(1940) Une opinion qui gagne en profondeur juge la Pologne avec sévérité, lui reprochant son ingratitude.
On se prend à regretter cette ardeur romantique des négociateurs français qui les incita, à Versailles, à vouloir faire renaître une grande Pologne.
Contrairement à la Grande-Bretagne qui, plus réaliste, aurait voulu maintenir le nouvel État dans ses anciennes limites géographiques et ne lui donner, à Dantzig, que le simple droit portuaire, la France imposa sa vision. Elle obtint, pour la Pologne, une partie de la Russie blanche et de l’Ukraine. L’Union soviétique s’en souviendra. Au détriment de l’Allemagne, un corridor fut tracé, qui donna aux Polonais accès à la mer. Le maréchal Foch, parlant du « corridor », devait dire au major Polson Newman :
— C’est là que se trouve l’amorce d’un nouveau conflit mondial.
À Varsovie, on oublia vite. La Pologne refusa de participer à la Petite Entente. Elle émit des prétentions sur le domaine colonial français, sur Madagascar notamment. Varsovie entendit traiter à égalité avec Moscou, Berlin et les démocraties : « Nous ne craignons rien car on nous craint. » Tel était le slogan des milieux officiels polonais.
L’approche du danger n’entama pas la confiance des héritiers de Stanislas Poniatowski. Georges Bonnet rapporta à l’ambassadeur de Pologne à Paris ce propos de Hitler à Karl Burckhard (2) :
— Je conquerrai la Pologne en trois semaines avec mon armée mécanisée.
Et Lukasiewicz de répondre sérieusement :
— Absurde! C’est nous qui envahirons l’Allemagne dès le début des hostilités.
Le ministre de la Guerre, Kasprzicki, s’exclamait, quant à lui : « Notre génie est l’offensive et c’est en prenant l’offensive que nous vaincrons. »
483 - [p. 196] La France déclare la guerre, par Edouard Bonnefous