AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782203020627
133 pages
KSTR-Casterman (09/03/2009)
3.71/5   278 notes
Résumé :
"Depuis le moment où tu es venu me chercher devant la fac, j'avais envie de t'embrasser.
On parlait, on parlait, mais tu ne m'embrassais pas... "

Il la rencontre, un soir, dans une bibliothèque universitaire. Elle est étudiante, elle est séduisante, elle l'émeut immédiatement. Il va entreprendre de la conquérir, sans brusquerie, à pas comptés... De lui, on ne saura rien, ou presque. Mais l'on saura tout, en revanche, de la manière dont il la dé... >Voir plus
Que lire après Dans mes yeuxVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (43) Voir plus Ajouter une critique
3,71

sur 278 notes
Elle était là, dans cette bibliothèque universitaire, un soir. Il la regardait travailler, penchée sur ses feuilles. Elle a bien senti ce regard sur elle et, ses yeux bleus posés sur lui, lui a demandé ce qu'il y avait. Elle lui dit qu'elle est étudiante à la fac de lettres, qu'elle doit réviser pour son partiel et que son livre de Wittgenstein sur le langage est plutôt chiant. D'ailleurs, elle n'a déjà plus envie de réviser... Ils s'enfoncent dans la nuit noire, il la raccompagne chez elle. Elle lui dit qu'il faudrait qu'elle revienne pour travailler plus sérieusement et puis qu'elle doit y aller. Un rendez-vous vaguement pris, sûrement, puisqu'ils se retrouvent à la bibliothèque, plus tard. Mais aucun n'a réellement envie de travailler. Ils vont finalement aller manger tous les deux...

Bastien Vivès se place dans la peau du jeune homme que l'on ne verra jamais et dont on ne saura jamais le nom. Il croque cette jeune fille frêle, si belle, touchante, un peu timide, avec douceur et finesse, faisant la part belle aux émotions, à cette relation intime qui s'installe gentiment et aux conversations parfois gênées ou tout en retenue. le lecteur ne voit que cette jeune femme, infiniment tendre et émouvante, dans ses gestes et ses mots. Voilà un procédé intime vraiment original qui nous offre de belles séquences émouvantes et attendrissantes. Dépourvu de tout cadre, le dessin aux crayons de couleurs, spontané et délicat de Bastien Vivès, regorge d'émotions.

Il se perd Dans mes yeux...
Commenter  J’apprécie          542
Le narrateur – ou appelons-le plutôt le spectateur – rencontre une jeune et jolie étudiante à la BU. Son regard reste posé sur elle pendant toute l'histoire, il se gorge de son image autant qu'il le peut. Venu là pour lire, il ne savait pas qu'il tomberait amoureux de cette rouquine un peu mutine. « À ta place, j'irais lire autre part, c'est chiant la bibliothèque. » (p. 24) Elle, c'est une étudiante en Lettres Modernes qui ne lit pas beaucoup, mais qui a gardé de son enfance le souvenir d'un album qu'elle feuillète souvent.
Elle est un peu timide, mais elle irradie. Son assurance fragile se brise souvent dans un éclat de rire. le spectateur veut la séduire, mais doucement, sans l'effaroucher. Il l'écoute parler d'elle, il l'accompagne au cinéma, au zoo et dans des soirées. Délicatement, il se rapproche d'elle sans la brusquer. Il a compris dès le début qu'elle était un peu fébrile, pas toujours à l'aise. Quand il la rejoint chez elle, on suit d'abord son trajet parisien jusqu'au studio qu'elle habite : ce voyage amoureux est propice à l'impatience et la rêverie. « Depuis le moment où tu es venu me chercher devant la fac, j'avais envie de t'embrasser. On parlait, on parlait, mais tu ne m'embrassais pas. » (p. 60) Impatience de sa part à elle, prudence de son côté à lui. Entre eux, les baisers sont toujours aveugles et ils lui ferment les yeux. Image noire quand elle est proche de lui.
Le narrateur n'en est donc pas un, pas vraiment. Il se contente de regarder et d'écouter. Dans la disposition de la page, les cases vont par deux, comme deux yeux qui suivent tous les gestes de la jeune fille. Il y a un dialogue, des questions et des réponses, mais les seules répliques que nous avons sont celles de la jeune fille. Quoi que dise le garçon, finalement, cela a peu d'importance. Ce qu'il voit est plus puissant que tout ce qu'il peut dire, voire entendre. Parfois les paroles se brouillent et s'estompent pour former un brouhaha : quand il doit subir les autres qui ne sont pas elle, il n'entend plus rien et seul son regard compte, toujours posé sur cette fille si particulière, celle fille dont il est amoureux.
Servi par un très joli crayonné et une réelle maîtrise du mouvement, cet album m'a bouleversée. Dès le début, les premières pages qui sont comme les planches-contact d'un souvenir. Car cette histoire est un souvenir, comme en témoigne la fin. L'émotion file dans tout l'album : on sent que cette jeune fille est sur le fil, qu'elle hésite et qu'elle doute d'elle-même et de ses désirs. La tension émotive qui s'accumule explose dans la dernière partie, et elle a explosé chez moi aussi. Cette histoire, je l'ai vécue (l'auteur aussi, mais nous ne nous connaissons pas) ou du moins j'ai vécu cette situation d'errance et de déséquilibre. Voir ce souvenir en images et en couleurs, c'est stupéfiant, d'autant plus que Bastien Vivès maîtrise d'un bout à l'autre toute la puissance émotive de son propos : pas de débordement dégoulinant, pas de voyeurisme et pas d'hyperbole. Cette histoire fait mal, mais les douleurs ne sont toujours que personnelles, donc minuscules pour les autres, et c'est ce tour de force auquel parvient l'auteur : partager la puissance intime d'une douleur qui n'est pas la nôtre.
Polina m'a replongé dans mes années de danseuse, Amitié étroite rassemblait déjà de nombreux échos personnels : Dans mes yeux est une porte ouverte sur mes souvenirs. À chaque fois, Bastien Vivès vise juste. Précision : je ne prétends pas que l'auteur écrit sur mon histoire, je dis qu'il écrit pour le moi dans le sens où chacun de ses ouvrages me touche et interroge ma propre histoire. Ils sont rares les auteurs capables d'une telle prouesse. Ainsi, j'affirme que le dessinateur est aussi doué que l'écrivain : l'auteur, qu'il use de la plume ou du pinceau, mérite ce titre quand il emmène son lecteur au-delà de son histoire et qu'il lui ouvre les portes de sa propre réalité.
Commenter  J’apprécie          274
Innovateur et unique avec cet homme qui reste en retrait comme si son cerveau était une caméra avec parfois des gros plans qui subliment les parties du corps de cette jeune fille aux cheveux roux. On ne verra que ses mains ce qui a pour effet d'avoir la sensation d'entrer dans le roman graphique. Beaucoup aimé les dessins en mouvement aux couleurs chatoyantes. Un graphisme qui parle vraiment. Suis bluffée. Si toutes les femmes pouvaient être observées de la sorte !

Dans vos yeux
J'ai eu l'aveu de votre âme
En caractère de flamme
Je m'en suis allé joyeux
Pendant alors mon espace
Au coin d'horizon qui passe
Dans vos yeux
Dans vos yeux
J'ai vu s'amasser l'ivresse
Et d'une longue caresse
J'ai clos vos grands cils soyeux
Mais cette ivresse fût brève
Et s'envola comme un rêve
De vos yeux
Dans vos yeux
Yves Jamait
Commenter  J’apprécie          380
J'ai l'impression qu'avec Bastien Vivès, c'est tout l'un ou tout l'autre, soit la finesse, soit le gros cliché bien lourd. Ici, c'est la seconde option qui l'emporte largement à mes yeux. Que le scénario se résume à peu de choses ne me pose pas de problèmes : c'était le cas déjà dans le goût du chlore, qui excellait dans le rendu d'une ambiance, de la naissance des sentiments et des non-dits. Ici, à l'inverse, l'album s'enlise dans un minimalisme assez creux, tout juste sauvé par un dessin, il est vrai, novateur et original.

Un jeune homme rencontre une étudiante dans une bibliothèque, une relation plus ou moins amoureuse s'instaure entre eux. L'originalité est censée venir de la narration : tout ce que verra le lecteur le sera du point de vue du narrateur, à la manière du procédé de la caméra subjective. Idem pour ce qui est des dialogues, on ne pourra lire/entendre que les paroles prononcées par la jeune fille, voire éventuellement d'autres personnes dans son environnement immédiat. Ce qui ne me semble pas très logique, soit-dit en passant, puisque dans la vie, si on ne voit que l'autre, on s'entend soi-même parler (je précise que le narrateur n'est pas sourd). Ce procédé de la caméra subjective montre donc très rapidement ses limites. D'autant que, si les paroles du narrateur ne nous sont pas audibles, il nous faut pouvoir les deviner (sans quoi on ne comprendrait rien à rien) : d'où des dialogues du personnage féminin pas toujours très naturels, car construits pour combler les blancs du narrateur.

S'ajoute à ce manque de naturel des dialogues un manque de naturel du personnage féminin, qui passe son temps à minauder, à faire des poses en veux-tu en voilà, à jouer les pimbêches du début à la fin. Histoire d'en rajouter une couche, les situations sont peu naturelles, comme lorsque la jeune fille se met à rire comme une hystérique parce que le narrateur a lu un livre pour enfants dans le métro. L'apogée, c'est la fin, qui relève du pur cliché sur la rupture, avec des dialogues du genre "On devrait arrêter de se voir", "Nan mais c'est pas toi, c'est moi en fait", bref, des trucs que les gens ne disent jamais dans la vraie vie (ou alors seulement quand ils ont une forte tendance à jouer la comédie). Cette fin en forme de rupture tombe comme un cheveu sur la soupe, s'avère être le but de l'album et se révèle sans intérêt. On se dit alors : "Ah ouais, tout ça pour ça, ça valait le coup, dis-donc."
Commenter  J’apprécie          180

Une bande dessinée toute en sensibilité sur la naissance du sentiment amoureux.

Il la rencontre dans une bibliothèque, elle, une étudiante en Lettres qui « ne lit pas grand-chose ».
De lui, on ne verra jamais le visage, on n'entendra jamais les mots : la narration est menée en caméra subjective, à hauteur d'homme, et c'est là son originalité. Il n'a d'yeux que pour elle et on sait tout de la manière dont il la découvre, dont il la désire, dont il en tombe amoureux. Elle, on la devine séduite mais hésitante, à la fois sûre d'elle et fragile, craintive.

Entièrement illustrée aux crayons de couleurs, son autre point fort (malheureusement sa couverture ne lui fait pas honneur, je trouve), Dans mes yeux est une histoire d'amour actuelle et banale qui me touche, justement, par son « air de vécu ».
Commenter  J’apprécie          141


critiques presse (2)
BulledEncre
22 juin 2015
Symphonie légère d’une rencontre, de sa naissance à sa mort. Simplement parfait…
Lire la critique sur le site : BulledEncre
Lecturejeune
17 février 2012
Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - L'histoire pourrait tenir en deux lignes : un jeune homme rencontre une charmante étudiante à la bibliothèque universitaire. Ils se revoient par la suite, dans des lieux qui sont propices au flirt : au cinéma, au restaurant, à une fête chez des amis, etc. Vient alors le premier baiser puis la première nuit. Une histoire d'amour ordinaire si ce n'est que le récit « est vu » exclusivement par les yeux de « l'amoureux », qui n'apparaîtra jamais au fil des pages - si ce n'est ses mains qui enlacent la jeune fille - et auquel le lecteur se substitue. Après Le Goût du chlore et La Boucherie, Bastien Vivès poursuit ses investigations sur la question amoureuse qu'il semble « décortiquer » en usant d'une multitude de points de vue. Ici, peu de dialogues, mais les scènes se succèdent avec ce personnage féminin, dont il a dessiné les moindres faits et gestes : lorsqu'elle enfile son manteau puis s'enroule dans son écharpe, quand elle danse ou qu'elle l'embrasse, etc. Il est aussi question d'une relation fragile qui semble vouée à l'échec dès ses balbutiements. Une relation intense mais précaire. Fragile, insaisissable, frivole, voire immature, cette jeune fille est d'abord un corps en mouvement. Le lecteur est fasciné dès la couverture, par ses cheveux au roux flamboyant et sa bouche vermeille. L'auteur a utilisé le crayon de couleur, qui témoigne de la fraîcheur du sentiment amoureux naissant et de la spontanéité du jeune homme, littéralement envoûté par cette étudiante. Bastien Vivès le rappelle : « le dessin est une écriture » et les mots ne peuvent pas rendre compte de toutes les émotions. Aussi, cet album s'observe et se regarde, plus qu'il ne se lit, et il enchante le lecteur par sa justesse. Anne Clerc
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Dans une bibliothèque "on" regarde une étudiante en train de lire et prendre des notes.
6 dessins par page et...quelques bulles : ce qu'elle dit.
On ne voit qu'elle, on n'entend qu'elle. Pas lui. On devine les questions qu'il lui pose à partir de ses réponses à elle.
On est dans le corps de celui qui la regarde, qui la rencontre, qui l'écoute.
L'aime-t-il ??? S'en amuse-t-il ???
Il y a elle, avec sa timidité, avec son envie de le séduire, avec ses pudeurs, avec ses maladresses, avec ses larmes et émotions dont elle a honte, avec son merveilleux sourire, avec ses yeux qui se dérobent ... et les lieux qu'il voit quand il marche à côté d'elle.

Malin, le procédé ! et tendrement efficace !
Décidément, M. Bastien Vivès est un grand !
Capable avec des phrases anodines et de merveilleux dessins aux couleurs chatoyantes de nous faire comprendre (au sens propre, de prendre avec soi) toute un épisode de vie.
Commenter  J’apprécie          30
Ooh ! Le singe c'est mon animal préféré.
[...]
Regarde comme il creuse.
Il continue de creuser en regardant autre part...Aucun autre animal ne peut faire ça.
Il est capable de faire quelque chose en pensant à autre chose...comme nous.
[...]
D'habitude je pleure pas facilement, je comprends pas.
Je sais pas, c'est le singe...derrières la vitre. C'est triste
Oh ! merde; c'est n'importe quoi !
Je suis vraiment désolée, ça veut pas s'arrêter...
Pardon...
Commenter  J’apprécie          30
« À ta place, j’irais lire autre part, c’est chiant la bibliothèque. » (p. 24)
Commenter  J’apprécie          210
Tu sais, je suis en lettres, mais en fait je lis pas grand chose [...] Si si, je lis des bouquins pour moi... mais je lis surtout des bouquins pour mes études... Quand j'ai du temps libre, je préfère faire autre chose.
Commenter  J’apprécie          40
Depuis le moment où tu es venu me chercher devant la fac, j'avais envie de t'embrasser.
On parlait, on parlait, mais tu ne m'embrassais pas...
Commenter  J’apprécie          50

Videos de Bastien Vivès (69) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bastien Vivès
La philosophe Claire Marin et le chorégraphe Angelin Preljocaj sont la marraine et le parrain de la 8e édition des Nuits de la lecture sur le thème du corps.
Claire Marin développe une pensée du sensible et interroge la notion d'identité à travers les épreuves existentielles que nous traversons au cours d'une vie : naissance et deuil, maladie et accident, rencontre et séparation amoureuse, rupture et découverte… qu'elle analyse comme les moments-clés de transformation de soi. Elle est notamment l'auteure de « Hors de moi » (Allia, 2018), « Rupture(s) » (L'Observatoire, 2019), « Mon corps est-il bien à moi ? » (Gallimard Jeunesse, 2020) ou encore « Être à sa place » (L'Observatoire, 2022).
Angelin Preljocaj a chorégraphié 58 pièces depuis le début de sa carrière. Multi-récompensé, il a reçu de nombreux prix dont le « Grand Prix National de la danse » (1992) et « Les Victoires de la musique » (1997). Son premier long-métrage, « Polina, danser sa vie », réalisé avec Valérie Müller et adapté de la bande dessinée de Bastien Vivès, est sorti en salle en novembre 2016. En avril 2019, il a été nommé à l'Académie des Beaux-Arts dans la nouvelle section chorégraphie.
Suivez le CNL sur son site et les réseaux sociaux :
Site officiel : www.centrenationaldulivre.fr Facebook : Centre national du livre Twitter : @LeCNL Instagram : le_cnl Linkedin : Centre national du livre
+ Lire la suite
autres livres classés : bande dessinéeVoir plus
Les plus populaires : Bande dessinée Voir plus


Lecteurs (515) Voir plus



Quiz Voir plus

Les bandes dessinées de Bastien Vivès

Un roman graphique sur une danseuse.

Poline
Pauline
Polina

10 questions
66 lecteurs ont répondu
Thème : Bastien VivèsCréer un quiz sur ce livre

{* *}