Cette critique se rapporte aux deux volumes de l'intégrale du « Moine Fou ».
Le Moine Fou, ou comment faire dix albums de BD sans le personnage qui lui donne son titre… Alors que la dynastie des Song fléchit sous les coups de boutoir des Jin et le lent minage des luttes internes, une jeune fille se retrouve l'unique dépositaire d'un art martial développé par ce fameux Moine Fou. Art martial spectaculaire qui attire les convoitises en ces temps troublés, soit pour se l'approprier soit pour l'annihiler. Mais ce que l'on sait moins, c'est que cet art rendrait fou ses adeptes et, surtout, qu'il contient au coeur de sa philosophie une interdiction de tuer (sous peine de mort pour son adepte peu regardant).
He Pao part donc dans une quête pour trouver l'inventeur de cet art martial, pour mieux comprendre et pour peut-être lever la malédiction de cette folie. Chaque tome relate une péripétie qui lui arrive sur le chemin de sa quête, avec un certain nombre de personnages récurrents qui donnent une continuité au tout.
Un livre sans grande prétention narrative. Les histoires sont simples, voire simplistes, et il n'y a pas de véritable progression ou cheminement personnel de la part du personnage principal. Peut-être est-ce même une erreur d'avoir lu les dix tomes d'un coup. Il est probablement plus indiqué de les lire au gré d'autres lectures, et, plus que de vouloir connaître le fin mot de l'histoire, se laisser emporter par les dessins qui empruntent autant aux aquarelles chinoises qu'aux standards européens. Un livre à lire nous pour voguer sur les mots, mais pour voler sur les traits de crayon et régaler ses yeux.
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J'avoue avoir eu un peu de mal à lire cette bd jusqu'au bout. le sujet en lui même est intéressant et bien traité mais quelques planches sont difficilement lisibles, on passe du coq à l'âne, d'une situation à une autre et parfois même, les scènes ne sont pas très logiques, cohérentes. Les dialogues sont parfois surprenants, déroutants, certains mots de vocabulaire surgissent et ne semblent pas à leur place au point qu'il est difficile de ne pas perdre le fil, et de devoir relire sinon la bulle, la planche entière. Ce décalage se retrouve également au niveau des dessins; certaines cases manquent de cohérence et il est nécessaire de produire un véritable effort de compréhension voire d'analyse pour ne pas s'y perdre. Les dessins en soi sont très chouettes, les détails apportés aux visages et aux fonds sont fantastiques.
L'histoire de cette jeune européenne héritière d'un art martial dangereux, mortel et surpuissant mais perdu m'a plu. Mais je l'ai trouvé un peu simple quand même, et contradictoirement parfois trop complexe pour la suivre avec intérêt. Il me faudrait la relire pour en apprécier toutes les facettes mais le peu d'accessibilité dû à ses principaux défauts me font plutôt fuir et me tourner vers d'autres oeuvres.
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En un temps lointain où je résidais, à Paris, non loin du XIIIe arrodissement et pratiquais le qi gong et le taï chi chuan, je me suis prise de fascination pour les arts martiaux chinois. Grâce et force spirituelle... Ma prudence fut donc grande quand je décidais de renouer contact avec He Pao. Cette bande dessinée qui m'avait tant plu aurait-elle encore du charme une fois l'illusion de la passion évanouie ?
"cohabiter avec un fantôme tout en étant son ombre." (191)
Lumières et brises, jeu des feuilles avec le soleil, gouttes de pluie, la peinture du monde qui se fait et se défait chatoie sur les pages, se joue de la limitation des cases par sa continuité. Sur cette toile de fond vivante et changeante, He Pao trace une trajectoire fougueuse. Entre initiation spirituelle et contre-coups de la connaissance, liberté mentale et physique et rencontres humaines, se construit une personnalité singulière. Les caractères, les regards et le scénario sont si riches que je lis ces albums comme des romans. Il me procurent la même satisfaction intérieure, la beauté visuelle en plus.
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C'est attirée par le dessin que j'ai fini par ouvrir cette bande dessinée...Qui m'a beaucoup désarçonnée! le contexte du récit, se déroulant en Chine médiévale, avait tout pour me plaire et pourtant, j'ai eu beaucoup de mal à finir ma lecture.
Le mystère initial est intriguant, mais il finit vite par virer vers le fantastique plutôt que le spirituel, et l'on finit par ne plus trop comprendre dans quelle direction court l'infatigable He Pao, dont le dessinateur prend manifestement beaucoup de plaisir à dessiner peu vêtue en toute circonstances !
La lecture se fait par à coups, et j'ai eu plus d'une fois l'impression d'avoir entre les mains un feuilleton que l'on tenterait de faire durer le plus longtemps possible au lieu d'un scénario bien ficelé et équilibré.
Dommage car la plupart des dessins sont vraiment très réussis et évocateurs d'une Chine rurale oubliée...
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Contempler la montagne foudroyée est une extase , la voir rester majestueuse est une illumination . ( Monologue de He Pao )