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Marcelle Sibon (Traducteur)
EAN : 9782070385904
181 pages
Gallimard (11/02/1993)
3.67/5   89 notes
Résumé :
" Machenka est mon premier roman.
Commencé à Berlin, peu après mon mariage (printemps 1925), et achevé au début de l'année suivante, il fut publié par une maison d'émigrés. Une traduction allemande, que je n'ai pas lue, parut deux ans plus tard. Aucune autre traduction n'en fut faite pendant quarante-cinq ans - un laps de temps impressionnant ". Lorsque Machenka parut en anglais (sous le titre de Mary) en 1970, les lecteurs y apprécièrent surtout les échos du... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Je suis un peu spéciale. Tout le monde lit la science-fiction de Ray Bradbury tandis que moi je me délecte de ses histoires de non-science-fiction. Tout le monde fait des éloges à "Lolita" de Nabokov alors que moi je n'ai pas accroché à cette histoire. J'aime à la folie "Machenka" !
L'auteur y fait un portrait de l'exil mais moi j'y apprécie surtout comment Ganine revit dans sa mémoire sa radieuse passion de jeunesse. C'est magique comment son passé, intense et heureux, efface son présent engourdi d'émigré. Je lisais sans pouvoir m'empêcher de retracer dans mon esprit, suivant l'exemple de Ganine, tous les détails de mon premier amour, et c'était si excitant !
La fin de ce roman est surprenante. L'exaltation trouvée dans l'inaction...
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Quel plaisir de lire Machenka peu après avoir lu Ada ou l'ardeur. Autant la lecture d'Ada est fastidieuse, autant la lecture de Machenka est légère. Et pas seulement en raison du nombre de pages. Plus de quarante ans séparent ces deux livres, et pourtant on sent le même auteur, la même inspiration, on retrouve beaucoup de van dans le personnage de Ganine : adolescent il marche sur les mains, jeune il est sympathique mais adulte il est introverti et assez distant avec son entourage, un peu imbu de lui-même, il reçoit aussi cinq lettres de son amoureuse, là aussi tout comme Van. Ce premier roman, publié en russe à Berlin, a eu un certain succès à l'époque, essentiellement pour sa peinture des conditions de vie de l'immigration russe. Nabokov y dépeint effectivement avec talent une semaine de la vie d'une pension pour réfugiés. Il y a Lydia Nikolaïevna Dorn, la logeuse effacée, veuve d'un riche allemand, Koline et Gornotsvetov, couple de danseurs professionnels homosexuels, Anton Postiaguine, vieux poète russe et Klara, jeune fille un peu naïve ou idéaliste et puis l'insupportable Alfiorov … La description de la pension est remarquable avec le leitmotiv des trains qui passent et qui donnent l'impression qu'ils traversent l'immeuble de part en part (et puis les chambres numérotées avec des pages d'éphéméride, la répartition des meubles, ...). le leitmotiv du train revient dans d'autres passages du roman : Machenka doit arriver en train, la dernière fois qu'il l'avait vu, c'était dans un train, et il quitte Berlin en train. L'imbuvable Alfiorov attend pour la fin de la semaine son épouse Machenka. Il montre sa photo à Ganine qui reconnaît son premier amour. Dès lors Ganine se remémore sa première rencontre avec Machenka, et chaque moment du premier été passé ensemble dans une Russie d'avant son exil, lumineuse et verdoyante. Ses souvenirs remplacent son présent maussade pour lui faire revivre ses souvenirs. Il y a quelque chose de proustien dans sa nostalgie. L'écriture est belle, emplie d'images poétiques pour décrire des événements minuscules, et les descriptions des ressentis sont toute en finesse. La fin du roman est assez inattendue. Un très beau livre sur la nostalgie et le souvenir. Et déjà un très bon livre de Nabokov.
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L'histoire se déroule sur une courte durée, le temps d'une semaine où les habitants d'une pension pour réfugiés russes se côtoient et s'entraident. Ganine, personnage central m'a semblé un être distant et peu attachant. Ses humeurs et ses envies fluctuent tellement qu'il est difficile de cerner véritablement l'homme qu'il est. C'est grâce à quelques retours dans le passé du réfugié russe qu'apparaît la fantomatique Machenka...
Il m'a certes fallu un certain temps pour m'impliquer dans l'histoire, environ cent pages, mais j'ai terminé ce livre satisfaite de l'avoir lu. L'écriture est très imagée, poétique même, sans pourtant ressembler à celle des pays asiatiques où la métaphore est largement employée. Ce n'est pas véritablement une intrigue qui se joue ici, mais plus l'analyse psychologique d'un homme à un moment donné de sa vie.
C'est pour moi une découverte intéressante et enrichissante.
Lien : http://uneautrelecture.blogs..
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Le roman se déroule à Berlin au début des années 20 dans une pension"russe et déplaisante" où vivent six émigrés. Au début du récit, Lev Garine le personnage principal, se retrouve coincé dans l'ascenseur avec Alfiorov, un bavard des plus casse-pieds, qui veut récupérer sa chambre car sa femme arrive. Garine est de mauvaise humeur. A la pension, il a prétendu qu'il partirait le samedi suivant. Il aurait bien l'argent pour quitter Berlin, encore faut-il qu'il rompe avec Ludmila , au parfum qui le dégoute. Il se sent dénué de toute volonté, lui l'homme d'action, qui était capable de marcher sur les mains. Mais, le lendemain, l'insupportable Alfiorov lui montre une photo de son épouse qui doit arriver bientôt. Garine reconnaît en elle Machenka son premier amour. Dès lors, il va se remémorer l'histoire de cet amour durant les quelques jours qui le séparent de son arrivée à Berlin.

C'est le premier roman de Nabokov et pour moi déjà un coup de maître. D'abord j'ai aimé la description du microcosme d'exilés qui vit à la pension. On est entre le réalisme et la parodie de la pension Vauquer, à la sauce pimentée russe. Il y a là le vieux poète sentimental et la jeune fille idéaliste ( à la Tchekov) , le couple de danseurs homosexuels ( Diaghilev)...l'insupportable fat bavard ( qui occupe la chambre 1er avril) et puis le héros, séducteur arrogant, vraiment pas sympathique, un Eugène Onéguine du pauvre. Tout ce petit monde vit dans la précarité, à l'étroit, dans un Berlin maussade. En totale opposition, la Russie avant l'exil que reconstitue Garine. Russie ouverte, campagnarde, lumineuse, lyrique du premier été revisité. Garine est alors en mouvement permanent : il pédale, rame, marche sur les mains pour séduire la belle, mais dès le deuxième été son souvenir s'étiole, plus flou, moins clair, moins lumineux et puis ensuite il y a la guerre, la révolution, la guerre civile...une seule photo de Machenka, un texte illisible... le souvenir s'assombrit et sa vie réelle s'éclaircit. Garine sort de sa léthargie à la pension, s'ouvre aux autres et pense à l'avenir.
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Berlin 1925
Le cadre de ce court roman est celui d'une pension où résident des émigrés russes chassés par la révolution. Toute l'intrigue se joue en quatre petits jours…
On y retrouve Ganine, jeune homme de 25 ans au chômage, et Alfiorov, la quarantaine, qui attend impatiemment que sa femme arrive de Russie : Il ne l'a pas vu depuis 4 ans et elle vient enfin d'obtenir les papiers pour sortir de Russie. Cette femme est la Machenka du titre.
Ganine, après une période de suractivité, tombe dans la dépression.
Il reste avec une maîtresse Ludmila qu'il n'aime plus, par apathie jusqu'au jour où …il voit une photo de Machenka …et où il se souvient…de son premier amour à 16 ans…

L'écriture m'a beaucoup plu : les images de la pension sont percutantes (on entend le train de la gare voisine faire trembler les murs), les images sont surprenantes et poétiques, Ganine est très ambigu (amoureux ? criminel ? voleur ? fou ? )

Il s'agit du premier roman de Nabokov et il semble que celui ci ait une part autobiographique importante. En tout cas j'ai trouvé le ton très juste : l'évocation tout en nostalgie et ressentiment de l'exil, la nostalgie de son premier amour.

Tout au long du livre, la place des trains est importante : la pension est tout contre une gare, l'énigmatique Machenka doit arriver au train de 8h05 le samedi suivant, Ganine se souvient d'une rencontre en train quand il habitait encore en Russie et à la fin, il quitte Berlin pour la France en train… ce leitmotiv du train m'a énormément fait penser à « La modification » de Michel Butor….

La fin de ce livre est parfaite…
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Cette nuit-là, comme toutes les nuits, un petit vieillard en pèlerine noire avançait péniblement sur le bord du trottoir de la longue avenue déserte, piquant l’asphalte de la pointe de son bâton noueux en quête de mégots – papier–Liège, ordinaire ou doré – et de bouts de cigare effiloché. De temps à autre, une automobile passait à toute allure en bramant comme un cerf, ou il arrivait une de ces choses que les gens qui arpentent les rues de la vieille ville ne remarquent jamais : plus rapide que la pensée, moins bruyante qu’une larme, une étoile filait. Plus clinquantes et plus gaies que les étoiles, les lettres de feu qui s’allumaient l’une après l’autre, au-dessus d’un toit noir, passaient en file indienne, puis basculaient toutes ensemble dans l’obscurité.
« Est-il possible », disaient les lettres, dans un discret chuchotement de néon que la nuit effaçait sans bruit en un seul frottement de velours. Et les lettres se remettaient à traverser le ciel de leur pas furtif : « est-il »
Puis les ténèbres revenaient. Mais les mots obstinés s’éclaira de nouveau et, cette fois, au lieu de disparaître immédiatement, continuaient à flamboyer pendant cinq minutes, suivant les accords passés entre l’agence de publicité et le fabricant.
Mais qui peut dire ce qu’est en réalité la lumière qui clignote là-haut dans le noir au-dessus des maisons – nom lumineux d’un produit ou flamboiement de la pensée humaine ; signe, sommation ; question lancée violemment vers le ciel et aussitôt suivie de sa réponse enchantée, à l’éclat de joyau ?
Et dans ces rues, aussi vastes que de luisantes mers noires à cette heure tardive où la dernière brasserie a fermé ses portes, un homme né en Russie, fuyant le sommeil, sans chapeau, sans veston sous un vieil imperméable, marchait dans un état d’hypnose ; à cette heure tardive, le long de ces larges rues passaient des mondes totalement étrangers l’un à l’autre : ce n’était plus un noceur, une femme, ou simplement un passant, mais chacun était un monde tout à fait isolé, chacun était un ensemble de merveilles et de mal. Cinq drochkies de louage stationnaient sur l’avenue, devant un énorme pissoir public en forme de tambour ; cinq mondes gris, somnolents et chauds, en livrée de cochers, et cinq autres mondes debout sur leurs sabots fatigués,endormis, et ne rêvant rien qu’à l’avoine débordant du sac en un chuintement doux et continu.
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Ganine dit, en regardant ses pieds :
« Quand j’étais dans les classes supérieures, mes camarades croyaient que j’avais une maîtresse ! Et quelle maîtresse ! Une femme du monde. Cela me valait leur respect je ne protestais pas, car j’avais moi-même fait circuler ce bruit.
– Je vois, dit Podtiaguine en hochant la tête. Vous ne manquez pas d’ingéniosité, Liovouchka. Cela me plaît.
– À vrai dire, j’étais d’une chasteté absurde et je ne m’en portais pas plus mal. J’en étais fier, comme d’un secret important, mais tout le monde croyait que j’avais beaucoup d’expérience.
Certes je n’étais pas le moins du monde timide, ou pudibond. J’étais tout simplement heureux de vivre comme je vivais et j’attendais. Mes camarades, ceux qui employaient un langage ordurier et haletaient au seul mot de « femme », étaient tous boutonneux et malpropres, avec des mains moites. Je les méprisais pour leurs boutons. Et ils mentaient d’une façon révoltante à propos de leurs aventures galantes.
– Je dois avouer, dit Podtiaguine de sa voix terne, que j’ai commencé par une femme de chambre. Elle était si gentille, si douce, elle s’appelait Glacha. C’est comme cela que…
– Non. Moi, j’ai attendu, dit Ganine très doucement. Du début de la puberté jusqu’à seize ans, disons trois ans. Quand j’avais treize ans, un jour, en jouant à cache-cache, je me suis caché avec un autre garçon de mon âge au fond d’un placard. Dans l’obscurité, il m’a parlé de femmes merveilleusement belles qui se laissaient déshabiller pour de l’argent. Je n’entendis pas très bien le nom qu’il leur donnait et je crus que c’était : «prinstituées»– mélange de princesse et d’institutions de jeunes demoiselles. Je me fis d’elles une image mystérieuse et enchanteresse. Bientôt cela va sans dire, je compris que j’étais dans l’erreur, car je ne vis rien d’enchanteur dans les femmes qui arpentaient la Perspective Nevski en se dandinant et qui nous appelaient, nous, les élèves des écoles secondaires, des « crayons ». Et puis, après trois années d’orgueilleuse chasteté, mon attente prit fin. C’était en été, dans notre maison de campagne.
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"Nos petits-enfants ne comprendront jamais rien à ces stupides questions de visas, dit Podtiaguine qui examinait son passeport avec respect. Ils ne comprendront jamais qu'un simple tampon de caoutchouc puisse concentrer tant d'angoisse."
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Rien ne ressuscite le passé aussi complètement qu'une odeur qui lui a jadis été associée.
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"La pleine lune brille sur les forêts et les ruisseaux,
Vois leurs rides... de quel éclat elles luisent !"
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