux.
Partager un panier de légumes. Une chanson. L'odeur du lit. L'arc en ciel des sentiments.
Vivre l'instant. L'aujourd'hui. Pour des lendemains chantants.
Se regarder vivre. S'énamourer. S'apprivoiser.
Et toujours profiter. Jouir. S'émerveiller.
À hauteur d'homme. Avec ses hauts et ses bas.

Des mots susurrés. Suaves. Mélancoliques.
Des sentiments à fleur de peau. À fleur de mots.
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Nos cheveux blanchiront avec nos yeux ou comme si à chaque instant où nous perdons le regard d'enfant enfoui plus ou moins profondément en chacun de nous, nous faisions un pas de plus vers l'inéluctable. C'est sans doute la seule véritable définition de la vieillesse.

Avec ce premier roman, Thomas Vinau, caché derrière son personnage Walther, traverse une période que certains appelleront « déprime ».
Je ressens plutôt une triste lucidité sur le non sens de la vie pour ceux qui comme moi, avec regret, ne croient pas aux belles légendes ni aux gens qui marchent sur l'eau.
Quatre vingt onze pages d'instantanés, de pensées qui lient des petits riens du quotidien à un essentiel qui lui échappe.
Comment être heureux en étant conscient en permanence que chaque seconde qui passe est morte née ? Chaque respiration est déjà un instant tanné, une photo jaunie. Chaque souffle attise les braises d'un feu de joie où se consument les souvenirs. Ces souvenirs bâtis sur les cendres de la seconde qui vient de s'éteindre.

« J'ai l'impression d'être de plus en plus loin de ce que je vois. de plus en plus loin à l'intérieur de moi. de capter la réalité à la longue vue. C'est classique. On se dit tiens il pleut, et il fait déjà beau. On se dit, je l'aime, elle est déjà partie. On se dit c'était bien, c'est fini. A croire que vivre équivaut à s'éloigner lentement du monde. A lui courir après ».

Pas facile de ne pas se perdre quand à l'en vie vient toujours s'opposer l'en nuit. L'ennui de ne pas avoir de réponse sur l'utilité d'être là, sur la futilité du quotidien. Notre passage est furtif. Pourquoi, quel intérêt, dans quel but?
Pas simple non plus de se poser ce genre de questions quand on va devenir père, quand on se dit qu'on va condamner à perpétuité au non sens, un être qu'on va aimer plus que tout.
C'est probablement ça qui le fera fuir quelques temps. le temps d'aller enfouir ses peurs dans les vapeurs d'un port, dans l'hypnotique roulis d'un train de nuit. La route pour se retrouver ou plus certainement, se trouver.

« Walther » a une chance exceptionnelle dont il a conscience. Sally.

« Il est incroyable de constater l'endurance avec laquelle tu t'occupes de moi, m'écoutes, me supportes et me comprends. La vraie question est de savoir comment tu peux encore t'intéresser à cette imposture que j'incarne, à ce chat peureux qui se fait passer pour un lion. C'est à croire que tu es sourde au vacarme de mes défaites, que ce n'est pas cette musique là que tu écoutes, ou que tu aimes le bruit déchiré de ma peau lorsque j'enlève les masques. C'est à croire que tu m'aimes bien au-delà de moi ».

Et puis « la grande chose ».

« On est dans la course. On reste dans la course. On court après les petites choses. On perd. On se débat. On garde le gouffre sans regarder au fond. Les jours nous marchent dessus. On court derrière.
(…)
On veut croire qu'on ne nous reprendra pas ce qu'on nous a donné. On veut croire à demain. On reste vigilant.
On ne peut pas vraiment y croire. Pas totalement. On garde le goût des absents. le goût des peines. le goût des pertes. On ne veut pas y penser.
La grande chose nous tient debout. La grande chose est minuscule. Elle tient toute entière dans nos bras. Elle tient toute entière dans nos coeurs. On est là. On veut être là. On reste là. On continue ».

Sa femme et son fils vont être le sens qu'il va donner à son existence. Un sens qui ne dissipera pas tous ses doutes mais qui au moins lui donnera un but. Ce qu'on appelle , pour se rassurer, la maturité.

L'écriture de Thomas Vinau est déjà très contrastée dans ce premier roman. Percutante et douce, cynique et tendre. Des phrases courtes d'où s'échappent souvent de vrais moments de poésie.
Beaucoup de mélancolie dans ces pages même si Thomas « Walther » Vinau tente d'apprivoiser quelques trouées dans les nuages de ses pensées.
J'ai aimé ce journal intime sans concessions, ce genre qui parle ou pas à chacun, selon son vécu, ses sensations, sa sensibilité.

Voilà, la boucle est bouclée puisqu'après « La part des nuages » et « Ici ça va », j'ai enfin lu l'origine du « triptyque ». L'avantage d'avoir lu son tiercé dans le désordre c'est que je suis rassuré quant à la suite puisqu'ensuite vient « Ici ça va » et qu'effectivement, ça allait très bien.
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Que c'est doux de te lire Thomas!
Tu embrasses les instants
Sans les embraser!
Tu chantes la vie
Sans répit!
Tu englobes le bon
Sans le détériorer.

Un rythme,
une musique.
Tes mots sont délicats
Comme un matin pluvieux qui déteint
Sur le ciel du quotidien.

Tu le dépeints de touches délicates
Et cristallines
Remplie d'innocence,
de vision perlente
et parlante!

Tu happes la magie de la vie
En la dessinant comme une esquisse
Tendre qui se délite dans des aplats de
Bonheur,
de bonté,
de bienveillance.

Tu aquarellises d'un pinceau de mots
la vie
Sans colère,
sans artifice.
sans tristesse.

Tes voyages et ta paternité
se déroulent
s'égrènent, parsèment
distendent ton chemin de vie
de mille brillances émerveillées.

Tu apaises tes frissons de souvenirs.
Tu décrits la foisonnance de la beauté du monde.

Tu émerveilles ma sensibilité
A fleur d'eau,
A fleur de rose
A fleur de peau.

Tu médites mes doutes
Sans maudire,
sans colère
sans rancune.

Tu libellules avec tes ailes
Transparentes
Avec raffinement
Avec élégance
Avec délicatesse.

Tu ressens la vérité
Des moments qui t'échappent
En les enserrant vaillamment de tes mots.

Tu murmures l'impermanence de la vie.

Je suis subjuguée par ta gaité méditative
Délicieuse comme un murmure d'espoir
Qui rassure,
Sans encombrer,
sans oppresser,
sans opprimer!

Tu absorbes la vie
Dans toutes ses nuances de beauté éphémère.

Merci pour ce voyage au confins du vrai !
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Une fois ce petit ouvrage fini, je me surprends à le feuilleter encore. Mais à présent, il me faut le classer dans ma bibliothèque....Où le ranger? Ce livre est tant de choses à la fois! Pas d'histoire, pas vraiment, une sorte de journal intime. Une suite de réflexions sur la vie qui va, empli de délicatesse. C'est tout petit, moins de 100 pages et pourtant... Poésie, philosophie, concentré de sagesse et d'humanité, voilà ce que je tiens entre mes mains. Et je le tiens avec respect, comme un livre infiniment précieux que j'aurai plaisir à ouvrir à chaque fois que l'absurdité du monde me paraîtra trop évidente. Dans ce premier roman, Thomas Vinau semble se demander: C'est quoi la vie? Pour le héros c'est partir, chercher, revenir, devenir père, aimer, aimer simplement.... Tous ces petits instants de vie, "ces heures de rien", le temps qui passe... "on est dans la course. On reste dans la course. On court après les petites choses. On perd. On se débat. On garde le gouffre sans regarder au fond. Les jours nous marchent dessus. On court derrière. On les rattrape. On fait les courses. Les poubelles. Les papiers. On fait les comptes. On perd. On continue. On court après les petites choses. La grande nous tient debout."
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Nos cheveux blanchiront avec nos yeux, c'est le titre insolite et non moins onirique du premier roman de Thomas Vinau, que j'ai beaucoup aimé. Mais peut-on ici parler de roman, c'est un journal de bord, une prose poétique, des textes courts qui s'enchaînent dans la fuite d'un temps insaisissable. C'est le voyage géographique et intime d'un jeune homme, Walther, qui part, qui s'éloigne pour quelques temps de sa compagne Sally, enceinte de leur enfant, pour mieux revenir plus tard vers eux.
C'est ainsi que se rythme ce court récit : entre l'espace trop grand où le narrateur s'enfuit sans trop ne savoir où ni pourquoi, et l'espace de l'intime, peut-être d'ailleurs tout aussi vertigineux que les grands lointains, où il revient sur ses pas pour mieux se retrouver avec les siens, la femme dont il s'est éloigné pendant que venait au monde leur enfant. Il y a l'espace du dehors et l'espace du dedans et les deux font écho, comme deux sphères indissociables qui se parlent.
Dans son périple, qu'il soit géographique ou intime, Walther cueille des instants de la vie, il croise des personnages ordinaires et entiers dans leurs existences. Il y a ces pêcheurs qui le soir jouent aux cartes, boivent des bières. Il y a ce chauffeur routier qui le conduit sur un bout de chemin. Il y a cette vieille dame qui l'accueille chez elle à Sète. Il y a les autres...
Son vagabondage l'amène des Flandres jusqu'en Espagne à Gibraltar, en passant par Amsterdam, Prague, Bruxelles, Sète...
Dans ce récit, j'ai senti Walther fragile, aussi fragile que cet oisillon qu'il sauve des griffes d'un chat, qu'il protège tant bien que mal sous son manteau, croyant que c'est un oiseau migrateur, un peu comme lui. Pourquoi part-il ? Que fuit-il ? La peur de l'enfant qui va venir, devenir père, le poids des responsabilités ? Est-il lâche à ce point ? Par moment, ce voyage prend l'allure d'une mélancolie, quelque chose d'inachevé, de lointain ou bien qui n'est pas encore là, comme cet enfant qui va naître bientôt, sans lui à ses côtés.
Non, Walther s'en va pour prendre une forme de distance, mais qui lui permet justement de faire ce pas de côté, quelque chose qu'il faudrait sans doute faire plus souvent dans nos existences accélérées. Partir pour se retrouver seul, cheminer avec soi-même, grandir en même temps et revenir ainsi tout autre pour aborder un nouveau versant de sa vie...
Ce livre parle aussi de l'amour, j'ai presque envie de dire que ce livre parle essentiellement d'amour. Sally est là présente sans cesse dans son cœur de fugitif. Les voyageurs sont ainsi faits, le vrai carnet de bord, ce n'est pas toujours un cahier, un stylo, ce qu'on y mettra, c'est le cœur qui se remplit le soir du manque de l'autre, de l'attente, c'est le dehors qui vient au gisant du dedans, apporter un peu de lumière, éclairer enfin ce qu'on ne voyait peut-être plus ou qu'on n'avait pas encore approché...
Walther est à hauteur d'homme quand il part et revient. C'est comme un balancier, celui du temps qui passe, qui fuit, qui nous manque, qui nous échappe sans cesse comme le sable entre nos doigts furtifs.
C'est un livre qui parle aussi de l'enfance, de la mort, des renoncements.
Même le quotidien est comme le bord d'un précipice où il faut sans cesse retenir ses gestes de peur de trébucher et tomber dans le vide. C'est peut-être dans les grands espaces que Walther se sent le moins désarmé. Mais peu à peu, sans rambarde, sans parapet, Walther s'approprie ce quotidien, son quotidien, même s'il le fait de manière maladroite et attendrissante. Un sentiment immédiat prend le pas.
Et puis il y a l'écriture, ces tranches de vies, ces billets égrenés par Walther, tel un petit Poucet fugitif, égaré dans un monde sans doute trop grand pour lui. Les mots l'aident à revenir au plus près de lui, des siens, retrouver son chemin.
Les voyages ont cette vertu de ramener nos pas à l'essentiel.
C'est un voyage au ras des choses, une errance qui balbutie. Un ciel qui cligne des yeux lorsque nos gestes se hasardent à appréhender les instants du quotidien en cherchant de l'eau et du rêve.
Les mots de Walther sont maladroits, parfois excessifs, inachevés comme une première écriture, mais on les sent sincères, sans cesse au bord des failles, là où passe la vie finalement. Sans les failles, que serait la lumière ? Et sans les mots, que serions-nous ?
Parfois, dans ce dédale, Walther a l'impression que le ciel le comprend brusquement.
Je ressens au travers de ce récit ce que l'écriture fut pour le narrateur, à moins que ce soit le sentiment de l'auteur, une façon de se réconcilier avec le monde. Pourquoi ce monde nous échappe-t-il par moment ? Comment avoir une réelle prise sur lui ? Ce monde est-il fait de sable et de vent ?
Il y a des petits riens qui viennent comme cela, comme le soleil à travers le store, comme une abeille qui agonise au sol... Ce sont les biberons, l'odeur du caca d'un nourrisson dans la salle de bain, le bruit d'un volet qui claque dans le vent. C'est un père qui pousse la poussette d'un enfant. C'est un chien qui se faufile entre les jambes et l'humour aussi « En passant devant le terrain municipal, nous nous imaginons, avec un peu d'ironie, les heures qu'il faudra passer au stade si par malheur il aime le foot. » Ce sont des respirations, ce sont des bleus à l'âme dans les matins de pluie, ce sont nos renoncements, nos rêves qui s'effacent, d'autres chemins, d'autres gestes... Une orchidée sauvage, le soleil qui éblouit... Comment se hisser plus haut, plus loin.
Parfois dans ce quotidien, nous voudrions passer sur l'autre versant. Être une fenêtre pour regarder des deux côtés, l'envers du décor, surtout. Nous sommes toujours entre deux portes, entre deux rives, entre deux vies, entre deux battements de coeur, entre le dehors et le dedans... Entre les couches culottes et le soleil qui crame l'horizon comme un feu follet... Et puis brusquement, le quotidien se transforme en sublime : « Le petit avait faim. J'aurais voulu lui peler le soleil naissant comme un fruit bien juteux. Lui faire goûter la crème épaisse du nouveau ciel. Nous avons joué ensemble, tous les deux, juste avant le jour. Ceux que nous aimons sont en paix. Nous avons le monde à manger. »
Et puis une bande-son se faufile entre les mots qui swinguent dans ce récit poétique, fulgurant, presque sauvage, ce n'est pas désagréable. C'est un air de jazz, c'est un reggae, c'est un rock, c'est une chanson qui me rappelle quelque chose à chaque instant... C'est un dimanche de printemps.
Plus tard, les mots de Thomas Vinau se taisent. Il me reste une bande-son dans les oreilles, mais surtout un voyage intime, avec en filigrane des grands espaces, et qui me trotte encore dans les veines. Une sorte de journal de bord qui nous murmure ce qui est, au dehors et au dedans de nos vies multiples...
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critiques presse (2)
Lexpress
31 août 2011
Devenir père, toute une histoire ! Une plongée intime dans la vie d'un jeune homme. Un récit d'une grande délicatesse.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Actualitte
08 août 2011
A la fin de ce roman, sensible, qui sonde les reins et le cœur, on est comme rasséréné. La littérature permet définitivement de mieux comprendre ce qui dans le vécu de chacun palpite sans mot. Thomas Vinau nous le prouve avec grâce.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (107) Voir plus Ajouter une citation
Je te parle du vent. De la menthe qui pousse. De l'immense gris au-dessus de nos têtes. Je te parle des ronces sous la pluie. Des jours qui nous dépassent. Des absents. Je te parle des poussières. Des orages. Du temps qui dégouline au fond du puits. Je te parle de la perte. Je te parle des miettes. Des instants bienveillants. Des cadeaux minuscules. Des cailloux dans la boue. Des fourmis qui veulent vaincre. Je te parle du vide. Des matins où tu rampes. De la peur des enfants. Je te parle de ce que je vois pour dire ce que je ne vois pas. Je te parle du trou. Du vertige de la chute. Du repos sur le bord. Je te parle de cette façon de vivre comme les plantes en courant après la lumière. Je te parle des cendres. De ce que nous goûtons. De ce que nous perdons. Des arrière-goûts. Des espérances. Des découvertes. Je te parle de mes rêves. De ce qui nous déploie. De ce qui nous recroqueville. De la disparition. Je te parle de nous. De ce que nous sommes. De ce qu'il nous reste.
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L'idée

L'idée de partir était comme un petit feu de bois placé au centre de son cerveau. Au bout de quelque temps, il comprit que les flammes ne s'éteindraient pas d'elles-mêmes.



Des milliers de gris

Le jour de son départ, il a Sally au téléphone.
Il lui répète qu'il est désolé de partir comme ça mais qu'il a besoin d'essayer des choses.
Elle raccroche avant de craquer. Il l'imagine devant la petite fenêtre de la cuisine qui donne sur les toits de la ville. Sa façon de disparaître à travers ses yeux lorsqu'elle regarde la fumée des cheminées d'usines se mélanger au gris de l'océan.
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Tiens. C'est dérisoire. C'est ridicule. Je te le donne. Ça ne vaut rien. C'est des petits mots. Des petits gestes. Un pansement. Tiens. C'est tout ce que j'ai. C'est dérisoire. Ça ne changera rien. C'est un coup de main. Un bout d'épaule. Une attention. C'est minuscule. C'est ridicule. Ça ne change rien. Un pansement. Une pensée. Une persistance. Une attention. Une allumette. Une façon d'être là. De sauver les meubles. D'arroser les plantes. De sourire. Une petite pièce. Une petite clope. Une caresse. Tiens. Je te le donne. Ma compassion. Et puis ma honte. De l'élégance. De la chaleur. Un dictionnaire. Une signature. Une langue de chien. Je te le donne. C'est dérisoire. Ça ne vaut rien.
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Il y a dans cette aube assez d'eau et de lumière pour nettoyer le monde. Il y a dans cette aube assez de peine et de chaleur pour lui inventer un prénom. Le ciel a des couleurs humaines. Des couleurs de sentiments. Le ciel a l'éclat légèrement triste du regard d'une fillette perdue dans un supermarché. Il y a dans cette aube assez de possibles pour se moquer d'hier. De la nuit. De la perte. Pour sourire aux absents.
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Je colle mon oreille à la porte. J’écoute le matin. La chanson des fenêtres. Si mes yeux étaient des langues, les fenêtres seraient toujours propres. Je colle mon oreille à ta peau. J’écoute bouillir ton corps. J’écoute ton odeur quand la lumière s’infiltre au sommet des volets fermés. J’écoute l’obscurité fraîche de l’aube. Mes yeux ne voient pas droit. Ils mélangent le ciel et la terre. La pluie et la rosée. Je me baisse. Je craque. Souffle sur la soucoupe volante de ma tasse de café. J’entends une cloche. Un bébé qui bébéte. Une pie. Un moteur de tracteur. Je lape comme un chien la flaque froide du jour. Je colle mon oreille aux mots. J’écoute.
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Vidéo de Thomas Vinau
« Nul dieu ne t'aidera, nul programme, nul parti, nul bulletin de vote, nulle masse, nulle unité. Je suis le seul capable de m'aider. Et c'est en moi-même que j'aiderai tous les hommes dont les larmes débordent. » B. Traven est Traven Torsvan qui est Berick Torsvan qui est Otto Feige qui est Hal Croves, qui est Ret Marut, enfin, je crois. B. Traven est né un an avant la mort de Karl Marx, enfin, je crois. B. Traven est un romancier allemand et un activiste anarchiste, un de ces hommes de l'ombre au petit chapeau rond qui font bouger l'histoire sans perche à selfie. […] Il a pris un nom différent partout où il a fait de la prison. Il a fait de la prison partout où il a incité à la révolution. […] » (Thomas Vinau, 76 clochards célestes ou presque, Éditions le Castor Astral, 2016)
« L'homme qui a tant fait couler d'encre dans les dernières décennies de sa vie est mort le 26 mars 1969 dans la ville de Mexico à des âges différents, non sans avoir épuisé plusieurs identités dont aucune ne paraît être la vraie. le succès des romans de Traven […] a déclenché une « chasse » à un individu qui ne se laissait pas photographier […]. La seule chose prouvée est que B. Traven ne fait qu'un avec Ret Marut […]. […] le proscrit réussira à débarquer, dans des conditions ignorées, sur les côtes du Mexique au cours de l'été 1924. La vie qu'il va mener sous le nom de Torsvan, ingénieur américain, pour être moins mystérieuse, n'en reste pas moins secrète […]. […] Cet apatride sans identité obtient finalement la nationalité mexicaine en 1951. […] Il faut considérer le romancier […] comme un aventurier écrivain qui a passé la majeure partie de sa vie à égarer les soupçons – pour mieux enfoncer les preuves de son humanité comme autant de clous dans les têtes molles du siècle. […] » (B. Traven, le gros capitaliste et autres textes, traduit par Adèle Zwicker, Éditions Libertalia, 2018)
« […] Quoique mes oeuvres soient traduites en dix-sept langues, je n'ai ni maison ni argent et je ne possède qu'un minimum de vêtements indispensables. […] » (B. Traven, Lettre à Solidaridad Internacional Antifascista)
0:00 - L'art des Indiens 4:27 - 2e extrait 4:45 - 3e extrait 4:59 - 4e extrait 5:32 - Générique
Référence bibliographique : B. Traven, le gros capitaliste et autres textes, traduit par Adèle Zwicker, Éditions Libertalia, 2018
Image d'illustration : https://www.gettyimages.fi/detail/news-photo/traven-schriftsteller-d-portrait-im-profil-undatiert-news-photo/537147851
Bande sonore originale : Bensound - Tomorrow Tomorrow by Bensound is licensed under a CC BY 4.0 Attribution International license.
Site : https://www.bensound.com/royalty-free-music/track/tomorrow
#BTraven #LeGrosCapitaliste&AutresTextes #LittératureAllemande
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